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Entretien avec le philosophe André Comte-Sponville

DE L’AMOUR : SEXUALITE ET EROTISME

L’homme est un animal érotique : telle est une des définitions qu’André Comte-Sponville donne de notre humanité dans son dernier livre : « Le sexe ni la mort »*, dont le sous-titre, « Trois essais sur l’amour et la sexualité » renvoie inévitablement à Freud.

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André Comte-Sponville
Nadine Dewit (copyright)

Daniel Salvatore Schiffer : Dans votre dernier livre, « Le sexe ni la mort », vous définissez l’homme comme étant, parmi d’autres qualifications possibles, un animal érotique. Serait-ce donc là une définition plus pertinente que celle qu’en donne Aristote lorsqu’il considère l’homme comme étant un animal politique ?

André Comte-Sponville : L’homme est les deux : un animal érotique et politique. Il est aussi un animal raisonnable, comme le disait encore Aristote. Bref : il y a différentes caractéristiques propres à l’être humain. Mais l’un des propres de l’homme est d’être, en effet, un animal érotique : ce qui n’est pas la même chose - la différence est fondamentale - qu’être un animal sexuel dans la mesure où la plupart des animaux ont aussi une sexualité.

DSS : Quelle différence établissez-vous entre ces deux notions effectivement distinctes que sont l’érotisme et la sexualité ?

A.C-S. : Ce que je montre dans mon livre, en m’appuyant notamment sur les thèses de Georges Bataille, c’est qu’il n’y a érotisme que là où il y a transgression. Lorsque nous faisons l’amour - y compris, note Bataille, entre époux légitimes -, nous avons le sentiment de faire quelque chose qui n’est pas tout à fait « normal » ou « moral ». Il n’y a pas de sexualité complètement innocente, et tant mieux ! Ainsi, bien que l’on ne puisse pas confondre ces deux notions, la sexualité relève-t-elle, effectivement, de l’érotisme. Il n’y a pas d’érotisme sans transgression. Mais il n’y a pas, non plus, de transgression sans interdit, sans règles ni lois. Et comme seule l’espèce humaine dispose d’interdits moraux et culturels, elle est aussi donc la seule à être capable d’érotisme.

DSS : Les animaux ont pourtant une vie sexuelle, bien au-delà de la simple copulation ou pratique du coït. Ils éprouvent même, souvent, de véritables pulsions amoureuses, voire du plaisir !

A.C-S. : C’est vrai ! Mais il n’y a pas, chez eux, ce trouble délicieux qu’ont les hommes à se découvrir, à travers l’érotisme, animal. En d’autres mots : c’est bien parce que l’homme n’est pas qu’un animal, ou qu’une bête, qu’éprouver en soi, à travers l’autre, sa propre animalité, ou bestialité, procure un sentiment à ce point troublant et délicieux, jusqu’à la jouissance.

DSS : Est-ce à dire que l’érotisme serait aussi la part animale de l’humain ? Cela même qui révélerait à l’humanité, paradoxalement, sa bestialité ?

A.C-S. : La sexualité, c’est la part animale de l’humain. L’érotisme, c’est la rencontre, chez l’homme, entre sa part animale (la pulsion) et sa part humaine. D’où, précisément, l’idée de transgression. Pour qu’il y ait « transgression », il faut qu’il y ait « désir » et « animalité ». Mais il faut qu’il y ait, également, « lois » et « humanité ». L’érotisme se joue donc au croisement de ces dimensions.

DSS : Cette distinction que vous établissez entre la sexualité et l’érotisme fait que ce dernier soit le propre, justement, de l’homme !

A.C-S. : Oui, l’érotisme est proprement humain, alors que la sexualité est, elle, à la fois humaine et animale. L’érotisme est exclusivement humain pour deux raisons. La première est celle que je viens d’évoquer. En résumé, il n’y a d’érotisme que là où il y a transgression, et il n’y a transgression que là où il y a interdit et, donc, culture. Et comme la culture est le propre de l’homme, l’érotisme, logiquement, l’est donc aussi. La deuxième raison, c’est que l’érotisme commence lorsque l’acte consistant à faire l’amour ne vise pas seulement le plaisir, c’est-à-dire l’orgasme ou la satisfaction - ce que peut faire, par exemple, la simple masturbation -, mais lorsqu’il vise aussi, plus fondamentalement, le désir, lequel s’articule surtout, non dans le plaisir immédiat, mais dans la durée du désir.

DSS : En somme, la sexualité relèverait de la nature, de l’ordre naturel des choses, tandis que l’érotisme serait lié à la culture, à l’état culturel des personnes !

A.C-S : Exact. Ainsi l’érotisme serait-il moins un art du plaisir (ou de faire jouir) qu’un art du désir (et de faire durer le désir) : c’est un « re-travail » du désir par lui-même. C’est cela le but de l’érotisme : le désir, avec certes au bout du compte, tout à fait souhaitable et heureux, le plaisir… mais un plaisir qui, en même temps, met fin à la tension érotique. Ce que les amants souhaitent dans l’érotisme, ce n’est pas d’aller directement au plaisir, par le plus court chemin. C’est, au contraire, inventer des détours : c’est le secret, entre eux, pour faire durer le désir, jusqu’à sa tension maximale, après quoi viendra seulement, à travers la jouissance orgasmique, le plaisir.

DSS : La notion d’ « amants » est celle par laquelle vous définissez d’ailleurs le « couple amoureux » !

A.C-S : Oui. Ce qui compte, en amour, c’est la relation, sexuelle ou érotique qu’elle soit, que deux individus peuvent nouer entre eux, et non l’institution matrimoniale. Dans l’amour, je privilégie donc les « amants » plutôt que les « époux » : ceux qui s’aiment et qui font l’amour, très concrètement, plutôt que ceux qui ne font que le rêver, idéalement. Je suis frappé de voir que la littérature ou le cinéma ne célèbrent, en général, que les premiers jours de l’amour : la grande passion dévorante des débuts d’une relation amoureuse. J’aime les couples lorsqu’ils sont heureux. J’ai donc voulu essayé de comprendre, dans mon livre, ce que c’est qu’un couple vivant dans le bonheur : pourquoi cela existe-t-il ? comment cela peut-il durer ? et, surtout, à quelles conditions ?

DSS : Votre réponse à ces interrogations ?

A.C-S. : L’une des conditions, mais la plus importante, c’est d’arriver à cesser de croire à la passion amoureuse qui durerait toujours. Cela n’existe que dans les mauvais scénarios. Car c’est justement quand la passion s’éteint que la véritable histoire d’amour commence.

DSS : Vous avez fait allusion, parlant d’érotisme, à Georges Bataille, dont on sait qu’il a beaucoup écrit sur cette thématique, qu’il liait cependant à la mort puisqu’il définissait l’orgasme sexuel comme étant la « petite mort ». Or le titre de votre ouvrage, « Le sexe ni la mort » fait davantage référence, très explicitement, à une célèbre maxime de La Rochefoucauld. Pouvez-vous expliquer ce lien entre ces deux auteurs que tout, apparemment, oppose ?

A.C-S. : Le titre de mon livre est effectivement une référence explicite à la maxime la plus célèbre de La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». Car, dans mon esprit, ce rapport existe, non pas tant entre le sexe et la mort, comme chez Bataille, qu’entre le sexe et le soleil. Car les deux, tant le sexe que le soleil, bien qu’ils puissent certes nous tuer aussi parfois, sont à l’origine de toute vie. L’amour est un soleil. Mieux encore, le sexe est un soleil, surtout le sexe de la femme ! Tout homme qui regarde de près la vulve d’une femme se dit, à un moment ou l’autre, que cette vulve, par son pouvoir d’éblouissement et de fascination, par cet échauffement qu’il suscite en l’homme, est un soleil. Le sexe de la femme est, comme le disait très joliment le poète Apollinaire, un « soleil cou coupé ».

DSS : C’est donc là, concernant le sexe, une grande différence entre Bataille et vous !

A.C-S : Oui ! D’où mon titre, précisément, emprunté à une maxime de La Rochefoucauld : « Le sexe ni la mort ». Car si, pour Bataille, le sexe relève de la mort, et que le juste titre bataillen serait donc plutôt « Le sexe et la mort », le sexe est au contraire, pour moi, du côté de la vie. Bataille est donc tout le contraire de cette sensualité que, pour ma part, je revendique.

