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Accueil du site > Tribune Libre > Chacun chez soi et les vaches seront mieux gardées

Chacun chez soi et les vaches seront mieux gardées

 Comme il était bon le temps des colonies, et si seulement nous pouvions y revenir...

Avant, les contours étaient précis : on savait où on était né, quelles étaient ses racines, quels étaient les territoires où l’on allait habiter. Le dehors était un peu théorique, on était protégé par les distances, les appartenances géographiques avaient un sens. Certes, il y avait bien des échanges, mais ils n’étaient finalement que superficiels, ils venaient apporter les épices qui nous étaient nécessaires. 
Ceci était vrai du moins en Europe, aux États-Unis ou en Chine. Pour ce qui est de l’Afrique, de l’Amérique ou de l’Inde, ils avaient connu les « joies » de la colonisation et avaient contribué à notre richesse. 

Mais pour un Français, ceci restait théorique. Il savait bien que l’on avait des colonies, il se doutait que l’on y était pauvre et sale, mais bon, pour sa vie quotidienne quelle importance ? Assis dans la chaleur de sa mère patrie, conforté par des politiques qui se gardaient bien de lui expliquer que notre prospérité relative n’était possible que grâce à la pauvreté des autres, il était tranquille dans ses frontières. Finalement les brumes de sa pensée lui masquaient la réalité du reste du monde, qui n’était qu’un sujet de reportages ou d’excursions touristiques.

Les frontières étaient alors une réalité, les limites avaient un sens : elles nous protégeaient et servaient à défendre les avantages acquis, elles étaient les remparts de la forteresse de nos privilèges. A l’abri de ces frontières, nous étions cramponnés à la pente pour résister à tout changement. 

Ces frontières n’étaient pas seulement physiques, mais aussi – et peut-être surtout – culturelles : nous avons construit au fil des années un ensemble de certitudes justifiant et expliquant l’existence de nos avantages. Appuyés sur un racisme toujours sous-jacent, soutenus par nos religions – juives et chrétiennes –, par les pensées issues du « Siècle des lumières » – rien que le fait d’avoir appelé ce siècle ainsi montre l’arrogance de notre pensée –, et par la si fameuse « Déclaration des droits de l’homme », sereins, nous dominions le monde, certains que c’était pour le bienfait de tous.

Certes nos frontières locales fluctuaient en fonction des aléas des mariages princiers ou des guerres, certes nous avions droit à notre quantum de morts, certes le siècle dernier a été celui des pires atrocités, mais nous faisions, pour ainsi dire, cela en famille. Et comme tout le monde le sait, les batailles familiales sont les pires. On était entre soi : tout Français savait depuis longtemps qu’un Allemand ou un Anglais n’étaient pas des Français, mais c’étaient quand même des cousins proches. D’ailleurs les Alsaciens pour parler des autres Français ne disaient-ils pas « les Français de l’intérieur »…

Par contre, ceux qui étaient vraiment différents, ceux qui n’étaient pas comme nous, ceux vis-à-vis desquels il fallait se protéger – au moins au cas où… –, c’étaient tous les autres : les Africains, les Asiatiques, les Arabes… Les pensées libérales développaient bien des discours en surface non racistes, mais dans les faits, nous faisions tout, individuellement et collectivement, pour défendre nos avantages si longuement construits, un peu comme un syndicat d’une entreprise, pour défendre les intérêts de salariés qu’il représente, laissera, sans états d’âme, se dégrader les conditions de travail chez les sous-traitants. Égoïsme bien humain, me direz-vous…

Certes, mais aujourd’hui tout est en train de voler en éclat : les brumes de la globalisation et des connexions informationnelles sont venus dissoudre les frontières. Quand je marche dans les rues de Paris, je ne sais plus ce que veut dire être Français : tout se mélange, tout se transforme, tout s’enrichit mutuellement. Les races sont multiples, et bon nombre ne sont plus des immigrés, mais bien des citoyens français ; la langue se transforme, s’hybridant de la richesse venue des banlieues. Les biens, physiques comme culturels, sont « multilocalisés », c’est-à-dire sont le fruit d’un processus de production impliquant plusieurs pays. Il en est ainsi aussi bien de la musique – de plus en plus elle nait du croisement des histoires musicales – que d’une automobile !

