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Aujourd’hui, on insiste plus sur la compréhension que sur le savoir !

Fini le « par coeur » ! C’est ainsi que David Pujadas présente un des titres du journal de 20 heures sur France 2 le mercredi 20 juin…. phrase qui peut en étonner certains. La mémorisation n’a-t-elle pas aussi, parfois, son utilité ? Il est vrai que la pédagogie transmise par les inspecteurs de l’Education nationale, ces dernières années insistait bien sur l’idée de compréhension et même de découverte, les élèves étant invités à découvrir par eux-mêmes une forme de connaissance, de savoir, mais on a bien vu les limites de cette pédagogie : baisse du niveau en orthographe, en grammaire.

Comment comprendre sans avoir en sa possession les outils du savoir ? Comment peut-on vouloir séparer compréhension et acquisition de la culture ? Par exemple, si l’élève n’a pas une idée précise du contexte historique et littéraire dans lequel a été écrite une œuvre, comment peut-il l’analyser, la comprendre ?

Il n’est pas question, bien sûr,d’apprendre tout par cœur, comme on le faisait au Moyen âge selon la méthode scolastique, mais il faut, malgré tout, en passer par l’acquisition des connaissances pour pouvoir appréhender une œuvre, un auteur. Sans un savoir de base, on ne peut pas comprendre .

« Savoir par cœur n’est pas savoir » disait fort justement Montaigne grand humaniste du 16ème siècle dans les Essais, mais Rabelais insistait déjà aussi sur l’importance de la culture associée à une bonne compréhension de l’élève.

Il est vrai que l’arrivée d’internet a tout bouleversé : désormais, il est facile de trouver rapidement n’importe quelle référence, n’importe quelle date, n’importe quel renseignement sur toutes sortes de sujets mais pour autant peut on se passer de mémoriser ? On en vient à privilégier la compréhension et l’analyse et notre mémoire devient celle de l’ordinateur !

N’est-ce pas là un danger ? Il faut conserver une part de mémorisation : bien évidemment apprendre par cœur des dates n’a pas grand intérêt, en revanche, il semble utile de retenir quelques événements historiques, de les situer globalement dans le temps, il est nécessaire de connaître quelques poèmes de grands auteurs.

Entretenir sa mémoire, c’est aussi cultiver son esprit.

D’ailleurs le reportage de France 2 se conclut sur cette idée qui paraît frappée au coin du bon sens : il faut avoir appris et compris !

Le témoignage d’une élève qui applique cette méthode, qui rédige elle-même des fiches de synthèse à partir des cours de son professeur vient conforter cette association indispensable du savoir et de la compréhension.

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36 réactions à cet article    


  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 21 juin 2012 13:46
    «  Montaigne, pourtant le premier à dénigrer les »têtes bien pleines«  »

    Ce n’est pas aussi simple ; la préférence pour la tête plutôt bien faite que bien pleine est exprimée à l’occasion du choix d’un précepteur :

    « Je voudrois aussi qu’on fut soigneux de luy choisir un conducteur qui eust plustost la teste bien faicte que bien pleine, et qu’on y requit tous les deux, mais plus les meurs et l’entendement que la science ; et qu’il se conduisist en sa charge d’une nouvelle maniere. » (Essais, I, xxvi)

  • kemilein 21 juin 2012 14:44

    la méthode du par coeur n’a rien avoir avec une sorte de mysticisme du « par coeur »
    c’est en réalité un apprentissage mimétique-répétition, faire en boucle la même chose, comme un travailleur a la chaîne.

    cette soit disant méthode n’a jamais fonctionné avec moi, peut être répéter en boucle les même idiotie ne m’a jamais inspiré ni contenter. peut être est-ce cela, aussi, qui me fait m’interroger sur la répétition absurde des schémas sociaux (on fait des enfants parce que tout le monde en fait, on accepte la domination parce que tout le monde l’accepte) peut être est-ce aussi due au fait qu’apprendre pour apprendre est un leurre, puisqu’on est tous condamné a mourir ? sauf s’il on comprend que c’est a peut près tout ce qu’offre la vie...

