CAUSE TOUJOURS !
Voici une brève en ces heures électorales. Un souffle d’esprit !
Blague à papa ?
Je me rappelle les dernières présidentielles de 2012, lorsque je vivais en Australie. Un ami était venu me rendre visite et en bons français qui se respectent, nous abordâmes les sujets politiques. Ah, la politique… Même à plus de 15 000 km de chez soi, il faut qu’on en parle !
Enfin bref, ce jour-là, nous étions très en verve, et mon ami, après m’avoir brossé un tableau lucide des réseaux d’influence comme le groupe de Bilderberg, les arcanes du lobbying à Bruxelles, les ponts d’or au Luxembourg, me lança cette devinette :
« Quelle est la différence entre un régime autoritaire et un régime démocratique ? »
(Chut ! Ceux qui connaissent la réponse se taisent. Merci de ne pas gâcher l’effet de surprise pour les autres…)
Réponse : « En dictature, c’est : la ferme ! En démocratie, c’est cause toujours ! »
Sous des airs anodins de « blague à papa », cette boutade est beaucoup plus profonde qu’elle n’en a l’air, car le Français porte cette réputation collante (pour ne pas dire gênante) d’incarner le prototype de l’intellectuel pédant, donneur de leçon, faisant passer la connaissance avant l’expérience.
Nous connaissons avant même d’avoir pratiqué ! Nous savons avant même d’avoir fait ! Si bien que nous savons tout sur tout, sommes capables de palabrer pendant des heures, de soutenir des positions sur des sujets qu’on ne maitrise pas, d’argumenter, de contre argumenter, d’avancer des arguties. Tout ça pour couper les cheveux en quatre. Et pourquoi ? Pour avoir raison, voire pour le simple plaisir de « causer »…
C’est moi qui ai raison, l’autre a tort
Or, ce penchant à la logorrhée peut dégénérer en hyper-mental. Ce mental, c’est celui qui bétonne, qui nous enferme dans nos certitudes, dans des idées prémâchées et des formes-pensées toutes faites.
Les Français ont une tendance avérée au psittacisme, l’art de pérorer, de bavarder de manière oiseuse, de répéter (sans nécessairement comprendre le sens ou la portée des mots). Nous aimons râler, critiquer, et juger sans nous rendre compte du mal que cela génère, de la séparativité qui en résulte.
Cela, c’est la tendance viciée du mental concret dont on ne sort plus, et qui tronçonne la Vérité, saucissonne les faits, dissèque les situations au point de perdre de vue la cohérence de l’ensemble. On voit petit, et donc on joue petit pour que son petit ego l’emporte sur celui de l’autre.
Et bien, notre grand moment électoral de 2017 est une illustration à échelle nationale des dégâts produits par ce mental concret qui divise, qui sépare !
Onze candidats et autant d’égos bornés, qui croient tout connaître et tout savoir, qui pensent avoir des solutions à tous les problèmes, alors qu’ils n’ont qu’une vision étriquée de la destinée collective, sans vue d’harmonie, et parfois même, sans aucune expérience en politique (suivez mon regard)…
Ça parle, ça prononce des discours, ça joue au tribun, ça harangue les foules, ça se casse la voix (suivez encore mon regard) ! Bref, ça parle beaucoup et derrière tout cet écran holographique, un message à peine subliminal : « Faites comme nous : causez toujours… (nous pendant ce temps, on règle nos petites affaires…) Alors : Business as usual ?
« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Ne nous y trompons plus. Notre démocratie n’est qu’une mascarade de république censitaire qui ne dit pas son vrai nom. C’est une oligarchie financière, dirigée par des bien-pensants (« j’ai raison, je ne peux me tromper, c’est l’autre qui a tort »), où la mentalité du fric souverain règne : se servir, posséder et manipuler. Telle est la stratégie de l’appareil politique en place. Nous ne pouvons plus nous comporter en victimes innocentes du sort : nous sommes responsables et avons les gouvernements que nous méritons en adhérant à leurs manœuvres, en cautionnant leurs raisonnements et en adoptant leurs comportements (se servir, mentir, se compromettre).
Alors, ne soyons plus dupes : le seul changement arrivera lorsque nous nous changerons nous-mêmes, sans attendre qu’on décide à notre place, en prenant nous-mêmes notre destin en main. Alors le politique suivra. Pas l’inverse.
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