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srobyl srobyl 17 février 2011 10:50

Bonjour,
Votre article me rappelle les pubs d’une eau minérale, dans laquelle les très jeunes enfants sont mis en vedette...J’avais proposé un article au sujet du phénomène des mini-miss. La connerie des adultes se transfère aisément chez les gosses. Les pauvres...

Samedi dernier, à l’heure du JT de Laurent Delahousse, ma femme m’appelle pour me signaler qu’on diffuse un reportage réalisé dans une petite ville où nous avons longtemps vécu. Quel que soit le sujet, ça peut être intéressant , ne serait-ce que pour espérer voir des visages connus, des lieux que nous avons fréquentés.

Le sujet choisi est l’école des mini-miss. Bon. Ca part mal pour ma pomme. De plus, à part une furtive vue d’ensemble du village au démarrage et la hure du maire sur une photo de remise des prix, je ne reconnais rien, ni personne. Et dans le fond tant mieux, ça m’aurait déçu d’apprendre que des gens de connaissance participent à ces mascarades conformistes. Le thème du reportage me donne un peu la nausée, plein d’à priori que je suis...Mais on ne sait jamais, ce surplus d’information va peut-être me faire changer d’opinion. On ne sait jamais... Donc, je regarde et écoute jusqu’au bout...

La fillette interrogée a dans les 8 ou 9 ans. Elle raconte avec gourmandise les tenues qu’elle peut porter à l’occasion des entraînements et des concours. Apparemment enchantée , dit-elle, d’être maquillée, de mettre des bustiers, des mini-jupettes et des escarpins... j’en oublie sûrement. Là le flacon revêt toute son importance pour ces gamines très nettement pré-pubères au corps tubuliforme. On va leur donner le look adéquat, qu’importe leur âge...Ils ne vont quand même pas jusqu’au silicone pour renforcer l’illusion, mais parions qu’avec un mini-wonderbra, elles seront au top

Ca me déprime, même s’il semble que la gosse est enchantée et en redemande. C’est ce que disent beaucoup de parents à qui on reproche de prendre leur progéniture pour des bêtes à concours et ainsi de les forcer dans cette voie. C’est une gamine, elle a des rêves comme tous les enfants Et, quels qu’ils soient, c’est assez touchant...Mais ces-rêves-là ne sont-ils pas entièrement fabriqués par les parents. Interrogée, la maman -une ancienne miss locale- explique tout le « travail » qu’exige la préparation de sa miss en herbe de fille. On comprend les parents qui s’émerveillent en la voyant évoluer, danser...Ils en sont fiers, c’est légitime, mais là il faut gagner coûte que coûte, être la meilleure. Ces micropoupées pomponnées entrent dans la compétition. Ca ressemble à un jeu, mais elles ne "jouent pas à la poupée. On les déguise en Barbies. Elles sont des Barbies. Ce sont eux, les parents , qui jouent .La larme à l’oeil comme à la remise des prix ou à la fête de fin d’année, ils filment à tour de bras leur joujou, ou plus exactement leur poulain . 

Le phénomène n’est pas vraiment nouveau. Dans la même veine, j’ai pu assister un jour malgré moi au cours d’un banquet à l’exhibition de deux enfants d’un même couple. Ils avaient tenu à monter les talents de jeunes danseurs des gamins, qui leur avaient permis de remporter je ne sais combien de concours. Le petit « couple », ( le frère de 11 ans et la soeur de 8 ans) nous avait gratifié d’un tango argentin en bonne et due forme, avec effet de jupe fendue qui s’entr’ouvre et tout le tralala. Choqué ? Non, mais envahi d’ une curieuse impression, un sentiment d’étrangeté, comme si on vivait une scène de Gulliver, comme en face d’une incongruité, d’une image archaïque de l’enfance, un peu comme au Moyen-Age où les enfants étaient représentés en adultes iniatures. Un certain mal à l’aise,donc 

J’ai eu la même impression avec les mini-miss. 

Là où ça m’a énervé, c’est la séquence d’entraînement. La « coachette » , une jeune filiforme à la limite de l’anorexie (est-ce un critère exigé des recruteurs ?) était à l’oeuvre pour apprendre aux petites filles à se tenir, à marcher comme des grandes...Enfin, comme les grandes qu’on bizute dans les défilés de modes ou de miss. Un petit arrêt avec déhanché, et l’épaule que la gosse doit dénuder...Fffff.... Interrogée, Mademoiselle l’entraîneur tient à rassurer le spectateur : petite intervention de Mère-la-pudeur qui nous affirme que la tenue ne doit pas être « sxxxss » (elle prononce à peine le mot « sexy » mais c’est de celà qu’il s’agit) On doit rester dans le correct. Ben oui, correct pour une ado ou une femme, mais, là...c’est quand même de gamines qu’il s’agit. Et même s’il n’y a pas de streep-tease, on est dans des mimiques et des tenues qui pourraient bien tenir lieu de « leurre d’appel sexuel » comme dirait Paul Villach. Qu’une gosse de huit ans ne s’en rende pas compte, ça paraît naturel, mais que dire des adultes qui se rendent complices de tout ça ? 

En tous cas, la relève est assurée ! De beaux jours en perspective pour les Geneviève de Fontenay de demain 

P.-S.

Portfolio
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