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LilianeBourdin 14 août 2009 17:12

Bonjour et merci beaucoup de votre témoignage et de vos réflexions.
Beaucoup de choses me viennent en vous lisant. Je vais essayer de les dire succintement.

D’abord je trouve que votre texte traduit bien la difficulté à exprimer ce qu’on a vécu, quand on a subi un traumatisme. Vous parlez d’odeurs, de sensations. Et effectivement, le traumatisme se caractérise par un afflux d’événements affectifs qui parviennent au psychisme alors que celui-ci n’est pas en mesure de les gérer. Il s’ensuit un débordement des capacités d’intégration de celui-ci, et ce que l’on appelle une « carence de la représentation ». Un traumatisme est souvent irreprésentable, et donc, intraduisible. Comme une des façons de réagir à ce débordement d’affects désagréables, c’est le clivage psychique, donc la mise hors-circuit d’un certain nombre d’informations, on comprend que ce n’est pas facile de parler de ce que l’on a vécu.
De plus, bien sûr, vient la question de comment l’énoncé du traumatisme est reçu par l’entourage ou par les professionnels. Et là, votre expérience traduit bien ce qui arrive malheureusement parfois, c’est-à-dire que le traumatisme est nié, avec souvent pour conséquence une culpabilisation accrue de la victime, qui se met à culpabiliser de sa souffrance.
Il y a des psys, ou des soignants en général, de toutes formations, qui n’entendent qu’avec une seule grille de compréhension. Cela peut avoir des conséquences néfastes. Que cette grille soit le complexe d’Oedipe universel ou autre chose, ne change rien à la question que ce qui est important c’est d’être entendu et compris.

Sur les limites et les dangers du concept de résilience, je rajoute ce lien à propos du livre de Serge Tisseron, qui détaille un peu plus le contenu du livre : http://www.nonfiction.fr/article-293-resilience_attention_dangers_.htm

A propos du « témoin secourable » , je pense au « tuteur de résilience » de Cyrulnik. Il me semble qu’il est important de rencontrer au moins un exemple de relation positive riche et vivante dans son enfance, pour pouvoir s’aider soi-même à sortir de l’enfer.

L’aide que l’on a envie d’apporter à celui qui est à l’origine du traumatisme : on le retrouve aussi dans le syndrôme de Stockholm : http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stockholm

L’emprise dans la relation d’aide est un risque majeur dont il faut être conscient et se protéger.

Et par rapport au fait que la souffrance ne se « pèserait pas » ( ce qui est une formule que je ne connaissais pas ) je préciserais que ce qui a fait du tort à la question du traumatisme, et donc aux anciens traumatisés, c’est quand Freud a énoncé qu’il avait « abandonné sa neurotica ». Il a, à ce moment-là, cessé de penser que les jeunes filles de Vienne qu’il recevait étaient victimes de traumatismes d’enfance, mais qu’elles étaient victimes des phantasmes qu’elles construisaient sur leur enfance. A partir de là, un courant de la psychanalyse a commencé de considérer que vivre un traumatisme ou l’inventer avait la même fonction dans l’économie psychique, que ce qui comptait ce n’était pas la réalité vécue, mais la « réalité psychique » ; ce avec quoi d’autres psys ne sont pas d’accord du tout, ce qui est mon cas. Là, je simplifie à l’extrême une question complexe, mais cela me semble important. Aller voir un psy qui ne « croit pas au traumatisme » quand on a été soi-même traumatisé fait courir le risque de, au mieux, ne pas être entendu.

Tout en regettant de ne pouvoir détailler davantage, je vous remercie beaucoup de vos interventions.


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