    j’ai eu du mal, normal, les questions ne sont pas au programme de l’école, seulement du conditionnement prémâché.
    vous voulez qu’on apprenne du par coeur ? c’est a dire ? une langue et son orthographe ? donnez m’en l’utilité ? (je ne nie pas l’utilité, je demande a ce qu’on la démontre a un gamin de 12 ans).
    êtes vous sur que ce que vous enseignez soit vrai ? j’ai toujours eu d’énorme doute pour l’histoire (plus encore puisque je n’étais pas là lorsque ça arriva, et qu’on pourrait bien me raconter rien que des histoires qui ne furent jamais réelles)

    j’apprends quand je comprend, les maths furent odieuses jusqu’à ce que j’ouvre un bête livre qui ne se contentait pourtant que de montrer l’évidence, les maths son logique mais leurs symboles arbitraires de même que la forme des équations F(x) ne veut rien dire, sauf le sens qu’on lui donne et tout ce qui importe est « x »

    je ne pense pas qu’avaler tout rond les conneries professées de par le monde, ainsi que perpétuer stupidement des comportements ineptes de nos aïeux soit la meilleur méthode pour instruire.
    les études montre qu’on apprend mieux quand on est enfant ? alors je le suis toujours... pourquoi ? peut être car étant enfant je n’ai pas appris, mais j’ai cultivé ma curiosité mon esprit inventif et créatif et surtout le doute de tout. (mon seul handicape semble être linguistique, probleme en français, allemand et en anglais)


  • rosemar rosemar 21 juin 2012 15:38

    Bonjour Mazurka 

    et merci pour ce témoignage intéressant :je crois aussi que la mémorisation est nécessaire et capitale :elle a été trop souvent négligée dans l’enseignement ,il faut revenir à des apprentissages essentiels ....

  • rosemar rosemar 21 juin 2012 15:43

    Merci pour cette précision ,senatus populusque


    Montaigne est bien un humaniste et ,pour lui,la formation doit aussi passer par des connaissances multiples :latin ,grec ,sciences etc.

  • amiaplacidus amiaplacidus 22 juin 2012 07:14

    « Et actuellement, jeune enseignante, j’insiste beaucoup sur le par cœur ».

    En ce qui me concerne, vieil enseignant à la retraite, je me suis toujours opposé au « par cœur ».

    C’est ainsi que mes étudiants, lors des examens, y compris les oraux, avaient toujours droit à toute la documentation qu’ils souhaitaient.

    Au départ, ils étaient ravis, mais, lors du rendu des résultats, il y en avaient passablement qui déchantaient, tant il est plus difficile de savoir faire que que, simplement, savoir.

    Je ne pensent pas que l’ambition d’un enseignant soit de fabriquer des perroquets qui recrachent ce qu’ils ont appris. Il faut, au contraire, des gens capables de réfléchir, capables de prendre à bras le corps un problème nouveau en s’appuyant sur ce qu’ils ont compris de la matière.

    Les ânes savants, gavés de « par cœur », n’ont plus trop de place dans le monde moderne.


  • rosemar rosemar 22 juin 2012 10:06

    Bonjour amiaplacidus 

    il ne s’agit pas ,bien sûr ,de faire des élèves des perroquets :il leur faut apprendre des bases ,et même en orthographe, pour qu’ils puissent s’en servir ensuite.....
    Il faut associer apprentissage et compréhension....

  • etonne 21 juin 2012 10:36

    J’ai eu la chance, de par mes fonctions, de rencontrer ce que l’on appelle des « grosses pointures » de la science : 2 en biologie, 3 en mathématiques, 1 en informatique et un philosophe.

    L’échantillon est faible, les extrapolations risquées, mais ils avaient en commun :
    1) une capacité à mémoriser phénoménale,
    2) une connaissance « encyclopédique » associée à une connaissance intime de de leur domaine et de son histoire, 
    3) Une imagination et une capacité d’association des connaissances impressionnante
    4) Et cerise sur le gâteau une approche logique imparable

    l’un d’eux disait que sans la mémoire et la logique, il ne serait rien. Et je veux bien le croire.

    très petite pointure alias M. Etonne


    • AntoineR 21 juin 2012 11:51

      C’est intéressant et je suis assez d’accord avec votre analyse sur les grosses pointures.
      Mais l’éducation nationale n’est pas là pour ne créer que des « grosses pointures ». Je pense d’ailleurs que les grosse pointures deviendraient des grosses pointures dans n’importequel système d’éducation (question de potentiel, de motivation, d’environnement proche....mais très peu de scolarité).