DSS : Il existe néanmoins une proximité, entre Bataille et vous, quant à la définition de l’érotisme, que vous liez tous les deux à la transgression !

A.C-S. : Oui, à cette importante différence près cependant : c’est que Bataille ne privilégie, quant à l’érotisme, que la transgression, alors que, pour moi, celle-ci n’en est qu’une dimension parmi d’autres, à côté notamment du « re-travail » du désir par lui-même. Bataille a donc tendance à considérer que plus la transgression est forte, plus l’érotisme est fort. Avec, comme conséquence dans la perversion, le fait de considérer qu’il n’y a rien de plus érotique, comme dans son récit « L’histoire de l’œil », qu’un meurtre. Juste après, il y a, à l’instar de Sade, la torture, puis juste après encore, le viol. On a tous, certes, ses fantasmes, mais je pense, pour ma part, que ce lien souvent violent, y compris dans son expérience parfois extatique, qu’établit Bataille entre la sexualité et la mort est, par son exagération, plus régressif qu’érotique.

DSS : Bataille lie en outre l’érotisme à l’expérience mystique, fût-elle, dans son cas, une religion athée : raison pour laquelle Sartre et Malraux le qualifiaient de « mystique sans dieu » !

A.C-S. : Je serais volontiers, moi aussi, un mystique sans dieu, mais pas du tout dans le sexe. Car ce que j’y aime, c’est, au contraire, l’aspect résolument laïc, profane ou athée, de la chose : ce trouble éminemment délectable où l’on découvre sa propre animalité, sa part bestiale, confrontée à l’animalité de l’autre.

DSS : Vous distinguez, dans votre ouvrage, trois types d’amour : « éros », « philia », « agapè ».

A.C-S. : Le mot « amour » se décline, dans l’ancien grec, à trois niveaux. «  Eros », c’est l’amour passion, mais aussi le manque, que j’analyse à travers « Le Banquet », sous-titré « De l’Amour » justement, de Platon. « Philia  », c’est la joie d’aimer, l’amour conjugal, l’amour-amitié, mais aussi le désir, tel que les décrivent Aristote, dans son Ethique à Nicomaque », ou Spinoza, dans son « Ethique », pour qui « le désir est l’essence même de l’homme ». « Agapè », c’est l’amour pur et désintéressé, le don gratuit de soi, l’amour pour autrui, l’amour qui pardonne et n’attend rien de l’autre, l’amour de charité, absolu et généreux, l’amour bienveillant, l’amour parental, l’amour comme « retrait » comme disait Simone Weil. C’est encore, comme je l’écris moi-même, « l’amour sans rivage ». D’aucuns, tels les chrétiens, y voient la plus haute forme de l’amour, d’essence quasi divine. Je me sens plus proche, en ce qui me concerne, de l’amour « philia » : celui du désir et de sa durée, qui est propre à l’humain en même temps qu’il est la caractéristique de l’érotisme !

 

* Publié chez Albin Michel (Paris).

 

DANIEL SALVATORE SCHIFFER


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13 réactions à cet article    


  • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 10 mai 2012 12:39

    Bel entretien, Daniel. Certes, il n’y a « rien de nouveau sous le soleil » dans ces propos de bon sens. Mais le bon sens, ce n’est déjà pas si mal, dans un monde devenu fou. 


    • Gollum Gollum 10 mai 2012 12:59

      Pas vraiment d’accord avec ce texte, notamment le thèse de Georges Bataille qui veut lier érotisme et transgression. Quelle transgression ? Pour un « moraliste » qu’il soit tendance athée ou religieuse cela peut se comprendre. Mais bien des gens dont je fais partie ne vivent pas selon des normes morales (ce qui ne veut pas dire sans éthique) et donc plus de transgression possible. 


      Je trouve même cette notion assez infantile comme le gamin qui rencontre le plaisir pour la 1ère fois et qui a d’autant plus envie de recommencer qu’il sait que sa mère est contre...


