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Commentaire de Jean Dugenêt

sur La politique impérialiste de Poutine


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 27 mars 2022 13:21

@Fanny
"Tout votre article repose sur un a priori erroné, à savoir que l’Ukraine dont on parle aujourd’hui existait comme nation peu de temps avant d’avoir été confirmée par les bolchéviques.« 

Non ! J’ai dit dans l’article que l’indépendance de l’Ukraine avait été accordée par la Russie en Mars 1917 (de mémoire) avant que les bolchéviks soient au pouvoir. Mais, ce que je n’ai pas dit dans l’article, c’est que l’Ukraine existait bien avant. L’Ukraine existait en même temps que la langue ukrainienne qui est la trace la plus évidente d’une culture ukrainienne cimentant un peuple ukrainien. Ce peuple au cours de son histoire a connu des fortunes diverses mais la persistance de la langue prouve qu’il existe depuis longtemps y compris quand il ne lui était pas permis de vivre dans un état indépendant. Lénine n’a inventé ni la langue ukrainienne ni le nationalisme ukrainien.

 »A priori erroné car cette Ukraine initiale n’était pas la même que celle concoctée ensuite artificiellement et brutalement par les bolchéviques, par ajouts successifs de régions russes, polonaises, roumaines, hongroises."

(entre 2mn32s et 3mn20s) dans son discours du 21 février (voir la vidéo) Poutine évoque lui-même les ajouts de nouveaux territoires entre 1939 et 1954. Vous trouverez facilement plus de détails sur ces questions notamment sur la Wikipédia.

Ce ne sont donc pas les bolcheviks mais les staliniens qui ont faits ces ajouts. Ils avaient auparavant exterminé les bolcheviks. Je rappelle que pendant environ 500 jours Staline a fait fusiller en moyenne 1 500 personnes par jour et qu’il en a déporté 1 600 autres avec la volonté de supprimer tous les révolutionnaires de 1917 et tous les gradés de l’armée qui avaient gagné la guerre civile.

"Cette manipulation des bolchéviques, vous ne voyez pas qu’elle est à l’origine du problème en Crimée (réglé en 2014, conformément aux droits des peuples reconnu par l’ONU) et du problème au Donbass (en voie de règlement par la guerre par séparation, le pouvoir de Kiev manipulé par les USA ayant refusé la fédéralisation)."

Pour poursuivre la discussion, il va falloir que vous revoyez tout votre commentaire en prenant en compte ce que j’ai dit avec en plus pour la question de la Crimée toute l’histoire de la déportation des tatars et des difficultés qu’ils ont pour faire reconnaître leur droit. Il n’est nullement possible qu’il y ait eu une quelconque manipulation des bolchéviks à propos de la Crimée. Je fais un copier/coller de ce que j’ai déjà dit à ce sujet dans mon article. Mais, j’ai l’impression que vous venez le commenter sans l’avoir lu.

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Arrêtons-nous sur le cas de la Crimée dont il est maintenant beaucoup question. Cette péninsule avait été annexée par les tsars en 1783. Dès le lendemain de la révolution, les bolchéviks s’y sont intéressés. Le peuple tatar profite alors d’une courte période de reconnaissance de ses droits car Lénine lui octroie un statut d’autonomie. Le 18 octobre 1921, la république qui voit le jour en porte la trace dans son intitulé, puisqu’il s’agit de la « République socialiste soviétique autonome de Crimée ». Ce fait historique est complètement absent de toutes les « histoires de la Russie » revues et modifiées par les poutinolâtres. Ils ne parlent pas davantage de ce qui est advenu depuis des tatars. Je vais donc citer un article d’Aurélie Campana, professeur de sciences politiques au Québec, consacré à « la mobilisation des Tatars de Crimée pour leur réhabilitation ».

« Le 18 mai 1944, les Tatars de Crimée, une minorité turcophone musulmane du sud de l’Ukraine, ont été massivement déportés par le régime soviétique. Selon un schéma éprouvé lors des déportations massives organisées dans les années et les mois précédents, 190 014 Tatars de Crimée ont été expulsés de force en trois jours et dispersés sur le territoire soviétique. La minorité tatare de Crimée a été rayée de la carte des nationalités soviétiques. Dans le même temps, on les privait de leurs droits les plus élémentaires, faisant d’eux, selon la nomenclature soviétique, des “colons spéciaux”. Les effets multiples de la déportation ont été prolongés par l’exclusion de fait des Tatars de Crimée des processus de réhabilitation initiés par Khrouchtchev au lendemain du XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en 1956. Les Tatars de Crimée recouvrent certes leurs droits à titre individuel, mais toute existence collective leur est déniée. De plus, ils sont interdits de retour en Crimée. » (…)

« En 1956, lors du XXe congrès du Parti communiste, Nikita Khrouchtchev dénonce les crimes du stalinisme, au nombre desquels les déportations massives qu’il qualifie de “crimes arbitraires et illégaux”. Pourtant, la liste des peuples déportés qu’il mentionne dans son discours est tronquée : les Tatars de Crimée, les Turcs meskhètes et les Allemands de la Volga, entre autres, ne sont pas cités. »

S’il est vrai qu’en 1954, Nikita Khrouchtchev a donné la Crimée à l’Ukraine, il est cependant certain que les tatars n’ont aucunement été rétablis dans leurs droits puisque leur retour en Crimée leur était interdit. Le 17 avril 2014, Poutine a encore interdit l’entrée sur le territoire de la Crimée à Moustafa Djemilev, l’une des figures politiques des tatars.



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