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Accueil du site > Tribune Libre > Ces messieurs avec leurs longues robes …

Ces messieurs avec leurs longues robes …

La judériciarisation de la société.

Une récente contrariété professionnelle m'interroge sur le penchant de notre société vers une dérive procédurale qui n'est qu'une illusion de protection de tous contre la loi, pour au contraire devenir progressivement le paravent des puissants contre les règles communes. La rengaine : « Que l'on soit puissant ou bien misérable ... » vaut bien plus encore par ce recourt systématique à ces gens de robe qui défendent moins les principes que les fripouilles, la loi que ses exceptions.

Il n'est pas innocent de constater qu'il n'y a jamais eu autant d'avocats dans un gouvernement et d'affaires tordues mettant en cause quelques membres de cette noble cour. Il faut, pour leur défense, reconnaître que pour l'essentiel, ce sont des avocats d'affaires, catégorie boutiquière de la profession plus soucieuse de l'intérêt particulier des possédants que de la cause nationale, surtout quand elle est fiscale !

Il est vrai que leur président en chef fut un roi de la corporation même si ses titres sont douteux et ses talents bien maigres. Mais laissons ces pratiques de haute-cour pour se préoccuper des conséquences de cette épidémie dans la basse-cour où nous évoluons. J'ai accompagné un jeune à un conseil de discipline, il avait tenté d'étrangler un camarade qui ne fut sauvé que grâce à une intervention énergique et très physique de votre serviteur.(cf*)

Lors de la séance disciplinaire, j'ai eu le malheur d'évoquer mes craintes si jamais il revenait en classe, le risque que j'avais encouru à m'interposer. Je conclus mon intervention par la confession sincère : « S'il reste, je pense exercer mon droit de retrait afin de ne pas risquer de perdre mon emploi ! »

Bien mal m'en pris. J'avais par cet aveu tenté d'influencer la décision du conseil de discipline et les parents de ce garçon saisirent un avocat et firent appel de la décision. Qu'il se trouve un avocat pour défendre un étrangleur afin qu'il soit réintégré sur les lieux de son forfait me semble tout à fait ahurissant, qu'il soit lui même père de famille m'interroge sur sa conscience paternelle !

Ainsi, la procédure prime les actes, il faudrait maintenant venir en classe avec un code civil, maitriser en toutes circonstances, ses propos et ses remarques pour éviter la correctionnelle ou les demandes de réparation. Nous travaillons sur le vivant, je sais que la frontière est tenue et que parfois, des dérapages peuvent blesser durablement un enfant. Mais mettre le judiciaire dans l'école, c'est interdire toute intervention spontanée, c'est laisser place seulement à des robots incolores qui ne s'occuperont plus que de débiter des cours sans jamais intervenir sur ce qui se passe dans les classes.

Je devine bien là une vision volontariste des rapports humains qui veut privilégier le droit sur le devoir, donner place exclusivement à la forme sans jamais se soucier du fond, évacuer les subtilités des relations humaines pour gérer les élèves comme des pions interchangeables. Pire que tout, cette façon de considérer l'école la vide réellement de toute autorité et il n'est pas rare de voir des parents se conduire comme des client mécontents, qui tancent, qui grondent, qui exigent de professeurs qui ne sont que leurs valets.

Les gens de robe ont tué le tissu social, il ont introduit la terrible idée que l'on pouvait gagner de l'argent par la procédure, que tout était monnayable, que rien n'avait plus de légitimité en dehors de l'argent et de la force injuste de la loi. Car, contrairement à ce qu'on peut croire bien naïvement, la loi n'est pas faite pour protéger les simples, elle est faite par des puissants qui glissent astucieusement des alinéas, des astérisques) ou des dérogations pour continuer à maintenir leur domination et celle de leurs clients sur cette société.

Je crains fort que la cause soit entendue, que les grandes robes aient durablement pris le pouvoir et brisent ainsi les règles tacites au détriment de leurs lois scabreuses et avantageuses aux plus forts.

Judiciairement leur.


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18 réactions à cet article    


  • jef88 jef88 25 février 2012 12:17

    Mon vieil ami DESCARTES (si si il m’a rendu plein de services) disait qu’il valait mieux, pour un peuple un petit nombre de lois, simples et fermement appliquées que des lois complexes derrière lesquelles les « méchants » (je ne suis plus sur du terme) s’abritent.......

    Donc :
    - le phénomène n’est pas nouveau
    - La « caste » juridique a toujours poussé à une judiciarisation de la socièté !!!


    • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 12:28

      Jeff


      Le phénomène s’accélère à la vitesse de la lumière avec de plus en plus de lois qui ne sont destinées qu’à ennuyer les petits et avantager les gros.

      Il serait temps qu’un candidat propose un moratoire sur la loi, un arrêt de ce rythme fou pour un examen attentif et critique de ce qui existe.

    • jef88 jef88 25 février 2012 12:31

      Quelle horreur !!! (LOL)

      Mais les députés ne sont pas des juristes ! que peuvent ils trouver à redire de notre fond de commerce (signé : les juristes)


    • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 13:07

      Jeff


      les députés ne sont rien que des caisses enregistreuses qui aiment aussi à être remplies discrètement par quelques scryto-influenceurs

      Quant à la vérité, vous l’avouez vous même, tout ce ci n’est qu’un commerce sans fond !

    • Jason Jason 25 février 2012 19:04

      Jeff88,

      Plus on fait de lois, plus on fait d’infracteurs, disait à peu près Montesquieu.

      Tout un petit monde vit confortablement de la pétaudière ambiante. Pourquoi s’étonner ?

      J’ai eu affaire à un tribunal civil : cafouillage. A un tribunal de commerce : foutaise. A un tribunal administratif : marécage.

      La justice française, c’est du folklore. A éviter absolument. Et tant pis si vous vous faites rouler ou condamner injustement. Il n’y a pas de recours.


    • Daniel D. Daniel D. 25 février 2012 12:54

      Quelques mots sur la cupidité et le manque de probité intellectuelle des gens a robe aurais été intéressant pour compléter cet article.

      En effet malgré l’obligation légale d’accepter leurs clients quel que soient leurs moyens financiers, la très grande majorité refuse de défendre les humbles qui ont l’aide juridictionnelle.

      Quand finalement on en trouve un, il nous explique droit dans ses bottes et les yeux dans les yeux, qu’il est normal qu’il travaille plus quand les gens payent de leur poche, faisant comme si l’aide juridictionnelle n’étais pas le complément a sa rémunération (qui la rend égale a celle d’un client qui paye sans aide).

      Je l’ai vécu.

      Le plus beau dans l’affaire, c’est qu’il n’as pas tenu compte de mes demandes pour rédiger son projet d’avis, a refuser de prendre en compte mes remarques, refuser de modifier son avis malgres les erreurs factuelles qu’il y avais dedans. Suite a ce refus, j’ai décider de changer de conseil, et me suis vu réclamé la somme totale qu’aurais du me couter la procédure (prix identique a la convention d’honoraire) alors que seul un projet d’avis avais été rédigé.

      Ces gens là se protégeant les uns les autres, le bâtonnier de l’ordre saisi en contestation des honoraires as confirmé que je devais payer la totalité !

      Je suis en cours de contestation de ces avis au tribunal d’appel, et n’ai toujours pas pu trouver un avocat pour mon affaire initiale.

      Face a une grosse entreprise (ce qui est mon cas) ils vont même jusqu’à monter des dossiers qui seront démontés sans difficulté par la défense, protégeant ainsi ceux qui régulièrement font appel a eux, et non leurs clients.

      Quand je voit le foin qu’ils ont fait il y as peu pour parler de leur lutte contre la corruption, cela me fait doucement sourire.

      Ce que ne semblent pas avoir comprit les parties, c’est que si la justice ne remplit pas son rôle, alors je m’en chargerais, avec tout les aléas que cela comporte...

      Daniel D.


      • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 13:10

        Daniel


        Je vous remercie pour ce témoignage éloquent et je ne peux que vous apporter mon soutien moral, c’est bien peu hélas !

      • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 13:11

        Daniel


        Merci pour ce témoignage édifiant
        Je ne peux que vous apporter un soutien moral de bien peu d’utilité hélas

      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 février 2012 12:56

        Je ne plus qui a dit que le code civil etait fait pour aider les riches a depouiller les pauvres et le code penal pour empecher les pauvres de voler les riches.


        • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 23:36

          Aita


          Remarque fort judicieuse en tout cas !

          Merci de votre visite

        • easy easy 25 février 2012 13:03


          Ce qu’on appelle justice, revient, depuis la nuit des temps, à juste exclusion, légitime exclusion du groupe. Par extension, cela revient à « Légitime exclusion du groupe des vivants et expédition en colis express vers le groupe des morts »

          Toutes les sanctions que nous prenons vis-à-vis de qui que ce soit empruntent toujours ce biais consistant à exclure du bon groupe et à repousser vers un mauvais groupe, celui des morts, des cons, des salauds, des imbéciles, des blondes...

