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American Black Box

Toute personne aimant le débat d’idées, la polémique et la lecture ne peut que tomber un jour ou l’autre sur un livre de cet Ostrogoth de la littérature qu’est Maurice G. Dantec.

Pour moi c’est fait. Je viens d’ingurgiter les quelques 700 pages d’American Black Box, le dernier volume de son journal en forme de trilogie, intitulé Le Théâtre des opérations.

Par une coïncidence étrange j’ai sur ma table au même moment L’Homme révolté d’Albert Camus, dont le titre aurait tout aussi bien pu convenir à l’ouvrage de Dantec, tant le sujet en est proche et tant il contient d’imprécations contre les inconséquences et les absurdités du monde contemporain.

A ceci près que Camus situait sa réflexion dans le champ de la philosophie, tandis que Dantec, lui, accouche d’un pamphlet énorme, massif, impétueux et vindicatif. Et si la forme est différente, le fond l’est également à bien des égards. A l’agnosticisme religieux, et à la désillusion politique de Camus, Dantec oppose en effet « le corps glorieux du Christ » et le retour aux sources des valeurs occidentales traditionnelles.

N’empêche, les constats contiennent des similitudes. Notamment au sujet de l’inanité des idéologies et de la démission de l’opinion publique face à leurs diktats mortifères.

Dantec annonce d’emblée la couleur : « Ce livre est l’enfant du chaos », « le chaos laissé par la dévolution de la pensée, par la peur, la haine de soi, le ressentiment, la culpabilité, et les divers étrons idéologiques qui font de la France ce pays qui est sorti définitivement de l’Histoire pour entrer dans l’âge des postures culturelles et des impostures politiques à grande échelle. » Tel un nouveau saint Georges, il entreprend donc de terrasser les dragons de notre époque, au premier rang desquels figurent l’islamisme radical, l’antiaméricanisme primaire et le nihilisme « zéropéen ».

Primum movens des périls qui menacent aujourd’hui le monde, l’islam est selon lui une religion fondamentalement perverse : « Il n’y a pas d’islam militant et d’islam modéré. Il n’y a que des variations d’intensité. Les lois coraniques ne peuvent être adoucies que très provisoirement. » Et le danger est gravement sous-estimé : « L’aveuglement des nihilistes occidentaux au sujet de l’islam semble un condensé de tous les aveuglements successifs de l’Occident depuis deux siècles. Sur le danger jacobin, sur le danger marxiste, positiviste, bolchevik, puis nazi, tiers-mondiste, maoïste, post-moderniste... »
L’Humanité, à n’en pas douter, est entrée dans une nouvelle guerre de religions. Et Dantec ne voit rien d’autre à opposer à ce qu’il considère comme l’impérialisme destructeur des fous d’Allah, qu’une sorte de christianisme régénéré mais plutôt abscons : « Le prochain Christ sera à la fois celui du jugement et celui de la transcendance actualisée de l’amour, transvaluée au sens de devenir de l’être humain totalement assumé comme risque ontologique. »

Ce mystique retour aux sources de la spiritualité conduit l’imprécateur aux lunettes noires à n’envisager l’avenir qu’en regardant vers l’Ouest  : « le futur de l’humanité s’élabore en Amérique. » D’ailleurs il a décidé de quitter l’Europe qu’il juge surannée et déconfite : « Je suis parti de France pour aller vers les Amériques qu’elle a perdues. Je viens en Amérique avec en moi toute la France qui s’est perdue en route  » (étonnement à ce sujet : il a posé ses valises au Québec, qu’il qualifie pourtant de « petite colonie chic-et-choc des nihilismes zéropéens... »).
Il ne pouvait plus endurer « le lavage de cerveau anti-américain quotidien ». Il ne pouvait plus supporter ce qu’il qualifie d’arrogance et d’ingratitude « franchouilles » : « Plus de trois cent mille soldats américains sont morts en terre de France lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Villepin et Chirac (sic), à l’unisson avec leur "peuple" et ses « "représentants", ont d’un seul geste déboutonné leur braguette et allègrement pissé sur cette colossale pyramide de cadavres. »
Il ne pouvait plus accepter cet incroyable panurgisme haineux qui conduit à inverser les données du problème : « Ce ne sont pas les islamistes qui font peur, grâce à un décervelage idéologique total pour ne pas dire totalitaire, c’est l’Amérique qui représente le danger... »
Il en avait assez de ces intellectuels et journalistes français, hypocrites, qui disent aimer l’Amérique mais qui n’aiment « rien d’autre que l’Amérique qui déteste l’Amérique. Cette cucurbitacée du néotrotskisme de Michael Moore par exemple, ou le Juif antisémite Noam Chomsky... »

