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Commentaire de Halman

sur L'hôpital public : mission impossible ?


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Halman Halman 10 janvier 2009 11:05

Il n’y a rien de pire que des gestionnaires à la tête d’un hôpital, technocrates, ils ignorent tout du fonctionnement d’un service médical et prennent les pires décisions.

Supprimer le self pour le personnel ça ne le pose aucun problème. Que leurs agents n’aient pas le temps et les moyens de se restaurer le midi, du moment qu’ils rabiotent sur le budget.

Faire tourner les gens au nombre des effectifs minimum de sécurité, c’est à dire au nombre minimum qu’exige la sécurité d’un service en cas de grève ou problème de transport, 365 jour sur 365, ils trouvent cela tellement commode.
C’est sur ces chiffres là qu’ils fonctionnent pour justifier que le personnel n’est pas en sous effectif et suffisant.

Des cadres de services qui mettent présents sur la planning des agents qu’ils savent parfaitement bien être en arrêt maladie, en congé maternité ou en formation, mais où est le problème puisqu’ils rendent ainsi au service du personnel un effectif complet présent alors que sur 16 aides soigantes normalement présentes il en manque 4 !!!

Et après on s’étonne de la fatigue qui provoque problèmes de santé et arrêts de travail, infarctus et dépressions, déchirements musculaires et hernies discales. Mais comme l’administration rechigne à les faire passer en maladies professionnelle, c’est autant d’argent économisé.

Faire travailler jusqu’à plus de 60 ans des agents cardiaques ou avec un cancer en services de soins, mais ils ne voient pas le problème.

Diminuer d’année en année le budget du personnel intérimaire au point que les embauches d’infirmières intérimaires de remplacement soient impossibles dès le milieu de l’année, ils sont contents cela leur évite des dépenses et y voient une amélioration du fonctionnement de l’hôpital puisque l’on demande moins d’intérimaires.
C’est ça leur raisonnement aux gestionnaires.

Faire des économies sur le personnel, sur le matériel de soins, sur les marchés de nourriture pour les patients, mais embauchant des dieteticiennes par régiments pour justifier de rations "au plus juste", ça ils comprennent. Mais faire des économies sur des projets purement de prestige et politiques, cela ne risque pas d’être leur priorité.

Dépenser en brochures, en articles de journaux où seuls le clinquant et les vernis sont montrés, sponsoriser des troupes d’artistes, des sculpteurs qui exposent dans l’hôpital et se faire photographier par des journalistes avec le message clair : vous voyez bien que l’hôpital est vivant et qu’il s’y passe des choses. Ne comprennant pas qu’en agissant ainsi en hauts lieux ils se disent "alors comme ça il peuvent faire ce genre de conneries, et bien on va encore faire des économies sur cet hôpital et hop du personnel en moins !"

Les directeurs sont notés eux aussi au résultat. Et le resultat qu’on leur demande est de dépenser le moins possible du budget. Plus ils ont d’excédents de budgets sur une année comptable qui ne sera pas réintegrée dans le budget de l’année suivante, mieux ils sont vus et plus vite ils changent de catégorie pour monter plus haut.

Un gestionnaire qui veut se mêler de réorganiser les services de soins ?
Mais comment peut on réorganiser quelque chose quand déjà on est largement en sous effectif ?
Comment peut on s’imaginer pouvoir organiser, planifier, gérer les surprises quotidiennes, les dizaines d’imprévus quotidiens : les patients de gériatrie qui fuguent, celui qui arrache sa perfusion ou sa sonde 10 fois par jour, qui décide qu’aujourd’hui il n’ira pas à sa séance de kiné parce qu’il est trop fatigué reportant ainsi ses séances et rallongeant d’autant son hospitalisation donc libérant un lit plus tard, qui décident malgré les traitements de faire leur petite crise de ceci ou cela qui demande du personnel pour sa sécurité alors qu’il y a 25 autres patients dont on doit aussi s’occuper ?

S’imaginer pouvoir réglementer ce genre d’évennements, les standardiser, les organiser est du pure délire de pauvre fou utopiste qui ne vit pas sur Terre.

On nous réorganise en pools d’hôpitaux, en regroupements.

Alors des services informatiques des petits hôpitaux se retrouvent rattachés à ceux des gros, les agents déjà en sous effectifs et ayant abandonné depuis longtemps de pouvoir assurer toutes les interventions ; obligés de détacher 80 % leurs activité à l’autre hôpital. Perdant du temps en transport de surplus, temps qui ne sera pas effectué à réparer le matériel.

Décision de gestionnaire !!!!

Décisions prises par des fonctionnaires eux mêmes, occupés avec zèle à appliquer les ordres du gouvernement, détruisant consciencieusement leur propre administration.

Ce n’est pas depuis Sarkozy cette situation, mais Chirac a bien lancé le système. Cela fait 10 ans qu’on ne remplace qu’une infirmière sur 2 ou sur 3 selon les directives ministérielles du moment.

Cette inconsciente utopiste de Aubry qui nous plante le couteau dans le dos avec ses 35 heures. Avant les 35 heures les plannings étaient simples, on savait 2 ans à l’avance qui travaillait tel jour à tel horaire.
Pas de stress de ce coté là.
Hors depuis les 35 heures c’est un tel casse tête ingérable au jour le jour que même avec des logiciels c’est ingérable. D’un jour à l’autre, d’une heure à l’autre on ne sait pas où on va travailler. Impossible de suivre l’évolution de son patient, de faire sa plannification de soins jusqu’à sa guérison et sa sortie.
Même en pleine journée une cadre arrive pour nous demander d’aller dans tel service parce que telle collègue n’a pas pu venir, est en rtt, en maladie, etc.

Un gestionnaire qui s’imagine pouvoir trouver des sollutions pour organiser ça a surtout besoin d’un bon psychiatre !

Tout le personnel soignant est conscient de cette situation et de plus en plus s’organisent un départ en retraite avancé ou une reconversion.

De plus en plus vont travailler à l’étranger ou changent de métier.

Cela fait une bonne dizaine d’années que tout est à l’évidence fait pour détuire l’hôpital public à tous les niveaux, des services informatiques aux services de soins, en passant par les restaurants du personnels et bibiolthèques médicales.

Tout est consciencieusement détruit, brique par brique, afin d’ouvrir une voie royale pour le privé, avec son personnel contractuel plus préoccupé par son salaire, sa carrière, ses contrats, que par le suivi des soins.

Tout le monde le sait et en parle, mais en haut lieu qu’est ce qu’ils s’en foutent.

Il y a 10 ans on nous a donné à saisir quotidiennement des documents : les siips. Nous devions à chaque acte, que ce soit relationnel, de soin, d’hygiene ou de confort, noter le niveau de dépendance du patient, le temps passé à chaque acte en minutes, par combien d’agents, etc.

Données qui ont servi à coder chaque acte, résultat on nous demande de faire telle toillette au lit en tant de minutes, un petit déjeuner en tant de minutes, une piqure en tant de temps, une pose de perf idem.

Impossible bien évidemment, chaque patient étant totalement différent.

Et de se baser sur des soins codifiés à l’acte et à la durée pour gérer l’hôpital.

Décision de pur dément !



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