          Celui qui subit cette bouc-émissairisation, qu’il soit réellement fautif ou pas autant que ses accusateurs le disent, refuse cette mise à l’écart. Sauf à ce qu’il s’en suicide de son isolement, il va solliciter des avocats qui établiront le fait qu’il fait bien partie du groupe et n’a pas à en être exclu.


          Au moment où ce garçon était en train de renvoyer vers le groupe des morts un des ses camarades en l’étranglant, il n’avait rien contre vous, a priori.
          Même en procédant de coups contre lui pour contrarier son entreprise d’expédition de quelqu’un vers la mort, il vous était tout à fait possible, une fois la séparation effectuée, de montrer de diverses façons que nous n’excluiez pas pour autant cet étrangleur du groupe des bons.

          Il serait tout à fait possible de stopper un étrangleur puis de rester à ses côtés au lieu de se précipiter vers l’étranglé et de ne plus rester qu’à côté de lui.

          La position de votre corps, l’endroit où vous avez placé votre corps, immédiatement après la séparation des protagonistes a indiqué à tous que vous procédiez à un classement « Celui-ci gentil, bon groupe et moi à ses côtés. Celui-là méchant, à exclure par tous, à isoler complètement »

          Et ma main au feu qu’immédiatement après la séparation, vous vous êtes positionné près de l’étranglé.



          L’école de Ferry a bien des défauts et on y a toujours pratiqué ce principe de justice-exclusion. Mais avec une limite assez fortement marquée. On exclut un vilain pendant un moment seulement et on fait tout, tout, tout pour se retenir de l’exclure de l’établissement, du village, de la nation. L’école de Ferry a très fortement insisté sur la réintégration toujours possible des fautifs et ce principe aura provoqué des milliers de conflits entre certains enseignants et l’institution.

          Mutatis mutandis, c’est la même chose qui se passe dans le monde des adultes où l’on observe constamment des plaignants désolés que la Justice n’expédie pas au groupe des morts celui qui a mal garé sa voiture.
          Trop laxiste la Justice, toujours trop laxiste, pas suffisamment expéditive.

          Je ne trouve pas anormal que des profs aient des humeurs et réflexes individualistes, égocentriques, qu’ils réclament donc des exclusions totales des fâcheux. Mais je me félicite que l’institution veille à résister à ces demandes d’expédition au diable Vauvert et que ces profs soient régulièrement contrariés en leur exigence. Sinon, il n’y aurait plus d’institution, il n’y aurait plus que ce qu’on appelle forfaitairement la loi de la jungle.

          Dans ces démarches d’expédition que nous pratiquons tous, ne serait-ce qu’en insultant ou en dénigrant, il y en a de deux sortes. Celles où l’expéditeur se charge seul de l’expédition et celles où l’expéditeur délègue à quelque sorte de police la besogne d’expédition. Chaque expéditeur choisit entre ces deux options selon sa stratégie préférée et il se pourrait que l’une soit plutôt courageuse-égocentrique et que l’autre soit plutôt couarde-collectiviste. 



          Dans cette affaire, tout à votre vision et à vos certitudes, vous étiez et restez convaincu que le fâcheux doit être expédié sans perte de temps. Et vous voilà à découvrir que ce n’est pas si simple, que chaque menacé d’exclusion a le droit de se défendre contre cette expédition et que tant que vous n’en conviendrez pas, c’est vous qui serez expédié.


          Reprenons selon une autre présentation. Dans une maison il y a une mère et ses deux enfants. Elle fait la cuisine quand soudain elle entend la fille hurler au secours. Elle se précipite et sa fille, en jouant force hocquets, lui explique que son aîné l’a torturée. La mère lui pose la main sur la tête, la rassure, se redresse et balance une torgnole à son fils en lui jetant aussi un regard de feu.

          Ce qui va s’ensuivre sera une catastrophe. Car l’incluse va profiter de son assurance d’être dans le bon groupe pour repousser en toute occasion son frère vers quelque fosse. Et son frère se sentant rejeté, va pactiser avec ce diable avec qui on le marie.

          Alors qu’il aurait été tout à fait possible, de la part de cette mère, de ne faire aucun geste séparant en « Toi gentille, Toi vilain », de les rassembler de manière strictement égale autour d’elle et de renforcer chez tous le sens du « Nous »


          Il est à comprendre que très souvent, forcément, des enfants en train de se chamailler regrettent et souffrent de leur mésentente, ils souffrent de ne pas parvenir au Nous. Et ils en viendraient aux mains afin d’alerter et de mobiliser des forces externes afin qu’elles aident non à augmenter leur division mais au contraire à rassembler les morceaux.

