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Woody Allen fait son cinéma à Cannes


Quarantième film de sa carrière et dixième sélectionné hors compétition à Cannes, Vicky Cristina Barcelona, visionné hier par quelques privilégiés du Festival, est l’histoire de deux jeunes Américaines, de caractère opposé, alias la classique et réservée Vicky (Rebecca Hall) et la délurée Cristina (Scarlett Johansson) qui se rendent l’une et l’autre à Barcelone pour y poursuivre leurs études et rencontrent un peintre entreprenant (Javier Bardem), qui leur propose de faire ménage à trois durant les quelques jours d’un agréable voyage dans la péninsule ibérique. La suite sera une série de gags délirants, surtout lorsque apparaît la volcanique ex-régulière de ce Don Juan de quartier, qui fera en sorte de semer le trouble et la confusion dans les esprits et les cœurs.

Woody Allen a déclaré, dès sa descente d’avion, que c’était là une histoire romantique qu’il avait dans la tête depuis longtemps. Une histoire de passion, d’émotion et d’amour violent. Je dirai - a-t-il poursuivi - que c’est une sorte d’étude de caractère sur des femmes opposées. Il y a Vicky, qui ne rêve que d’une vie bourgeoise rangée avec mari et enfants, Cristina, l’imprévisible, qui aspire à une vie excitante et, enfin, Marie-Elena qui a un tempérament de feu et entretient avec son ex-mari des relations passionnelles. Quant au mari, interprété par Javier Bardem, c’est une figure imaginaire, très virile, bigger than life, plus grande que la vie. Sa conception de l’existence est généreuse, ouverte, passionnée.

La littérature romantique et son équation entre la folie et la créativité m’ont beaucoup influencé, au même titre que la vie de tous les jours. Pourtant, si l’on observe un artiste comme Van Gogh, je crois que sa folie l’a blessé, l’a sans doute rendu moins productif et a écourté sa vie. En fait, la folie et la créativité ne sont pas toujours liées. Quant à moi - a-t-il dit encore - je suis un non -artiste. Vous savez, je ne suis qu’un être humain avec plein de problèmes. Par ailleurs, s’il y a dans ce film certaines scènes d’amour réalistes, l’auteur se défend d’avoir fait du sexe son moteur principal. S’il y a un triangle amoureux, ce n’est pas au sens conventionnel du terme, parce qu’il renforce un couple sur le point de se construire. L’histoire est également plus inhabituelle que dans ses œuvres précédentes. Elle est complexe, mais pas sombre.

Je crois - a-t-il pris la peine de préciser - que celui-ci est plus sérieux, profond, différent, parce que tourné dans une ville qui a sa propre identité très méditerranéenne. C’est pour cela que j’ai choisi Barcelone, parce que tout comme Paris, Rome et Venise, ce sont des lieux que je trouve très exotiques. Il y a une atmosphère très particulière, presque magique. Je crois que je n’aurais pas pu tourner à Londres comme mes trois derniers films. A Hollywood, ce genre de romance serait plus commerciale. Le fait d’avoir tourné à Barcelone m’a permis de me sentir plus libre.

La projection de ce long métrage a réjoui la Croisette, tant le jeune homme de Brooklyn semble s’être amusé à le tourner. Devant les bâtiments de Gaudi, dans les ruelles d’Oviedo ou la campagne catalane, les acteurs offrent des chassés-croisés savoureux que rehaussent les dialogues sur la vacuité de toute chose dont le cinéaste a le secret. Nous voici de retour dans une Europe libertine à laquelle on restitue ses pouvoirs et qui semble à des années-lumière des tensions et sombres perspectives actuelles. A croire qu’en quittant Manhattan Woody Allen s’est délivré de ses angoisses existentielles et s’est engagé dans une seconde jeunesse.


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2 réactions à cet article    


  • Gasty Gasty 19 mai 2008 18:26

    Ce type m’a toujours gonflé, il me fait ricané. Je suppose que c’est pour ça, mais je lui en veux pas !


    • jack mandon jack mandon 19 mai 2008 23:28

       

      @ Armelle

      Je trouve Woody Allen ennuyeux, voire même tragique, pas au sens théâtral du terme, dans son personnage souffreteux et dépressif. J’ai toujours pensé que son humour passerait mieux dans la grande tragédie Shakespearienne, qui contient au fond beaucoup d’humour parce qu’elle est outrancière et carricaturale.

      Au quotidien, je le trouve chiant, sans intérêt, comme le quotidien ou il se complet, avec des histoires creuses et insignifiantes. Je n’ai jamais compris cet engouement pour ce personnage. Il le dit lui même, « je suis plein de problème. » C’est un intellectuel, il manque de ventre et de chaleur.

      C’est avec les tripes que je comprend l’art, quand ce n’est pas joyeux, ce peut être subtil, joli, charmant...plaisant et surtout chaleureux !

      Pourquoi faire un papier là-dessus ? Je ne comprend pas !

      Jack Mandon

       

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