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Les crabes (tout de guingois)

Les crabes de Roland Dubillard avec Denis Lavant, Maria Machado, Samuel Mercier, Nèle Lavant, mise en scène Franck Hoffmann, Compagnie Tangente

Avignon Chêne noir les jeudis, vendredis, samedis, dimanches à 19h15

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C’est une pièce de théâtre pur, on pourrait dire. Ce que l’on trouve de narration, de personnages avec leur psyché, de situations, d’intrigues ne correspond à rien de ce qui pourrait être dans une maison. Les unités de temps, de lieu et d’action y sont respectées. Et pourtant, Roland Dubillard déclare : « C’est le réel qui m’occupe, réel redevenu réel, après les traitements délirants de l’habitude, paresse, conformisme… » force est de dire qu’on ne retrouve a priori rien de ce genre dans le texte. Le lien au réel est si ténu qu’il casse souvent, tellement souvent qu’il vaut mieux ne pas tenter de le renouer. En fait, il est inversé, c’est du théâtre abstrait, comme on parle de peinture abstraite et comme la musique l’est par essence, de tous ses timbres, hormis un court moment de musique concrète.

Dans la mise en scène de Franck Hoffmann, le plateau est un intérieur biscornu, avec une construction acrobatique à jardin, un portique d’aluminium dont on ne sait pas ce qu’il représente, moustique, navire, agrès ? À cour, un lit double. Au centre, on ne sait pas bien, on comprendra qu’il s’agit d’un salon quand se déroulera une scène absurde dans laquelle les deux couples diront, avec enthousiasme et sympathie dans le ton : « vous êtes nos hôtes » (puisqu’un hôte est autant celui qui reçoit que celui qui est reçu).

Tout est là, dans cette réciprocité des choses, la maison est creuse comme une carcasse de crabe, les crabes cuits courent sur le plancher…

Il y a un gros téléphone rouge façon trente glorieuses. On se souvient ou non que « le téléphone rouge » était l’expression pour représenter les maigres relations diplomatiques entre l’URSS et les USA. Est-ce une évocation de ce « téléphone « rouge » ? Chacun le voit comme il l’entend.

Le jeune couple mange des crabes dans la villa « le crabe » et attend des hôtes pour aider à l’entretien de la maison. Mais voilà, la baignoire fuit et le plombier est bien fantaisiste, pas tellement impliqué dans ce type de réparation. Les hôtes arrivent. Ils ont perdus leur chien en route. Les échanges sont débridés. La fâcherie n’est pas loin. Les différends se règleront à la mitraillette… Que s’est-il passé ?

La vie est de ce fil, rien de va comme prévu, comme voulu, comme organisé. Et tout finit mal. Peut-être le retour du chien, comme petite joie ?

La scénographie et la mise en scène ont cette curiosité étrange, inaccoutumée, qui sied à ce délire surprenant.

Les comédiens, Denis Lavant tonitruant et saccadé, passant du grave aux aigus, agitant les bras comme un chef d’orchestre ; sa fille, Nèle Lavant, bien présente dans un rôle de peu de texte ; Maria Machado, veuve et héritière de Roland Dubillard, continuant à faire vivre l’œuvre de son époux (elle jouait la jeune femme à la première en 1970), et son petit-fils Samuel Mercer, sont tous excellents et jouent en équipe ramassée, si l’on peut dire, vu la tragédie comique qu’est le spectacle.


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