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Commentaire de Kiosk

sur Pour une liberté d'expression totale... et une critique lucide de Dieudonné


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Kiosk Kiosk 24 janvier 2014 16:31

Bonjour Philippe,

Où avez-vous bien pu lire, je vous prie, que je vous traitais de sophiste ???

L’auteur d’un sophisme agit en sophiste, au moins pour le temps de son sophisme. Il faudrait examiner son mode habituel de raisonnement pour déterminer s’il est sophiste dans l’âme ou seulement sophiste occasionnel, comme cela arrive je le suppose à tout un chacun. Voir aussi si le mot « sophiste » ne doit être vu que dans un sens péjoratif, comme si de tous temps un sophiste était un escroc de la pensée. Je pense en fait que vous avez pris le terme un peu trop au ras de sa définition philosophique quand je lui donnais un sens plus proche du langage courant. (Je ne suis pas philosophe de formation et ne me considère même pas comme philosophe amateur ; j’essaie seulement de raisonner et d’argumenter aussi correctement et honnêtement que possible.)

Le sophisme consiste ici à réduire toute la partie argumentée de l’article de Laurent DAURÉ sur la liberté d’expression en une pétition de principe.

Je n’ai pas traité de tout l’article de Laurent Dauré, dont je vous rappelle avoir dit dès le départ qu’il ouvrait quelques bonnes pistes (je partage en fait plusieurs de ses points de vue). Je n’ai évoqué que les parties que je considère comme contestables, dont celle qui concerne la fin de la citation de Robespierre :
« qu’est-ce qu’un écrit incendiaire, dangereux, séditieux ? Ces qualifications peuvent-elles s’appliquer à celui qu’on me présente ? Je vois naître ici une foule de questions qui seront abandonnées à toute l’incertitude des opinions ; je ne trouve plus ni fait, ni témoins, ni loi, ni juge ; je n’aperçois qu’une dénonciation vague, des arguments, des décisions arbitraires. »

Je ne vois moi-même dans ce passage que du vague et un argument arbitraire (en fait, quelque chose qui est parfois juste et parfois erroné selon les cas). Ce n’est d’ailleurs pas ce qui me préoccupe, car il me semble tout à fait logique que ce que dit Robespierre d’un écrit puisse aussi être retourné contre le sien. Ce qui me préoccupe, ce sont d’abord les conséquences de cet écrit, de la même façon que je m’intéresse aux conséquences de l’acte. Si le simple fait de l’écrire peut causer des torts à autrui comme l’acte peut également en causer, alors il y a motif à s’interroger sur les limites de la liberté d’expression. Laurent Dauré se pose la même question, puisqu’il justifie la limitation de cette liberté en matière par exemple de diffamation.

Par ailleurs, je ne déforme en rien votre propos, car il est construit sur le modèle de l’injonction paradoxale (sophisme de paradoxe) qui vous permet de dire tout est son contraire en fonction des opinions ou des situations.
(...)

Je sais par expérience que certains sophismes de paradoxes sont difficilement décelables même par ceux qui les émettent (dans ce cas nous devrions plutôt parler de paralogisme à la place de sophisme), car l’être humain est un être paradoxal.

J’ai souvent dit que certaines notions ne peuvent être complètement explorées ou expliquées que par l’utilisation de deux arguments en apparence contradictoires. C’est notamment ce qui peut se produire en fonction des opinions ou des situations. Par exemple, lors d’un procès, il est possible de donner raison à un parti contre l’autre, tout en sachant que le premier n’a pas tout à fait raison et le second pas tout à fait tort, selon l’angle d’observation. Sauf qu’à la fin, c’est une décision qui est demandée en faveur de l’un ou de l’autre, selon un angle imposé.

Sur ce sujet dont j’étais très curieux, un intervenant féru de philosophie m’a un jour fourni ces quelques liens intéressants :

L’argumentation

La rhétorique (1)

La réthorique (2)

Et bien entendu le sophisme (pour le début de l’article, la suite étant très orientée idéologiquement et donc fort douteuse).

Ainsi donc, et selon votre  commentaire du 20 janvier à 12:55, si vous distinguez la liberté de penser et la liberté d’expression en disant qu’elles ne sont pas assimilables, pourquoi ne faites-vous pas également la différence entre sophiste et sophisme ?

Je note que de votre point de vue un sophiste occasionnel n’est pas un sophiste. A la façon dont vous l’envisagez, je n’ai aucun problème pour vous l’accorder.

Moi : Dans un autre post, j’explique que la liberté d’expression est un fait de droit, limitable et borné par le droit. Hors du droit, je ne suis d’ailleurs pas bien certain que la notion de « liberté d’expression » ait un sens quelconque.

Vous : Nous sommes sur ce point-là d’accord et c’est bien pour cela que dans ma précédente réponse je vous avais cité tous les textes de loi qui dans la hiérarchie des normes sont ceux à appliquer dans notre législation. Or, vous défendez un point de vue inverse, d’où encore une contradiction (position paradoxale) dans votre rhétorique.

Position paradoxale ? Je n’ai pas cette impression. J’ai plutôt dans l’idée que mon premier post a été mal interprété. Dans cet autre post que je mentionne, j’ai voulu lever le doute. Liberté de penser et liberté de dire ne sont pas assimilables (elles ne désignent pas la même chose, ce ne sont pas des synonymes, limiter la seconde n’est pas limiter la première, elles sont trop souvent confondues par ceux qui réclament le droit de diffuser la haine, etc.). Et cependant - ce qui ne contredit nullement cette affirmation, liberté de penser, de dire et de faire découlent les unes des autres, elles ne sont pas indépendantes. D’où en particulier l’idée que si l’on admet très bien de limiter la liberté de faire, il doit être possible aussi d’admettre une certaine limitation de la liberté de dire. Avec à l’appui l’affirmation que l’expression n’est absolument pas neutre dans le passage à l’acte.

Je ne vois là absolument aucun paradoxe. C’est plutôt une invitation à se poser la question sur les limites de l’interdiction, en considérant que la limitation de la liberté n’est pas en soi un tabou.

Sinon, l’expression correcte est : « finir en eau de boudin » et non pas « finir en peau de boudin »,

Oui, je sais, mais dans le cas précis d’une quenelle assimilée à un sexe flaccide, « peau de boudin » était plus dans le ton de ma petite plaisanterie, non ? Mais bon, si vous tenez tant à « eau de boudin », laissons pisser...

Bien à vous.

PS : J’ai trouvé intéressant que vous parliez dans l’une de vos réponses de Montesquieu en voulant écrire Robespierre. A travers Robespierre, il faut comprendre Rousseau, dont l’approche est opposable, justement, à celle de Montesquieu.


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