• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de CATAPULTE

sur Police : Yann Moix a-t-il raison ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

CATAPULTE CATAPULTE 25 septembre 2018 17:06


Bruno Beschizza, autrefois porte-parole du syndicat Synergie Police, a délaré, il y a de ça quelques annnées, dans l’émission « C dans l’air » sur France 5 que :

« C’est en général à la suite d’une mauvaise expérience avec la police que les personnes développent un sentiment de haine à l’égard des policiers »

La formule « Mauvaise expérience de la police » semble dédouanner à l’avance les policiers de toute faute, et la rejeter sur les rigueurs de la procédure ou un hasard malheureux. Il eut pu davantage évoquer une expérience de « mauvaise police » car c’est en général lorsque le comportement des policiers est fautif et, à juste titre, perçu comme tel, qu’il engendre chez la victime un ressentiment à leur encontre. Les auteurs avérés de faits délictueux admettent assez bien, dans leur ensemble, le comportement répressif et procédurier des policiers dès lors qu’il leur semble se borner aux contingences du principe de proportionalité.

Tout ça pour en venir au cas de Périco Légasse que vous évoquez. A l’inverse de ceux qui nourrissent une rancoeur viscérale à l’égard des policiers de France, ce à la suite d’une « mauvaise expérience de la police », il est ces autres, comme Périco Légasse, auxquels manque d’avoir vécu une expérience semblable pour en savoir la police capable. Plus encore, pour éprouver le traumatisme, fut-il mineur et néanmoins prégnant, qui poursuit pour longtemps les citoyennes victimes.

Le cas le plus parlant, à ma connaissance, d’un revers d’opinion à l’égard de la Police, en suite d’un épisode mettant en cause le comportement policier, est celui de Jean-Michel Apathie. En 2008, Vittorio de Filippis, journaliste à Libération, est arrêté dans le cadre d’une banale affaire de diffamation. Il subi alors le traitement subi tous les jours par ceux dont le sort relève de la procédure pénale. Scandale dans les rédactions où l’on semble découvrir ce qu’est le quotidien de la police et de ses « usagers ». Jean-Michel Apathie, tout particulièrement, dans « Le Grand Journal » de Canal+, s’emporte contre des pratiques policières qu’il juge violentes, dégradantes et injustifiées. Jusque l’alors, Apathie, officiant le matin sur RTL, s’était toujours montré, à l’occasion de chroniques consacrées à la police et à la délinquence en France, lui aussi, compréhensif et compatissant à l’égard de « nos policiers qui font un métier difficile », tout en balayant d’un revers de micro les plaintes injustifiées de ceux qui, à ses yeux, étaient au moins coupables d’être supects ; Qui plus est, jeunes ; Qui plus est, vivant en banlieue ; Qui plus est, pas journaliste donc exclus de la communauté des honnêtes gens.

Il semble donc falloir que la victime de violences policières, si ce n’est soi-même, nous soit une personne familière, pour laquelle on a de l’empathie, pour que l’on veuille soudainement considérer un phénomène de société à la mesure de ce qu’il est réellement, dans sa gravité, celle notamment du préjudice subi par les personnes, dans sa probabilité, pas si rare que prétendu.

Sans souhaiter une telle déconvenue à Périco Légasse, souhaitons, pour le bien de tous, que les cas du genre se fassent plus fréquents.

Beschizza n’était pas très loin de la vérité...

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès