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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Us & coutumes vietnamiennes autour de la grossesse, de la maternité et (...)

Us & coutumes vietnamiennes autour de la grossesse, de la maternité et du bébé

Habitant depuis plus de 8 ans au Vietnam, j’y ai mis au monde mes deux enfants. Cette aventure maternelle m’a fait découvrir tout un univers culturel propre à ce pays, enrichissant, étonnant et amusant à la fois.

Il existe en effet toutes sortes de coutumes et de croyances au Vietnam, liées à la grossesse, à la maternité et à l’arrivée du bébé. En voici quelques exemples :

Pendant la grossesse, la future maman ne doit pas manger n’importe quoi. Les aliments sont considérés comme « chauds », « froids » ou neutres, non pas en fonction de leur température ou selon qu’ils sont plus ou moins épicés, mais en fonction de leur nature intrinsèque, telle qu’elle est perçue. Par exemple la papaye est un aliment « froid » qu’il faut éviter pendant la grossesse ainsi que le concombre car ces aliments « froids » augmentent les risques de fausse-couches. Lorsque j’étais enceinte de mon 1er enfant, une amie vietnamienne me recommandait par contre de consommer beaucoup d’eau et de chair de noix de coco, parce que c’était bon pour le bébé et pour mon futur lait.

La façon de s’habiller de la future maman est également très important.
Il est tout à fait courant pour une jeune femme vietnamienne enceinte d’à peine quelques semaines d’arborer fièrement une magnifique robe montgolfière qu’on peut trouver ici dans de nombreuses boutiques spécialisées, symbole de l’heureux événement qu’elle attend et qu’elle souhaite faire connaître à la terre entière. En portant des robes amples, le ventre a ainsi la place de s’arrondir confortablement pour accueillir le bébé et lui permettre de grandir normalement.

Je me souviens que l’une des 1ères questions que m’avait posée une collègue proche lorsque je lui avais annoncé que j’attendais mon 1er bébé était, à ma grande surprise - parce que je ne m’étais moi même pas du tout posé ce genre de question - : « Est-ce que tu vas porter des robes ou des pantalons ? ». En effet, nous les occidentales aimons exhiber notre féminité et porter des habits près du corps lorsque notre ventre s’arrondit, ce qui est totalement incompréhensible pour les vietnamiennes ; en effet les habits moulants empêchent en quelque sorte le bébé de grandir correctement. Porter des pantalons est donc considéré comme carrément néfaste pour le bébé pendant la grossesse.

Après l’accouchement, les femmes vietnamiennes suivent et respectent une série de règles traditionnelles. On considère que l’accouchement enlève à la femme chaleur, sang et souffle de vie. On pense donc que pendant le 1er mois du post-partum, les femmes sont très vulnérables au froid, au vent et à la magie. Pour corriger ce déséquilibre, la femme qui vient d’accoucher doit donc rester à la maison, éviter les courants d’air, renoncer à prendre des bains, ne pas se laver les cheveux, s’habiller chaudement et, s’il lui faut quitter le lit, marcher à très petits pas.
Je me rappelle une amie vietnamienne me rendant visite à l’hôpital et me demandant si j’allais me laver ; elle était très étonnée (et un peu choquée) que j’aie déjà pris une douche. Pour elle, je risquais ainsi de tomber malade, déjà fragilisée que j’étais par l’accouchement.

Ensuite, une fois rentrée à la maison, la jeune maman ne doit pas recevoir de visites pendant le 1er mois qui suit son accouchement, en fait jusqu’ à la réapparition de ses règles. Pendant cette période de confinement, elle est l’objet de soins attentifs de la part de son entourage, notamment de la part de sa mère, afin qu’elle reprenne progressivement les forces perdues lors de l’enfantement. D’ailleurs en général, pendant les 3 premiers mois, la jeune maman retourne habiter chez ses parents, ou bien fait venir sa mère. D’après ce que j’ai entendu, pendant le 1er mois, la jeune maman n’a pratiquement aucun contact avec son mari.

