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Accueil du site > Tribune Libre > Action non violente pour la séparation du Medef et de l’Etat

Action non violente pour la séparation du Medef et de l’Etat

  La meilleure façon de séparer le Medef de l’État serait de lui enlever le poids économique qu’il fait peser sur l’Etat. Si ce poids économique, c’était nous qui l’exercions, l’Etat serait obligé de nous respecter. Quel poids économique reste-t-il aux citoyens ? Celui d’être salarié et de faire la grève ? Certainement pas ! A l’heure de la précarité généralisée et des CDI jetables, c’est quasiment du suicide et pour les autres la perte de salaire est importante à l’heure où les prélèvements automatiques sur nos fiches de paye n’est pas négligeable.

Dans notre société actuelle, c’est-à-dire capitaliste, on travaille pour pouvoir être consommateur. Etre à la fois travailleur et consommateur confère à l’Homme son véritable statut social et lui vaut d’être perçu comme un « bon citoyen ». La grève classique, celle du travailleur, permet de faire pression sur ceux qui utilisent la force du travail, c’est-à-dire les employeurs et plus rarement sur le gouvernement, en cas de grève générale. La grève du travail a ses limites, en termes de mobilisation et d’efficacité. L’augmentation du chômage, la précarisation du travail et l’affaiblissement des syndicats, notamment dans le secteur privé, contribuent à diminuer sensiblement l’utilisation de ce moyen d’action. La « Grève générale de la consommation », quant à elle, concerne le second terme de l’équation du « bon citoyen », le consommateur.

Si nous analysons bien les choses, c’est nous, tous ensembles, qui avons le pouvoir absolu dans cette société de consommation. Notre consommation ou notre « grève de la consommation »pourrait mettre à genoux, tant les capitalistes que le gouvernement à leurs bottes. Le jour où les consommateurs comprendront leur force et s’en serviront, ils pourront tout imposer, à commencer par le retrait de la loi d’esclavage d’El-khomri.

La grève des achats serait également un coup porté aux symboles de notre exploitation, tant en tant que producteurs (salariés) qu’en tant que consommateurs (manipulés par la pub et le marketing) ; Lancer un boycott d’un jour par semaine, des Carrefour (dont le PDG s’augmente outrageusement) ou des Auchan (dont la famille Mulliez planque les profits dans des paradis fiscaux) et autre Casino (qui exploite inhumainement les gérants de leur suppérettes) serait d’abord un coup de semonce pour l’économie. Puis augmenter la pression en organisant les grèves des achats de tout ce qui est superflu dans les injonctions à consommer de la pub et du marketing. Obtenir le retrait de la loi de précarité à vie ne mérite-il pas de se passer de son coca-cola quotidien, de son jeans pré-usé et pré-déchiré à la dernière mode, du dernier gadget électronique « indispensable » pour péter plus haut que son voisin, ou de déserter les restos et les salles de cinéma ?

La forme dont il est question ici est l’équivalent de la grève générale classique. Cette action part du constat que les équilibres budgétaires sont précaires et sensibles à une faible variation des paramètres économiques. On a pu le constater avec la crise économique amorcée en 2008 qui a fait exploser les déficits des Etats et qui a provoqué un accroissement de l’endettement.

Le but de la « grève générale de la consommation » est de faire pression sur le gouvernement en provoquant une baisse des recettes fiscales et de la TVA collectée en particulier, pour l’obliger à adopter un certain nombre de mesures revendiquées avec détermination par les grévistes de la consommation. Rappelons que la TVA représente près de 50% des recettes fiscales et qu’elle constitue l’impôt le plus injuste car, proportionnellement, elle touche davantage les plus pauvres.

La « grève générale de la consommation » consisterait, pour ceux qui décideraient de s’y lancer, à réduire sensiblement leurs dépenses pour faire chuter, au niveau national, les recettes de TVA. Ainsi, si 20% de la population baissait de 25% ses dépenses soumises à TVA, les recettes de TVA baisseraient de 5%, ce qui représenterait 2,5% des recettes totales de l’Etat soit environ 7 milliards d’euros, si on y inclut les taxes assises sur la consommation, comme la Taxe intérieure sur les produits pétroliers.

La pression sur le gouvernement serait double, directement par la baisse des recettes et son impact sur les finances de l’Etat, et indirectement par la pression que ne manquerait pas d’exercer sur le gouvernement un patronat désireux de revenir à une situation économique « normale ». Ainsi un « bras de fer » s’exercerait entre le gouvernement et une partie importante des citoyens déterminés à le faire plier pour qu’il accède à ses revendications et qu’aucune répression policière ne pourra stopper.

La « grève générale de la consommation » est une forme d’action qui présente l’avantage d’être non violente, de pouvoir être suivie par chaque citoyen, quel que soit son milieu social, quel que soit son âge, qu’il soit actif ou inactif. Chacun peut y contribuer selon ses moyens, selon son engagement politique ; ce n’est pas une action « tout ou rien ».

Cependant, contrairement à la grève générale classique qui doit être massive et limitée dans le temps, la « grève générale de la consommation » ne peut être que progressive pour que la mobilisation puisse se développer et doit s’étaler sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour être efficace.

Hormis quelques sacrifices de confort somme toute relatifs, les « grévistes de la consommation » n’ont rien à y perdre, ils peuvent même y gagner puisqu’en dépensant moins ils vont faire des économies, contrairement à la grève du travail. Ils feront prendre conscience au reste de la population résignée devant la remise en cause des acquis sociaux, qu’il s’agit-là d’un moyen efficace d’action.

Évidemment il est tout à fait possible de coupler la grève de la consommation à des grèves classiques … c’est même recommandé, sauf dans le cas de blocage des raffineries d’essence, ou dans ce cas la, le geste militant est de contribuer à la pénurie en allant faire son plein !

Transmit par CAPUCIN (Merci à Pierre Tourev et à Bel Avenir)

« Le déficit de l’Etat était l’objet même de spéculations. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans des conditions toujours plus défavorables. »…Karl Marx La lutte des classes en France. 1850


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13 réactions à cet article    


  • soi même 6 août 2016 18:44

    Souvent je ne suis pas d’accort avec votre argumentation, pour une fois je salut votre réflexion, 

    Action non violente pour la séparation du Medef et de l’Etat.

    • mmbbb 6 août 2016 19:26

      La « grève générale de la consommation » Alors Gil je ris a gorge deployee que consommons nous hormis l’alimentation . Donc plus de portable d ecrans plats d’ ordi de platines de jeux d habits d’electro menager que sais je encore Tous ces produits ne sont plus fabriques en france Interdire le dernier I Phone a la vente mais M GIL vous allez finir pendu. 



      • behaviorisme (---.---.66.109) 7 août 2016 23:35

        @Auxi 
        Ding Ding Ding Waf Waf Waf Waf  smiley 


      • Auxi 6 août 2016 19:38

        La grève de la consommation, beaucoup la font à leur corps défendant, vu leurs moyens. Parlons surtout du gaspillage et de l’obsolescence programmée. Sur ce dernier problème, il y a une solution : la durée de la garantie. Un ordinateur, par exemple, devrait être garanti dix ans, pièces, main d’œuvre et transport… Ça, ce serait efficace !


        • mmbbb 6 août 2016 20:27

          @Auxi Tu ne connais pas la fameuse loi de Moore Tu devrais apprendre l’ informatique et eviter de donner des lecons aux autres et de raconter des idioties Avec toi nous en serions toujours au Minitel et a l imprimerie a plomb 



        • 0_bisounours_0 (---.---.66.109) 7 août 2016 23:38

          @Auxi 
          Ding Ding Ding Waf Waf Waf Waf 


        • JBL1960 JBL1960 7 août 2016 22:45

          Le Medef c’est les gonzes qui savent même pas que leur Patron, Saint-Gattaz avait promis des emplois à Hollande contre quelques 43 milliards d’€ ! Avec le Medef c’est « prends l’oseille et tires-toi » tenez rappelez-vous cet instant Meurice absolument drôlatique = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/06/04/on-a-promis-des-emplois/

          Bon et par ailleurs, c’est pas parce qu’on est sans le sou en plus d’être sans les dents qu’on est sans cerveau ! Pourquoi voulez-vous qu’on devienne absolument comme les sans cœur ?
          Non, on peut raisonnablement imaginer une société la plus égalitaire qui soit, même si pour beaucoup c’est un gros mot et on a pas mal avancé grâce notamment à un certain Élisée Reclus =https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/07/30/depossession-volontaire/


          • JBL1960 JBL1960 7 août 2016 22:48

            D’ailleurs même sans le sou on est pas sans humour = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/02/17/classe-coeur/
            C’est Vincent Roca qui dans ce sketch met des culs à la place des cœurs et inversement !


            • Sozenz 8 août 2016 00:29

              L idée est bonne, mais illusoire !


              • Francis, agnotologue JL 8 août 2016 09:43

                Sur ce sujet, des prélèvements bancaires (loyers, assurances, abonnements, etc, etc) je voudrais dire une chose : faisant allusion aux prélèvements obligatoires, les think-tanks libéraux ont coutume de nous dire que l’on ne travaille pour l’état qu’à partir de septembre et que de janvier à août, on travaille pour l’Etat.


                 Ce qu’ils omettent de dire c’est que quand on bosse c’est aussi pour les actionnaires et les dirigeants qui se goinfrent plus que de raison.
                 
                 « De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Avant l’Etat fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations. » (Lordon)
                 
                Que font-ils de tout cet argent ? Ils créent les conditions qui leur permettront d’en gagner encore et toujours plus, au détriment des ressources planétaires. C’est là que le bât blesse.

                • CN46400 CN46400 8 août 2016 11:23

                  Gil devient cool en vieillissant. Le MEDEF n’exerce pas que des pressions sur l’état. Par ses intermédiaires attitrés, suivez mon regard de la droite vers la gauche, il exerce, sur la société toute entière, la dictature des intérêts de la bourgeoisie (loi El Khomri...), dont il est le bras séculier.
                  « le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie toute entière » disait Marx en 1848

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