J’ai beau ne pas être totalement d’accord sur le parallèle ou sur la
symétrie parfaite que vous semblez instaurer entre les 2 visions qui
s’affrontent régulièrement par ci, par là,
Mon cher Mister B. ,
C’est pas vraiment un parallèle
mais un constat : disons que dans les deux cas chacun des groupes dispose
d’un système cohérent conçue comme « réalité(s) » ou « vérité(s) ».
Bref, dans le groupe M (M comme majoritaire ou moutons)
on est disons dans la « réalité/vérité consensuelle » :
on accepte les « vérités »
du Politique, du Médiatique, etc…pas de jugement de valeur ici, simplement que
cette « réalité consensuelle » présente suffisamment de cohérence
pour être majoritairement validée (que ce soit consciemment, inconsciemment,
par sélection « volontaire » ou conditionnement subtil) : de
fait tout élément qui entrerait en conflit avec cette « réalité » est
automatiquement éjecté (principe de survie mentale) comme incohérent.
So, si les médias, les
politiques, etc… valident tous un même scénario (ex le script US de la mort de
Ben Laden) : il est quasiment impossible pour un membre du groupe M
(disons un consensualiste) de douter (plus que de mesure voir pas du tout)
quant au scénario fourni : pas parce que le scénario est réussi, parfait, convaincant,
etc…mais tout simplement parce que la remise en cause de ce scénario
reviendrait à faire voler en éclat une perception du monde construite, mais
conçue comme cohérente, valable et en adéquation avec et les croyances et les
expériences du « consensualiste lambda » et de l’ensemble du groupe M :
bref on ne se suicide pas mentalement aussi facilement en basculant du jour au
lendemain dans un nouveau modèle de pensée ou vision du monde.
Par contre, pour
le groupe C ( C comme
conspirationnistes ou couillons) on
est dans une (ou plutôt des) réalité(s)/vérité(s) « conflictuelles » :
le postulat de
base étant de , là où le groupe M accepte
les « vérités » politiques, médiatiques, etc… les refuser ou en douter sérieusement : et donc les incohérences supposées ou
manifestes du scénario M fourni deviennent
« cohérentes » dans leur propre modèle de pensée, dans leur réalité C : disons que toute incohérence
(perçue, conçue, etc…) dans la « réalité consensuelle » devient « cohérence »
dans la (les) réalité(s) « conflictuelles » et la (les) renforce(nt) :
bien entendu l’inverse fonctionne aussi : d’où les qualificatifs
généralement « psychiatriques »
pour les membres du groupe C par le groupe M : ce qui apparaît incohérent
aux uns est conçu comme cohérent par les autres : selon leur vision du
monde ou de la « réalité » (consensuelle ou conflictuelle) dans
laquelle ils évoluent.
De là, à penser que quelqu’un les nourrit, les
manipule, les agite pour faire rire le bon peuple, y a pas très loin.
Mais voilà-t-y pas que je me mets à comploter...
Ayant compris comment des
incohérences dans la réalité M renforcent la cohérence de la réalité C :
et prenant connaissance de ce principe de base en matière de management de la
Perception : le moyen le plus simple pour obtenir une information qui
semble véridique et équilibrée étant de toujours fournir un point de vue DOUBLE
donc mass-médias, politiques,
etc… supportant le scénario conforme à la réalité « consensuelle » et
d’un autre côté expression plus ou moins libre (stimulée, attisée ?)
des dits conspirationistes…
comme déjà écrit : pour le
récepteur non-critique, un message à angle double constituera une source plus
crédible et pour le récepteur plus attentif : la combinaison d’une défense d’un
côté et d’une attaque de l’autre le poussera à penser plus systématiquement et
le conduira à problématiser la légitimité de l‘adversaire : à savoir celui qui s’oppose à la « vérité
consensuelle » acceptée par le groupe M : au final donc plus le scénario
« majoritaire » est attaqué : plus il est renforcé et les
membres du groupe C : couillonnés…
Donc
pas besoin de comploter à outrance pour considérer que même si aucun aspirant C
n’était trouvé pour fournir un autre angle à telle ou telle information :
la simple nécessité de la présenter comme crédible, vraie, équilibrée, etc… afin
que le groupe M continue de valider telle ou telle réalité consensuelle fera qu’au
besoin on créera des adversaires…pas besoin de comploter : cela s’appelle
du bon management…