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Le Grand Guignol is back

Une compagnie américaine de théâtre a eu cette idée folle de renouer avec la mémoire du Grand Guignol, théâtre parisien qui donna son nom au genre grand-guignolesque qualifiant désormais des spectacles macabres et sanguinolents. Depuis plus de quinze années, ces Californiens se produisent sur les scènes américaines et commettent crimes et châtiments à la manière du célèbre théâtre parisien en son temps.

Situé autrefois dans le 9e arrondissement de Paris, le théâtre du Grand Guignol se spécialisa en effet dans les scènes sanglantes. C’est en 1897 que les premières poches de sang animal et des pièces de boucherie commencèrent à se répandre sur le parvis de cette ancienne chapelle. Dirigé par Oscar Méténier, le théâtre proposait des mises en scène constituées à partir de rites blasphématoires, de mises à mort délicates, d’assassinats doucereux, tout ceci baigné dans du sang de porc et aromatisé aux globules bovins. Le spectateur situé au plus près de la scène, dans cette petite salle de 347 places, subissait son baptême de voyeur sanguinaire avant de se plonger lui aussi dans la délectation du découpage de bras, de l’éventration ou — acmé de ces scènes de genre — de l’énucléation.

Bien avant Saw et Hostel, parangons du film gore, le théâtre du Grand Guignol s’était constitué une solide réputation dans le monde, grâce à ses programmations originales et son goût prononcé pour le sadisme et l’obscénité. Tout au long de l’histoire du théâtre, les auteurs fétiches devaient savoir associer dans leurs saynètes, les pulsions sexuelles aux penchants meurtriers. Le combat entre Eros et Thanatos finissait d’ailleurs de se pacifier dans l’œil du spectateur rassasié par tant d’instincts et de violence libérés par l’entremise des acteurs.

On peut logiquement douter que la mise à mort d’une jeune femme avec un objet phallique ou bien la crucifixion à moitié nue de la victime ait eu un effet cathartique sur les individus dont les passions dévorantes demandaient à être purgées. D’ailleurs, le but de ces auteurs était avant tout de divertir le spectateur en transgressant les codes de la morale puritaine et en réduisant l’être humain à ses plus bas instincts. Le plus célèbre auteur du théâtre grand-guignolesque fut André de Lorde qui écrivit de nombreuses pièces à suspense illustrant à merveille le meurtre d’enfants, le comportement de fous assoiffés de vengeance qui prennent le temps de les déshabiller avant de trucider leurs victimes.

Sur son site officiel, la compagnie américaine des Thrillpeddlers
propose une galerie d’affiches qui firent autrefois la renommée du théâtre Grand Guignol ainsi qu’un historique des différentes pièces qui y furent jouées. On pourra aussi découvrir des images de leurs pièces représentées aux Etats-Unis et regoûter ainsi à la saveur sanglante qui hanta autrefois la scène parisienne.

Laurent Monserrat

Liens intéressants sur le théâtre du Grand Guignol

Le Grand Guignol aujourd’hui


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