• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Sylvain Reboul

sur La modernité devient question


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Sylvain Reboul (---.---.254.199) 8 novembre 2005 11:59

Je ferais trois remarques critiques à propos des positions de A.F que vous avez excellement résumées :

1° la vision que l’auteur a des sciences est pour le moins dépassée : celles-ci ne sont plus déterministes au sens classique car elles intégrent le hasard quand ce n’est pas les processus chaotiques (imprévisibles) dans leur explication des phénomènes. De plus elle ne prennent plus leurs hypothèses pour des certitudes ; depuis longtemps elles cultivent pour reprendre l’expression de Hume un scepticisme relatif. Il ne faut confondre les csiences avec l’idéologie scientiste du XIXème

2° Pour les sciences, si le réel est, pour un motif épistémologique d’efficacité (ce qui est irrationnel ne peut objectivement ni connu, ni compris), rationnel en effet, il l’est d’une manière plurirationnelle ; c’est à dire qu’il met en jeu des rationalités diverses qui peuvent se compléter et se contrarier.

Ceci-dit la vie ne se réduit pas à des énoncés scientifiques aussi pluriels soient-ils ; elle met en jeu des désirs et des valeurs dont la rationalité ne relève pas de la connaissance mais de l’action sur le monde et sur soi et cette rationalité est toujours problématique car elle renvoie aux conflits entre nos désirs d’une part et notre désir et la réalité d’autre part. La modernité est complexe en cela qu’elle ne subordonne pas la vie des hommes dans sa pluralité à des valeurs communes homogènes ; elle tente seulement d’ouvrir le champs des droits et des libertés dans un cadre de rêgles pragmatiques afin de faire droit à cette complexité de sens et de valeurs en limitant le risque de violence ou de domination que cette compexité seraient susceptible de provoquer. Elle vide la tradition d’une autorité transcendante pour rendre possible une formulation pragmatique individualisée (autonome) des problèmes de telle sorte que le drame de l’action désirante prenne le pas sur le tragique de la contemplation stérile et stérilisante et par là morbide.

Le désenchantement du monde que génère l’attitude scientifique objectiviste et le scepticisme mesuré qu’ils suscitent est la condition de la liberté individuelle comme puissance d’action. On n’a donc rien à gagner, à cultiver le sens du tragique en un monde qui ne peut plus donner un sens post-mortem à ce dernier, sinon se morfondre littérairement.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès