• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


miguel3003 21 octobre 2010 20:22

Le « paradoxe » évoqué par Samuel peut être résolu si l’on considère que l’inflation « officielle », mesurée à travers l’indice des prix à la consommation (IPC) de l’INSEE, ne prend pas en compte la hausse du prix des actifs (logements, titres...), ou seulement de façon symbolique.
Par exemple, l’INSEE considère que les dépenses liées au logement représentent 15 % du panier de la ménagère, ce qui est une parfaite aberration pour une immense majorité de Français à l’heure actuelle (au revenu médian, qui partage en deux la population, les dépenses de logement s’élèveraient en moyenne à 230 € pour une personne seule...).
Il en va de même au niveau européen, la mesure de l’inflation reposant essentiellement sur la hausse du prix des biens et services (donc indirectement sur la hausse des salaires) et non sur celle des actifs, qui ont vu leurs prix flamber depuis quelques années.
La BCE, dont la politique a été à juste titre qualifiée de « monétariste » jusqu’à la crise dite des « subprime », s’appuie sur ces statistiques pour augmenter le coût du crédit (via ses taux directeurs), donc celui des investissements et de la consommation à crédit, ce qui est supposé réduire la création monétaire et l’inflation (mais aussi au passage l’activité économique), donc protéger les créances des prêteurs de capitaux, c’est-à-dire des possédants.
Plus largement, l’austérité budgétaire et la rigueur monétaire de notre chère UE, accompagnée du chômage de masse, ont effectivement conduit à une très forte réduction de l’inflation liée aux salaires en Europe, celle-là même que l’on retrouve dans notre IPC indirectement.
En revanche, l’argent rendu cher par la BCE ne dissuade pas les investisseurs (en provenance du monde entier, je le rappelle) d’acheter des actifs, car ils pensent qu’ils pourront engranger une plus-value en cas de revente de ces actifs, c’est-à-dire les revendre plus cher, ou s’ils les conservent, augmenter suffisamment les revenus qu’ils en tirent afin de maintenir ou d’améliorer leur pouvoir d’achat (donc voir ces revenus augmenter plus vite que l’inflation).
Par exemple, le propriétaire d’un logement acheté à partir des années 1998-99 aura soit revendu ce dernier avec une substantielle plus-value, soit encaissé des loyers en forte augmentation (très supérieure à l’inflation officielle) en raison de la hausse du prix de son actif sur le marché.
Quant au propriétaire de valeurs mobilières telles que les actions, il aura vu son revenu progresser sensiblement, à l’inverse de l’immense majorité des salariés de l’entreprise dont il détient une part de capital, si du moins ils n’ont pas été licenciés pour créer de la « valeur » au profit de notre actionnaire.
Les investisseurs internationaux (tels les fonds de pensions et fonds d’investissement) se sont rués sur les places boursières et les marchés immobiliers plus particulièrement à partir des années 1990 (libre-circulation totale des capitaux décidée par le traité de Maastricht en 1992), contribuant ainsi à faire grimper les prix des actifs et alimentant les bulles spéculatives.
CQFD. La « mauvaise » inflation, provoquée en grande partie par la hausse des salaires, est énergiquement et efficacement combattue par nos élites, tandis que celle des actifs, alimentée par un gigantesque transfert de richesses des revenus du travail vers ceux du patrimoine, est tout simplement ignorée et parfaitement transparente dans nos statistiques...
Elle est pourtant à l’origine de la plus grave crise du capitalisme depuis 1929 (dont cette fois il ne saurait se remettre car les énergies fossiles disparaissent et la biosphère se dégrade à grande vitesse), provoquée une fois encore par l’appétit de gain sans limites d’une classe de possédants prête à tout pour conserver et accroître ses privilèges.
Je laisse la conclusion à Warren Buffet, une des plus grandes fortunes mondiales, dans une de ses interviews données au New York Times en 2006 :
« La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter ».


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès