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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Pierre Dié Mallet

Pierre Dié Mallet

Il faut avoir atteint un certain âge, pour se souvenir à Nancy, place Stanislas de l’étrange silhouette héraldique d’un peintre et son chevalet, tout droit sorti du « passé », avec sa blouse blanche et un immense nœud en soie noire autour du cou Il s’agit de Pierre Dié Mallet, auquel je veux rendre hommage, l’histoire n’ayant fait que peu d’effort pour signaler son existence à nos contemporains. Il laisse pourtant derrière lui une œuvre religieuse importante. Son caractère difficile et son excentricité ne sont pas pour rien à l’absence de traces significatives sur son travail.

Il est né le 31 décembre 1895 à Rambervilliers dans les Vosges et décédé à l’âge de 81 ans le 5 décembre 1976 à Nancy (54). Profondément pieux, il ajoutera le jour de sa confirmation à son prénom Pierre, celui de Dié, par respect et dévotion à Saint Déodat, patron épiscopale de Saint Dié, dans les Vosges. Il épousera Jeanne qui restera à ses côté toute sa vie et organisera tant bien que mal sa vie matérielle.

Il sera l’élève de Victor Prouvé de l’Ecole de Nancy, qu’il ne rejoindra pas et aussi celui d’Emile Friant qui inspirera son travail. Son œuvre sera entièrement consacré à sa foi. Elle sera religieuse, hagiographique et héraldique. Sa peinture se veut figurative à l’extrême, avec un souci méticuleux des détails, jusqu’à donner l’impression d’un foisonnement vertigineux à la source même de sa création. Dévot, il l’était et il laisse sa trace dans un nombre impressionnant d’églises en Lorraine.

C’était aussi un érudit qui consacra sa vie à l’étude de l’histoire religieuse en Lorraine et a entretenu une importante correspondance à ce sujet. Dié Mallet aimait peindre, sculpter, mais aussi écrire. Ses lettres, d’une écriture littéralement sculptée, était portées par un style plein d’emphase et de figures rhétoriques. J’ai conservé une correspondance que j’ai entretenu avec lui adolescent et en internat. Je l’ai connu, par intérêt pour la peinture et pour le personnage. Mes parents lui ont commandé un portrait de moi à l’huile. Il en fit quelques dessins pour lui-même et un fusain, avant la peinture à l’huile elle même.

Portraitiste, ce qui lui permettait de vivre, il utilisait son travail pour le reporter sur des commandes religieuses. Mon visage d’adolescent a le privilège d’orner nombre d’églises en Lorraine… De la même manière que l’on retrouve le visage de sa femme Jeanne dans la représentation de Jeanne d’Arc qu’il fit pour la Basilique de Domrémy.

On peut le qualifier de peintre, statuaire, enlumineur et héraldiste. Son érudition exceptionnelle lui fait réaliser des tableaux d’une minutie exceptionnelle et foisonnants de détails. En témoigne la grande mosaïque qu’il a réalisée pour l’abside de la basilique Sainte Jeanne d’Arc au Bois Chenu de Domrémy.

Il consacrera sa vie, d’une part à peindre pour lui-même, il laisse une collection impressionnante de toiles sur la ville de Nancy et à peindre sur commande, mais aussi par dévotion naturelle, une quantité impressionnante de fresques, de vitraux et de peintures dans les églises et communautés religieuses de Lorraine.

L’œuvre est vaste et significative de son goût pour l’histoire, le patrimoine, la religion et les gens auxquels il s’intéressait. Il a beaucoup travaillé avec Jean-Marie Cuny, animateur, entre autre de la célèbre Revue Lorraine populaire et surtout passionné d’histoire et de gastronomie lorraine. Il a, ainsi, réalisé la couverture de son fameux livre de recettes de cuisines régionale : La cuisine Lorraine. L’écrivain régionaliste disait de lui : « C'est le dernier artiste qui ait fait des représentations historiques, la plupart du temps religieuses ». On lui doit la présence de nombreuse statues en Lorraine dont : Celles de Notre Dame de Sion, les divinités gréco-romaines de l’hémicycle de la place de la Carrière à Nancy, la statue du duc Antoine au dessus de la porterie du Musée Lorrain.