Sur la France, Dantec ne se fait donc plus guère d’illusions : « Y a-t-il une sortie vers le haut pour cette nation qui s’efforce par tous les moyens à sa disposition de rejoindre la bonde d’éjection des eaux usées de l’Histoire ? »
Sur l’Europe même, son jugement n’est guère plus indulgent : « L’Europe aura donc été une magnifique possibilité, morte avant que d’avoir vécu, ange avorté pour lequel il m’est difficile de ne pas ressentir le poids d’une chagrin lesté de toutes ces civilisations épuisées en vain. » Dans l’élan, Dantec fustige sans nuance l’Europe de Maastricht et dit son opposition catégorique au projet de Constitution qu’il appelle « l’immonde papelard ». De ce point de vue la victoire du non au réferendum de 2005 lui a procuré quelque satisfaction...

En définitive, la vision de ce « maudit Français » est sombre : « je vis la fin d’un monde, je vis le crépuscule des hommes, je vis la terminaison de toute l’Histoire. » Ses diatribes ne sont pas exemptes de boursouflures, d’excès, de redondances. Le discours est quelque peu plombé par des notions abstruses (matrices, vortex, méta-codes, syncrétismes, ontologies), par des formules à l’emporte-pièce et par de curieux poèmes hermétiques. Mais il y a du vrai dans ses constats, il y a de la clairvoyance dans ses opinions et il y a du courage dans ses prises de positions.
En tout cas sa théorie du déclin de l’Occident n’a rien à voir avec la manie des bobos gauchisants qui ressassent avec délectation la faillite inéluctable du modèle capitaliste incarné par l’Amérique. Elle est l’expression de convictions sincères et d’une réelle angoisse. Il n’a rien d’un extrémiste, ni d’un fanatique. Son apocalypse est aussi une supplique, un appel désespéré, le cri du naufragé sur le radeau de la Méduse. Il faut savoir l’entendre...

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American Black Box

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32 réactions à cet article    


  • JEanlOu JEanlOu 31 mai 2007 11:43

    @ L’auteur,

    Merci pour l’article. J’ai cependant bien peur que peu de monde saura entendre ce cri.

    JEanlOu


    • aquad69 31 mai 2007 17:19

      Bonjour tous,

      eh bien ! Que Momo aille aux USA qu’il aime tellement, qu’il épouse Jojo (Bush) junior, et qu’on n’en parle plus !

      Franchement, vous trouvez que, dans les conditions actuelles, on a rien de plus important que de se pencher sur des délires aussi primaires et criminels ?

      L’occident moderne est le premier artisan de son propre malheur ; et les beaufs du genre de celui dont vous parlez ont été les premiers à jeter à la poubelle tout ce qui faisait la valeur de notre culture et de nos traditions pour s’en mettre « jusque là » de modernisme et de « libérations » dyonisiaques...

      Et ce sont maintenant les mêmes qui reviennent geindre en se victimisant parceque, parait-il, nous ne sommes pas aimé du reste d’un Monde que nous n’avons pas arrêté de piétiner et de massacrer depuis trois cents ans, et parce que notre société, basée sur l’obligation de jouissance individuelle la plus irresponsable qui soit, part en quenouille...

      Il devrait y avoir des limites à l’obscénité morale.

      Cordialement Thierry


    • snoopy86 31 mai 2007 12:28

      @ l’auteur

      J’adorais Dantec, et certaines de ses idées me plaisaient...