 
Certains – et ils sont nombreux ! – ont la nostalgie de ce temps passé, de ce temps où nous pouvions l’esprit tranquille dominer le monde. Ils ont peur de ces changements, de ce flou qui nous habite de plus en plus, de la perte de notre domination. 

Je ne suis pas de ceux-là. Je suis content et fier d’appartenir à ces années qui sont en train de voir la Chine, l’Inde ou le Brésil accéder enfin à un vrai développement industriel et économique. Je suis triste de voir que l’Afrique noire reste encore largement en dehors de ce mouvement. Je suis inquiet de voir mes concitoyens s’enfermer dans une vision issue du passé. Je suis persuadé que de ce flou, de cette incertitude, de cet effondrement des frontières peut naître le meilleur. Je suis furieux de cette classe politique, européenne comme nord-américaine, incapable de penser à partir du futur et qui se comporte comme le pire des syndicats, défenseur de nos privilèges historiques. J’ai souvent honte d’être Français tellement nos politiques font en la matière office de dernier de la classe. 

Mais comme l’a écrit Maxime le Forestier, « on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher. Être né quelque part. Être né quelque part pour celui qui est né, c’est toujours un hasard… » 
Alors apprenons à vivre dans les brumes de nos origines et de nos appartenances…

Chez nous, on est compassé, triste, tourné vers le passé. Des pays prennent appui sur leur passé, se souviennent de lui, mais regardent vers le futur et le construisent. J’ai parfois l’impression que nous faisons l’inverse : nous sommes tournés vers notre passé. La façon dont a été pris le débat sur la nationalité française est symptomatique. On est parti de notre passé, et non pas de la mer qui nous attire.

Non, nous ne sommes pas assiégés. Et puis qui assiège qui ? Qui a agressé qui ? Qui a profité de qui ? C’est nous. Aujourd’hui, ces pays veulent simplement que notre agression cesse, avoir juste la restitution de leur travail, ils jouent dans les règles, dans nos règles…

Non « ils ne vont pas nous manger », c’est nous qui, jusqu’à présent les avons mangé ! Regardons la différence de capitaux investis et notre richesse en infrastructures et combien cela va coûter à ces pays pour avoir des routes, des voies ferrées, des lignes électriques et téléphoniques enterrées … sans parler de la distribution d’eau ou de la collecte des déchets.
Si nous arrêtions d’investir dans nos infrastructures (laissons nos routes se dégrader, …), nous pourrions faire des économies, et mieux financer les investissements immatériels (culture, éducation, recherche, justice…) et sociaux.

« Mon père n’a jamais pris la peine de m’apprendre à parler Hindi, cela ne lui était pas venu à l’esprit que l’Inde puisse être importante, un jour ! ». Voilà ce que m’a dit un jeune Indien de vingt-six ans, croisé lors de mon dernier voyage. Né en Allemagne de père indien et de mère allemande, il a grandi pendant de longues années dans l’ignorance de la moitié de ses racines. Car pour son père qui avait fait le choix de l’exil et avait brillamment réussi dans ce qui était devenu son nouveau pays, à quoi cela pourrait bien servir à son fils de connaître un pays sans avenir comme l’Inde ? Étonnant, non ? Quel retournement de situation !

Ce même jeune indien m’a aussi parlé de l’anecdote de son passeport. Il y a une dizaine d’années, il n’avait pas pu obtenir le droit d’avoir à la fois un passeport allemand et indien. Il avait dû choisir et avait gardé son passeport allemand. Depuis trois ans, tout a changé et il a pu avoir les deux. Dans notre bas monde, tout est affaire de rapport de force… Et l’Inde n’est plus ce petit pays sans intérêt !

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19 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 12 octobre 2010 10:13

    Il y a la vision humaniste du monde, que je partage avec vous et il y a la vision socio-économique du monde que je ne partage pas avec vous.

    Tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs et les racistes sont des imbéciles.

    Aucun Français vivant aujourd’hui n’est responsable des fautes de Jules Ferry et de la grande bourgeoisie du 19ème siècle. Sarkozy est certes parti en guerre coloniale en Afghanistan, mais c’est une décision qui n’engage que lui et sa clique, en contradiction avec sa promesse de campagne. L’esclavage et la colonisation font partie d’une histoire passée dont chaque pays et chaque peuple a eu sa part.

    En France, il y 14% de gens très pauvres et 15 millions de chômeur. La seule classe sociale à profiter de la mondialisation est celle de riches soit environ 5% de la population en comptant très large. La raison principale de l’appauvrissement de la population Française et plus largement européenne est le libre échange et la dérégulation financière qui ne profitent qu’aux gros actionnaires à travers les paradis fiscaux. Ces gens là exploitent tout le monde et détruisent la planète par leur avidité sans borne.

    La mise en concurrence des peuples et le nivellement par le bas que cela entraîne aux niveaux sociaux est ignoble. Elle nous réduit tous au rang d’objet économique au statut indigne de quasi esclaves.

    Une solution, celle que je défends, serait un développement par blocs socio-géographiques séparés par un protectionnisme sélectif et équilibré. Chacun choisit sa voie et respecte celle de ses voisins. Aux peuples de choisir et d’imposer leur volonté.


    • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 11:13

      Je ne crois pas que l’on puisse revenir à un protectionnisme, même par blocs : tout est trop entremêlé (pensez simplement au nombre de chinois vivant en Europe ou au fait que la plupart des produits font intervenir des pièces fabriquées dans tous les pays du monde).

      Par contre, je suis d’accord avec vous qu’actuellement ceci ne profite qu’à une part de la population : surtout aux 5% les plus riches (je sais, j’en fais partie), mais aussi plus largement à tous les salariés en place dans des entreprises dites « dominantes » (donc probablement en incluant les salariés de la fonction publique plus de la moitiés de la population). Les autres « trinquent » de plus en plus.
      L’évolution actuelle tend de plus à accroître cette part : les entreprises « dominantes » réduisent de plus en plus leur effectif par externalisation des fonctions (ceci peut se faire par délocalisation, mais aussi ce qui est le cas le plus courant par sous-traitance locale) et la fonction publique va inévitablement être réduite (même avec un changement de majorité, les déficits publics sont tels que c’est inévitable).
      Il faudrait donc faire en sorte que le poids de ce transfert de richesse au profit des pays avant sous-développés (dont certains ex colonies) soit supporté par les couches les plus aisées et que l’on protège au maximum les plus faibles (notamment par des transferts sociaux). Ceci passerait par un taxation forte des revenus élevés.
      Ce n’est pas ce qui se passe actuellement. Mais c’est possible et ce serait une solution réaliste. Car je ne crois pas au risque de départ massif de ces classes favorisées : où iraient-elles ? On ne déplace si facilement une entreprise ! Et je parierais plutôt sur une généralisation de cette politique dans tous les pays actuellement en crise...

    • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 18:38

      @Owen

      Je sais que ce sont les idées de Maurice Allais et je les conteste, car, comme vous l’écrivez (mais pas dans le même sens !), « elles sont d’une autre époque ». J’ai beaucoup de respect pour Maurice Allais, mais sa pensée ne tient pas compte de notre monde actuel (j’ai d’ailleurs critiqué un de ses derniers interviews paru cet été dans la revue de l’Ecole Polytechnique, la Jaune et la Rouge, critique reprise dans un article que j’ai diffusé sur Agoravox : voir http://robertbranche.blogspot.com/2010/09/on-ne-doit-pas-prendre-la-science.html)
      En effet, le monde n’est plus juxtaposé (les pays les uns à coté des autres), mais sont entremelés du point de vue de la production, de l’économie et des peuples :
      - les produits sont assemblés à partir d’éléments venant de nombreux pays. Cela n’a donc pas de sens de monter des bariières.
      - les flux économiques sont eux aussi multiples et interdépendants,
      - nos pays (Europe et Amérique du Nord) ont une population multi-raciale et multiculturelle (y compris pour les religions). Comment croyez-vous que réagiront les millions d’Asiatiques qui sont chez nous à une politique protectionniste ?
      Donc je crois que c’est bien ce sont ces propositions qui sont d’une autre époque.

      Il n’en reste pas moins qu’il ne faut rester sans rien faire. Se posent donc de mon point de vue quelques questions clés, dont voici des exemples :
      - Que veut dire une identité des pays multiculturels et multiraciaux ? Comment construire une nouvelle identité collective ?
      - Comment protéger les plus faibles de nos pays pour que ce ne soient pas eux qui paient l’amélioration du niveau de vie des ex-pays en voie de développement ? Comment organiser à leur profit une solidarité venant des plus aisés (les 30% les plus riches de nos pays pourraient supporter une baisse relative de niveau de vie)
      - Quels sont les règles de vie communes minimum à établir au plan mondial et comment les piloter ?


    • ZEN ZEN 12 octobre 2010 19:10

      "La pire erreur de l’Europe a été de ne pas mettre en place une préférence communautaire qui aurait été progressivement levée, au fur et à mesure du rapprochement des écarts salariaux avec le monde émergent" (M.Allais.)
      Pour un protectionnisme raisonnable ?.

      Allais a eu raison ...trop tard !

      Il faut dire qu’il a été ostracisé à une époque où ses idées pouvaient encore connaître un début d’application


    • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 19:20

      La préférence communautaire ne se décide pas et ne s’impose pas, elle ne peut qu’être le fruit des décisions des citoyens...

      Nous ne sommes plus au temps de Churchill, de De Gaulle et autres... A nouveau Allais date un peu...

    • Robert Branche Robert Branche 13 octobre 2010 10:24

      @Owen


      quelques précisions suite à votre commentaire :
      - Je ne pense pas que la solution soit dans « l’idée d’un seul peuple et d’une seule nation ». Je suis d’accord avec vous sur ce point. Mon propos est autre : de fait, en Europe et notamment en France, nous sommes devenus par évolution multiraciaux et multiculturels. Il est illusoire de penser que l’on peut revenir en arrière (comme il est impossible d’arriver à séparer des gaz une fois qu’ils ont été mélangés). Il nous faut donc « inventer » un nouveau projet commun qui tienne compte de l’histoire de la France et de l’Europe, mais aussi de ceux qui l’ont rejoint.
      - Il est certain que bon nombre d’évolutions réglementaires (européenne et autre) sont influencées (c’est un euphémisme) par des entreprises pour protéger ou accroître leur position. Je n’ai donc jamais pensé que la solution pourrait venir d’une évolution réglementaire. Il faut de ce point de vue redonner la parole à de vrais projets politiques.
      - Sur le pays multiculturel : le défi est bien que « Mohammed » (pour suivre votre exemple) se sente chez lui en France, dans ce pays qui est le sien. Ceci suppose que une transformation profonde de tout le système politique et une réelle ouverture à ce qu’est la France aujourd’hui. Cette participation de tous à la vie politique est une condition nécessaire à l’accouchement d’un projet commun et d’une reconnaissance collective. Sinon nous allons vers l’affrontement, ce qui se passe aujourd’hui.
      - Sur la Crise : vous avez raison, c’est d’abord une crise dans nos pays. En fait, c’est une transformation mondiale qui rééquilibre au profit de pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, et qui se traduit chez nous par une remise en cause de notre système passé et de nos avantages historiques. Il nous faut nous remettre en cause et trouver une nouvelle dynamique, sans penser que la solution viendra de l’extérieur ou d’un retour en arrière.

    • Robert Branche Robert Branche 14 octobre 2010 03:27

      @Owen

      Merci pour son dernier commentaire dont je partage les doutes... Et je ne vois pas d’autres chemins que celui de construire des réponses dans l’action...

    • Yvance77 12 octobre 2010 10:30

      Bonjour,

      Bon commentaire Daniel Roux, mais votre conclusion sonne comme une baffe.

      « Aux peuples de choisir et d’imposer leur volonté. »

      En 2005 on a fait un vote, libre, conscient, majeur ... des hollandais et irlandais aussi ... et on a vu comment une élite pro NWO a foulé cela des pieds.

      Même nos choix n’ont et ne seront jamais respectés.

      Une seule solution s’impose ...

      A peluche


      • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 11:16

        Je ne crois pas que la solution soit dans la révolution, si c’est bien ce que vous sous-entendez.... Du moins tant que l’on n’a pas réellement essayé le reste.

        Une révolution signifie des drames humains, voire des morts, et on ne sait jamais bien ce qui en ressort. Ce sont malheureusement souvent des dictatures....

      • Daniel Roux Daniel Roux 12 octobre 2010 11:35

        @Yvance77

        Le problème actuel est la non représentativité des élus. Tout est organisé pour que le peuple n’est pas le choix de ses représentants. L’élection du Président de la République par exemple, est totalement verrouillée par les partis politiques au moyen du système des 500 signatures. Les partis désignent ceux qui se présenteront aux législatives avec des chances d’être élu et ces élus ne doivent de fidélité qu’aux partis.

