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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Le chemin des aubépines

Le chemin des aubépines


Les sources de la Vivonne

J’étais hier à Illiers-Combray avec le Cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec et je marchais dans les chemins creux, qu’enfant, le grand écrivain parcourut seul ou avec sa famille. Dans cet environnement miraculeusement épargné, où tout semble en place pour que le temps retrouvé vienne refermer la boucle parfaite du temps perdu, je découvrais intacts la mare de Montjouvain, les sources de la Vivonne, l’église de Saint-Ayman, le pré catelan de l’oncle Amiot, la plaine bornée d’arbres, enceinte végétale qui propose son ombre aux moissons. Sans oublier les fleurs qui abondent en cette saison : les cytises, les lilas, les rhododendrons, les pivoines et surtout les aubépines blanches et rouges et leur parfum enivrant. Personne n’a sans doute mieux évoqué la nature printanière que Proust dans les pages consacrées à son enfance à Illiers. Aussi ne puis-je renoncer au plaisir de vous proposer une flânerie dans le sentier bordé d’aubépines, comme un instant de beauté :

"... Il me fallut rejoindre en courant mon père et mon grand-père qui m’appelaient, étonnés que je ne les eusse pas suivis dans le petit chemin qui monte vers les champs et où ils s’étaient engagés. Je le trouvai tout bourdonnant de l’odeur des aubépines. La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir ; au-dessous d’elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté, comme s’il venait de traverser une verrière ; leur parfum s’étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j’eusse été devant l’autel de la Vierge, et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d’un air distrait son étincelant bouquet d’étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui à l’église ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et qui s’épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier. Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu’un souffle défait !

... Je poursuivais jusque sur le talus qui, derrière la haie, montait en pente raide vers les champs, quelque coquelicot perdu, quelques bluets restés paresseusement en arrière, qui le décoraient çà et là de leurs fleurs comme la bordure d’une tapisserie où apparaît clairsemé le motif agreste qui triomphera sur le panneau ; rares encore, espacés comme les maisons isolées qui annoncent déjà l’approche d’un village, ils m’annonçaient l’immense étendue où déferlent les blés, où moutonnent les nuages, et la vue d’un seul coquelicot hissant au bout de son cordage et faisant cingler au vent sa flamme rouge...

... Au haut des branches, comme autant de ces petits rosiers aux pots cachés dans des papiers en dentelle dont aux grandes fêtes on faisait rayonner sur l’autel les minces fusées, pullulaient mille petits boutons d’une teinte plus pâle qui, en s’entrouvrant, laissaient voir, comme au fond d’une coupe de marbre rose, de rouges sanguines, et trahissaient, plus encore que les fleurs, l’essence particulière, irrésistible, de l’épine, qui, partout où elle bourgeonnait, où elle allait fleurir, ne le pouvait qu’en rose. Intercalé dans la haie, mais aussi différent d’elle qu’une jeune fille en robe de fête au milieu de personnes en négligé qui resteront à la maison, tout prêt pour le mois de Marie, dont il semblait faire partie déjà, tel brillait en souriant dans sa fraîche toilette rose l’arbuste catholique et délicieux."

Du côté de chez Swann (Combray)


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25 réactions à cet article    


  • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 13:37

    Texte bucolique, et néanmoins surprenament (je sais, néologisme, mais expressif) marqué par des thèmes religieux : "suite de chapelles", "autel de la Vierge" ,"église", "vitrail", "mois de Marie", "arbuste catholique"...

    J’y préfère l’amour paien de la nature d’un Rimbaud, par exemple...

    Par les soirs bleus d’été

    J’irai dans les sentiers

    Picoté par les blés

    Fouler l’herbe menue

    Rêveur, j’en sentirai

    La fraicheur à mes pieds

    Je laisserai le vent

    Baigner ma tête nue....


    • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 21 mai 2008 14:41

      Oui, on sait que tout ce qui a rapport au religieux a mauvaise presse aujourd’hui ou la laïcité est au goût du jour. Je n’ai rien contre, mais il y a peu de temps de cela, le village se blottissait autour de sa chapelle, de son église, et les fêtes religieuses rythmaient la vie de la population. C’était encore des symboles forts qui avaient forgé une civilisation, qu’on le veuille ou non, judéo-chrétienne. Tous les grands créateurs s’ y sont référés : pensons aux musiciens, aux architectes, aux peintres, auxquels nous devons cet art sacré qui a semé sur nos terres tant de merveilles. Souvenons-nous aussi qu’aucune civilisation, jusqu’au nazisme et au communisme, et désormais au mondialisme, ne s’est construite sans support religieux. L’art égyptien, par exemple, qui ne cesse de nous interpeller, est marqué du poinçon du sacré et du rituel. L’homme ne peut se séparer de ce qui relève du sacré sans perdre une part de sa dimension humaine. Proust, que l’on ne peut soupçonner de bigoterie, le savait et a su magnifiquement utiliser les symboles bibliques. Il l’a fait avec autant d’intelligence que de pertinence et a joué de la métaphore en virtuose. Quant à Rimbaud, je le considère comme l’un de nos plus grands poètes, mais lui aussi a eu recours aux symboles religieux. Avec lui, c’est la lutte de Jacob contre l’ange, mais cela nous entraînerait trop loin...


      • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 16:15

        Oui, eh bien, désolé, mais ; d’une part le sentiment du sacré, dans l’art, n’a pas forcément à voir avec le religieux, et d’autre part, en littérature comme en poésie, l’art paien n’a rien à envier à l’art d’inspiration religieuse, surtout depuis la fin du XVIIIème siècle.

        Quant à Rimbaud, s’il a évoqué les symboles religieux, c’est plutôt pour s’en moquer, car rien de plus paien que son art, comme celui de Verlaine, Baudelaire, et bien d’autres...

        Tout ça pour dire que l’art ne doit rien au religieux, mais que c’est la religion qui a profité, pendant longtemps, de la création artistique.


      • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 22 mai 2008 10:07

        Mircéa Eliade a posé le sacré comme un archétype de la conscience humaine. Un archétype au sens psychologique, c’est une image originaire primordiale ( ou archaïque ) que l’on rencontre dans toutes les cultures, par exemple, le dragon, le chevalier, le feu. Jung pensait qu’il existe un fonds commun d’archétypes, " qui appartiennent au trésor commun de l’humanité" et qui constituent l’inconscient collectif.
        Par ailleurs, Maurice Pradines a analysé finement la nature humaine. Il a établi que l’une des fonctions de cette nature, c’est la fonction religieuse. Dans son traité de psychologie générale, étudiant " le génie humain", il y décèle les fonctions suivantes : technique, religion,art, langage, société. La religion, c’est le rapport de l’homme a une Force capable de "mouvoir organiquement le monde depuis la pierre jusqu’à l’homme", sorte de sympathie, " principe universel de l’animation, c’est-à-dire de l’âme élémentaire" (t.II, p.122 , l’étude sera développée dans son ouvrage L’Esprit de la religion ).

        Depuis les temps les plus reculés, l’homme s’est posé la question : d’où venons-nous ou allons-nous ? et de cette prise de conscience sont nées la philosophie et la théologie. Si la tentation de l’homme d’aujourd’hui est de ne s’étudier qu’à travers les sciences humaines, deux choses l’en détournent et prennent valeur de signe : l’estime et le respect de soi. Jean Rostand écrivait : " De quelque façon qu’il s’envisage, qu’il le veuille ou non, qu’il le croie ou non, l’homme ne peut se refuser à être pour lui-même une chose sainte. Il ne peut qu’il ne se voie comme l’objet le plus haut et le plus précieux de la planète, l’aboutissement d’une lente et laborieuse évolution dont il est loin d’avoir pénétré tous les ressorts, l’être unique, irrefaisable et irremplaçable, qui, dans l’immense univers, peut-être, n’a pas sa réplique : miracle".

        Miracle que cette espèce qui a produit Léonard de Vinci et Mozart, Spinoza et Goethe, Marie Curie et Bach, Martin Luther King et Mère Thérésa. Toute énumération est vaine. Accepterons-nous de dissoudre tout cela dans un ensemble de conditions physico-chimiques ou accepterons-nous de garder posée la possibilité inhérente à la nature de l’homme d’une possible transcendance ? Tout est là...