      Mais aujourd’hui, en pleine crise mystique il devient franchement indigeste.

      J’ai pas tenu cent pages...


      • wired 31 mai 2007 12:37

        Mais qu’il garde sa vision pour lui ! Arrêtons de suivre !


        • Eric De Ruest Eric De Ruest 31 mai 2007 12:44

          J’ai adoré ses trois premiers romans. Puis vint le temps du théâtre des opérations N°1...

          Et là, le dérapage neuronal, Dantec s’annonce comme un vilain réac catholique et tout le toutim...

          Dommage, une carrière prometteuse fauchée par d’innombrables troubles psycho. réactivés par la consommation continue de substances psychotropes. A l’instar d’un Philippe K. DICK, le public général ne lit pas DANTEC, mais là s’arrête la comparaison, car ou Dick était un visionnaire halluciné, Dantec est revanchard et se pignole dans son coin sur ses super-concepts crypto-tralala...

          On en revient assez facilement !


          • Eric De Ruest Eric De Ruest 31 mai 2007 12:51

            « Plus de trois cent mille soldats américains sont morts en terre de France lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Villepin et Chirac (sic), à l’unisson avec leur « peuple » et ses « « représentants », ont d’un seul geste déboutonné leur braguette et allègrement pissé sur cette colossale pyramide de cadavres. »

            Mais il oublie de dire que se sont certains capitalistes américains dont Henry FORD qui ont éveillé Hitler à l’antisémitisme et lui ont versé les fonds pour lui permettre de sortir de la caverne dans laquelle il végétait avec son parti de merde !


          • Eric De Ruest Eric De Ruest 31 mai 2007 12:53

            oups, sorry pour la grossièreté, mais certains sujets sont TRES ENERVANTS


          • Marsupilami Marsupilami 31 mai 2007 12:53

            Je dis pas mieux. Le dernier que j’ai lu, Cosmos Incorporated, m’est tombé des mains au bout de 100 pages. Dantec est parti en vrille dans le techno-mysticisme psychédélique. Il a pété un câble grave. Je ne lirai sûrment pas American Black Box : 700 pages de délire paranoïaque, non merci...


          • JEanlOu JEanlOu 31 mai 2007 13:08

            Tout est dit ...


          • Bill Bill 31 mai 2007 13:32

            Il ne faudrait pas non plus oublier que les Etats-Unis, en se rendant en Europe, agissaient pour leurs intérets, et avaient même imprimé des dollars Européens, et désigné des « gouverneurs » pour le territoire Français. Leur plan n’a échoué qu’avec l’arrivée du général de Gaulle, qui n’aurait jamais toléré une chose pareille, tout comme les Français.

            Il fallait stopper Hitler, et arrêter la guerre. Au passage, ils ont bombardé à outrance le Havre par exemple, dans lequel ne sont mort que des civils.

            Il faudra bien qu’un jour les Historiens reparlent plus longuement du débarquement, et de ce qui s’en est suivi, même si par ailleurs cela nous a débarrassé de la folie des nazis.

            N’oublions jamais par ailleurs que si les Etats-Unis sont libre, ils nous le doivent, de par nos soldats, et de par les armes et l’argent avancés, mais jamais remboursés à la France, et qui est aujourd’hui identifié comme l’une des causes de la Révolution, et tout le mal qu’elle a pu faire ensuite...

            Bill


          • Bill Bill 31 mai 2007 13:23

            J’ai lu du Dantec, et je n’ai jamais accroché à son style.

            Pourtant son constat est plutôt juste. Il m’a toujours semblé que sa convertion au catholicisme fut aussi un traditionalisme, avant d’être une véritable profession de foi, par la suite.

            Curieux mélange chez cet homme, que le rock’n roll, le latin, le catholicisme, le classicisme européen, et le polar façon « road movie », à l’américaine.

            Peut-être est-ce la distance, qui lui fait voir avec autant de lucidité la perdition du continent Européen et de ses valeurs, lui qui a représenté le monde entier, le progrès, la liberté, et qui a développé les lumières, la philosophie, et tant d’autres choses encore, avant d’aller s’enfoncer dans des idéologies qui l’ont ruiné, et qui continue à ruiner ses esprits et son intelligence, et dont la spiritualité, si elle n’est pas morte, est dans un état déplorable.

            Il a parfaitement raison sur l’Union Européenne, le génie Européen est au-delà de cette petite magouille européiste et affairiste.

            Combien de temps encore les Européens supporteront ces chemins contre-nature ? Il leur faudra d’abord faire leur Révolution intellectuelle et spirituelle, et apprendre à raisonner. Décidément, comme l’écrivait Maurice Druon, la France est aux ordres du cadavre communiste ! et il bouge encore...

            Bill


            • armand armand 31 mai 2007 14:02

              Aucune grande puissance n’agit avec une pureté de motifs vérifiable. Il faut simplement se féliciter que le faisceau d’intérêts ait fait pencher les USA du côté des Alliés pendant la Guerre de 40. Depuis quelques années nous appliquons aveuglement (c’st le mot qu’il faut) la recommandation biblique au sujet de la paille et de la poutre. C’est le plus souvent un alibi à l’impuissance (si nous ne sommes pas parfaits, alors nous n’avons rien à dire, rien à reprendre et encore moins à intervenir contre quiconque !).


              • lolo 31 mai 2007 15:36

                Le Dantec a pété un cable !

                je suis pourtant fan de ses premiers bouquins (les racines du mal, quelle claque !)

                Mais malheureusement, le pauvre s est perdu en court de route ! je ne sais pas si c est a cause la coke mais ca nuit qd meme à son oeuvres

                quelqu un a reussi a lire « villa vortex » jusqu au bout ??

                bref, gros gachis ! le potentiel était énorme ! mais ses considérations psycho-religieuses ont tout réduis à néant !

                je me rappelle d ailleurs d une interviex de lui a une chaine quebecoise lors des émeutes en banlieue ! c etait pitoyable !!

                http://www.dailymotion.com/video/xksc_dantec-sur-les-emeutes


                • JEanlOu JEanlOu 31 mai 2007 16:10

                  Toutes les videos de Dantec sont pitoyables, il est inregardable. Il passe tres tres mal a la tele, a la radio c’est d’ailleurs la meme chose.

                  Ceci dit il reste lisible, juste et meme parfois attachant (sisisi) pour peut qu’on le lise et qu’on se donne la peine de tenter de le comprendre.


                • zOoO zO 31 mai 2007 19:27

                  En effet quand on tombe dans « les racines du mal » il est difficile de ressortir intact.

                  Ses romans suivants n’avaient pas la même puissance, et j’ai regretté d’avoir acheté le dernier, illisible à mi-chemin.

                  Dantec est complètement parti en vrille, il va lui être difficile de se redresser avant le crash.

                  Les deux premiers volumes du « théâtre des opérations » interpellent. Je ferais une tentative sur le volume 3.


                  • JEanlOu JEanlOu 31 mai 2007 21:12

                    Je suis en train de terminer Cosmos Incorporated, je saute en effet de nombreuses pages. Je vais terminer par pure application.

                    Plus ca va, plus ses romans sont illisibles en effet, mais ses TdO continuent d’interpeler.


                  • moebius 31 mai 2007 23:01

                    J’s’ai pas ! un peu dépassé... encore ça ! année 60, allez 70 !... revenir là dedans ! grace ! grace !...pitié ! pitié !... le Canada c’est un peu la Suisse ! non !... et ou sont « nos avant-garde » ?..tant aimé, lire ou relire Deleuze et Guattari plutot, bien meilleurs bon miam miam !


                    • JEanlOu JEanlOu 1er juin 2007 09:25

                      Vous dites : anti-islamisme primaire.

                      Qui ne l’est pas si ce n’est les Islamistes ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Islamisme

                      Erreur d’inattention je suppose.

                      JEanlOu


                    • Oliv’ 1er juin 2007 09:40

                      Comme d’autres ici j’ai aime les premiers livres de Dantec, puis ce fut la deception.

