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Accueil du site > Tribune Libre > Avoir le cul entre deux chaises

Avoir le cul entre deux chaises

est une position inconfortable mais certainement moins que d’avoir le fondement installé sur une chaise électrique.

En assumant l’exposition dans sa cathédrale de Gap, pendant le week-end de Pâques, d’une sculpture de Peter Fryer représentant le Christ trônant sur une chaise électrique, Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et d’Embrun a pris le risque de se retrouver, lui, le cul entre deux chaises en choquant ses paroissiens et voilà une initiative qui le rend en tout point admirable.

Mais qui donc a été scandalisé par cette œuvre ?

Certainement pas la plus grande majorité des chrétiens qui vivent tranquillement leur religion sans se poser de questions existentielles ; ces ouailles qui ne songeraient pas un seul instant à douter de l’existence d’un dieu unique puisqu’on leur a enseigné que c’était la vérité ; ces ouailles décérébrées dès leurs premiers vagissements avec seulement l’aspersion de quelques gouttes d’élixir magique sur les fonts baptismaux ; ces ouailles qui ont fait leur communion parce que c’est la finalité logique d’une éducation religieuse ; ces ouailles qui, parvenues à l’âge adulte, ne fréquentent plus les églises que pour les mariages ou les enterrements ; ces ouailles qui s’accommodent fort bien de leur religion à partir du moment où elle ne les dérange pas.

La vision d’un Christ sur une chaise électrique les a tout juste déconcertés ces chrétiens là qui ont continué à vaquer à leurs occupations terrestres sans plus se soucier du message de Mgr di Falco.
Alors, quels sont ceux qui ont crié haro sur l’auteur de ce qu’ils ont considéré, les uns comme une provocation indécente, les autres comme un blasphème ?

Et bien les vrais croyants, bien sûr.

Les sans concession qui vont à la messe tous les dimanches et qui jeûnent héroïquement pour jouir du plaisir mystique de s’étouffer avec une hostie.

Les purs parce que sans péché grâce à la grande lessive de la confession qui décrasse leur âme en contrepartie de 2 pater et 3 ave… Sans dédaigner l’éventuelle substantielle obole des plus fortunés d’entre eux. (Et oui, tout s’achète, même le pardon divin).

Et qu’est ce qui les a scandalisés dans cette représentation du Christ, nos croyants purs et sans concession ? L’image sans compromis de sa souffrance ? Sa posture abandonnée, symbole même de la désolation ?

NON. Ce qui les a offensés, c’est la substitution de la croix par une chaise électrique.
Parce que - se sont ils indignés - la croix est le symbole même de la foi (sic) !!!

Comment peut on être aussi imbus de religiosité et exhaler une telle balourdise ?

Si la croix est le symbole de la foi, il faut admettre que depuis des générations les chrétiens rendent hommage aux malandrins, aux aigrefins, aux violeurs, aux assassins,… tous personnages peu recommandables qui ont été, selon la justice romaine de l’époque, condamnés à la crucifixion pour châtiment de leurs crimes.

Comment peut-on se glorifier de sa piété incomparable lorsqu’on oublie le calvaire subi par celui qu’on prétend honorer pour vénérer l’instrument de son supplice ?

Comment peut-on se vanter de sa dévotion et ignorer avec une superbe irrévérence l’un des commandements de ce dieu que l’on prétend révérer : « Tu ne feras pas de statue, à l’image des choses qui sont là-haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles ».

De plus, tout individu qui a reçu une éducation religieuse chrétienne ne peut ignorer les paroles du Christ lorsque, pour le discréditer, ses adversaires cherchent à le piéger en lui tendant une pièce qui représente César, une pièce sur laquelle il est écrit ‘Tibère, divin César’ et lui demandent fielleusement : « Est-il permis, oui ou non de payer l’impôt à César ? »

Comment peut-on, lorsqu’on se prétend chrétien, négliger la réponse du Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » et s’entêter dans cette impéritie volontaire à respecter le commandement de son dieu ?