Pour reprendre des forces et améliorer la qualité de son lait, elle doit se reposer au maximum, surtout ne pas sortir. Elle se remet à marcher progressivement, petit à petit, pour ne pas que son utérus « tombe de son corps ». On place sous son lit des charbons ardents, pour ne pas que son corps se refroidisse et qu’elle tombe malade, et pour aider également l’utérus à se remettre en place. Les 1ers temps du retour à la maison, sa mère lui enduit le corps d’onguents faits à base de plantes, destinés à lui redonner des forces. Elle doit manger des aliments jugés « chauds » et éviter ceux qui sont vus comme « froids ». Dans les aliments « chauds » on trouve : alcool de riz, poulet, porc, gingembre, sel, poivre noir, riz bouilli et thé chinois. Il faut éviter les fruits et les légumes crus, plus particulièrement les épinards, les haricots, la pastèque, la salade, le citron, la banane ainsi que les aliments gras. Le fait d’éviter les aliments « froids » permet à la mère de protéger son nourrisson contre la diarrhée, la toux et le rhume, les propriétés de ces aliments étant directement transférées au nourrisson par le lait maternel. La soupe au chou, aux carottes, au chou-fleur et aux patates est vue comme un mets qui favorise la production de lait.

Il est courant et préférable au Vietnam d’offrir à une jeune maman vietnamienne pour son bébé des vêtements qui ont déjà été portés, de préférence par un bébé facile et en bonne santé ; ainsi ces vêtements sont emprunts du caractère du bébé précédent et en feront bénéficier le nouveau-né. De plus, des nouveaux habits pourraient rendre jaloux les mauvais esprits qui pour se venger pourraient rendre le bébé malade. Anecdote amusante : il n’est pas bon de laver les vêtements de votre bébé dans une machine à laver, cela peut donner le tournis et des malaises au bébé…

Au Vietnam, une coutume veut que très tôt, à la naissance, le bébé reçoit au poignet, un fil en général tressé. Ce symbole d’attachement a plusieurs significations dans un pays où la mortalité infantile est encore grande. Il est important, en effet, qu’à la naissance le fil rattache l’esprit au corps afin de démarrer l’existence en une seule entité. En général, on considère l’esprit comme le résultat d’une réincarnation qui trouve sa forme, dans le corps du bébé qui s’est construit à partir du corps de la mère au long de la grossesse. L’évolution de cette tradition se modernise dorénavant avec les gourmettes en or comme cadeaux, avec le nom gravé ou à graver.

Pendant les premiers mois de son existence, le visage du bébé est caressé, massé, ainsi que tout son corps avec une douce fermeté. Ce massage permet d’affermir ses muscles et de les coller aux os et à la peau, afin de “mettre en harmonie les parties molles et dures avec leur enveloppe.”

 
La façon de calculer son âge au Vietnam diffère de notre façon occidentale. Le nouveau-né à sa naissance est déjà âgé d’un an. En effet, la vie de l’enfant commence dès la conception dans le mental des parents et est concrète à partir du moment où la grossesse devient visible. Ainsi quand un vietnamien dit son âge, il convient d’enlever une année pour connaître son âge véritable.

Dans la tradition vietnamienne, la double dénomination (2 prénoms) est pratique courante. On donne 2 prénoms au bébé, dont un qui va être utilisé à la maison par les proches et le 2ème de façon officielle à l’extérieur de la maison. Cette manière de faire permet de mettre une distance avec le milieu extérieur qui peut être hostile. Le nom officiel donné à l’enfant revêt en général une signification, une qualité morale ou bien c’est le nom d’un élément de la nature dont la littérature en fait un symbole. (courage, honnêteté, intelligence, neige, fleur etc.). Le nom donné à la maison lui, est plus simple et souvent à caractère péjoratif. Dans la tradition, cette double dénomination sert à tromper les mauvais esprits qui pourraient, en passant par-là, emporter l’enfant encore fragile en entendant son beau prénom. Ainsi le petit nom donné dans à l’enfant dans l’intimité peut être « boue », « pou », « crapaud » etc. Un petit nom « négatif » destiné à protéger l’enfant, en quelque sorte.

