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dolido 7 octobre 2007 11:48

j’aimerais ajouté quelques précisions sur certaines erreurs :

- les étudiants en médecine « remboursent » en quelques sortes leurs études. De la 4e à la 6e année, nous travaillons tous les matins à l’hopital, un travail de secrétariat majoritairement pour peu de temps d’apprentissage, tout ca pour 100 à 200 euros par mois. Et surtout, en tant qu’interne, pendant 3 à 5 ans, nous travaillons 70h minimum par mois, en enchainant les gardes pour 1500 euros par mois. Les CHU seraient perdus sans les internes. Estimez les sommes énormes économisées par les hopitaux si ils devaient remplacer cette main d’oeuvre peu chère par des secrétaires et médecins thésés... Nous sommes les seuls étudiants d’université à rembourser, au moins partiellement leurs études, allez donc faire ce reproche à tous les autres étudiants à qui on ne réclame rien.

- Si les médecins étaient à ce point attirés par l’argent, il ne manquerait pas de médecins en campagne. En effet, c’est en campagne qu’un médecin gagne le plus avec une clientèle bien plus importante et des frais plus réduits qu’en ville. Ce dont une majorité de médecins ne veut pas, comme beaucoup de personnes, c’est vivre à la campagne dans les conditions actuelles. Ils préfèrent gagner moins mais vivre où ils le souhaitent. Le vrai problème, c’est le manque d’attractivité de la campagne. Je rappelerais que nous finissons nos études vers les 30 ans, la plupart d’entre nous sont en couple, 2/3 de nos conjoints sont cadres sup ou équivalent, avec des enfants. Ces conjoints ne trouveront pas de travail en campagne, doit-on quitter nos maris, enfants, famille pour s’installer à la campagne ??!! Ca ne relève plus de la vocation, c’est faire voeux de pénitence. Par ailleurs, les promos sont composées de 60 à 70% de filles, qui veulent avoir une vie en dehors de la médecine, élever leurs enfants et non travailler toute leur vie 70h par semaine comme les anciens médecins. Ca ne me semble pas etre d’un égoïsme démesuré. Comme une majorité de mes collègues, je ferai passer ma famille en premier et je me résignerai à faire des remplacements voire me déconventionner, mais jamais tout abandonner pour obéir aux besoins de la répartition. Nous ne sommes pas des pions qu’on déplace à volonté. On nous compare souvent aux profs qu’on assigne les premières années, mais nous ne sommes pas des fonctionnaires. Si nous sommes considérés comme tels, alors nous ne devons travailler que 35h avec 5 semaines de congés payés. Je vous laisse imaginer la pénurie après ca.

- Nous payons les erreurs politiques commises depuis 20 ans. L’absurdité du raisonnement du numerus clausus a déjà été exposée, il est certes nécessaire de limiter un minimum mais la restriction drastique est responsable de la pénurie actuelle. En ville aussi, il faut 6 mois pour un rendez vous chez un ophtalmo et les délais pour un scanner ou une IRM sont aussi effarants. Ce n’est pas un problème de répartition, c’est un problème de nombre. Auparavant, les médecins pouvaient choisir leurs spécialités, contourner le concours de l’internat par les CES, mais maintenant ce n’est plus le cas. Il n’est pas exact de dire qu’on ne forme que des radiologues.

- Quant au revenu considéré comme très important des médecins, ramenez le aux nombres d’années d’études et aux nombres d’heures effectuées et vous verrez que nous sommes bien en dessous qu’un ingénieur avec bac+5 ou qu’un dentiste avec bac+6 (qui gagne plus qu’un généraliste). Nous ne sommes certainement pas pauvre, mais si l’appat du gain était notre seule motivation, nous n’aurions pas fait médecine.

Le mouvement de greve actuel n’est pas très bien vu de la population, mais surtout à causes des nombreux clichés et contre vérités qu’on retrouve dans les médias (cf les reportages mensongés des jt, jp Pernault qui finit le reportage en annonçant que les jeunes médecins choisissent l’exercice en ville où l’on gagne plus d’argent !!! absolument faux, c’est le contraire). Faire connaitre le déroulement de nos études et les vrais dangers de la réforme prévue feront peut etre changer d’avis la population...


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