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Commentaire de Proto

sur Dissection d'une pensée sous-fasciste : le cas Alain Soral


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Proto Proto 25 juin 2009 20:25


Bien évidemment, l’introduction de votre article ne laisse pas de doute sur l’orientation de l’analyse, ainsi je ne suis pas convaincu des intentions fédérées que vous prêtez à cette « coalition d’énergumènes identitaires » dans laquelle vous mêlez allègrement Meyssan, Keba et tout ceux j’imagine qui ne partagent pas vos points de vue :

« Pour autant, les gesticulations de ce nationalisme bigarré sont bel et bien dangereuses, sa fonction objective étant de semer des frontières ethniques, religieuses et communautaires à l’intérieur du camp des exploités afin de participer à leur pacification, exigence permanente de la gouvernance globale. »

Entendons-nous : le nationalisme est, vidé de son contenu historique et politique, la seule alternative à la « société civile » voulue par le « NOM ».
Il va falloir un jour ou l’autre en finir avec les vieux démons, parce que la hiérarchisation a-nationale marche à grand pas, objectivement les corporations multinationales, les lobbys et réseaux privés maillent déjà les gouvernements (démocratiques ou non).
Peut-être est-ce là l’erreur de Soral d’avoir cru au FN et à son président, celle d’avoir voulu essayer de redéfinir ou de synthétiser doctrines communistes et nationalistes dans son pré carré français.
Son aventure était décevante je vous le concède, tout autant que la suivante.
Un vrai révolutionnaire ne pleure pas son confort et ne fait pas les choses à moitié.

« Incomparables avec les vieilles formations d’extrême droite (…), ces formations d’appui aux frappes bourgeoises peuvent donc revêtir, par soucis de clarification, le qualificatif de sous-fascistes. Le combat révolutionnaire ne saurait ainsi se priver de conceptualiser des réalités nouvelles contre lesquelles le pouvoir de classe espère le voir inadapté et donc désarmé. Par conséquent, il convient de procéder méticuleusement à une exécution sommaire de ces bouffons criards qui, affublés d’attributs propres à notre classe, croient pouvoir substituer leur chauvinisme capitulard à la révolution prolétarienne salvatrice. »

On pourrait vous retourner ici la critique de charabia, vous voulez exécuter sommairement des sous-fascistes c’est bien ça ?
La révolution prolétarienne salvatrice ? Dites nous en plus sur ce point !

 « Soral, qui n’hésite pas à se dire « marxiste », considère pourtant qu’il existe un « intérêt général des citoyens du monde »… Une négation en paroles de l’existence de la lutte des classes… »

Je ne vois pas ces assertions aussi antinomiques que vous ne laissez croire.

« C’est sans doute en qualité de « marxiste » que Soral qualifie le FN de « mouvement qui évolue vers la vraie gauche, la gauche sérieuse, la gauche économique ». »

Si vous ne donnez pas de contexte comment voulez-vous que nous nous fassions une idée sur la façon dont il promeut dialectiquement son parti d’alors ?

« La France, « régime totalement policier et totalitaire »… où les flics « n’ont plus aucun pouvoir » depuis « très longtemps » ? La contradiction est évidente, mais Soral espère probablement séduire les jeunes de banlieue et une partie de l’extrême-gauche avec sa rhétorique pseudo-libertaire et anti-keuf, tout en rassurant ses soutiens (et souteneurs) d’extrême-droite avec un discours plus traditionnel sur le thème de l’autorité qui n’est plus respectée. »

Idem je ne perçois pas de contradiction entre le fait que la France se « sécuritarise » et que l’appareil répressif est défaillant.

« Même type de revirement concernant les Arabes et/ou musulmans. (…) Soral souffre sans doute d’amnésie, il nous faut donc lui rappeler ses positions antérieures sur le sujet : »

Vous savez ce qu’on dit de ceux qui ne changent pas d’avis, j’ai plus l’impression que sa « pensée » a évoluée et s’est précisée, que d’un opportunisme particulier dans le discours destiné à l’électorat immigré. L’assimilation/intégration à la française est très paradoxale.