De la même façon, on ne doit pas dire en voyant le bébé qu’il est beau car cela pourrait lui porter malheur. Il faut au contraire s’exclamer de façon assez négative « Mais qu’il est vilain ce petit Tuan, jamais vu un bébé aussi moche ! » ; de cette façon, les mauvais esprits n’auront pas envie de faire de mal au bébé.

La célébration du 1er mois de l’enfant est une tradition très importante au Vietnam. Dans les familles très traditionnelles, on ne peut d’ailleurs pas le voir avant cette date. Avant, on attendait parfois la fête du premier mois du nouveau-né pour aller le déclarer à l’état civil. C’est comme une manière de différencier la naissance privée de l’arrivée dans le social en gardant un semblant de secret, comme une protection supplémentaire comme l’extérieur. La notion de la fête du 1er mois correspond à la représentation de la durée nécessaire à une métamorphose : pour le nourrisson, c’est la symbolisation de sa présence dans le monde formel. Cette fête à laquelle les parents convie famille et amis est la facette moderne de l’ancien « rituel des mères célestes », sorte de cérémonie religieuse et de croyance populaire où au bout d’un mois, les parents allaient au temple et faisaient des offrandes en remerciement et demande de protection aux 12 matrones qui chacune a un rôle dans la formation de l’enfant. La fête du premier mois plein s’appelle également « Offrandes à la Lucine » ou « Cung Mê ».

Une autre célébration importante est celle qui marque l’anniversaire de la 1ère année de l’enfant ou « fête de la fin de berceau » ou "Thôi Nôi". Le rituel est assez semblable que la fête du premier mois. A partir de cette fête, on peut envisager, sans obligation, que l’enfant dorme seul, un signal d’étape pour pallier l’angoisse de la séparation. Lors de cette fête de fin du berceau, la notion du choix personnel existe pour l’enfant ainsi que l’idée d’une certaine détermination des évènements à venir. Il a devant lui un plateau sur lequel est disposé un certain nombre d’objets représentatifs de perspectives de choix d’avenir : un miroir, un stylo, un livre, un outil…On notera sur un mode ludique, le premier, le second et le troisième choix que fait le bébé. S’il se saisit des ciseaux, il sera tailleur, s’il prend le livre, ce sera une personne très cultivée, …etc.

 sources : http://www.parcourslemonde.com ;

La mere et l’enfant dans le Vietnam d’autrefois, Chi Lan Do-Lam


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15 réactions à cet article    


  • Raymond SAMUEL paconform 2 novembre 2010 14:07

    Bonjour,

    Quelque chose me titille très désagréablement : « La mère n’a pratiquement aucun contact avec son mari pendant le premier mois ».
    Je suis Français et j’habite en France, pourtant mes deux femmes (successives !) m’ont toutes deux avoué, après plusieurs années, qu’elles avaient été jalouses de l’intimité que j’avais avec nos bébés.
    En majorité les jeunes mères (européennes) ne font pas appel à leurs maris mais spontanément à leur mère, leur soeur, leur copine etc...
    Il y aurait donc, de façon internationale, une hostilité naturelle des mères envers l’autre parent, difficilement reconnu comme tel par elles ?
    Au Vietnam le père qui n’a « pratiquement pas de relation avec la mère pendant le premier mois » aura évidemment bien des difficultés à en avoir avec le bébé, il sera un peu père mais pas du tout parent.