      Je pense quun bon système éducatif ne doit pas opposer la mémoire à la logique ou la compréhension au savoir,.... Un bon système éducatif doit valoriser les deux mais aussi la créativité et l’esprit critique trop souvent oubliés (y compris dans cet article et y compris par les grosses pointures).

      Les système d’éducation basés sur le « par coeur » ont généré un grand nombre de gens idiots mais capable de vous citer un nombre impressionnant de dates de l’histoire de France et d’écrire des grands textes sans aucun intérêts mais SANS faute d’orthographe. Le seul intérêt de ce type d’éducation est d’avoir un grand nombre de personne polies et disciplinées et donc d’avoir une société tranquille et sécure (c’est déjà pas mal...).

      Le système actuel, quant à lui, génère des armées de jeunes incultes mais tout aussi idiot car entre temps la société a réellement changé. Un système éducatif basé sur la compréhension et la découverte aurait pu être intéressant il y a 30 ou 40 ans. Car à cette époque, il y avait des parents responsables, il n’y avait pas encore TF1, facebook et tweeter pour détruire le soir ce que l’école a construit le matin.

      Je n’ai pas de conclusion à mon message. Il est évident qu’il ne faut pas réagir de façon manichéenne. Il faut un minimum de savoir, de logique,... on ne peut pas tout miser sur un seul de ces segments d’un tête bien faite. Mais je ne pense pas que le problême soit réellement là. La société se médiocrise (ça se dit ce mot ?) et la première des causes n’est pas l’éduc nat. 

      Le fait de tout miser sur la recherche du profit peut-être ?

      Avez-vous demandé à vos « grosses pointures » si l’appât du gain était quelquechose d’important pour eux ? Je pense que non. A vrai dire, j’en suis même persuadé.
      A+
       


    • etonne 21 juin 2012 13:54

      Bonjour AntoineR,

      Je suis tout à fait d’accord avec votre commentaire.

      "Je pense qu’un bon système éducatif ne doit pas opposer la mémoire à la logique ou la compréhension au savoir,.... Un bon système éducatif doit valoriser les deux mais aussi la créativité et l’esprit critique trop souvent oubliés (y compris dans cet article et y compris par les grosses pointures).« 
      La encore vous avez raison. Les enfants qui ont la chance d’évoluer dans un cocon bien fait y sont éduqués globalement selon ce mode. Il faudrait convaincre les décideurs de le généraliser. Je crains qu’ils ne le fassent jamais, car le peuple pourrait devenir ingouvernable !

      Pour répondre à votre question sur l’appât du gain de mes 6 »grosses pointures" : C’était pour eux le dernier de leurs soucis. Pour la petite histoire, 2 d’entre eux n’avaient jamais voyagé par le train en première classe !


    • rosemar rosemar 21 juin 2012 15:49

      Bonjour AntoineR

      il faut valoriser les deux et développer aussi ,bien sûr ,l’esprit critique:tout cela constitue un ensemble ....Ceci dit ,on a eu tendance ces dernières années à négliger ,voire mépriser la mémorisation:elle est nécessaire...

    • noodles 21 juin 2012 11:23

      Les questions « Pourquoi ? » et « Comment ? » sont au seuil de l’éveil de l’intérêt humain, les jeunes et les élèves inclus.

      Quand l’intérêt est suscité, la partie est pour ainsi dire gagnée, à condition qu’on ne soit pas devenu, par habitude, un paresseux achevé.

      Il en va déjà du recours (adultes inclus ) à la calculatrice et du refus d’approfondir le sens profond d’une fable du bon La Fontaine à apprendre par coeur.

      A cet égard je trouve que les enseignants et les familles ont devant eux un sacré boulot !  smiley

       


      • kemilein 21 juin 2012 15:14

        «  »d’approfondir le sens profond d’une fable du bon La Fontaine à apprendre par coeur.«  »

        et moi j’ai jamais compris qu’un prof se permette de dire « tel artiste a voulu dire ça dans cette peinture / dans ce texte »
        nah parce que moi je dessine un arbre parce que sur le coup je trouve ca joli, ça n’a pas forcément de contenu politique (en fait si, car si tu le trouve joli c’est peut être par comparaison de la laideur qui t’entoure et donc te fait penser a une remise question de certaine chose, bla bla bla)

        faut faire attention a la sur-explication, car parfois il n’y a aucune idée, aucun sens caché. (je parlais pas de la fontaine)


      • rosemar rosemar 21 juin 2012 18:44

        Bonjour kemilein

        mais les fables de La Fontaine ne sont pas si faciles :le vocabulaire ,la langue du 17 ème siècle demandent d’être expliqués pour une bonne compréhension...