                      Je ne sais pas si l’auteur de cet article a fait expres de choisir ces citations, mais franchement si j’avais eu Dantec devant moi entrain de dire ca je lui aurais foutu des baffes. Ses pensees sont simplistes et partialles a souhait.

                      Il a du prendre l’acide de trop. Too bad.


                      • lolo 1er juin 2007 12:22

                        tu te trompes !!!

                        on critique la dérive du gars et une partie de son oeuvre mais pas tout !

                        « La sirene rouge » est pas mal pour un premier roman !

                        « les racines du mal », la 1ere partie est géniale, la suite est un peu moins bien (mais ttes les personnes que je connais qui l ont lu ne regrette pas de l avoir lu)

                        « babylon babies » est aussi sympa ! meme si il y a quelques passages superflus ou lourd ! l intrigue est vraiment pas mal !

                        en revanche, ensuite ca se gate !!

                        je ne donne pas d avis sur son « journal .... », je n en ai lu aucun !

                        voila, faut pas tout jeter, y a toujours quelques choses a prendre !


                      • caramico 2 juin 2007 11:18

                        Au risque de rater quelque chose, je ne donnerais pas un kopeck pour un bouquin de ce type qui crache sur son pays.

                        Ils y a d’autres oeuvres à découvrir, une vie ne suffit pas, donner du crédit à un taré haineux, non merci.


                        • Hugo Cornelius Toorop 5 juin 2007 13:54

                          Je suis attristé par le niveau proche du zéro absolu des commentaires postés au sujet d’un écrivain de la trempe de Maurice G. Dantec.

                          Cela étant, je comprends pourquoi ces zélés commentateurs avouent n’avoir pas dépassé les 100 premières pages de certains de ses livres : Ils ne sont tout simplement pas fait pour leur petit cortex atrophié, depuis longtemps formaté par la Matrice...

                          Ils ont des yeux mais ils ne voient pas...

                          De fait, je leur conseille de se replier sur la lecture de Marc Levy, grand penseur devant l’Eternel sans doute plus à la mesure de leurs capacités, et de ne surtout pas lire en septembre le prochain ouvrage de Maurice G. Dantec qui risque de heurter leur sensibilité.

                          Il est tout de même amusant de voir la réaction des petits français adeptes du « je sais tout mieux que tout le monde » et de l’exception culturelle à la française qui n’ont pas su voir qu’ils avaient en la personne de Maurice G. Dantec un écrivain hors norme...

                          Car paradoxalement ce sont les américains - que les français méprisent, entre autre, pour leur manque de culture et de finesse - qui, une fois n’est pas coutume, auront compris avant tout le monde et avec cet opportun sens de la clairvoyance qui les caractérise, l’essence même du phénomène créatif et narratif, passé, présent, et surtout à venir de l’écrivain. En effet, outre atlantique, Maurice G. Dantec est déjà considéré comme l’égal des plus grands (déjà comparé par son éditeur américain à Philip K. Dick, excusez du peu.)

                          Et paradoxalement, ce sont eux qui vont lui offrir le légitime statut de plus grand écrivain de langue française de ce début de 21ème siècle en le diffusant massivement dès 2008 sur tout le territoire nord américain, ce qui est extrêmement rare pour un écrivain français. Ce sont eux qui vont donner au génie la place que la France lui a refusé, au point que la souffrance de la voir si haineuse à son égard le fit s’exiler sur le seul territoire encore à sa mesure.

                          Dantec, premier dans son genre. Unique. Seul... Et aussi, probablement, ultime. Dernier représentant d’une espèce en voie d’extinction. Car ce monde qui fut le notre ne sera sans doute plus en mesure à l’avenir d’extraire un gramme de diamant brut de ce type du flot de charbon qu’il charrie en continue (il suffit de lire vos commentaires pour s’en convaincre...)

                          Non, il n’est probablement pas né, ni même conçu, et encore moins pensé, le prochain écrivain qui se hissera vers ces cimes où l’air est aussi rare que pur. Où l’ivresse de l’altitude, qui fait chanceler l’âme, en ferait presque oublier qu’un opaque voile est en train de recouvrir à une vitesse exponentielle le peu de lumière qui nous restait à voir.