    • easy easy 2 novembre 2010 15:49

      Bonjour Pasconform,

      Il n’est pas illogique de considérer que l’enfant édifié dans le ventre de la mère lui soit davantage lié qu’à n’importe qui d’autre. Il n’est pas illogique de considérer que ce lien va se distendre au fur et à mesure que l’enfant grandira.
       Il y a tant de phénomènes biologiques et haptonomiques entre mère et enfant, d’abord avant la naissance puis dans les jours qui suivent, qu’il n’est pas illogique de les laisser entre eux.
      Le père a tout son temps pour prendre sa place.

      Cela dit, depuis 1965, pas avant, il y a une névrose des pères français consistant à ne surtout pas rater d’être père et immanquablement, ils croient que ça passe par une présence physique soutenue et précipitée.


      L’arrivée brutale des pères entre mère et enfant jusque là ultra liés l’un à l’autre, la substitution tout aussi brutale du rôle des mères par des pères soudain hystérisés (au sens grec) crée forcément un choc ou des chocs chez ces deux personnes.






    • Raymond SAMUEL paconform 3 novembre 2010 16:06

      Bonjour easy,

      J’ai cru, moi aussi, que les neufs mois intra-utérins donnait au bébé une appartenance marquée à la mère.
      Mes expériences et mes observations m’ont largement détrompé et je suis maintenant d’un avis différent.
      Je crois que ce qui est primordial ce sont les émotions que l’adulte provoque chez l’enfant par son comportement ...et ses propres sentiments qui sont (mira


    • easy easy 2 novembre 2010 15:27

      Bonjour Juliette

      Je confirme.

      Et j’ajoute.

      Le Vietnamien est une langue monosyllabique issue en très grande partie du chinois. Posons que le Vietnam ayant très longtemps subi la tutelle chinoise (une tutelle plutôt respectueuse la plupart du temps) on y parlait et on y écrivait quasiment comme en Chine (le Cambodge est assez différent mais le Laos et le Vietnam auraient très bien pu être une des provinces de l’Empire du Milieu).

      Quelques courageux d’abord, Portugais surtout, avaient déjà eu la fièvre de la traduction du chinois et le Jésuite Alexandre de Rhodes a poursuivi leur oeuvre en traduisant le Vietnamien. Comme il lui fallait aussi traduire la sonorité de la langue, particulièrement gazouillante et chatouillante, il a écrit les sons avec des caractères latins et y a ajouté des signes phnétiques, des accents, des points, des tildes...tout ça consituant des signes diacritiques.

      Et finalement, ces mots écrits en A B C D ...bardés de signes, sont devenus progressivement la nouvelle écriture des Viets dont certains n’étaient pas mécontents de faire la nique aux Chinois. 

      Au départ amicale, la France est devenue de plus en plus agressive à mesure que certains Viets attaquaient ou sapaient le boulot de conversion qu’entreprenaient les missionnaires. Et le protectorat français de départ s’est transformé en colonialisme dur. 

      La langue vietnamienne ainsi latinisée a pu servir aux linguistes pour décrire les autres langues du Monde. A la Pitié Salpétrière, les profs de liguistique qui forment les orthophonistes recourent donc au vietnamien pour expliquer les phonèmes.

      C’est une langue qui gazouille (il n’y a pas de Z ni de W ni de F en viet) et qui comporte pas mal de nasales. Nasales qui peuvent être modulées, chantées, un peu comme quand ici on fredonne une chanson par MMMmmm..

      C’est une langue dans laquelle il est difficile de hurler des ordres, d’appeler quelqu’un au loin. Cette langue tient plus du gong, de la guimbarde, de la flûte, du monocorde que de la trompette de la caisse claire et des cymbales.
      Du coup, les viets pratiquent le chant diphonique sans trop en avoir conscience (contrairement aux Mongols et Inuits qui l’exploitent à fond)


      Il n’y a pas d’articles, pas d’adverbe, pas de conjugaison des verbes, pas de déclinaison, pas de pluriel, pas de genre fondé sur le masculin/féminin.