        C’est en fait un scrutin censitaire qui ne nous laisse qu’un choix fermé. Le PS ou l’UMP, bourgeois de gauche ou bourgeois de droite ? 2 partis qui mènent la même politique de libre échange à tout va et de neutralisation du peuple.

        Des élections à la proportionnelle est un minimum démocratique. Quand au Président, élu au suffrage universel, il faudrait autant de tours que nécessaire. Seuls ceux en dessous d’un seuil qui monterait de 10% chaque tour jusqu’à 50% seraient retenus au tour suivant.

        Ceux qui ont voté pour Sarkozy en 2007, représentaient à peine 25% des Français et l’élu, sans surprise, ne se préoccupe que de 5% de ceux ci.


      • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 11:41

        Je suis d’accord avec vous sur le besoin d’élections à la proportionnelle (au mois une part de proportionnelle) : il est tout à fait anormal que tout le monde ne soit pas représenté. Cela facilite certes la constitution de majorité, mais au prix de moins de démocratie et de moins d’efficacité à la fin (moindre acceptation des lois).

        Je ne vous suis pas sur le nombre illimité de tours pour le Président, cela me semble une « usine à gaz ». Par contre l’existence de contre-pouvoir - notamment une assemblée élue avec de la proportionnelle - est un autre vrai sujet.
        Enfin la montée en puissance d’internet, des réseaux sociaux devraient aussi amener à une rééquilibrage de fait des pouvoirs. Faut-il institutionnaliser ces réseaux ? Je ne crois pas...

      • Yvance77 12 octobre 2010 14:44

        Bonjour Monsieur Branche,

        Et content de vous lire à nouveau smiley

        Effectivement « révolution » est ce qui est sous-entendu. Ceci étant elle ne doit pas revétir nécessairement un caractère violent, armes à la mains et tutti quanti. Une révolution pacifiste un peu dans le style Orange me plairait.

        Mais pour cela il faudrait un leader au charisme certain. Une grève générale et durable, une barricade autour de la corbeille, des sittings devant les succurales des banques ... il y a plein de choses à faire sans user de violence.

        Le meilleur exemple Gandhi. Un homme qui a fait plié un empire, et pas n’importe lequel. La marche du sel c’est fort comme symbole n’est-ce pas ? Et on ne pourrait pas y arriver, alors que l’on à des outils de propagation de bonnes idées autres que ce que l’on pouvait avoir à l’aube du XXeme siècle ?

        @ Daniel Roux

        Encore tout bon. Bien sur que la proportionnelle est la seulle solution qui vaille et qui est réellement démocratique. Je vois pourtant des momos qui diront « oui mais le front national ... et patati et patata ».
        Et bien le front national cela peut se combattre ausi avec des idées politiques simples, visant à lutter contre la misère, le chômage, un retour aux valeurs de la famille etc...

        Ceci étant achtung Pipole 1er y pense et pas qu’en se rasant. Mais c’est subtil chez lui. Il veut une proportionnelle à 20% et un scrutin à la majorité à 80%, et banissement des triangulaires. Et quels partis c’est sensé favorisé ... devinez ... si si l’UMP.

        Il s’aperçoit que sa cours passe le premier tour mais pas le second depuis un moment du fait de votr en faveur F.N.
        Inacceptable en l’état. Il souhaite dans un avenir proche modifier les scrutins (surtout pour les régionales) afin que l’UMP ait toutes ses chances de récupérer la mise.

        A peluche


        • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 18:43

          Il est clair qu’il manque un leader charismatique et que c’est nécessaire pour déclencher le changement, vu l’ampleur nécessaire.

          La comparaison avec Gandhi a un sens, simplement Gandhi a eu une approche pertinente pour renverser le pouvoir et le prendre, mais pour proposer un mode de gouvernement pertinent ensuite (voir tout ce qui s’est passé en Inde ensuite). Idem pour la révolution orange en Ukraine.
          Il faudrait donc un processus de type Gandhi ou Orange, mais avec un vrai projet politique derrière, réaliste et démocratique.

        • Walid Haïdar 12 octobre 2010 17:20

          Bonjour monsieur Branche.


          content pour une fois de ne pas être d’accord avec vous. Je vois, en retrouvant Avox, qu’ils ont remplacé le douteux sondage « article intéressant ? » par le profondément stupide sondage « d’accord avec cet article ? ». Comme si en général ça avait un sens d’être oui ou non d’accord avec un texte de plusieurs dizaines voir centaines de phrases...