Alors ces prétendus croyants purs et sans concession qui se scandalisent de la représentation d’un Christ trônant sur une chaise électrique ne seraient-ils, en réalité, que des idolâtres ?

Agnostique respectueuse des prêtres, lamas, imams, rabbins ,… Lorsqu’ils savent être indulgents envers les pauvres humains imparfaits, lorsqu’ils sont plus soucieux de leur sérénité que des preuves de leurs actes de charité, plus à l’écoute de leurs problèmes que dans l’attente de leurs oraisons, je loue l’initiative de Mgr di Falco qui a favorisé l’art plutôt que les menaces de damnation ou les homélies pour combattre l’indifférence de ses paroissiens, pour réveiller leur conscience chrétienne.

Mgr di Falco est peut-être dénigré par certains de ses pairs et par une catégorie de croyants dogmatiques mais je suis certaine qu’il s’est acquis la bienveillance de feu Serge Gainsbourg qui, lors d’une interview parue dans le journal « Libération » en novembre 1981, déclarait fort justement : « Si le Christ était mort sur une chaise électrique, tous les petits chrétiens porteraient une petite chaise en or autour du cou. »
 

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Avoir le cul entre deux chaises

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7 réactions à cet article    


  • Alain Jules 15 avril 2009 16:25

    pretexte d’actu pour un article à charge contre certains aspects de la religion chrétienne. De la part d’une agnostique, rien de nouveau. Ton haineux dès le début. On sent que l’auteur a dû être traumatisée dans son enfance. Qu’elle aille voir un psy plutôt que d’ergoter sur AV.


    • La râleuse La râleuse 16 avril 2009 16:01

      C’était finement amené cette déduction entre le ton de l’article jugé haineux et un traumatisme sensé en être la cause.
      Dommage que l’appréciation soit gâchée avec cet ajout « DANS SON ENFANCE » qui la transforme en poncif éculé.
      Pourquoi toujours supposer que le traumatisme a lieu pendant l’enfance alors que, en toute logique, il existe plus de risque de subir un traumatisme pendant sa vie adulte et ce pour au moins deux raisons :
      1) l’adulte est soumis à beaucoup plus d’angoisses et de terreurs que l’enfant
      2) la période pendant laquelle on est adulte est bien plus longue que celle de l’enfance

      Ceci dit, j’avoue, j’ai subi un traumatisme… Pendant mon adolescence.
      Alors que je baignais allègrement dans l’univers de romanciers de l’acabit d’une Barbara Cartland , une mienne cousine a eu l’idée saugrenue de me donner à lire des œuvres d’Émile Zola.

      Je ne m’en suis jamais remise


    • Fergus fergus 15 avril 2009 17:17

      Je ne suis pas sûr que la partition que vous faites soit la plus pertinente. Je crois qu’il y a des choqués et des non choqués dans les deux camps : pratiquants et dilettantes.

      En réalité, la dychotomie se situe plutôt, à mon humble avis, entre les anciens et les modernes, entre ceux qui ont une vision rigoriste de leur foi et des rites de l’Eglise (dans la tradition janséniste) et ceux dont la croyance est avant tout basée sur des textes évangéliques d’ouverture et de tolérance, bien loin des contingences rituelles imposées au fil des siècles par le Vatican.

      Mais il ne s’agit-là que de l’avis d’un indécrottable athée, simple observateur de l’actualité !

      Cela dit, je trouve l’oeuvre très belle, et je reconnais un certain courage à M. Di Falco


      • loco 15 avril 2009 23:27

         La religion pose deux questions :

         - est ce que dieu existe ?

         - et si oui, peut-on lui pardonner ?

         en dehors de quoi les tribulations d’un type capable de se faire appeler « monseigneur » ne méritent pas qu’on s’y attarde.

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