      Mais quand on a grandi cela ne tient plus. Bizarre aussi cette insistance sur la transgression alors que ce qui caractérise l’érotisme est essentiellement recherche de communion. Nulle part je n’ai vu ce mot dans ce texte. C’est la Présence de l’Autre, (là aussi absence de ces mots pourtant essentiels) qui provoque la jouissance et rien d’autre, sauf dans le cas de psychismes perturbés, et pour moi Bataille était un psychisme perturbé. Cette Présence est intensifiée par la pratique des caresses qui est livraison de notre intimité à l’Autre. C’est comme cela que se dévoile Amour. Que je considère comme un dieu exactement comme les anciens Grecs.. Ce texte brille aussi d’ailleurs pas son absence de toute référence au sacré et à la Transcendance. Car il y a une érotique transcendantale. Je conseille vivement à nos auteurs de s’intéresser au Tantra. Quand l’auteur lie plaisir et masturbation il y a de quoi sourire car celle-ci n’apporte qu’un semblant de jouissance.. Rien à voir avec le plaisir communiel authentique.. Mais cela n’est pas précisé.. Quant au désir, quel est-il sinon un désir de communion, de participation, avec l’Autre ? Là aussi, pschiitt.. Le désir mène au plaisir pour nos auteurs en passant par-dessus Amour et communion.


      Il ne s’agit bien évidemment pas d’un hasard, car nos « philosophes » ne font que reprendre l’air du temps, où la sexualité n’a jamais été aussi mal comprise que maintenant. En cause, le consumérisme ambiant où l’on doit « posséder » et où donc on se sert de l’autre pour jouir.


      La liaison « mort » et « éros » est là aussi très mal comprise, surtout par Bataille. Je pense au fait qu’il trouve très érotique un meurtre. Il s’agit ici d’une perversion. Bizarrement non dénoncée comme telle par nos « philosophes ».. (un peu par ACS quand il dit : On a tous, certes, ses fantasmes, mais je pense, pour ma part, que ce lien souvent violent, y compris dans son expérience parfois extatique, qu’établit Bataille entre la sexualité et la mort est, par son exagération, plus régressif qu’érotique.)

      La liaison Mort/Éros est bien connue en érotique sacrée par le fait même qu’Amour provoque la mort des égos et la survenue de la conscience transcendantale au sein des Amants. 


      Mais ACS préfère dans l’amour l’aspect résolument laïc, profane ou athée. Inutile de dire qu’il passe à côté de l’essentiel... et qu’il en reste à un érotisme d’après la Chute.


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 12 mai 2012 08:11

        Bravo Gollum,

        Excellente critique !
        L’essentiel est dit je crois.

        L’union physique, c’est d’abord l’occasion de la présence, de la communion, de la rencontre sacrée, cad, la rencontre de deux êtres conscients du miracle d’être sous le regard de l’autre être, celle-là ou celui-ci incarnant le divin, l’Univers, qui nous accueille, en son sein, en son être.

        Jouir de son animalité est une joie de philosophe qui a eu l’impudence de se penser au-dessus de l’animal. C’est une joie complètement solipsiste puisque seulement sous le rapport de la connaissance. L’autre est absent. La masturbation en est l’essence.

        @ l’auteur

        Merci quoi qu’il en soit pour cet entretien car, même si on ne partage pas ses vues, ACS est un auteur « solide » dont le dernier livre a le mérite de porter l’attention et la réflexion sur des sujets qui doivent encore être compris plutôt que passés sous silence et rester masqués par l’évidence banale du quotidien.


      • Gollum Gollum 12 mai 2012 08:54

        La masturbation en est l’essence.


        C’est exactement cela. Je dirais aussi que c’est une « érotique » directement inspirée du libertinage des « Lumières ».. A fuir comme la peste.

        Merci à vous.

      • Pierre-Marie Baty 13 mai 2012 21:25

        Belle remarque, messieurs !

        Cet onanisme est d’ailleurs illustré dans La condition humaine d’André Malraux, par le personnage de Ferral, l’entrepreneur occidental qui, dans sa volonté de disposer du corps des femmes (en l’occurence, de sa maîtresse Valérie) de manière exclusivement matérialiste, pour ne pas dire inconsciemment sacrilège, se découvre soudain, au détour d’une réflexion faisant suite à la trahison amoureuse de cette dernière, à ne faire l’amour qu’avec lui-même.

        Ah, n’est pas philosophe qui veut smiley


      • bakerstreet bakerstreet 10 mai 2012 13:21

        « Animal érotique, politique, et raisonnable... »

        Si je connaissais la bête à deux dos, je ne connaissais pas encore celle à trois ! 

        Saint Georges Bataille aurait une fois pour toute déterminé qu’il n’y aurait érotisme que l’à où il y aurait transgression....Tout cela me semble bien projectif, et invalidable, sinon qu’en poésie. 

        "Il n’y a pas d’érotisme sans transgression. Mais il n’y a pas, non plus, de transgression sans interdit, sans règles ni lois. Et comme seule l’espèce humaine dispose d’interdits moraux et culturels, elle est aussi donc la seule à être capable d’érotisme."

        Ces équivalences tordues n’ont de valeurs que pour ceux qui veulent bien y croire et s’interdire de réfléchir deux minutes. Les intuitions d’un poète ne suffisent pas à valider un concept englobant hommes et animaux....Il est déjà assez bien difficile de voir clair en sa maison pour croire que sa faible bougie puisse éclairer les autres, sans avoir une foi d’inquisiteur ou de moraliste muni d’oeillères.

        L’homme a toujours beaucoup insisté et tenu à se sentir différents des autres animaux, en qui évidemment il n’aurait rien à voir. Mais peut-on raisonnablement être juge et parti, et se définir comme un « must », charmé « de se trouver si beau en ce miroir », sans en faire un exercice de vanité et de bêtise.

        Longtemps, après avoir du renoncer d’ailleurs au fait que la femme avait elle aussi un cerveau, l’homme s’est cru le dépositaire exclusif des dieux.

        L’animal n’était qu’un ensemble de terminaisons nerveuses. Il ne pouvait souffrir, ce qui autorisait Kant à donner des coups de pied à son chien, comme quoi on peut être un grand penseur et un vrai imbécile.

         L’humour était le signe exclusif de l’homme, avant que l’on s’aperçoive du contraire, et que les singes eux aussi riaient, de l’homme d’ailleurs, et il avait bien raison......

        Quand au langage, ce n’est même pas la peine d’en parler, tant beaucoup d’espèces semblent avoir un système de communication au moins aussi élaboré que l’homme.....

        Les dernières expériences cognitives ont prouvé que les animaux étaient capables d’empathie, mais on le savait déjà en regardant les hommages rendus à certains éléphants morts par leurs congénères, ce qui nous avait permis d’ailleurs de nous apercevoir que les rites funéraires n’étaient pas l’apanage des hommes.

        Et la notion de bien et de mal, me direz vous, c’est à dire la conscience des valeurs....Et bien là aussi pas de doutes possibles, les expérience de Frans De Waal, primatologue néerlandais reconnu, ont permis de démontrer que les singes ont le sens de l’équité : Soumis à des stimulations où les plus performants ont des récompenses, ils se révoltent, quand les gratifications se font dans l’ordre inverse au résultat, ou compensent, en redistribuant les récompenses......

        L’interdit de l’inceste, que l’on attribuait à la religion : Hormis les animaux domestiques dégénérés, elle existe chez la plupart des animaux, y compris chez les insectes, où elle a été démontré de façon expérimentale sur des mouches de laboratoire.

        La sexualité....Ma fois je me régale à regarder la cour des matous, envers ma chatte.. Elle me semble bien plus élaborée que la sexualité fruste de bien de mes semblables..

        Leurs miaulements valent surement bien le lai des troubadours
        et je ne saurais prétendre que mon chant vaut mieux que le leur !


        • luluberlu luluberlu 10 mai 2012 13:31

          YEEEESSS, oui, si, ya, ..... il y a de l’anthropocentrisme chez notre philosophe.


        • bakerstreet bakerstreet 10 mai 2012 17:17

          N’empêche que le jeu amoureux des matous bramant à la lune, même s’il n’est pas agréable à nos oreilles à le même sens que les rites amoureux, le jeu du guitariste sous la fenêtre ( mais c’est vrai qu’il n’en est plus guère....)
          Dans l’amour, l’attente et la montée du désir ont été célébré tout autant que l’acte lui même.

