Comment « Transformers » ne m’a pas... transformé !
Alors, ouais, j’ai été voir la bourrinade amerloque de l’été, vous savez dans l’état d’esprit : "Tiens, j’ai pas envie de me fatiguer les méninges, j’ai envie de m’en prendre plein la tronche pendant deux heures sur écran total, sans me prendre la tête !" Eh bien, pour être franc, je m’attendais à un truc niaiseux mais à ce point-là, j’ai trouvé Michael Bay très fort ! D’aucuns nous vantent les effets spéciaux dernier cri, du genre les fameux SFX, avec un mec "vroum vroum" capable de gérer les effets spéciaux comme (mon nom est) personne. Bah, je veux bien, mais tout de même, encore faudrait-il les voir tant la réalisation épileptique de notre cher (e)Bay, forcené régressif poussif de la caméra tous azimuts, s’apparente plus à de
Au fait, question subsidiaire, à quand le retour des plans fixes dans les films d’Action Joe ? Les plans sont tellement cut, tellement rapprochés qu’action et images sont tout bonnement illisibles, à la limite de la bouillie filmique décérébrée, et puis, encore une fois, dans ce gros blockbuster guerrier et bourrin XXL, le regard des humains est quasiment toujours incertain, pas pile-poil dans la bonne direction ou à peine pour capter dans le cadre les grosses bébêtes robotiques numérisées s’apparentant à des ninjas d’acier de
Mais, ce qui est plus embêtant, sans que cela m’empêche pour autant de dormir (rassurez-vous !), c’est que tout simplement, visuellement, ce Transformers ne casse absolument jamais la baraque. On aurait souhaité un jeu de massacre d’un grand gosse AUTOBOT bath qui casse tous ses jouets, comme par exemple lorsque, dans Terminator 3, Le Soulèvement des machines, Schwarzie est suspendu à un camion-grue qui défonce tout sur son passage. Mais on n’a rien de tout ça, on n’a pas de lignes de force géométriques qui pourraient structurer ce faux bolide filmique comme chez un styliste du calibre de John Woo. Non, Michael Bay reste jusqu’au bout ce qu’il a été et est (malgré son expérience sur des nanars filmiques maous costauds comme Bad Boys 2, Armageddon et autres Pearl Harbor (est pourri*) qui prend l’eau, on sauvera du naufrage son The Island, moins bourrin, plus "adulte") : un tâcheron hollywoodien, sans style et sans regard. Histoire d’accroître certainement la rentabilité du film, en prime, l’équipe semble s’être définitivement passée de scénaristes, dommage, voici un scénario réduit au minimum syndical. Pour le conceptuel, c’est aussi silence radio chez Bay. Or, je crois qu’il ne faut jamais sous-estimer l’intelligence du spectateur : (e)Bay ou comment lui donner ce qu’il attend, mais surtout rien de plus.
Oui, c’est un film faussement massif qui, malgré ses effets de vitesse, fait désespérément du surplace et ne confine jamais à l’abstraction pour élever davantage cet objet pyrotechnique vers un film transformiste (!) qui aurait pu s’avérer "destructible" et "transformable" lui aussi (dans l’idée de faire bouger les lignes d’un film-machine - misant sur les fameux robots Transformers se transformant en véhicules - qui se mettrait à dérailler ou à se compresser - 2h24, en outre, c’est beaucoup trop long pour aller si peu loin, à l’arrivée, non ?). In fine, Transformers est résolument DECEPTICON ! Pourtant, on tenait ici l’idée d’un grand film de poésie destructrice et de pulsions gargantuesques faramineuses, jouant à donf sur l’opposition entre la beauté de l’innocence des jeunes lorgnant du côté du merveilleux spielbergien et l’aspect malsain des monstres métalliques, façon Crash de Cronenberg, et aussi l’idée d’un projet-prototype, d’un film high-tech et cyber, roulant des mécaniques à fond la caisse, et qui aurait pu être, façon The Host, mort de faim, bouffant tout sur son passage et laissant son public en miettes, écrabouillé, compressé, car on sait bien que la superproduction US au cinéma joue sur ce prolongement de la jouissance enfantine et ultra-immature à vouloir casser ses jouets à grande échelle. Le goût enfantin pour la destruction combiné à l’idée de voir le cinéma comme un gros jouet hypersophistiqué, pourquoi pas d’ailleurs ?
En y regardant de plus près, si ce film avait mieux ingurgité le merchandising à l’oeuvre par exemple dans un Jurassik Park (cf. des plans de Spielberg, maître du "Dreamworks" par excellence, où l’on voit carrément dans le film, à l’écran, des objets labellisés, estampillés façon la campagne publicitaire du film - casquettes, mugs, etc.), les jouets Hasbro (Etats-Unis) et Takara (Japon) transformistes à
Transformers n’est même pas beau comme un camion du Show West de Las Vegas. Le réa passe ainsi à côté d’un beau film pop (corn) à souhait, avec des camions métalliques rutilants et brillants comme des santons tout neufs et qui auraient pu être rose fuchsia ou jaune canari comme les tenues électriques de la blonde américaine Susan Stone de Prête à tout de Gus Van Sant ou comme les toiles géantes bariolées, lisses, kawaï et japanim’ du peintre-artificier japonais contemporain Takashi Murakami. Bay passe ainsi à côté d’un film warholien en diable cultivant le message de l’esthétique pop : il n’y a rien derrière l’image, "...Vous n’avez qu’à regarder la surface de mes peintures, de mes films, de moi. Me voilà. Il n’y a rien dessous" (Andy). Michael, lui, limite MEGATRON-ul, devrait aller bosser chez General Motors, au département carrosserie, au lieu de faire du cinoche - voilà ce que je pense ! Puis c’est quoi ce surjeu de Shia Labeouf (alias le jeune Sam Witwicky) ? Notamment dans sa scène (interminable) à la fenêtre de la maison de ses parents où c’est la grosse soupe à la grimace avec ses potes (robots) de chambrée. Et son nom, mazette, c’est quoi ?! un gag ?? Ce gamin devrait changer de nom... s’il veut faire (aussi) carrière dans l’Hexagone, à supposer qu’il le veuille ! (Bah oui, au cas où, ici, on a Luc Besson comme maître des lieux au box-office et qui en connaît un rayon question tiroirs-caisses et Taxi tous azimuts...)
* Je me réfère ici à Team America, où il y a une chanson sur la nullité supposée de Ben Affleck et de... Bay.
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