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La source des femmes

Radu Mihaileanu dans ce film prend un parti inédit sur un problème crucial, essentiel... il prend le parti de l'humour. Il lâche l'idéologie victimiste de celles qu'on appelle à tort féministes et propose un film enjoué, vivant, plaisant à voir, pas trop maichéen et qui, cependant ne rate pas sa cible. Il n'est pas loin du féminisme partagé qui devrait être notre guide en la matière. Même et surtout si le chemin vers l'égalité est long, il faut faire un pas dans la bonne direction, un pas après l'autre. C'est comme ça qu'on fait, qu'on aille chercher le pain à la boulangerie du coin ou qu'on entreprenne un tour du monde.
Radu Mihaileanu prend le parti de l'humour, qui est la bête noire des dictatures.
Cette source des femmes développe une relation à ce type de problème, rare, exceptionnelle, inédite : l'humour. C'est un film joyeux, dans lequel les héroïnes et héros restent la plupart du temps pleins de vie. Ils affrontent des situations difficiles, ils s'affrontent les uns les autres, mais ils ne suggèrent jamais qu'il y a une vraie vie ailleurs, une vie quiserait sans problèmes. Et surtout, ils ne suggèrent pas que les problèmes seraient la cause d'un groupe humain, mal intentionné et structurellement violent. Les femmes y sont féministes, au sens propre de ce mot, elles ne cherchent pas à accabler les hommes et à leur faire honte d'être des hommes (comme s'ils y étaient pour quelque chose) ; elles mènent une lutte frontale sur le terrain de l'amour sexuel pour obtenir des amènagements à une répartition par trop inégale des tâches. Et elles les obtiendront.
 
En effet, dans ce village du bled maghrébin, les femmes doivent monter dans la montagne pour puiser l'eau. Le chemin est arride, pentu, mal pierré... Une femme en tombant fait une fausse couche. Ce n'est pas la première. Une mortalité infantile élevée oblige les femmes à de nombreuses grossesses, incertaines et dangereuses, qui abiment leurs corps, qui abiment leurs vies. Au hamman, elles parlent entre elles en riant de leur four et du pain qu'elles y mettent quand il est chaud... elles décident, suite à cet accident, de faire la grève du sexe, menée par « vieux fusil » dont le four et l'homme sont froids depuis longtemps.
 
Pendant ce temps, les hommes boivent du thé et jouent au café, pris dans un ennui mortel et triste : la sècheresse rend tout travail de la terre inefficace et condamne le pays à la survie... et à l'aide étatique, qui tarde, qui tarde...
Le maître d'école voit plus loin que la tradition. Il enseigne ou tâche d'enseigner l'égalité de tous et parfois déplait de ce fait... Il apprend à lire à son épouse. Il lui fait lire les mille et une nuits qui sont un grand poème érotique, fondement selon lui de la civivlisation arabe. Il reprend le dossier de l'électricité qui n'arrive pas au village, alors que poteaux et fils ont été mis en place plusieurs années plus tôt... Il reprend un projet de fontaine au centre du village...
La grève du sexe continue et se passe plus ou moins bien. Une femme ne peut la pratiquer car son mari la force. Un homme bat sa femme chaque soir pour briser la grève... L'instituteur et son épouse discutent. Ils souffrent ensemble mais il comprend le bien-fondé de cette grève...
Les femmes vont à la ville, en cachette et par ruse, danser et chanter leur lutte, dans une fête.
 
Certes, ce film a des allures d'opérette. Le réalisateur dit bien que les dictatures répriment surtout et d'abord l'humour, faisant de chaque chose un moment sérieux qu'elles attrapent et orientent en un seul sens.
Dans un dialogue au café, si je me souviens bien, un homme dit que si les hommes ne travaillent pas, c'est qu'il n'y a rien à faire, mais qu'ils ont fait ce qu'ils avaient à faire quand il le fallait : prendre les armes pour repousser l'occupant colonisateur, tandis que les femmes étaient protégées dans les maisons, avec les enfants. Et arrive la question fatidique, qui sous-tend, à mon sens, l'état actuel des perceptions des relations entre les hommes et les femmes : « tu ne penses tout de même pas que les hommes ne pensent qu'à la guerre même quand il n'y a pas de guerre ? » Il me semble que la réponse de la femme reste en suspens...
Or, arriver à cette question ainsi formulée (à peu près) dans un film plein de rebondissements, de rires, de chansons, où les protagonistes font ce qu'ils ont à faire avec sérieux sans trop se prendre au sérieux, c'est assez fort.
Merci M Mihaileanu, et toutes et tous qui ont fait ce film.