          En tout cas, il me semble assez facétieux de décréter que l’homme a une sexualité plus accompli que l’animal, dont il ne pige pas grand chose des codes subtils, et toujours différents : Quid de la sexualité des oiseaux, des espèces sauvages, dont les conditionnements sont liés au milieu, toujours changeant.

           En prenant la notre comme modèle, nous gardons le même regard que naguère les colons, quand ils regardaient avec mépris les peuples « primitifs » dont il a fallu un certain temps, avant que Claude Levi-Strauss révèle l’extraordinaire complexité

          Cela change depuis quelques temps avec les découvertes dues aux neurosciences. Mais se hisser à un stade supérieur de développement me parait être une supercherie. Ou alors il faudrait savoir de quoi on cause. Il est vrai qu’au niveau technologique, notre espèce est en avance, si l’on peut dire les choses ainsi.

          Mais d’une autre façon, on peut se demander aussi si toutes ces prothèses que nous avons savamment rassemblés autour de nous, ne sont pas dus à un manque existentiel, à une faille névrotique qui a pu s’instrumentaliser sur une capacité que l’homme partage avec le singe, si on peut les différencier : La capacité de préhension.

          De même l’érotisme spécifique à l’homme n’est elle pas un trait de perversion, quand l’homme est obligé d’aller trouver un substitut artificiel pour s’exciter. Le fait de se vêtir à probablement changé la donne, car en cachant les organes sexuels, et en les détournant de l’objet naturel de la vie, elle les a fait entrer dans l’interdit...
          .D’ailleurs, on le sait, les sociétés des iles tropicales, qui pratiquaient une sexualité plutôt libres, vivaient nues, n’avaient pas cette conception puritaine, liée au pouvoir et à la promotion que nous avons. il suffit d’écouter les publicités pour se convaincre que rien n’a changé : Toutes nous disent que si nous avons l’objet proclamé, nous aurons la femme, la plus belle évidemment, source de puissance et d’envie devant les autres mâles.


        • bakerstreet bakerstreet 10 mai 2012 17:25

          Pour rebondir sur le concept de l’homme, « animal politique, érotique et raisonnable » l’homme est la seule espèce capable de tuer les femelles en age de procréer.

          La politique et la raison seraient -elles dichotomiques ?
          DSK vient de nous démontrer qu’érotisme et politique l’étaient tout autant !

          Peut-être bien que la politique ne s’accommode de pas grand chose
          Et ne forme que des monstres.....


        • ffi ffi 10 mai 2012 14:59

          Transgression -> eros -> manque -> addiction (assuétude) : meurtre en série, viol en série,... etc

          Encore un philosophe promoteur de la barbarie...
          (vivement que cette génération de dégénérés se casse !)


          • ffi ffi 10 mai 2012 15:31

            Je cite :

            L’amour est un soleil. Mieux encore, le sexe est un soleil, surtout le sexe de la femme ! Tout homme qui regarde de près la vulve d’une femme se dit, à un moment ou l’autre, que cette vulve, par son pouvoir d’éblouissement et de fascination, par cet échauffement qu’il suscite en l’homme, est un soleil

            Ca, c’est de la philosophie !


          • bakerstreet bakerstreet 10 mai 2012 17:42

            Extrait du cantique des cantiques, chantant l’amour sans transgression

            J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ;
            Je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
            Je mange mon rayon de miel avec mon miel,
            Je bois mon vin avec mon lait...
            -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour !

            - J’étais endormie, mais mon cœur veillait...
            C’est la voix de mon bien-aimé, qui frappe :

            - Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,
            Ma colombe, ma parfaite !
            Car ma tête est couverte de rosée,
            Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.

            - J’ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ?
            J’ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ?
            Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre,
            Et mes entrailles se sont émues pour lui.
            Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ;
            Et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
            De mes doigts, la myrrhe répandue
            Sur la poignée du verrou.
            J’ai ouvert à mon bien-aimé ;


          • amipb amipb 10 mai 2012 23:01

            @ffi : essayez « De l’autre côté du désespoir » du même auteur.

            Votre avis m’intéresse.

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