         


        • sisyphe sisyphe 22 mai 2008 15:20

          Vous dites : "Jean Rostand écrivait : " De quelque façon qu’il s’envisage, qu’il le veuille ou non, qu’il le croie ou non, l’homme ne peut se refuser à être pour lui-même une chose sainte. Il ne peut qu’il ne se voie comme l’objet le plus haut et le plus précieux de la planète, l’aboutissement d’une lente et laborieuse évolution dont il est loin d’avoir pénétré tous les ressorts, l’être unique, irrefaisable et irremplaçable, qui, dans l’immense univers, peut-être, n’a pas sa réplique : miracle".

          C’est l’inverse même de la religion !

          Rostand parle de l’homme comme une "chose sainte", un aboutissement, justement sans faire référence à quelque chose qui soit au dessus de lui.

          De plus, je vous le répète, vous faites un amalgame enre "sacré" et "religieux" , qui n’est pas pertinent, puisque le sacré peut ne pas être religieux ; la religion n’intervenant que comme tentative de combler un manque de connaissances, et, SURTOUT, pour établir un ORDRE qui n’existe pas dans la nature.

          La religion récupère le sens du sacré à son avantage, c’est tout. La spiritualité n’a pas besoin de Dieu, comme le démontre parfaitement André Comte-Sponville (entre autres) dans son "Esprit de l’athéisme" (chez Albin Michel).

          Quant a attribuer à la religion la "paternité" des artistes que vous citez : Vinci, etc, c’est un contre-sens total. L’art a toujours avancé en allant contre l’ordre établi et les dogmes imposés ; religieux ou autres.

           


        • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 22 mai 2008 11:37

          Réponse à Le Furtif

          Facile d’être injurieux de façon anonyme. Cela ne vous grandit pas. L’intolérance est monnaie courante sur AgoraVox. Si le chemin des aubépines de Proust ne vous plaisait pas, vous n’aviez qu’à en emprunter un autre. Mais il est évident que beaucoup de gens ne viennent ici que pour agresser et répondre le plus souvent à côté de la question, c’est leur pain quotidien.. Eh bien bon appétit à ceux qui se nourrissent de ce pain-là.

          Je précise que mon texte sur les aubépines, où je laissais parler Proust, ne se prêtait en aucune façon à une polémique d’ordre métaphysique. Ce n’était pas le propos.


          • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 22 mai 2008 13:55

             

            Réponse à Philippe.

            Bien entendu, Philippe. Je n’ai pas dit autre chose. Mais le respect de l’homme commence par le respect de ses idées.


            • Francis, agnotologue JL 22 mai 2008 14:33

              Pourquoi cet anti article n’est-il pas paru dans la rubrique Sciences et technologies ? Je proteste vigoureusement !

              Car c’est une science que d’écrire comme Proust, et Armelle BH a fait preuve de sagacité en laissant ""parler Proust"" .


              • Francis, agnotologue JL 22 mai 2008 18:04

                Proust, nègre posthume !


              • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 22 mai 2008 20:40

                Pour en rajouter une couche, voici ce que ce même Proust écrivait à l’un de ses amis après la promulgation de la loi de 1901 du petit père Combes :

