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Argoul Argoul 26 octobre 2006 18:02

Le message de Rosa Amelia Plumelle-Uribe est certes intéressant, mais plutôt « hors sujet ». Ce n’est pas parce que vous lisez « colonisation » qu’il faut refaire l’histoire. Ni confondre la colonisation 19ème avec le nazisme et la Shoa... Il y a peut-être « filiation », mais assurément pas « confusion » !

Le sujet, grave, de ma note est le « modèle français ». On peut être patriote ET républicain, être progressiste ET animé de bonnes intentions, tout cela se suffit pas. Au contraire ! République et Nation paraissent peu compatibles : si la première ouvre, la seconde enferme. Ou plutôt, « pourrait » enfermer si l’orgueil national devient majeur. Alors, au nom de la République Universelle (voir Hugo), on « civilise ». Les colonisés sont (dans cette vision) comme les prolétaires ou les enfants : ils ne sont pas assez « mûrs » pour savoir ce qu’ils font, donc on tente de « faire leur bien » malgré eux (bien parfois réel, comme l’a noté justement Panana). Le national républicain éduque, discipline, cultive (la terre comme les hommes).

Mais, dans le même temps et au nom de la Nation, on réserve « la souveraineté » aux seuls citoyens nationaux, ceux qui acceptent « le contrat social » et l’harmonie qui va avec (aujourd’hui par ex. un gros Etat financé par de gros impôts, redistribués par une caste autoproclamée de missionnaires du Service Public - je caricature volontairement, pas par phobie du fonctionnariat, mais pour faire comprendre une actuelle « dérive » selon laquelle « le salut » ne pourrait venir que du « toujours plus » d’Etat, d’impôts, de fonctionnaires). Les colonisés ne sont pas « éclairés », donc ils ne sont pas « citoyens » mais seulement aspirants-citoyens, ce pourquoi on les a exploité plutôt que de les avoir considérés en égaux. Et tout cela est vu comme « républicain » puisque « national ».

La Nation enferme aussi quand la quête de l’identité prime sur le message apporté à l’humanité : c’est le cas aujourd’hui (en France comme aux Etats-Unis et en Russie). La Nation alors se renferme sur ses petits Zacquis et mandate la République pour les défendre d’autorité à l’intérieur des frontières : contre l’étranger, contre l’optimisme missionnaire (la repentance a probablement cette origine), contre le libre débat (« on n’en parle plus », « on ne veut plus en entendre parler »), mandatant ainsi la loi pour faire taire (les lois « mémorielles » entrent probablement dans cette démagogie).

Compliqués, les rapports de République et Nation, non ? Tous les messianismes ont vécu la même histoire : les révolutionnaires français renfermés par Napoléon dans l’Hexagone puis par De Gaulle rapatriés en métropole ; les Soviets, renonçant à la Révolution mondiale pour se replier sur le stalinien « socialisme dans un seul pays » ; et même les Etats-Unis, qui alternent ouverture missionnaire (la SDN, le plan Marshall, la démocratie imposée par la guerre) et isolationnisme (années 30, après 11-Sept).

Il faudrait probablement être pragmatique comme les Anglais ou les Espagnols, c’est-à-dire humble devant la réalité, pour faire taire son messianisme en proposant plutôt son « exemple » : « qui m’aime me suive » (nation) serait préférable à « je sais ce qui est bon pour vous » (messianisme républicain). La France à l’ONU, sur la guerre en Irak, a su trouver les mots ; en revanche, sur l’économie et le modèle « social » qui va avec, rien ! Et sur les rapports avec les voisins, pour bâtir une Europe qui prenne sa place dans le monde, rien non plus.


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