      La colonisation française a été forcément très appréciée des intellectuels qui avaient choisi de profiter de la latinisation pour découvrir les intellectuels Occidentaux. Peu regardants sur les abus de la colonisation, ils ont porté aux nues aussi bien l’Histoire de France que ses poètes, en particulier Victor Hugo (d’autant que Hugo protestait non contre la colonisation mais contre N III qui la dirigeait).

      Tout s’est longtemps passé comme si les Viets les plus instruits attendaient patiemment de voir arriver des Français plus éclairés en remplacement des voyous incultes qui débarquaient à Saïgon en se prenant déjà pour des seigneurs.
      Ils étaient humiliés par la racaille française mais restaient à fantasmer sur Hugo et même Jeanne d’Arc.

      Bien sûr, il y a eu des déceptions et des révoltes mais il est toujours resté des Viets pendus à l’espoir d’une France Hugolienne. Il n’en reste plus beaucoup aujourd’hui car les derniers intellectuels ayant connu les Français sont morts, mais c’était encore très sensible en 1970. Ni’mporte quel étranger pouvait frapper à une porte quelconque, il lui suffisait de dire un vers d’Hugo, Shakespeare ou Goethe pour être accueilli comme un ami très cher.

      De base confucéenne et bouddhiste, le Vietnam est passé progressivement catholique. Dans le Centre, on peut trouver des villages avec 10 églises. Comme dénués de complexes, les Viets ont réalisé un syncrétisme total de toutes les religions qu’ils avaient autour d’eux. Né en 1920, le Caodaïsme représente le summum de ce syncrétisme.

      Il y avait un principe antérieur à l’occupation française, qui faisait que si l’on était mandarin, on ne faisait pas son service militaire. Autant dire qu’en dehors des ethnies montagnardes plus réfractaires, les Viets des plaines se sont précipités sur les livres. Même en comptant les montagnards, la proportion de lettrés était très importante et dépassait probablement même celle de la France métropolitaine. Un mandarin ne bénéficiait d’aucune pension, pouvait être misérable et avait le privilège de pouvoir enseigner.

      Trop de lettrés mordus de Baudelaire dans un pays colonisé par la France, ça donne une colonie soumise et quasiment fière de l’être. Il a donc fallu attendre le discours particulièrement intelligent, digne et subversif de Ho Chi Minh (qui était lui aussi séduit par la littérature française) pour convaincre des Viets de se révolter. Et une fois révoltés, ils ont réussi la première victoire militaire d’une colonie sur la France.

      Au Vietnam, on est donc confucéen-mixé. On respecte énormément les parents et donc forcément les anciens, toutes les personnes âgées. Les défunts d’une famille ont leur photo sur un autel et chaque jour on prie pour eux, on leur offre des fruits, de l’amour. C’est la partie la plus cultuelle du culte des ancêtres.

      Lorsque deux inconnus se rencontrent, ils doivent annoncer leur âge afin que la conversation puisse comporter tous les mots et signes de référence.
      Ils indiquent leur âge, leur nom de ville et immédiatement le plus âgé appelle l’autre au minimum « petit frère » et l’autre l’appelle « grand frère » et ça peut aller à « tonton » « neveu » ou « fils » « grand-père » etc.

      Chacun utilisant à tour de bras ces désignations, leur sens est différent de celui qu’il a ici.

      S’ajoutent alors d’autres mots pour indiquer un souhait de plus grande proximité. On indiquera à un étranger le rang d’âge qu’on occupe dans sa fratrie. Entre frangin frangine, on s’appelle par « Grand-frère 3 » « Grande soeur 4 » mais entre voisins aussi, entre commerçant et client aussi.

      Personne, même un aîné, ne porte le rang 1 qu’on laisse à quelque esprit supérieur. Le rang le plus élevé commence au chiffre 2.