                "Mais je vous dirai qu’à Illiers, petite commune où mon père présidait avant hier la distribution des prix, depuis les lois Ferry on n’invite plus le curé à la distribution des prix. On habitue les élèves à considérer ceux qui les fréquentent comme des gens à ne pas voir et de ce côté-là tout autant que de l’autre, on travaille à faire deux France et moi qui me rappelle ce petit village tout penché vers la terre avare, et mère de l’avarice, où le seul élan vers le ciel, souvent pommelé de nuages mais souvent aussi d’un bleu divin et chaque soir transfiguré au couchant de la Beauce où le seul élan vers le ciel est encore celui du joli clocher de l’église, moi qui me rappelle le curé qui m’a appris le latin et les noms des fleurs de son jardin, moi surtout qui connais la mentalité du beau-frère de mon père, adjoint anti-clérical de là-bas qui ne salue plus le curé depuis les " décrets" et lit L’intransigeant, il me semble que ce n’est pas bien que le vieux curé ne soit plus invité à la distribution des prix comme représentant dans le village quelque chose de plus difficile à définir que l’Office social symbolisé par le pharmacien, l’ingénieur des tabacs retiré et l’opticien, mais qui est tout de même assez respectable, ne fusse que pour l’intelligence du joli clocher, spiritualisé qui pointe vers le couchant et se fond dans ses nuées roses avec tant d’amour et qui tout de même à la première vue d’un étranger débarquant dans le village a meilleur air, plus de noblesse, plus de désintéressement, plus d’intelligence et ce que nous voulons, plus d’amour que les autres constructions si votées soient-elles par les lois les plus récentes".

                 


                • sisyphe sisyphe 22 mai 2008 21:25

                  Un texte, pour le coup, tout à fait réac (à resituer, bien sûr, dans le contexte de l’époque), qu’on pourrait rapprocher de la réflexion sarkozyenne sur "linstituteur qui ne remplacera jamais le prètre..."

                  Quant au "seul élan vers le ciel... celui du clocher...", ce n’est certes qu’une image, mais qui passe sous silence celle des catacombes, où tant "d’impies" à la religion furent torturés, voire exécutés...

                  Proust grenouille de bénitier ? Ce n’est pas l’aspect le plus intéressant de son oeuvre, quoique vous en ayez....


                • Le péripate Le péripate 22 mai 2008 22:34

                  Proust fait parti des quelques auteurs vraiment géniaux, Cervantès, Dostoieski, qui ont su saisir les ressorts mimétiques du comportement humain.

                  Comme ces quelques gais lurons qui s’amusent à un jeu appelé intelligemment "le tennis couillon" et qui consiste à provoquer la colère d’un auteur ou d’un poster par un presque subtil () trollage, et à marquer le point en l’annonçant..


                  • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 07:34

                    Commentaire comme d’habitude abscons et inutile.

                    Mon vieux, vous devriez essayer de faire le clair dans votre pensée : à force de circonlocutions, vous allez finir par être le seul à vous comprendre : ce qui se conçoit bien s’énonce clairement...


                  • Le péripate Le péripate 23 mai 2008 22:47

                     L’idée n’est pas de moi, et je n’y participe pas. Ce serait trop mimétique.


                  • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 08:14

                    par Florentin Piffard (IP:xxx.x02.47.64) le 21 mai 2008 à 12H14

                    La catholicité de l’arbuste me laisse rêveur...

                     

                    Eh bien, moi, je trouve ça pas très catholique ...


                  • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 08:20

                    Et un cactus ? C’est protestant ?


                    • Weinstein 23 mai 2008 08:25

                      Sisi,

                      Vous venez là de dévoiler votre ignorance des textes bibliques, l’arbre, l’arbuste, le buisson, l’herbe sont des métaphores fréquentes dans la Bible faisant référence au peuple Juif, en bien ou en mal suivant son engagement divin.

                      Rabbi Nahman de Brazlav dans le "Likoute Moharane" puisait sa foi dans la nature, plus que dans le coeur des hommes.

                      Bien à vous.


                      • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 09:56

                        Je ne suis, effectivement, pas un grand connaisseur de la Bible, bien que je connaisse les symboles du buisson ardent, de l’olivier, etc....

                        Mais, justement, ces références religieuses, chez un auteur comme Proust, me barbent, et je les trouve superfetatoires.

                        Comme je l’ai déjà dit, j’y préfère la célébration paienne de la nature, comme chez Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Apollinaire, etc....

                        A un clocher, je préfère un arbre ; pas forcément catholique.

                        Et un palmier, c’est musulman ?


                      • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 23 mai 2008 11:19

                         

                        à Sisyphe

                        A la fin de sa vie, Verlaine a été tenté par le bénitier, pour se refaire une réputation, sans doute...