Sa technique était riche, il savait utiliser tous les arts : peinture à l’huile, aquarelle, lavis, pastel, il utilisait même une technique particulière, celle de la chrisographie, une gravure à la pointe sèche d’une feuille d‘or fin adhérente à une lame de verre. Cette technique remonte à la plus haute antiquité sur verre, sur peinture, sur tissu et surtout sur papier.

Le musée de Saint Dié a réuni une importante collection de dessin de Pierre Dié Mallet , 1500 esquisses qui permettent de mieux pénétrer l’art du maitre. Celui-ci dessinait ses personnages nus, avant de mettre en place le drapé des vêtements.

Enfin l’héraldisme sera sa passion et sa spécialité, ses créations de blasons sont aussi très présents dans toute la Lorraine : Gérardmer, Vandoeuvre, Champigneulles, Laneuville, Rambervilliers (sa ville natale).Son blason des ducs de Lorraine est à l’Hôtel de la Reine à Nancy.

Il sera ami de Jean Lurçat, originaire comme lui des Vosges avec qui il partagera ce goût prononcé du foisonnement. Mireille Canet, historienne d’art dit de lui : « C'était un excellent illustrateur mais avec un côté chromo ».

La ville de Rambervilliers a rendu hommage à sa mémoire en donnant son nom au centre, rue Georges Folmard qui abrite diverses associations culturelles, sportives et caritatives ainsi que l'Espace Emploi Formation

Je retiens de lui sa passion pour la Lorraine, son art subtil de la mise en scène et de la provocation. Car tout religieux qu’il était, il se permettait aussi l’outrage, parfois le scandale à la manière des surréalistes. En cela il était profondément de son temps.

 


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6 réactions à cet article    


  • Furax Furax 9 août 2013 20:03

    @ Jean Pelletier,
    Né à Rambervillers, je ne pouvais qu’apprécier votre hommage à un autre originaire de la cité des « Têtes de veau ».
    Je me souviens d’une exposition remarquable au Musée de la Terre de Rambervillers.
    En fait, toute une pièce était consacrée au peintre.
    Sa veuve avait fait don au musée de tout le matériel de l’artiste (palettes, pinceaux, couteaux, tout le nécessaire de calligraphie etc.) en parfait état, bien rangé, astiqué, prêt à servir.
    Il y avait aussi quelques toiles et surtout quantité de textes parfaitement calligraphiés et somptueusement illustrés à l’encre et aquarelle. Textes historiques et religieux pour la plupart. L’ensemble donnait une impression de sérénité et de plénitude exceptionnel.
    Cela remonte à une quinzaine d’années. Je ne sais pas ce que c’est devenu.


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 9 août 2013 23:48

      Cher Furax,


      Je suis né à Epinal. J’ai très bien connu Piere Die Mallet, c’est pourquoi j’ai voulu lui faire cet hommage, en sa mémoire, j’aurai de multiples souvenirs je les raconterai un de ces jours.
      Bien à vous 

    • La mouche du coche La mouche du coche 10 août 2013 22:33

      Ouf. Enfin vous nous présentez quelqu’un de normal. smiley Avec un chouette article de votre part en plus. 

      .

      On en avait marre de votre collection de politiciens et artistes dégénérés qui foutent en l’air la France. Celui-là a l’air bien. On n’a pas l’impression qu’il passe sa vie dans les avions entre Tel-Aviv, Londre et New-York. C’est déjà ça. Merci. smiley


    • c’est pas grave 10 août 2013 23:59

      «  On en avait marre de votre collection de politiciens et artistes dégénérés qui foutent en l’air la France. »


      expliquez-lui donc pourquoi ils la foutent en l’air 
      je vous souhaite bien du plaisir 

      au fait , Pelletier , vous pourriez nous rappeler (utilement ) comment il se fait q’un homme aussi bien informé que vous soit européiste ?...

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