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Reinette (---.---.150.224) 7 février 2007 14:47

Le droit à la caricature est une liberté fondamentale et Charlie Hebdo a bien raison de la défendre bec et ongles [1].

Plus discutable est la posture qui consiste à se faire mousser en rempart contre le péril sarrasin. Depuis le 11 septembre, l’hebdomadaire ne cesse de rhabiller le vieux tropisme anti-arabe aux couleurs plus tendance de l’islamophobie. Ses deux spécialistes en capillo-détection, Fiammetta Venner et Caroline Fourest, martèlent semaine après semaine que les barbus sont partout, chez les banlieusards, les alter-mondialistes, les pacifistes... Elles ont même réussi à dénicher un poil à barbe islamique dans la tonsure de la LDH.

Mais le plus prompt à se poser en héros de la résistance antiterroriste, c’est le patron, Philippe Val. Ses fulminations incessantes contre quiconque s’écarte de l’axe du bien ont découragé jusqu’à ses lecteurs les plus tenaces.

Même Pascal Boniface, directeur du très « expert » Institut de relations internationales et stratégiques, et à ce titre peu suspect de ben-ladisme, en est tombé de sa chaise. Philippe Val est un « vendeur de l’idéologie néo-conservatrice américaine, constate-t-il. Sharon et Bush sont ses héros positifs, ceux qui osent les critiquer sont selon lui complaisants avec les terroristes.

Dans la grande bataille des idées à laquelle nous assistons, Philippe Val constitue un élément important. La tonalité ironique du journal, les dessins humoristiques lui permettent de vendre l’idéologie néo-conservatrice contenue dans ses éditoriaux à un électorat qui n’aurait pas naturellement penché de ce côté. »

Il est vrai qu’on ne saurait faire grief à « l’ami Val », comme l’appelle Serge July (Libération, 09/02/2006), de bomber le torse contre les forces du mal. La liberté d’expression réside précisément dans le droit reconnu à chacun de l’accommoder à sa propre sauce, fût-elle pleine de grumeaux.

L’ennui, c’est que ce droit si abondamment étalé par le directeur de Charlie Hebdo ne vaut que pour lui-même et ceux qui pensent comme lui. Ses ex-collaborateurs en savent quelque chose : en cas de divergence, l’esprit des Lumières vire subitement au despotisme pas du tout éclairé.

[1] Sous bonne garde, quand même : cordon de police autour des locaux et protection rapprochée pour Val et les « anciens ». La liberté d’expression a parfois besoin de supplétifs.


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