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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Britannicus » de Jean Racine par la maestria de Jean-Louis Martin-Barbaz (...)

« Britannicus » de Jean Racine par la maestria de Jean-Louis Martin-Barbaz au Théâtre 14

Il est des réalisations théâtrales où l’excellence est, d’évidence au rendez-vous, dans toutes les composantes de la mise en scène.

Celle du Britannicus de Jean-Louis Martin Barbaz, créée en 2007 au Studio-Théâtre d’Asnières et en reprise 2009 au théâtre 14, y apparaît dans un schéma mental du pouvoir politique dont les influences contradictoires feraient tergiverser une structure en pleine formation pour en faire basculer le socle dans la fascination du crime d’état.

Un décor japonisant constitué de panneaux coulissants à mi-chemin entre grillage et moucharabieh renvoie sur fond de tain, l’image inversée d’une incarcération à géométrie variable que les lumières de Cyril Hamès feraient vaciller dans le secret du confessionnal pour l’Histoire entre Néron (Jean-Christophe Laurier) et sa mère Agrippine (Yveline Hamon).

Celui-ci, à peine sorti des tourments de l’adolescence est en proie aux velléités amoureuses portant résolument son inclination vers Junie (Vanessa Krycève), l’élue de Britannicus (Antoine Rosenfeld) son demi-frère.

Tiraillé entre deux conseillers, Burrhus(Patrick Simon) et Narcisse (Hervé Van der Meulen), le jeune Néron n’aura de cesse d’arbitrer dans la volte-face, sans pouvoir, à tort ou à raison, se départir du sentiment d’être abusé.

En effet, l’alliance objective d’Agrippine et de Junie le fera douter de l’assise de sa propre autorité, jusqu’au choix ultime d’assassiner Britannicus.

Si cette décision fondatrice de la chaîne du crime va, ensuite, emporter Rome dans la folie meurtrière, lui, Néron, jean blanc et torse nu en butte au kimono maternel, se débat dans le lit impérial avec l’ombre tutélaire des figures mythiques torturées qu’un Louis II de Bavière pourrait, ultérieurement, revendiquer.

Avec la grâce inspirée d’un Helmut Berger et la fureur visionnaire d’un Denis Lavant, l’incarnation de Jean-Christophe Laurier atteint ces sommets de maîtrise où l’acteur est seul, avec sa superbe, contre tous.

Et cependant face à lui, le charisme d’Yveline Hamon, la fougue intérieure de Vanessa Krycève, le charme désinvolte d’Antoine Rosenfeld portent autant de coups de boutoirs que la compagnie de Jean-Louis-Martin Barbaz contient de fruits du talent formé à perfection.

Ainsi, par une présence intensive, Rachel André (Albine), Valentin Johner (garde), Florient Jousse (garde) viennent, à leur tour, confirmer que chacun des rôles de cette mise en scène, au sein du rapport de forces psychiques, diplomatiques et sensuelles, est au diapason de son enjeu éminemment tragique.

Sur le plan de la symbolique, ce « Britannicus » de Jean-Louis Martin Barbaz pourrait mériter tous les Molières. 
 
Photo © Lot
 
BRITANNICUS - **** Theothea.com - de Jean Racine - mise en scène : Jean-Louis Martin-Barbaz - avec Rachel André, Yveline Hamon, Valentin Johner, Florient Jousse, Vanessa Krycève, Jean-Christophe Laurier, Patrick Simon, Antoine Rosenfeld & Hervé Van der Meulen - Théâtre 14 - 
  


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