                          Mais comme le savait Saint Jean :

                          "La lumière luit dans les ténèbres, Et les ténèbres ne l’ont pas saisi."

                          Hugo Cornelius Toorop

                          Membre Fondateur des Babylon Babies, communauté des lecteurs de Maurice G. Dantec

                          Bientôt sur tous les écrans : www.babylonbabies.org


                          • Merci à MGD d’essayer de reveiller enfin ce monde devant les problèmes qui nous attendent. Merci d’enrichir la littérature française par ces livres exceptionnels.

                            J’ai beau ne pas partager certaines idées de Dantec, je crois et je suis persuadé :
                            - qu’il est dommage de passer à côté de si bons livres
                            - que Maurice G. Dantec permet, aux gens qui le lisent, de prendre conscience des maux présents et à venir.

                            Enfin, quand on voit que malgré tout ce qu’il dit, à contre-courant, il reste une coqueluche littéraire des plus importantes, même de ses détracteurs, cela ne fait que prouver qu’il a un énorme talent. Pour ce que j’en ai lu, son dernier roman est vraiment le meilleur à mon gout et il m’a définitivement réconcilié avec une littérature moderne morne et vide.

                            A ceux qui ne l’ont pas lu et se fient à certains commentaires précédents, lisez-le et on en reparlera.

                            Big Doc, membre actif des Babylon Babies, la communauté des lecteurs de Maurice G. Dantec


                            • Festivus festivus hunter 5 juin 2007 15:57

                              « Le désert est un véritable stratège ». Certains d’entre vous se prennent-ils pour des grains de sable enrayant la machine ? Vous seriez plutôt des créatures du désert-machine.

                              Pour éviter qu’un roman comme « Cosmos incorporated » ne vous tombe des mains au bout de 100 pages, vous pouvez le poser sur un pupitre, le traduire en langage sms, faire tourner une pétition réclamant sa publication en six volumes, ou vous reporter sur le « mysticisme » de Paulo Coelho.

                              Quant à penser qu’il n’envisagerait « l’avenir qu’en regardant vers l’Ouest » géographique, cela devrait vous rassurer puisque le monde tourne encore.

                              Festivus festivus hunter

                              Membre fondateur des Babylon Babies, la communauté des lecteurs de Maurice G. Dantec


                              • idohateithere 5 juin 2007 16:07

                                Tristes lectures.

                                Je ne partage pas les points de vue de l’auteur de cet article et si certaines analysent me consternent il me semble qu’elles relèvent en majeure partie d’une mauvaise compréhension des opinions de Dantec. « Abscon » dîte-vous ? Il ne faut nullement oublier qu’American Black Box ne naît pas ex nihilo et qu’il est le prolongement naturel de ses précédents « journaux » mais aussi de lectures annexes. Intéressez vous à Jean Duns Scott, Nietzsche, Deleuze... et tout cela vous paraîtra plus clair.

                                Mais le plus affligeant dans l’histoire, c’est un certain nombre de commentaires haineux (et qui pourtant reprochent à Dantec sa « haine ») voire irrémédiablement stupides de personnes qui s’expriment sur ce sujet sans avoir lu l’ouvrage incriminé où qui sur la base d’un simple article décide de ne pas le lire. Terriblement symptomatique de notre société...

                                Cordialement

                                David F (membre actif des Babylon babies, la communauté des lecteurs de Maurice G Dantec)


                                • Oncle Sam 5 juin 2007 16:43

                                  Certains feraient mieux d’apprendre à lire avant d’écrire sur un auteur qu’ils n’ont pas lu ou pas compris. Dantec dérangera toujours la médiocrité des bêtes de troupeau heureuses de brouter car il est un homme libre donc dangereux, voire malade mental comme certains des plus grands écrivains d’Europe centrale et orientale au siècle passé selon le Parti. Imbéciles ! En lui crachant au visage votre mépris d’incultes désoeuvrés ne désirant ni culture ni oeuvre mais prêts à vous révolter sur ordre d’un syndicat ou d’une organisation terroriste pourvu qu’elle tue des occidentaux et des juifs vous démontrer votre statut de robots bien programmés. Androïdes de tous les pays, débranchez-vous !