      Un mari appelle son épouse « petite soeur » et une femme appelle son mari « grand-frère »
      Dans un contexte confucéen, cette marque aîné-cadet oblige automatiquement à des devoirs. Le cadet a le devoir d’obéir et l’aîné a celui de le protéger.


      Ce respect du marquage du rang, qui revient à un genre, aboutit à des conversations a la tonalité étonnante pour un Français.

      Exemple. Ici, quand une femme et un mari se pointent au tribunal pour tirer chacun la couverture à lui, ils utilisent des mots comme « Elle » « Il » « Tu » « Toi » . On sent que tous les ponts sont coupés. Alors qu’au Vietnam, ils se chamailleront en recourant encore et toujours à « grand-frère » « petite soeur ». Là-bas, c’est dans la langue même qu’il y a un rappel aux devoirs d’obéissance et de protection, donc au lien. Deux commerçant se disputant au tribunal disent encore grand frère et petit frère.

      Au Vietnam, le lien, l’attachement, l’esprit de famille sont inclus dans la langue. Il y est impossible de dénier le sens de la famille. On ne peut pas exclure quelqu’un de la société. Il sera toujours appelé par un mot évoquant l’appartenance à la Famille.

      Ce principe a bien entendu été bousculé avec l’arrivée des Français (les Viets leur donnaient du « Oncle » du « Grand-frère » du « Père » et les Français leur répondaient par vous, toi, tu). Certains ados, cherchant un peu à s’émanciper, à faire plus moderne, se mirent à neutraliser le confucianisme linguistique en passant à Tu et à Toi entre garçons.

      Puis il y a eu les Américains et une nouvelle génération est passée au Me You.


      • ung do 2 novembre 2010 20:50

        L’article saute un peu du coq à l’âne
        Il y a des affirmations énormes et risibles . Par exemple_ « trop d’intellectuels mordus de Baudelaire ça donne une colonie soumise et fière de l’être » _la colonisation française a été forcément appréciée par .......... Pour ouvrir l’esprit de M Easy , qu"il remplace Français par Allemand et Vietnamien par Français , V Hugo ou Baudelaire par Goethe On appelle érotomanie l’illusion que les gens ont du temps libre et qu’ils le passent à penser à vous , à vous apprécier Les gens sont comme vous et moi , ils ne pensent qu’à eux mêmes
        La xénophobie est naturelle , personne n’apprécie les envahisseurs 
        Autre énormité : les vietnamiens sont devenus catholiques ; les catholiques ne sont que 10% , ils vivent sous l’opprobre d’avoir été des collabos , des harkis des colonialistes et des US
        Autre bêtise : qualifier de courageux les traducteurs portugais dont de Rhodes . Ah là là : c’est leur boulot commandé par le Vatican qui voulait partir à la conquête du Vietnam et la traduction visait ce but .


        • easy easy 3 novembre 2010 09:19

          @Ung Do

          Ici, quand on parle de l« article » il s’agit du papier écrit par l’auteur, en l’occurrence, ici , c’est Juliette.

          Pour me répondre, il fallait cliquer sur « réagir à ce message » au bas de mon intervention.


          Coq à l’âne ?
          Oui. Archi complètement. Quand on essaye de présenter quelques trucs singuliers à une culture en essayant de ne pas virer à l’encyclopédie, on passe effectivement du coq à l’âne. Les esprits souples et agiles s’y font et les lourdeaux sont plus à la peine ; je l’admets.

          «  »«  »«  »«  » Il y a des affirmations énormes et risibles . Par exemple_ « trop d’intellectuels mordus de Baudelaire ça donne une colonie soumise et fière de l’être » _la colonisation française a été forcément appréciée par .......... Pour ouvrir l’esprit de M Easy , qu« il remplace Français par Allemand et Vietnamien par Français , V Hugo ou Baudelaire par Goethe »«  »«  »«  »« 

          Riez, riez, je vous en prie, riez.
          Enorme ? Oui, absolument énorme. Car jamais écrit jusque là. Nulle part vous ne verrez ce que j’ai écrit. Quel choc n’est-ce pas ?