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5 réactions à cet article    


  • FRIDA FRIDA 31 octobre 2011 14:42

    Un thème classique, où le la femme utilise le sexe comme moyen pour accéder à quelque chose.
    C’est une façon de conforter ceux qui pensent que la femme est faite pour la maternité et le plaisir des hommes.
    Toujours la séduction et le monnayage du sexe pour arriver à ses fins, comme si l’homme n’a aucun pouvoir de séduction et la femme n’a pas des attentes séxueulles. Quelle douce illusion, elle conforte beaucoup de gens dans leur certitude.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lysistrata





    • TSS 1er novembre 2011 09:44

      Ce film est pourtant basé sur des faits veridiques ! comme quoi toutes les femmes ne

      raisonnent pas comme les feministes à moustache... !!


      • easy easy 1er novembre 2011 11:04

        Ce film est basé sur les faits véridiques
        Des faits saillants que l’on vit, nous les jugeons positifs ou négatifs, selon les cas, les humeurs et les conséquences au fil du temps.

        Un film, un livre, qui expose un fait plutôt réel, prend un parti et il exagère donc toujours dans son sens.

        Ici, le parti pris est delui de la fable qui se termine bien.
        Et en ce moment nous avons grand besoin d’être influencés par ces visions optimistes.


        • easy easy 1er novembre 2011 12:49

          La grève du sexe

          La grève du sexe n’est pas qu’une grève du sexage.

          Il y a une commodité de langage qui oblige en partie au recours à ce raccourci imagé. Mais en rester là, surtout à l’occasion d’une critique d’un film où il en est question, est bien dommage.

          Ce que ce film prouve c’est précisément que le sexage ne se réduit pas à un geste physique.

          Une poignée de main ce n’est pas qu’un serrage de main,
          Une poignée de main indique un sentiment, en l’occurrence amical ou au moins d’urbanité.

          Tous les gestes que nous faisons, surtout ceux qui touchent vraiment le corps de l’autre, sont des gestes qui expriment une pensée, un sentiment.

          Même le fait de se tenir par les épaules, de se tenir par la main, par le bras, le fait de s’embrasser avec la langue, de se biser le front, tout cela indique un sentiment d’accord, de pacification, de fraternité, d’entente, de mensuétude, d’affection, de tendresse, d’attachement, de partage, de solidarité.

          De tous ces gestes, celui de l’acte sexuel est celui qui démontre le plus le sentiment d’accord, jusqu’à la fusion (bien que ce concept soit si décrié depuis un siècle)

          C’est précisément parce que ce geste ne peut s’accomplir sans une parfaite entente sur tous les sujets entre deux personnes qu’il ne peut pas se réaliser quand ces deux personnes sont en désaccord sur un point important de leur vie.

          La terminologie de « grève du sexe’ est née depuis peu et fait suite au recours du mot grève à tout propos depuis qu’existe le syndicalisme.


          En aucun cas, un mari et son épouse ne peuvent faire l’amour s’ils sont en désaccord total sur un point important de leur vie civile et familiale. Cette expression »grève du sexe« trop syndicaliste n’est donc d’aucune utilité dans la compréhension du clash.

          Même le sens plus privatif de »priver son conjoint« est absurde. Deux personnes qui sont en profond désaccord ne se privent pas mutuellement. Elles n’ont pas envie de se toucher puisque se toucher tendrement acte un accord.
          Il peut exister chez l’un des deux conjoints un petit côté »Je le punis en le privant et c’est bien fait pour lui" mais c’est alors une pensée par dépit, c’est une manière de se donner l’impression d’avoir quelque pouvoir sur une situation sur laquelle on n’en a réellement pas. Car on ne peut vraiment pas sexer avec quelqu’un avec qui on est fâché. On le voudrait qu’on ne le pourrait pas.

          Dans cette histoire, c’est le fait qu’à un moment donné tous les hommes et toutes les femmes d’un village se sont retrouvés en opposition sur un même point que ça ne pouvait aboutir qu’à une abstinence généralisée ; Ce n’est que parce qu’elle était généralisée qu’il a été possible de la qualifier de grève (où il y a toujours une notion collective)

          Il ne faut pas faire de la relation sexuelle tendre l’alpha et l’oméga de cette histoire alors qu’il n’est que le geste intime par lequel on acte le mieux son accord plein et entier.


          Magritte rappelait d’un dessin de pipe qu’il ne s’agissait pas d’une pipe.
          Une signature au bas d’un contrat n’est pas l’accord, ce n’est que le geste qui acte, prouve et scelle l’accord.
          Idem pour le mariage, une danse ou un baiser.

          Il y certes un peu de l’oeuf dans la caresse, il y a de l’oeuf dans le désir, mais l’oeuf est principalement dans l’entente intellectuelle (souvent issue du partage d’une galère commune donc d’une solidarité passée, présente ou à venir)

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