          100 fois sur cent, les ambulanciers se précipitent vers les cris en entendant qu’ils veulent dire « Séparez-nous complètement » alors qu’ils ne veulent dire que « Séparez-nous de notre séparation, aidez-nous à nous recoller ».
          Plus exactement encore. Ces deux divorcés se sont vus échouer à trouver les arguments puissants justifiant qu’ils restassent rassemblés. Quand ils exposent à des tiers les misérables raisons justifiant leur divorce, ils attendent que des plus avertis et expérimentés qu’eux leur exposent des arguments puissants à leur réunion.

          Au lieu de tomber dans la facilité en valorisant les misérables raisons d’un divorce, et en abandonnant ensuite chaque divorcé au stress d’une déchirure laissée béante, les tiers devraient faire preuve d’intelligence, dévaloriser ces tristes raisons et faire surgir des arguments de rassemblement.


          • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 13:22

            Easy


            Comment va vôtre main ?

            Après avoir séparé les deux belligérants, je suis retourné à ma classe !

            Pas de choix à faire, je n’avais rien vu, j’ai fait mon métier en usant d’une force que ne possédait pas ma collègue.

            Un élève étranglait « vraiment » l’autre, ceci est explicable, justifiable et amendable selon vous. J’aime assez votre vision du pardon mais nos classes sont déjà des lieux de peu de tranquillité, ajoutez y l’impunité totale et prenez ma place.

            J’aime quand les donneurs de leçon vont un peu au feu (et pas seulement leur main).

            Je vous en prie !

          • easy easy 25 février 2012 14:04




            «  »«  » Après avoir séparé les deux belligérants, je suis retourné à ma classe ! «  »«  »

            Avec ça, ma main serait dans le feu puisqu’il ressortirait que vous seriez resté au centre



            «  »«  » Un élève étranglait « vraiment » l’autre, ceci est explicable, justifiable et amendable selon vous. ’’’’’"

            Avec ça et sa suite, ma main serait épargnée puisqu’il ressort que non seulement vous expédiez bien l’élève expéditif, sinon exactement sur le coup en tous cas après, et que vous m’expédiez aussi parce que je refuse de soutenir votre expédition. 

            Alors que vous avez été originellement contrarié par la défense pugnace d’un gueux par un avocat de gueux dans une affaire de gueux
            Alors que par retour de flamme et suite à votre chantage au retrait, vous vous êtes senti expédié par l’institution
            Vous n’avez fait, tout au long de votre papier, que procéder de populisme en lançant un paquet de fumigènes d’expédition forfaitaire contre des avocats de puissants, contre le jeu des riches en rien concernés ici.
            A moins que cet élève expéditif soit fils de riche ou puissant, ce que pour l’instant vous ne nous avez pas exposé.


          • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 14:10

            Easy


            Je vais vous avouer le crime le plus épouvantable qui soit à vos yeux, contre lequel nulle explication et aucune circonstance atténuante n’est recevable :
            « Je suis enseignant ! »

            Rassurez-vous, en votant bien l’espère sera rayée de la carte nationale et vous pourrez tout à loisir danser sur le cadavre de cette détestable institution.

            Bonne danse à vous.

          • easy easy 25 février 2012 14:41

            Enseigner serait un crime ?

            Depuis quand ?

            Montrez-moi ceux qui prétendent ça que je les expédie sans délai  smiley


            Je trouve normal et indispensable que la nature humaine égocentrique surgisse de chaque enseignant comme de chaque citoyen. Je trouve indispensable qu’il y ait des citoyens et des enseignants ayant des réflexes non institutionnalistes (genre la gifle de Bayrou). Cela afin que la nature humaine persiste partout.
            Puis, dans un second temps mais seulement dans un second temps, je trouve bien que l’enseignant ou le citoyen capricieux doive plier devant le principe d’institution.

            J’apprécie que coexiste constamment et partout un conflit entre les caprices de chacun et la stabilité des institutions. Je considère que le tempérament des institutions se nourrit et résulte de ce conflit permanent et heureux avec les individualismes et égoïsmes et que le tempérament des individus se nourrit et s’organise autour du tempérament des institutions.



          • C'est Nabum C’est Nabum 25 février 2012 14:44

            Easy


            J’ai cru que vous en étiez de cette grande cohorte !
            Parfois je m’emporte un peu vite, chaud du bonnet dit-on du personnage, c’est le Rugby qui m’a transformé ainsi.

            Ne vous en offusquez pas.

            Bonne journée à vous, j’ai deux matches sur le feu !

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