      • rosemar rosemar 21 juin 2012 20:42

        Bonsoir noodles 

        susciter l’intérêt des élèves est ,certes ,important mais il faut aussi que les élèves perçoivent bien toute l’importance de l’apprentissage ,il faut que les parents aussi participent en leur montrant que les études sont capitales pour leur avenir ....
        Très bonne soirée à tous

      • antonio 21 juin 2012 11:36

        Bonjour Rosemar,
        Encore une idée simpliste de plus qui fait florès en ces temps actuels où sont dénigrés sans cesse l’effort et le travail...
        Que je sache, les comédiens, les chanteurs lyriques apprennent leur texte par coeur...
        Les médecins, les pharmaciens ne sont-ils pas tenus, au cours de leurs études d’apprendre et de retenir parfaitement tout ce qui concerne l’anatomie humaine  ? Au moment d’opérer, il ne s’agit pas de se demander si le coeur est à gauche ou à droite et où se trouve placée la vésicule ( exemples volontairement caricaturaux) ?...

        Le « par coeur » permet de « libérer » l’intelligence au service de la réflexion, de la créativité.

        J’ai comme beaucoup, appris par coeur la liste des verbes irréguliers anglais et cela m’a bien
        rendu service...

        Le « par coeur » permet aux poèmes appris durant l’enfance de « chanter » encore longtemps dans notre mémoire, de nous apporter réconfort et soutien parfois...et, au moins, par leur
        « belle langue » de faire un peu barrage au laisser-aller contemporain qui par sa généralisation
        appauvrit la pensée, la réflexion et l’esprit critique.


        • rosemar rosemar 21 juin 2012 18:46

          Bonsoir antonio 

          je pense aussi que le « par coeur » a encore sa place mais ,bien sûr ,il faut aussi expliquer un texte avant de le faire apprendre aux élèves...

        • Tristan Valmour 21 juin 2012 11:40

          Salut

           

          Quelques faits scientifiques sur le fonctionnement du cerveau

           

          1. Les amygdales surveillent en permanence se passent dans notre corps comme à l’extérieur, ceci afin de nous préparer à fuir le danger ou à l’affronter. Dans la plupart des classes, le danger n’est pas physique mais il est tout de même perçu comme un danger. Ce peut être une remarque désobligeante du professeur, des camarades… S’il y a danger, on se trouve en situation de stress, le stress étant une défense de l’organisme pour pouvoir s’adapter à la situation. Mais le stress intense paralyse les fonctions cognitives supérieures. Ce n’est pas l’intensité du danger qui agit sur l’intensité du stress, mais la perception du danger. Autrement dit, ce qui peut n’être pas dangereux pour l’un peut l’être pour l’autre.

           

          2. Toutes les données perçues par l’un de nos sens ne sont en réalité que des bits qui s’accumulent, et c’est leur somme qui fait sens. En fait, on peut dire que nous recréons dans la partie intégratrice de notre cerveau les objets perçus. D’ailleurs, si je vous regarde, je vais surtout percevoir vos yeux, votre nez, votre bouche, la partie droite de votre visage, puis quelques points de la partie gauche de votre visage. Tout le reste, je vais le reconstituer par symétrie. À partir du moment où la perception de l’environnement ne conduit pas à s’en faire une représentation exacte il y a déjà un premier problème dans l’encodage des données. J’ai cru que… Et je mémorise ce que j’ai cru que… Problèmes dans l’encodage des données magnifiés si la boucle phonologique ou le calepin visuospatial sont saturés d’informations. Par exemple, s’il y a du bruit dans la classe, plusieurs personnes parlent même en chuchotant, si la lumière n’est pas régulière (problème avec les néons), on se lève…

           

