Michel Bouquet dans « Le Malade imaginaire » de Molière au Théâtre de La Porte Saint-Martin

Dans un décor d’apparat (d’Agostino Pace) pour salle du trône majestueuse, siège au centre de la lumière (de Jacques Puisais), un roi de dérision jouant au malade afin de mieux complaire au pouvoir obscurantiste d’un charlatanisme pseudo médical.
Vingt ans après avoir incarné le rôle d’Argan, voici Michel Bouquet qui remet son titre en jeu alors qu’il aurait dû interpréter en lieu et place le Cardinal d’Espagne de Montherlant.
Ainsi vont les aléas de la production théâtrale, voilà donc le retour du Malade imaginaire au Théâtre de la Porte Saint-Martin et son interprétation distanciée par un comédien juvénile de 83 ans ayant l’intention chevillée de dénier le simple copier-coller, non sans avoir convaincu auparavant Georges Werler, son metteur en scène attitré, de faire table rase du rire par les seules vertus du galimatias morbide.
S’adressant désormais au XXIe siècle, cette ultime comédie de Molière se devait d’apporter un éclairage contemporain à une rhétorique mystificatrice prétendant abusivement s’imposer comme thérapie.
En effet, influencée comme M. Jourdain par les atours formels du jargon scientifique, la pédanterie est, de tout temps, encline à se laisser séduire par l’autoritarisme de la pharmacopée.
Aussi, place à ce nouveau malade imaginaire qui jouerait lui-même à se faire peur tout en cherchant à terroriser ses proches afin de mieux imposer sa loi d’apprenti dictateur se raccrochant pathétiquement au savoir illusoire.
C’est alors que, dans une perspective ludique et transgressive, vont pouvoir se dessiner les traits de personnages fantoches, mais peu dupes d’un jeu de rôles annonçant la parodie vertueuse où l’homme devrait, à terme, devenir son propre médecin.
A commencer dans le domaine de l’amour où il serait vain d’imposer un mariage d’intérêts sordides à des êtres qui possèdent en eux-mêmes la clé de leur vérité.
C’est ainsi que dans un feu d’artifices final, grâce à l’habileté de Toinette (Juliette Carré), au volontarisme de Béralde (Pierre-Alain Chapuis) et à la complicité de Cléante (Sylvain Machac), Angélique (Julie de Bona), la fameuse jeune fille à marier, va apparaître comme la rédemptrice de tous les archaïsmes et sera en mesure d’amener joyeusement son père, à théâtraliser ses chimères plutôt que de chercher à les imposer à autrui.
Visuel dossier de presse
LE MALADE IMAGINAIRE - **** Theothea.com - de Molière - mise en scène : Georges Werler - avec Michel Bouquet, Juliette Carré... - Théâtre de La Porte Saint-Martin -
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