          Mais bon, laissons aux décideurs leurs délires (fondons les nôtres ?).

          Il y a une chose qui m’échappe chez vous, c’est que d’une part vous développez une pensée que je qualifierais de complexe, au sens où elle se défie des frontières imperméables et compose avec la diversité, sans s’alourdir, « s’inertiser » de trop de classifications simples, d’ordres absolus (je n’ai pas lu vos bouquins, justes parcouru quelques fois votre blog et vos articles Avoxiens, donc je peux me tromper).

          Et d’autre part, vous tombez ici, de mon point de vue, dans une vérité un peu trop simple. Peut-être le fait de pourfendre un simplisme par un autre simplisme vous grise-t-il au point de ne pas sentir la trivialité de votre point de vue (sur cette question précise, car par ailleurs j’ai beaucoup de goût pour vos réflexions) ?

          Le mot « inéluctable », que vous employez dans cet article, au moins implicitement, est rarement l’émanation d’un discours complexe. Mais en l’occurrence, il apparaît comme constitutionnel de votre point de vue sur la question de la mondialisation. Pour moi, cela est réducteur, surtout lorsqu’il s’agit d’une question anthropologique, et je serais ravi d’en discuter.

          Dans votre texte, le complément de votre fatalisme relatif (au sens de l’inéluctabilité ci-dessus) semble être l’opposition triviale entre le nombrilisme nationaliste identitaire, et l’intégration dans les consciences de l’ouverture absolue au monde comme une loi naturelle et philanthropique si j’ose dire (« c’est comme ça et ça tombe bien »).

          Trivialité de la fatalité+trivialité de l’opposition de deux conceptions=trivialité.

          Pourquoi ne vous demandez-vous pas ce qui constitue la vérité du repli identitaire ? pensez-vous que tout cela est à 100% une bête réponse mécanique d’une partie un peu demeurée de la population à une sainte ouverture imposée par l’histoire ? qu’il n’y a qu’à attendre que ça passe, ou faire un peu de propagande pour abréger le processus (je taquine un peu) ?

          Je me considère comme un citoyen du monde, mais ça c’est un attribut théorique (je n’ai pas dis insignifiant) que je porte. Cela ne veut pas dire que ma réalité, ma finitude, n’induit pas une réalité plus complexe de mon identité (mouvante), le fait par exemple que je connais mieux telle culture, que j’ai malgré moi une affinité particulière, un attachement particulier à certaines choses, qui relèvent de certaines origines (française souvent, libanaise ou sénégalaise parfois), et moins souvent d’autres origines. C’est cela la réalité, et même si certains considèrent qu’ils sont sentimentalement voire culturellement « isotropes » (ce qui doit être triste, si jamais c’est possible), la réalité est que ce n’est absolument pas le cas de la majorité des gens.

          Ainsi, la réalité doit composer avec la réalité. Et parfois une réalité en domine une autre. La réalité des « nécessités » économiques doit-elle écraser celle des cultures et des sentiments ? La mondialisation n’est-elle pas en train de choisir dangereusement dans ce dilemme ? Peut-on faire l’économie d’un processus socio-culturelle sous la pression d’un agenda économique (si peu stratégique) ?

          autant de question dont votre article fait l’économie justement.

          Enfin, j’ouvre un champ d’apparence connexe de la problématique mais qui me paraît en fait central : un système naturel est un système complexe. Cette complexité est liée (entre autres) au fait que chaque objet renferme à une certaine échelle ou d’un certain point de vue, des relations ou entités mystérieuses. La société des hommes, c’est un objet sacrément complexe. Le fait est qu’elle tend de plus en plus à être déterminée par des macro-décisions, des macro-organismes. Que ces macros étouffent les opportunités d’émergence discordantes, de nouveaux modèles, mais elle étouffe, plus fondamentalement, les micro-émergences, et les mezzo-émergences éventuelles de ces micro-émergences, car celles-ci sont chahutées dans une arène mondiale totalisante*, ou doivent braver les arsenaux normatifs dits « d’harmonisation ».

