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Andy David 21 avril 2014 13:01

Merci Claude Michel,

Ce qui va suivre ne vous vise pas personnellement, rassurez-vous. Je reçois beaucoup de courrier en répercussion de ceci et c’est l’occasion qui fait le larron. En effet, des personnes ont pour mission de me clouer au pilori, c’est un véritable pèlerinage en ma boîte mail en ce moment. Quoi qu’il en soit, la troisième loi de Newton s’avère être exacte, elle s’applique également au comportement humain. Dommage que tout cela se passe dans ce cul-de-sac.

Offrir un repas à un sans-abri, rire en sa compagnie, tout en faisant sa connaissance et ensuite, le laisser repartir dans son trou. C’est effectivement maladroit de ma part, on ne laisse pas une personne à la rue après l’avoir conviée à une telle réception en sachant, qu’il ou elle, retournera vivre en enfer à la rue. En ces quelques heures passées en compagnie de cette personne, notre potentiel affectif et notre bonne conscience seraient définitivement tourmentés. Oui, je vous entends le penser si fort : «  Et toi, le fais-tu ? » Oui, cela m’est arrivé à plusieurs reprises d’héberger des personnes dans la Dèche et leur faire la courte échelle.

Serions aussi faible que ça ?

Serions-nous aussi impuissants que ça ?

Serait-ce indigne d’inviter à nos tables, une personne sans logement ?

C’est surréaliste… n’est-ce pas  ?

Monter du doigt ? Ça, je sais le faire… Moraliser ? Ça aussi, je sais le faire… critiquer et juger autrui font également partie de mes capacités intellectuelles. Comme il m’a été possible de m’engager bénévolement pour aider les autres, après avoir pu me rendre compte que je pouvais remonter les pentes savonneuses de la société. Dire ce que tout le monde dit, c’est simple à faire… c’est ce que je m’apprête à faire ci-dessous… Est-ce que tout cela va changer le monde ? Laissez-moi en douter… Allons-y dans cette joute mondiale de la masturbation intellectuelle du : « ce n’est pas normal » (ou paranormal.)

Par contre, ce que je ne sais pas faire, c’est venir en aide au 7.000.000.000 d’humains sur Terre dont une bonne partie vit une saison en enfer ou vit un enfer tout au long d’une modeste vie. Toutefois, aussi incroyable que cela puisse paraître, j’en suis un peu la cause  !

Contrairement aux idées reçues, nos grandes et belles démocraties ne veulent pas aider ces gens-là, ce serait un trou dans la corne d’abondance européenne et une concurrence déloyale vis-à-vis du monopole de nos porte-monnaie. Des associations et les millions de bénévoles à travers le monde agissent quotidiennement pour aider et améliorer la vie des autres. Heureusement « Nous » sommes là, avec notre pièce de dix centimes d’euro de bonne conscience glissée dans une boite aux dons. (Une goutte d’eau versée dans l’océan asséché de la misère humaine.) En vérité, nous sommes trop préoccupés par notre petite vie sociale qui se précarise à cause de « Nous » (au sens large et moi aussi )

S’indigner devant l’abomination de la famine dans le monde… Je vais éviter de vous insultez en ravivant l’Histoire des colonies pour dire au combien nous sommes coupables de ce pillage (au nom de la grande Europe & US moraliste) des richesses en ces pays dits « pauvres », etc. Parlons d’aujourd’hui, car nous sommes toujours aussi cupides et stupides… De ce fait, sans fausse modestie, je vais m’inclure dans les plus stupides et cupides, pour ne pas faire de jaloux.

Prenons un producteur de fruit et légume « made in ici » confronté aux exigences du négoce et aux mini prix des hypermarchés venant fidéliser la clientèle. Pour survivre et être rentable, ce producteur (combien sont-ils ?) doit absolument produire de grandes quantités afin de satisfaire la demande des hypers (là où la vie est moins chère, disent-ils fièrement) ces derniers doivent honorer les salaires des milliers de travailleurs (syndiqués). Ces salariés quant à eux, ils font partie de la horde sauvage des consommateurs (comme vous et moi), ils vont aller là où la vie est encore moins onéreuse (que choisir ?)… Capricieux (comme vous et moi), ils changeront de crèmerie si le prix du beurre (margarine) est à trois centimes de plus qu’ailleurs. Un chantage du consommateur qui se répercute sur les tableaux de croissance du PDG de l’hyper. Celui-ci sera obligé de revoir ses prix à la baisse, de ce fait (depuis plusieurs décennies), le PDG renégocie le prix de gros à la baisse avec les milliers d’agriculteurs, producteurs et/ou industriels de l’agroalimentaire. Œuvrer dans la surproduction nécessaire pour assurer la vie saine de l’économie locale et le confort de vie sociale de chacun des salariés et petits patrons engagés dans ce système oppressant. Notez que je ne parle pas de la concurrence des pays voisins et hors Europe ! Eux aussi se retrouvent dans ce même bain du chantage commercial et du négoce et de la compétitivité. Ça se passe comme ça dans le secteur de l’alimentaire... ça se passe aussi comme ça pour le matériel informatique, l’électroménager, le secteur automobile, le textile et la chimie en générale. En Europe, nous vivons dans l’asphyxie économique où tout le monde voudrait avoir un pouvoir d’achat digne de ce nom.