                        Ainsi dans Sagesse : " Je ne veux plus aimer que ma mère Marie / Tous les autres amours sont de commandement , etc.

                        Egalement dans Sagesse  : " Mon Dieu m’a dit : Mon fils, il faut m’aimer. / Tu vois mon flanc percé, mon coeur qui rayonne et qui saigne,/ Et mes pieds offensés que Madeleine baigne / De larmes " etc.

                        Comme quoi ?
                        Sans vouloir vous offenser.


                        • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 11:47

                          Et quand bien même...

                          Ca ne change en rien que l’essentiel de son oeuvre artistique est païen

                          Et, surtout, ne doit rien à la religion...

                          je le répète : l’art, en général, et littéraire en particulier, ne doit rien à la religion : c’est la religion qui a bénéficié du génie de certains artistes (et en a longtemps ostracisé d’autres)

                          Sans vous parjurer..

                           


                        • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 17:01

                          par Florentin Piffard (IP:xxx.x2.159.204) le 21 mai 2008 à 12H14

                           
                          Quant au très catholique Baudelaire,
                           
                          Celle là, c’est la meilleure !
                           
                          Et encore... Dans les Fleurs du mal, qui rassemble plus de cent vingts poèmes, Baudelaire évoque son expérience de la dualité entre divinité et enfer, le Spleen et l’Idéal, ses amours maudits (Jeanne Duval la mulâtresse) ou platoniques (Madame Sabatier, sa muse et protectrice), l’expérience douloureuse ou spirituelle de la solitude, les paradis artificiels (vin, opium, haschich), la débauche et les voluptés interdites (homosexualité, plaisirs sadiques). Baudelaire parle encore de ses rapports avec la religion, qu’il exècre, de la tentation qu’il éprouve envers la mort.
                           
                          Sacré Piffard, va ! Et ça vient porter des jugements sur les autres qui parlent de poésie !
                           

                        • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 23 mai 2008 20:29

                          De quelque bord que l’on soit, Baudelaire est irrécupérable. Trop complexe pour cela, trop partagé, trop tourmenté, il ne se plaisait que dans la proximité des extrêmes. Car, pour qu’il y ait poésie, il ne faut pas que l’artiste s’absorbe dans le monde évoqué ; il est nécessaire que dans le moment même où il l’appelle à l’existence, il le maintienne à distance et en affirme l’irréalité. C’est la raison pour laquelle l’univers poétique des Fleurs du mal est en mesure d’intégrer tous les aspects étranges, discontinus, traumatisants de l’expérience propre à l’auteur. Ainsi y a-t-il chez lui autant d’explosions de sadisme que d’expressions d’amour mystique, de rêveries musicales que de descentes désespérées dans l’enfer de la mauvaise conscience ou de temporalité destructrice. Et nulle poésie ne mérite mieux que la sienne cette définition de l’art qu’il a donnée dans le dernier quatrain des Phares :
                          " Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
                           Que nous puissions donner de notre dignité
                           Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
                           Et vient mourir au bord de votre éternité ".

                           

                           

                           

                           

                           


                          • sisyphe sisyphe 23 mai 2008 20:53

                            Car, pour qu’il y ait poésie, il ne faut pas que l’artiste s’absorbe dans le monde évoqué ; il est nécessaire que dans le moment même où il l’appelle à l’existence, il le maintienne à distance et en affirme l’irréalité.

                             

                            Je ne suis pas d’accord avec ça.

                            Ca dépend des artistes.

                            Baudelaire, comme Rimbaud, comme Villon, comme Rutebeuf, investit sa poésie de son être : ils décrivent une réalité. Et ce n’est pas parce qu’elle est sans distance qu’elle est moins maitrisée, ou moins fulgurante ; au contraire.

                             


                          • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 23 mai 2008 22:28

                            Réponse à Sisyphe

                             

                            Il faut que l’artiste ... c’est de Baudelaire dont je parle, de sa conception de la poésie. Ce n’est pas de l’artiste en général. Cela pour éviter de répéter plusieurs fois le nom de Baudelaire. Il me semble que c’était clair, sauf pour ceux qui veulent systématiquement vous contrer.

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