          Mais voilà, c’est ainsi. Le Vietnam comprenait plus de lettrés que la plupart des autres pays (et cela alors que 53 ethnies minoritaires étaient plutôt réfractaires à la scolarité) et ils ont adoré les panthéonisés de l’Occident. Partant de là, ils ne pouvaient qu’être très patients et tolérants vis à vis de la raclure française qui les humiliait sur place. Ce qui n’a pas empêché des ras-le-bol et des rébellions. Oh la la, il y en a eu des révoltes ! Mais rien à faire, il y avait toujours un noyaux de Viets en admiration devant la France, l’autre, la »grande et douce France" celle qu’on ne voit que dans les livres et sur laquelle on peut alors fantasmer. (Et c’est parce que Ho Chi Minh a voyagé, qu’il est venu en France, aux EU et en URSS qu’il a progressivement été guéri de cette vision fantasmatique).

          Enorme, les Viets qui sont devenus catholiques ? Bin oui, énorme pour qui ne veut pas le voir. Je n’ai jamais dit majoritairement catholiques puisque ce n’est pas le cas. Mais il y en a eu suffisamment de convertis pour que des villages de campagne puissent comporter plus de 10 églises, pour que la plus haut bâtiment de Saigon soit une cathédrale et pour qu’une part significative des enfants nés avant 1970 portent un prénom diu genre Benoît, Jacques... 
          Suffisamment catholique aussi pour que le premier président ayant remplacé l’empereur, soit un catholique ainsi que son frère, ainsi que son épouse et le reste de sa famille. Suffisamment catholique pour que des bouddhistes subissant alors une pression anti bouddhistes en soient venus à manifester pour protester contre la violence du catholique Diem à leur encontre. Suffisamment catholique enfin pour qu’un bonze, un bouddhiste donc, en vienne à s’immoler publiquement pour protester contre ce pouvoir trop catho qui ne respectait pas la majorité bouddhiste.

          Pas courageux, les missionnaires ?
          Pas courageux parce qu’ils étaient aux ordres du Vatican ?
          Alors parce que tu opéres à mains nues dans un territoire où tu te retrouves tout seul face à des gens pas spécialement contents que tu viennes leur raconter tes salades, tu n’es pas courageux ?

          Laisse béton Easy.
          Ouais...



        • easy easy 4 novembre 2010 11:35

          Ah l’hypercritique du médiacitoyen !

          Je parle et j’écris le Vietnamien.
          Ce que vous dites là je le sais.

          Mais comme je parlais de la latinisation de l’écriture je précisais qu’on y retrouve donc toutes les lettres latines (améliorées de diverts signes diacritiques) mais qu’on n’y trouvait pas le F, le W et le Z. Ce qui est rigoureusement exact.





        • srobyl srobyl 3 novembre 2010 10:26

          Bonjour Juliette
          J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt et avec l’oeil un peu humide, car ma belle fille est vietnamienne et vient de me grand-pèriser d’un petit Ten-Khang (Clément pour son prénom français). J’ai retrouvé dans vos lignes beaucoup de ce que nous connnaissions,ma femme et moi, pour avoir été témoins -étonnés- des coutumes qu’elle a suivies, pendant et après sa grossesse et dont elle nous donnait pour certaines la signification. par exemple la crainte de l’eau après la naissance. A différents stades de la grossesse, elle manifestait le besoin de consommer des aliments particuliers, et j’ai bien l’impression qu’il s’agissait d’une coutume plus que d’une « envie » au sens que nous les occidentaux lui attribuons. Elle a d’ailleurs dit qu’il s’agissait de nourriture en rapport avec la construction du futur bébé.
          Je comprends mieux aussi pourquoi elle appelle notre petit-fils par un sobriquet qui signifie « petit chien » ! Sacrés mauvais esprits... 
           