« Ou bien il n’ose pas se réclamer trop explicitement de Jacques Doriot, Marcel Déat, Fernand de Brinon et autres « pacifistes des années 30 » qui ont été inquiétés à la Libération, non pas pour pacifisme mais… pour collaboration avec les nazis ! »

Vous poussez un peu loin là non ? Ce n’est pas très classe quand on prétend à une analyse en 7 points.

« Démagogie toujours, lorsque Soral justifie son soutien aux PME en disant que des « économistes marxistes » prônaient un tel soutien dès les années 90. « Économistes marxistes » que, bien sûr, il ne cite pas… Et pour cause puisque soit ils n’existent pas, soit ils ne sont pas marxistes ! »

Nicolas Sarkozy en 1978 à la télévision, comme ça on a une idée claire de ce qu’est la démagogie (ou poujadisme). Je ne pense pas que les idées marxistes ne permettent pas d’intégrer la liberté d’entreprendre si l’on sépare bien ce qui relève des besoins publics partagés par tous (commun-) et les besoins privés (capital-), fussent-ils cosmopolites.
C’est peut-être là où je trouve que votre approche de la « révolution prolétarienne » est passéiste dans le sens où les enjeux de la planète et de l’espèce humaine ont été transfigurés depuis Karl Marx, les choses ne sont plus aussi manichéennes.

« Rien d’étonnant quand on voit à quel point les thématiques fascistes et poujadistes sont au cœur de la « pensée » soralienne. »

A ce stade je ne suis toujours pas convaincu de la nature fasciste du discours soralien, ni de sa démagogie, poujadisme neveut pas dire grand chose.
« les colonisés ne détestaient pas particulièrement la puissance coloniale, cette dernière a décidé d’elle-même, spontanément et sans pression d’aucune sorte, de quitter le continent africain et, d’ailleurs, depuis la décolonisation, la France a totalement cessé de s’immiscer dans les affaires intérieures du Gabon, de la Côte d’Ivoire, du Tchad ou du Togo… »

Ironie j’espère ? Si oui qu’a-t-il voulu dire avec cet argument ?

« Ces diatribes permettent à Soral de passer pour un type qui ose s’en prendre aux « puissants » alors qu’elles ont pour fonction objective, en ne visant que des personnalités à l’origine ethnico-religieuse (supposée !) commune, d’épargner la bourgeoisie dans son ensemble en détournant le prolétariat des approches strictement classistes. »

Et bien non justement, il ne faut pas cantonner le prolétariat à cette vision classiste et lui expliquer clairement comment se forme le pouvoir, comment s’organise la redistribution des richesses, pouvez-vous étayer votre accusation de vouloir épargner la bourgeoisie ? l’épargner de quoi ? d’une révolution qui casse aussi les « classes sociales » ?

« Pour Soral, « tout ce qui est de l’ordre de la violence […] et de la guerre civile, c’est forcément un truc qui affaiblit la France. » »

Dans le sens où si vous n’avez pas de modèle concret de société à proposer après la révolution, après le bain de sang, vous aurez transféré le pouvoir à la « société civile » transnationale, il a entièrement raison.
Une révolution réfléchie, et tranquille de préférence, n’est-ce pas souhaitable ?

@Peripate

« Enfin, c’est surtout une querelle entre sectes gauchistes pour l’appropriation de thèmes vendeurs sur le marché politique. »

Il y a du vrai, des os à ronger.

@Jongdere
« Ça me fait pitié les militants anti-facistes qui s’en prennent à tous les mal-pensants des bords politiques (les extrêmes) pendant que les soit-disant « vrais » démocrates font leur révolution néo conservatrice tranquille peinard. »

C’est aussi un peu mon sentiment, pourquoi attraper de la sorte la cheville de Soral sur les conneries qu’il peut sortir aussi facilement, il est vrai, que les points de vue parfois très pertinents qu’il développe ci et là, alors que les politiciens classiques du paysage politique actuel nous déversent des tombereaux d’immondices dialectiques partout où ils passent ?

Dommage que l’attaque soit aussi virulente, j’aurais franchement été intéressé par le démontage de certaines des ses idées, sans faire appel à tant d’artifices et de procès d’intentions aux objectifs mal avoués, mais bon c’est mieux que rien.


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