Restons dans le domaine alimentaire. Nous voici coincés dans cette super production alimentaire et ce monstrueux gaspillage à l’Européenne (sponsorisé à gros frais de com et de pub.) Tout cela est devenu nécessaire à nos économies nationales. Ralentir cette machine infernale serait impossible, la courbe du chômage et les faillites dépasseraient allégrement des records historiques. Voyez ce que font les restrictions européennes envers les pêcheurs en haute mer et les producteurs de lait... Une surproduction alimentaire venant nourrir une partie des consommateurs et les bennes à ordures des hypermarchés, ainsi que nos poubelles domestiques. Sachez toutefois que nous parlons en millier de tonnes de denrées alimentaires (dont une infime partie sera redistribuée aux banques alimentaires et associations.) Des milliers de tonnes de nourritures seront incinérées, finiront en compost, en biogaz ou alors, elles seront glissées sous le tapis, dans ces décharges souterraines modernes presque protectrices de l’environnement (d’après ce qu’ils disent.) Ça se passe près de chez nous (vous) et tous les jours, cela fait partie de notre normalité, « Nous » payons des taxes, « Nous » payons des impôts et « Nous » recevons des salaires pour faire partie de ces rouages économiques européens…

Pendant ce temps-là, à l’autre bout du monde, des entreprises « Made in ici » exploitent des gens de là-bas. Contre une demi (négociable) bouchée de pain, des petites mains de la misère sont dans le cambouis des matières premières et la confection des pièces détachées. Cela, afin que « Nous », européens, puissions utiliser notre faible pouvoir d’achat. Un pouvoir par lequel nous pouvons nous offrir à crédit : notre belle voiture, notre belle télé, notre précieux téléphone portable, nos électroménagers et ce satané ordinateur. Ah ! l’ordi, l’outil devenu l’exutoire incontournable du «  qui à tort ou à raison » afin d’être entendu et lu de façon éphémère (à la vitesse du Web). Tous ces objets de notre quotidien sont du « made in ici » à au moins 30 %, puisque nous ne sommes pas assez riches pour nous offrir du 100 % « Made in ici ». À partir des matières premières et jusqu’au produit fini, il faut multiplier le prix de vos objets par dix, pour en connaître la valeur « made in UE » à 100 %. Faire un boycott sur les produits importés ne ferait qu’enlever la misérable demi-bouchée de pain de ces travailleurs précaires (non syndiqués.)

Non loin de là, juste à côté des industries locales estampillées « UE » ou « US » situées dans les tiers-mondes, il a ces contrées du monde où les gens meurent de faim et de soif au-dessus de gigantesques nappes phréatiques. Il suffirait de creuser un peu pour faire jaillir le blé de la terre afin que ces gens puissent se nourrir et « gagner » leur vie à leur tour. Imaginez un instant, la tête des Européens et des Américains s’ils apprenaient qu’à la place de ces terres asséchées, des hectares de champs de céréale seraient prochainement cultivés par les populations locales. Les Européens trembleraient en sachant que là où il n’y avait rien, des jardins produisent des fruits et légumes sans serre ni chauffage à des prix défiant toute concurrence américaine ou européenne. Pour les démocraties de nos paisibles et vertes campagnes, ce serait pire qu’une menace nucléaire et tous les dictateurs réunis au même endroit ! Je vous laisse imaginer ce que peuvent réaliser les hommes et les femmes de l’ombre pour que cela n’arrive pas. Ces gens-là (Nous) ont imagination débordante pour manipuler les médias et l’opinion publique (encore Nous.)

Voilà, je viens de m’indigner (comme tout le monde) et pointer du doigt (comme tout le monde) et je ne m’en porte pas mieux pour autan… je ne suis qu’un « Tes rien » comme les autres. Je suis honoré de voir des personnes s’indigner sur mes propos et propositions absurdes, mais pourquoi ne pas utiliser cette énergie d’une façon plus constructive ?

« Une chaise libre pour une personne sans logement durant la fête des voisins. » Ériger « le village de la Dèche » dans l’une de nos capitales ? En effet, comme le dit Stetienne ci-dessous, il ne faut pas participer à quelque chose d’aussi stupide… ce serait inhumain d’inviter une personne et lui offrir tant chaleur humaine durant quelque heure avant de le renvoyer vivre à la rue… Oui, mais alors, que devons-nous faire . Ne rien faire, serait-ce la solution salvatrice pour notre bonne conscience ? Nous pourrions débattre ainsi durant des jours sur le bon ou mauvais fondement de cette action (maladroite ou surréaliste ?) et cela ne changera pas le monde dans lequel nous vivons.

Merci à vous d’avoir consacré un peu de votre temps ici. 


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