                                  Oncle Sam, membre actif de la communauté des lecteurs de Maurice Dantec


                                  • _Lylith_ 5 juin 2007 21:22

                                    Dans le panorama de la littérature actuelle française, Dantec est assurément le plus grand de nos écrivains. Comment des gens qui n’ont pas étés capables d’en lire une seule oeuvre entière peuvent-t-ils oser émettre un jugement ? Le dernier paragraphe de l’article est pourtant clair : <> Sachez l’entendre !

                                    _Lylith_, membre active de la communauté des lecteurs de Maurice G Dantec


                                    • _Lylith_ 5 juin 2007 21:29

                                      je reprends mon commentaire coupé à moitié : Dans le panorama de la littérature actuelle française, Dantec est assurément le plus grand de nos écrivains. Comment des gens qui n’ont pas étés capables d’en lire une seule oeuvre entière peuvent-t-ils oser émettre un jugement ? Le dernier paragraphe de l’article est pourtant clair : « En tout cas sa théorie du déclin de l’Occident n’a rien à voir avec la manie des bobos gauchisants qui ressassent avec délectation la faillite inéluctable du modèle capitaliste incarné par l’Amérique. Elle est l’expression de convictions sincères et d’une réelle angoisse. Il n’a rien d’un extrémiste, ni d’un fanatique. Son apocalypse est aussi une supplique, un appel désespéré, le cri du naufragé sur le radeau de la Méduse. Il faut savoir l’entendre... »

                                      Sachez l’entendre !

                                      _Lylith_ , membre active de la communauté des lecteurs de Maurice G Dantec


                                      • Artaxerxes 6 juin 2007 15:22

                                        Pour ceux qui ont laissé tomber COSMOS INCORPORATED après les premières pages, pas de bol, c’est là que le bouquin commence à devenir passionnant. Pour le reste, Dantec a confirmé les craintes que moi (et beaucoup d’autres) avaient pressenti sur l’avenir du monde. Certes, Dantec peut se tromper, se fourvoyer, mais il a au moins le mérite de réfléchir à un avenir viable pour l’humanité, qui si j’en crois certains, ne le mérite vraiment pas, mais pouvait-on encore en douter ? Pour l’accuser de racisme et de fascisme, il faut être illettré, inconscient, ou déjà mort. Après, sur la forme,on aime ou on n’aime pas, mais là encore, je peux comprendre les fans de Marc Lévy ou de Virginie Despentes. Au risque de faire fausse route, Dantec prend des risques, et même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui, j’accompagne son combat, car si Dantec est mauvais et dangereux, ce qu’il dénonce est bien pire, car sournois et tel « Satan déguisé en être de lumière ». Artaxerxès, membre activiste passif des Babylon Babies


                                      • Aurélien Lemant 8 juin 2007 17:43

                                        Maurice Dantec n’a nul besoin de nous pour le défendre. Il est le poison et l’antidote, la maladie et le remède, le virus et son vaccin. On n’écrit bien que du fond d’une prison, écrit Dostoievski, tant cité par Dantec. Dantec qui, lui, nous faxe ses chefs-d’oeuvre depuis l’asile, à cette nuance près que c’est nous les enfermés, et lui le directeur de l’établissement, qui nous referme la porte sur notre propre nihilisme, pour mieux nous inciter, nous exhorter, à l’extraction, l’insurrection (contre nous), la résurrection. Dantec n’a pas « mal tourné ». Il s’est réveillé, puis s’est dressé, là où gisaient nos fantômes. Pierre Chaleix dit d’Artaud « La contradiction est normale chez un individu - c’est elle qui signale en lui la persistance d’un équilibre mental. » C’est ici que nous devrions commencer à avoir peur. Car, à y lire de très près... Maurice Dantec est d’une terrifiante cohérence.

                                        Aurélien Lemant, membre de la Communauté des lecteurs de Maurice Dantec... pour des raisons explicites.


