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Commentaire de Reinette

sur Les victimes d'inceste en otage


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Reinette Reinette 15 avril 2009 23:12


à l’AUTEUR Bon article et très compréhensible.

Le terme Résilience, emprunté à la physique, désigne le retour à l’état initial d’un élément déformé. Les psychiatres américains spécialisés dans la petite enfance, ont adopté le mot dans les années 90. Il a ensuite été popularisé en France par Boris Cyrulnik...

Cyrulnik  : Des talk-shows télévisés aux magazines féminins en passant par les journaux cultivés, il n’y a pas un média qui n’ait reçu et choyé au moins une fois Cyrulnik. Le marché vendeur de la « recherche du bonheur » semble avoir trouvé en ce psychiatre un commercial affable, intelligent et compétent. Son concept, c’est la résilience, cette faculté à « rebondir » après un malheur pour en « sortir plus fort ». Les médias raffolent de résilience. Elle leur sert d’outil immédiatement opérationnel pour étayer d’un vernis objectif l’opposition néo-darwinienne entre « ceux qui s’en sortent » et « ceux qui restent sur le bord de la route ».

Et cela sans crainte de voir, dans un brusque accès de résilience, la masse des lecteurs et téléspectateurs leur « 
rebondir » à la gueule, par saturation des modèles dépressifs qu’ils propagent - culte des puissants, des friqués, des mannequins à cravate ou en silicone. Car cette généreuse hospitalité est évidemment intéressée. C’est à une acceptation souriante des processus de désocialisation que nous sommes conviés.

Il nous est dit : allez, reprenez-vous, toutes ces situations de précarisation, de dépossession, d’injustice, d’exclusion, peuvent êtres abordées d’une manière constructive, vous pouvez « réussir à vivre et à vous développer en dépit d’événements traumatiques ». D’autant que la résilience ne relève pas d’une opinion discutable, mais d’une découverte « 
sci-en-ti-fi-que » prenant les choses à la racine - « et la racine de l’homme c’est l’homme », comme disait un vieux barbu pas trop résilient, Marx.

Être résilient, au fond, c’est quoi ? Se sentir bien avec son supérieur, bien dans sa boîte, bien chez Manpower, bien devant sa télé, le samedi soir devant Rouquier ou Drucker ? C’est recevoir avec gratitude toutes les merdes qui vous tombent dessus ou c’est faire un pas de côté ? C’est collaborer ou résister, chercher carrière ou tracer sa voie, se soumettre à la loi du marché ou défendre ses droits, être un marchando-dépendant-bien-dans-son-époque ou un absolu défiant des mensonges qu’on veut nous faire avaler ?

Attrait des sunlights, poussée résiliente vers la célébrité,
Cyrulnik s’offre complaisamment à la caricature de ses propres recherches, d’ailleurs souvent passionnantes. Pas besoin d’être bardé de diplômes pour subodorer que l’appareil médiatique a pour fonction non pas de communiquer des connaissances mais d’imposer des convictions. « Moins on a de connaissances, plus on a de convictions », note Cyrulnik lui-même dans Un merveilleux malheur.


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