          3. Les neurones du cortex sensoriel sont myélinisés et le chemin des informations sensorielles est simple. Pour affronter le danger, donc préserver l’espèce humaine, nous avons besoin de prendre rapidement des informations dans notre environnement. Ceci explique cela. Mais voilà, cela ne fait guère que 80 000 ans que nous sommes «  intelligents ». De plus, ni le savoir ni la connaissance se transmette génétiquement, car notre patrimoine génétique tient sur un CD de 750 Mb, alors qu’un film tient sur un DVD de plusieurs gigabits. Nous devons donc apprendre. Et comme la plupart des neurones dédiés à la mémorisation et à la réflexion ne sont pas myélinisés, et que d’autre part les chemins que prennent les informations (ce que nous apprenons) sont encombrés et plus longs, nous prenons du temps pour comprendre et mémoriser. On comprend bien que si on bachote, les informations arrivent trop rapidement, elles n’ont pas le temps d’être intégrées aux informations que nous avons mémorisées, et nous ne percevons pas l’unité nécessaire à la compréhension. Comprendre requiert beaucoup de temps, parfois des dizaines d’années. Ce n’est pas parce que nous avons mémorisé que nous avons compris. Et pour vous faire comprendre tout cela, j’ai dû dicter plusieurs paragraphes plutôt que de donner la réponse directement. C’est lorsque nous percevons l’unité que nous pouvons affirmer que l’on connaît. Autrement, nous n’avons que des données, des informations. Et comme nous sommes tous différents, que nous avons une histoire propre, qui commence dans l’utérus de notre mère (parce que notre père n’en a pas, hahaha, on peut être sérieux et rigoler en même temps, ainsi on mémorise mieux), une histoire qui commence par la perception de la voix de nos parents, par un certain nombre de mots répétés, comme « mon beau bébé », on va naître avec certaines connaissances sur lesquels vont se greffer toutes les données futures perçues dans l’environnement. Chacun de nous est unique, même les jumeaux, même les clones. Nous interprétons en permanence, de la perception à la compréhension.

           

          4. Les mémoires à long terme (épisodique, procédurale…) ne conservent pas fidèlement les informations acquises dans l’environnement du sujet. En fait, nous les reconstituons, autrement il nous serait très difficile d’être créatif. Également, pour le mot « abeilles » par exemple, nous stockons les lettres quelque part, le son à un autre endroit, le sens à un autre endroit, tous les épisodes que nous avons vécus liés aux abeilles encore un autre endroit… Et après, si je dois commenter un texte sur les abeilles, ou résoudre un exercice de biologie sur les abeilles, je dois aller chercher ici ou la tout ce que je sais sur elles. En plus, il m’arrive beaucoup d’autres choses en même temps, ou mon regard se porte sur la jolie camarade à côté de moi, et dans ce cas, ce n’est plus ma tête qui pense. C’est ainsi que ça se passe.

           

          5. Ce n’est pas parce que ma réponse ne correspond pas à la question que je n’ai pas compris. Plusieurs problèmes peuvent se poser. D’abord, la question a été mal formulée, et cela arrive très souvent dans les contrôles, y compris au bac, y compris en licence… Ensuite, mon cortex frontal et mon système limbique entre en conflit : le premier me dit que j’ai la bonne réponse, mais le plus souvent cette seconde commande, et il me dit avoir le sentiment que c’est trop facile, aussi faut-il l’abandonner. Alors j’en donne une autre. Également, je n’arrive pas à accéder aux informations au moment où j’en ai besoin (là encore, il existe plusieurs raisons, comme un problème avec le buffer épisodique). Aucun contrôle, aucun devoir, aucun test, de quelque nature que ce soit n’évalue les informations, le savoir, les connaissances dont dispose un sujet. Ils évaluent la capacité à interpréter correctement un énoncé comme la capacité à accéder à tout ce qui est stocké au moment où on a besoin. Ce qui explique qu’une fois sorti de la salle d’examen on se dise bon sang mais c’est bien sûr.

           

          6. Je ne vous connais pas Rosemar, mais vous m’avez livré des informations sur vous. J’ai des données, mais je ne  vous connais pas. Pour les étudiants et les élèves, c’est la même chose. La plupart d’entre eux n’est pas capable d’expliquer et d’utiliser ce qu’ils sont censés avoir appris dans un contexte différent. Si beaucoup savoir n’est pas pensé, il faut encore moins confondre savoir, information et connaissance.