                                      • Frank Castle 8 juin 2007 22:43

                                        Dantec n’a pas besoin qu’on le défende, en effet. En un sens, c’est lui qui nous défend. Un écrivain en lutte, un homme qui se bat pour la vérité et la liberté, inconciliables semble-t-il dans cette Vallée de la Mort. Parmi ses nombreux détracteurs, il est ceux qui n’ont jamais ouvert un seul de ces livres, allergiques qu’ils sont aux sciences, aux philosophies, aux nouvelles technologies comme aux textes sacrés, aux littératures puissantes et racées, aux haîku punks et aux haschisch US. Dans Son infinie sagesse, The Maker leur aura offert un embryon de cortex pour que ceux-là « comprennent », à défaut de parfaitement SAISIR, grâce aux quatrièmes de couverture et aux Inrockuptibles, que la Littérature n’est pas pour eux. On en rencontre, hélas ! sur ce site. Il est ceux qui essaient, au moins, de le lire, ceux qui s’efforcent même de le comprendre, afin de pouvoir être en mesure de ne pas être d’accord avec lui - c’est plus que légitime, et même bienvenu, encore faut-il s’en donner intellectuellement les moyens. Cela semble particulièrement difficultueux pour certains. Traduction pour ceux-là, ceux qui ont besoin des Inrocks : smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley et :-0


                                        • Joejane 10 juin 2007 18:37

                                          Par un hasard curieux, j’avais moi aussi simultanément sur ma table de chevet « L’homme révolté » et « American black box », lors de sa sortie. « Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir », dit le proverbe. Dantec utilise la provocation, soit, c’est une méthode qui est malheureusement obligatoire dans le système médiatique actuel. Il faut savoir décrypter, quand on écrit des articles aussi long que le votre, et étayer son propos avec un peu d’honneteté intellectuelle. Le dernier chapitre est encourageant, je vais vous fournir de quoi étayer votre reflexion.

                                          Tout d’abord, concernant le traité européen, je vous renvoie au passage chez FOG de Dantec et Bayrou, qui ont eu quelques échanges très courtois bien qu’étant tous deux sur la défensive. Je ne rappelerai que ceci, le traité rejeté commençait par « Nous, le roi des belges ... » et était particulièrement imcompréhensible et inapplicable du fait de sa lourdeur. Les deux intervenants étaient d’accord pour demander un texte plus simple, à l’image de la constitution américaine, commençant par « Nous, le peuple ... ». Il est évident que cela serait plus fédérateur. Et que fait notre président « neuf » en ce moment ?

                                          D’autre part, je vous renvoie à la « confrontation » chez Ardisson de Dantec et Chebel, (allez donc voir sur « you tube »), quiconque sait décrypter une image (« Vie et mort de l’image, une histoire du regard en occident », Regis Debray) comprendra ce qui se passe en direct sur une chaine hertzienne publique. On perturbe la forme du discours pour chercher à en altérer le fond. Idem sur les forums du web. Vous trouverez des illuminés décréter que Dantec est « raciste », « haineux », et qu’il veut « la mort de tous les musulmans ». C’est une distortion grave de son discours. Je vous renvoie au passage ardissonien de Chebel, « Il y a 1 milliard de musulman, et 99% sont des gens pacifiques ». Dantec est d’accord, il leur demande juste de rejeter les 1% qui font le plus de tort à leur foi, en provoquant des évènements qui vont causer des « dommages collateraux » dont les victimes seront comme toujours, des innocents.

                                          L’oeuvre de Dantec est prophétique, la question n’est pas de savoir si elle est prémonitoire, mais ce que l’on fait de ce « champ des possibles ». Est on condamné à suivre la « voie du lemming », ou peut on essayer la « philosophie de l’abeille » ? Comment protéger la démocratie de la démocratie ? Comment peut-on limiter la casse ? Je vous renvoie à Asimov, « Fondation ». Les visions de Dantec, son intuition, donne des clefs à ceux qui veulent bien se donner la peine de faire un effort pour les décrypter.

                                          Bien à vous,

                                          JJ

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