          Merci donc pour cet article qui m’a éclairé sur plusieurs points, que notre belle fille n’a pas explicités probablement par une sorte de pudeur, ou de crainte que cela ne soit pas compris par des européens.

          En tous cas, les Vietnamiens auraient beaucoup à nous apprendre sur pas mal de points !


          • Defrance Defrance 3 novembre 2010 10:43

            Mangeait elle des pieds de cochon ?


          • Defrance Defrance 3 novembre 2010 10:39

            Pour avoir parcouru le Vietnam au moment de Noël 2009, j’ai pu constater, avec une certaine inquiétude que les églises étaient bondées, des milliers de personnes dans les rues devant les portes !
             Je me suis arrêté dans un petit village de la région de Ha Tinh ou ils étaient en train de construire une église ou cathédrale, visible a des kilomètres a la ronde !

            Cherchez QUI manipulait DIEM, et comment il a fini ? Qui a eut le culot de dire que les bonzes se brulaient pour faire du barbecue ?

             L’histoire du Vietnam est compliquée, La paix et l’indépendance étaient acquise en 1946, mais qui, et pourquoi cet accord à été torpillé ?

             Il a fallu attendre 1975 et des millions de morts pour obtenir la paix sur un pays maintenant infesté par l’agent orange qui provoque l’angoisse des futures mères encore actuellement ?

             Un « Musée de l’horreur » existe à Ho Chi Minh Ville , visitez le .....

             


            • Defrance Defrance 3 novembre 2010 10:57

              Un livre écrit en Vietnamien et résumé en Français décrit la période de la dynastie « Nghuen »


              • Defrance Defrance 3 novembre 2010 10:59

                 Pardon NGUYEN


                • ung do 3 novembre 2010 19:07

                  A Easy ,
                  Vous avez un mode d’ expression bizarre, je n’arrive pas à analyser , vous produisez des phrases dont le sens est vague mais entortillantes .
                   Vos colonisés soumis et fiers de l’être (sic !) , vos adorateurs ( resic !) des panthéonisés devaient être les catholiques vietnamiens qui étaient les harkis des colonialistes .Chaque village vietnamien avait ,en plus du poste militaire ou policier français, l’église chrétienne qui servait de 2è kommandatur pour surveiller et réprimer les velléités de révolte Quand les colonialistes ont été battus à Dien bien phu , les harkis avec leurs structures de répression déjà prêtes se sont essayés à les remplacer ; ce premier président catholique a essayé de s’allier avec les US mais ceux-ci n’ont pas besoin d’alliés mais de collabos . Ce qui lui est arrivé , c’est de l’histoire connue .


                  • easy easy 4 novembre 2010 11:48

                    Ce que je dis sort vraiment de moi-même. je ne pratique pas le psittacisme, du coup, ma voix semble étrange. On me le dit tout le temps.

                    Et à cela s’ajoute encore quelque chose qui tient du retour de la maison des morts (et en rapport direct avec le Vietnam)

                    Ca fait que jamais, jamais je n’entre dans un quelconque courant idéologique. On me croit à D, je suis à G ; on me croit à G, je suis à D. On me croit anticolonialiste, je ne le suis pas. On me croit alors colonialiste, je ne le suis plus.

                    Je n’arrive pas à trouver d’innocent absolu et je n’arrive pas non plus à trouver de coupable absolu. Mon index ne pointe jamais personne. Et l’hypercritique, critiquer pour se procurer de l’importance, ne m’intéresse pas.




                  • Krokodilo Krokodilo 5 novembre 2010 17:07

                    J’ai eu confirmation que cet article était juste, bien que ce soient des traditions en train de changer, comme souvent les traditions. Bonne contribution à la qualité d’Agora vox - irrégulière comme on sait, avec un sujet peu probable dans les médias habituels.

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