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Portrait : Laurent Simonpoli artisan du cinéma

« Du désir du rêve, participe le goût de l’amour du cinéma », il nous suffit d’écouter Laurent Simonpoli parler de l’art cinématographique pour entendre le critique Robert Desnos. Au cinéma dit « d’auteur », qui trouve trop souvent sa source dans un nombrilisme grossier, voire une autocontemplation, Laurent préfère les balades oniriques qui évoquent l’esprit des surréalistes, du burlesque américain. Il aime que le cinéma l’emporte, le fasse rire et rêver. Le mimétisme avec Desnos, l’auteur du magnifique « Les Rayons et les ombres, cinéma » est saisissant. Avec cette simplicité qui le caractérise et ses empressements de jeune réalisateur, Laurent mène une carrière en toute liberté. De grands yeux bleus, lumineux, une voix bien posée, un souffle assurément subversif, Laurent Simonpoli vibre pour le 7e art.

Petite leçon de cinéma

Dès son plus jeune âge, Laurent est fasciné par l’ombre des salles de projection, il y découvre les œuvres de Scorsese et Fellini. Ses premiers essais, en super 8, sont déjà des histoires de cow-boys. Il se forge une solide culture cinématographique, décortique les grands cinéastes, De Palma, Visconti, Coppola, s’interroge sur leurs motivations, leurs exigences, leur authenticité. Il apprécie la poésie du cinéma muet, Chaplin, Keaton et aime la lyre de la prose des films italiens des années 1970. Bien plus tard, il devient opérateur de prises de vues à France 3 Corse, attend le bon moment pour faire la transition et passer à la mise en scène. Il réalise son premier court métrage, U Tavonu, une histoire de promoteur immobilier, dans la lignée des Alfred Hitchcock présente. Il concourt au festival du film de Ciné-Ma-Région de Gruissan. Jean-Pierre Mocky en est le président. Il n’aime pas le film, peu spécial. Une autre vie commence, Laurent Simonpoli devient artisan du cinéma. Même si la conception de « l’art pour l’art » lui paraît importante, Laurent veut que son cinéma plaise, amuse. Et le public de rester souverain, « c’est à lui qu’il revient de consacrer ou d’oublier. Avec la comédie, la sanction peut être immédiate », et comme le souligne le réalisateur new-yorkais, Woody Allen, « il y a une donnée aussi incontournable de l’homme, processus de compréhension et de dédramatisation de la société ». Ce n’est pas un hasard si le jeune réalisateur estime les comédies anglaises fortement ancrées dans une réalité sociale souvent triste. Les œuvres de Ken Loach, et plus récemment de Peter Cattaneo en sont les meilleurs exemples. Son dernier film, Il était une fois dans l’Ouest de la Corse, réalisé en 2003 (dont le DVD s’est vendu à plus de 2 000 exemplaires, véritable exploit pour une production insulaire), suit les mêmes principes. Tiré d’un fait divers, la fameuse « histoire des paillotes ». Pure comédie, ce film à l’humour décalé, morsure de lucidité, brillante ironie entre fiction politique et western spaghetti, trouve un large succès dans l’île et devient même culte pour la jeune génération, qui ne cesse de le télécharger sur Internet. « Ce qui m’a immédiatement séduit dans l’affaire des paillotes, ce sont les petites histoires inhérentes et souvent cocasses à la limite du tragi-comique. » Le scénario est bon, la mise en scène efficace, et les acteurs prennent du plaisir. De Tzek et Pido en passant par Bernard Farcy, tous sont heureux de faire partie de l’aventure. « Ma priorité va aux personnages, et à l’histoire. En Corse, nous souffrons du peu de soupapes de décompression. À la sortie des projections, les spectateurs me répétaient souvent que cela faisait du bien de rire de nous-mêmes. » L’autodérision, paravent d’une image corse souvent négative. Laurent a tenu les promesses du titre de son dernier film, petit clin d’œil envers Sergio Leone, un maître qu’il admire profondément. « Il était une fois... », d’autres temps, d’autres acteurs de la vie publique. Clap de fin.


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