          La mondialisation, d’une part en étant hyper-macronormative, d’autre par en ne prenant pas soin du maillage nécessaire des émergences organisationnelles sur un éventail continue d’échelles de la société, n’est-elle pas homicide ? Comment garantir les émergences sans préserver des espaces plus ou moins fermés ?

          La fermeture (autant que l’ouverture je crois) n’est-elle pas nécessaire pour préserver la vie de nos sociétés ?

          Pour quelle articulation des souverainetés ?

          • Walid Haïdar 12 octobre 2010 17:28

            * j’oubliais : mondialisation totalisante. Exemples :

            - surpuissance du capital
            - surnomativité
            - OGM : je fais comment si j’en veux pas et qu’on cultive en plein champ ? on fait comment si ça se complique ?
            - normes sanitaires : conçues pour des élevages intensifs, je fais comment si j’ai pas les moyens de m’équiper, que je veux faire de l’extensif et que dans l’extensif y a pas besoin d’antibiotiques ?
            - avec ces antibiotiques massifs sur notre bouffes, je fais comment pour boire une eau qui me défonce pas ma flore intestinale ?
             etc. etc.

            Le micro est écrasé par le macro, d’où l’expression « totalisante ».

            • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 18:57

              Merci pour votre commentaire, que je ne prends pas comme une opposition à mon propos, mais plus comme un enrichissement. Je suis en effet d’accord avec tout ce que vous avez écrit.

              Dans mon article, comme vous l’avez noté, je suis trop rapide, trop caricatural et vous avez raison. C’est tout le problème d’aborder un sujet pareil en quelques lignes. Je ne veux pas être long dans un article et je m’en sers comme des « brouillons » de ma pensée et aussi des sortes de test (je m’enrichis des réactions). Je réfléchis actuellement sur des sujets et ce sera probablement au sein d’un prochain livre (où là j’aurai la place d’exprimer la complexité du sujet).

              Pour revenir maintenant sur un des vos apports essentiels pour moi, oui, nous avons tous un « pli culturel ». Chacun de nous est issu d’une histoire, d’une famille, d’une culture, d’un territoire. Cela fait sa richesse et ses limites (dans le sens aussi de la définition : les limites sont aussi ce qui définit). Je suis moi-même défini de la sorte et c’est heureux. Maintenant j’essaie de ne pas penser seulement à partir de ces limites, d’abaisser au maximum mes a priori, pour penser à partir du point de vue de l’autre pour mieux le comprendre et comprendre ses choix.
              La question de notre nouveau monde multiculturel, multilocalisé et entremelé est donc de construire à partir de ses histoires différentes une histoire commune qui s’appuie sur ces « plis culturels » sans les détruire.

              Enfin, oui, sur la complexité et son côté emboîté. Dans mon dernier livre, je parle de désordres emboîtés, de « vélos russes » : comme le vélo, c’est le mouvement qui donne la stabilité (l’équilibre dans le déséquilibre) ; comme les poupées russes, chaque fois que l’on regarde un vélo, on en trouve un autre à l’intérieur.

            • Tzecoatl Tzecoatl 12 octobre 2010 22:02

              Article béat et à la naïveté calculée. 


              La décolonisation n’a jamais eu lieu, elle s’est juste recentrée sur son chapitre financier. Pour cela, elle s’est servie des chapitres idéologiques et militaires (surtout les US) très activement.

              Votre rêve, c’est quasiment le tiers-monde partout, sauf chez les financiers, dans les faits.

              Allez Robert, on se remate une bonne pub post-Benetton d’une quelconque World Company où des gens multicolores assistent à un laché de ballons multicolores ?



              • Robert Branche Robert Branche 12 octobre 2010 23:53

                Manifestement vous ne connaissez pas la Chine, l’Inde ou le Brésil... 

                Par contre, il est vrai qu’en Afrique (hors Afrique du Sud), la décolonisation reste à faire, mais personne n’a peur de l’Afrique...

              • Tzecoatl Tzecoatl 13 octobre 2010 03:54

                Oui, c’est vrai, le financier n’a pas directement la main sur ces pays, c’est son larbin l’importateur qui s’en charge.


                Dites-moi Robert, vous ne trouvez pas que toutes ces pubs, il y a quelque chose de dérangeant dedans ? Les acteurs y sont débilifiés, acceptant une limitation de leur dignité sans en prendre conscience ? Et vous souhaitiez la faire version écrite avec nous ?

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