           

          7. Ce n’est pas parce que je n’ai pas pu répondre à une question que je ne connais pas la réponse. De la même façon ce n’est pas par ce que j’ai répondu correctement à une question que je connaissais la réponse, et c’est également le cas si on résout un exercice de mathématiques. En effet, nos supercalculateurs ne sont pas placés dans notre cerveau au même endroit que ce qui nous permet de comprendre. Voilà pourquoi, il faut pouvoir comparer des données en même temps que résoudre une équation. On peut par exemple demander à résoudre 4 plus 3, mais aussi demander si 7 plus  6 est inférieur ou supérieur à 12 ou 14. Et c’est là que l’équation fait sens.

           

          8. Comme pour accéder à la connaissance, j’ai besoin de comparer, il me faut des balises de comparaison, soit des données stables et objectives sur lesquelles m’appuyer. Voilà pourquoi il faut mémoriser certaines choses, comme les tables de multiplication, des dates, des éléments biographiques… Mais on ne mémorise pas par répétition, c’est inutile est contre-productif, même pour mémoriser un poème ; il faut créer dans notre cerveau différents chemins pour avoir plus facilement accès à ce que nous savons au moment où on a besoin. Et il existe de nombreuses façons d’y parvenir.

           

          J’ai été long, il peut y avoir des fautes d’orthographe, je n’ai pas le temps de me relire, mais tout ceci était bien nécessaire pour comprendre :

          -il faut mémoriser certaines choses

          -et accéder à la compréhension de la plupart des autres

           

           


          • rosemar rosemar 21 juin 2012 21:05

            Merci Tristan

            pour toutes ces précisions scientifiques !

          • brieli67 22 juin 2012 00:24

            Scientifique le Valmour....... 

            ça date un peu reptilien contre les reste du Cortex

            Il devrait se recycler un peu notre entrepreneur expatrié libéral. 

            Positif : l’enseignant doit sortir de son cocon le jour venu.


          • Le Grunge Le Grunge 21 juin 2012 13:30

            celui qui ne connait pas certaine choses par coeur ne peut pas par la suite s’en servir pour mieux comprendre le reste, sincèrement je pense que cette attitude a pour but de produire de future masse laborieuse qui sans internet ne sauront rien et ne pourrons pas faire de lien entre les informations. Merci pour cet article.


            • Scual 21 juin 2012 13:43

              Comprendre permet d’obéir.

              Savoir permet de diriger.

              Nous abrutir permet de nous soumettre.


              • kemilein 22 juin 2012 02:42

                c’est parce que je comprend comment le monde marche que justement je me refuse a m’y soumettre, quand croire en Dieu permet de dominer sans difficulté.

                le savoir n’est pas que source de domination, même s’il le permet.

                rendre les gens stupide et idiot et abruti est égale a la religion, ca permet un contrôle simple et efficace.

                mais je récuse fortement le point 1 sur la compréhension, comprendre me libère, au contraire de suivre d’obscure vérités tombées de nul part (Dieu, Main-invisible)


              • Scual 22 juin 2012 13:21

                En vérité on ne peut rien comprendre sans le savoir. RIEN.

                Comprendre permet d’obéir à un ordre. Rien de plus. Aussi puissantes soient nos capacités de compréhension, nous ne comprenons rien sans le savoir nécessaire à cette compréhension.

                Par exemple si on nous dit qu’il faut laisser le plus d’argent possible aux patrons et aux actionnaire pour qu’ils investissent, on comprends... c’est quand on sait qu’en réalité ça fait des années qu’on leur en laisse de plus en plus et qu’ils investissent de moins en moins, alors tout d’un coup le savoir nous a permis de mieux comprendre.


              • rosemar rosemar 22 juin 2012 13:47

                Bonjour Scual

                merci pour cet exemple tout à fait adapté...

              • kemilein 23 juin 2012 01:48

                nan c’est une fausse distinction car on ne sait que ce qu’on comprend et ce qu’on comprend on le sait, le processus mêne a son aboutissement.
                quand j’expérimente l’inconnu je découvre et dispose d’un fragment de « savoir » que je comprend du fait de mon expérimentation

                et je réfute votre exemple, car savoir qu’il ne réinvestissent ne suffit pas, comprendre que (de surcroit) les mécanismes sont truqués a plus de poids.


              • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 21 juin 2012 13:52

                « On lui répétait les leçons du jour d’avant. Lui-même [Gargantua] les disait par cœur, et y fondait quelques cas pratiques et concernant l’état humain ». (Rabelais, Gargantua, chapitre XXIII) 


                • ottomatic 21 juin 2012 14:17

                  Bref, la destruction du peu qui reste du système scolaire...


                  • rosemar rosemar 21 juin 2012 23:07

                    Bonsoir ottomatic 

                    je crois qu’il ne faut négliger ni les connaissances ,ni la compréhension ....
                    Et refuser « le par coeur » est une erreur ; :il faut apprendre intelligemment bien sûr ,en comprenant...

                  • ricoxy ricoxy 21 juin 2012 15:41

                    Avant, il n’y avait pas de dictionnaire, et l’on était bien obligé d’apprendre par cœur ; on avait recours à des techniques mnémotechniques (Napoléon et ses « tiroirs », les différents « lieux » de la mémoire, où l’on rangeait les informations en suivant l’agencement des différentes pièces d’une maison etc.)

                    Et que penser de Mozart qui, selon l’anecdote, retranscrivit note pour note et de mémoire le Stabat Mater de Pergolèse qu’il venait d’entendre ?

                    La mémoire fait partie intégrante de l’intelligence.


                    • rosemar rosemar 21 juin 2012 18:49

                      bonsoir ricoxy 

                      je pense aussi qu’il faut entretenir la mémoire en la faisant fonctionner...

                    • ricoxy ricoxy 21 juin 2012 21:52

                      Oui, il faut entraîner la mémoire comme un muscle ; c’est pour cela qu’en entrant dans une pièce inconnue, j’essaye de mémoriser les différents éléments ; quand je conduis, j’ai le réflexe de mémoriser (momentanément) l’immatriculation de la voiture devant et derrière moi ; quand je rencontre quelqu’un, j’essaye de mémoriser son physique, sa façon de s’habiller, de parler etc. etc. etc.

                      Ces exercices, qui peuvent paraître artificiels ou fastidieux, deviennent assez vite un réflexe.Il y a aussi diverses sortes de mémoire : visuelle, auditive, olfactive (essayer de reconstituer un parfum, une odeur), sensitive, abstraite ... Toutes ces mémoires se cultivent.


                    • rosemar rosemar 21 juin 2012 22:31

                      oui ricoxy 

                      merci de rappeler toutes ces mémoires :la mémoire olfactive étant ,sans doute ,la plus difficile à exercer ,mais il est bon de s’y entraîner...
                      Très bonne soirée

                    •  C BARRATIER C BARRATIER 21 juin 2012 19:18

                      Bien sûr qu chacun saura toujours des choses par coeur, l’apprentissage et la restitution d’un texte jouent leur rôle dans le développement de l’intelligence. Mais la culture du raisonnement, de la compréhension, de l’esprit critique, sont encore plus importants. On voit l’écroulement de l’intelligence de base chez les algériens formés au seul par coeur des écoles coraniques par des ignorants. Une regression terrible ces dernières années.

                      Internet ne permet pas seul la structuration du savoir, le rôle du professeur est capital. J’ai expérimenté les méthodes actives qui supposent toujours une forte activité de l’apprenant.
                      Voir dans ma table des news :

                      « Pédagogie et méthodes actives, le lycée de demain ? »

                       http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=198


                      • rosemar rosemar 21 juin 2012 23:04

                        Bonsoir C.BARRATIER

                        bien sûr ,se contenter du « par coeur » est une dégradation de l’intelligence ...il faut absolument associer compréhension et mémorisation ...
                        Merci pour le lien

                      • brieli67 22 juin 2012 13:20

                        Honte aux Enseignants aux Parents d’élèves
                         qui organisaient la vente des manuels d’occasion bien avant la fin de l’année :

                        Malet et Isaac

                        Lagarde et Michard

                        etc etc

                        de bels ouvrages , départ d’une base de données à compléter à corriger toute sa vie !

                        Aux enseignants aussi d’instaurer des séances « rappels et compléments » sur des matières enseignées les années précédantes
                        ce qui se fait très souvent dans les travaux dirigés de l’Enseignement Universitaire dit Supérieur

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