• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Coke en stock (XXXV) : le Surinam et la Guyana, nouveaux chemins des (...)

Coke en stock (XXXV) : le Surinam et la Guyana, nouveaux chemins des trafiquants

Et comme tout évolue, les tracés des parcours habituels des avions délivrant la cocaïne à partir de Colombie ou du Vénézuéla, voire de la Bolivie et du Brésil, change. Au nord, avant d'atteindre l'arc des Caraïbes ou les côtes du Honduras ou de Belize, afin d'atteindre encore après le Mexique, les petits appareils ont besoin de pistes relais, pour refaire du kérosène ; ou pour parfois même embarquer une drogue apportée par camions. Ou déposer la cocaïne qui fera le reste du chemin par bateau. En ce sens, ces changements de route depuis la mise en place de moyens de lutte un peu plus efficace contre la contrebande, ont bénéficié à deux petits états qui jusqu'ici étaient restés à l'écart des "unes" de journaux. Faute d'être suffisamment connus au départ, car depuis quelques années, ces états sont l'objet d'un trafic intense, au point d'être devenus de véritables narcos-états. L'un des deux s'est même offert le luxe de se choisir comme président un ancien condamné pour trafic de cocaïne. C'est dire qu'Obiang Nguema est largement battu, au hit-parade des pires dirigeants de pays...

Deux petits pays se distinguent dans le genre, ceux accolés à la Guyane Française qui échappe plus ou moins encore à ce trafic (quoique des petits bateaux de plaisance bourrés de cocaïne ont déjà eu pour origine de départ la Guyane, en n'oubliant pas la saisie record de 2005 à bord du Don Matilde - 3 tonnes de coke !). Les saisies de la Marine Française dans la région attesteraient plutôt d'une montée en puissance du phénomène. "Le flux primaire de ce trafic est constitué par le transport de cocaïne avec des vecteurs maritimes qui peuvent être des cargos, des bateaux de pêche ou des voiliers. En général, ces flux quittent les côtes du Venezuela, ce pays n’étant pas une zone de production mais un important pays de transit. Les Antilles Guyane sont à proximité des zones de production d’Amérique du Sud, qui sont principalement par ordre décroissant la Colombie, le Pérou et la Bolivie. L’arc caraïbe est donc un point de passage extrêmement important du trafic, pour les bateaux qui partent en direction de l’Europe et de l’Afrique" note Outre-Mer Première.

Ces deux pays, ce sont le Surinam (ou Suriname) et le Guyana (Le Guyana, ou la République du Guyana). Ce dernier étant particulier, étant le seul pays du Commonwealth britannique à être situé en Amérique du Sud (on y roule donc à gauche !). Autre point essentiel : ces frontières passoires jouxtent le Brésil et le Vénézula, deux grands pourvoyeurs de cocaïne. Résultat, le pays est la proie d'atterrissages clandestins qui se multiplient depuis ces dernières années. Dernier point notable, c'est à cet endroit qu'en 1974, un illuminé, le révérend Jim Jones, venu de San Francisco, y créée une ville pour la communauté portant son nom, Jonestown, non loin de Port-Kaituma. C'est la secte du Temple du Peuple, gérée de façon dictatoriale, dont la fin sera spectaculaire le 18 novembre 1978 avec le suicide collectif des 914 adeptes (dont 276 enfants). Les deux pays sont en réalité truffés de zones d'atterrissage, le Surinam pour une raison historique bien particulière.

Le Guyana étant très touristique, grâce à des endroits à visiter tels que les chutes de Kaieteur (226 m de de dénivelé !), certains ont pensé y installer des services aériens, à base de petits avions typiques, à savoir STOL (*), pour pouvoir se poser sur des pistes en terre non préparées, le plus souvent dans un état délabré, faute d'argent.  Ainsi, Roraima Airways, gérée par le capitaine Gerald Gouveia, qui faisait voler vaille que vaille son Britten Islander (surnommé aussi le "Bongo") immatriculé 8R-GRC. Rien de tel qu'un survol des chutes en avion ! Une scène mémorable visible sur You Tube nous montre pourtant comment on remplissait de kérosène son appareil : le moins que l'on puisse dire c'est que c'était plutôt... folklorique. Les décollages sur la piste bien abimée l'étant tout autant.  Plutôt rockn'roll, là-bas, de voler, dirait George Thorogood, la bonne illustration musicale choisie pour illustrer le passage lent d'un Britten lors d'un festival en Floride. Le genre d'avion a visiter le pays voisin, le Surinam ; sur des pistes pas vraiment meilleures que celles vues jusqu'ici.... là c'est à Ruddy Cappel, près de Tafelberg, une mesa (montagne à dessus en forme de table). Ça secoue sec ! La piste porte le nom d'un pilote, Ronald Kappel, qui s'y est crashé en octobre 1959 à bord de son Aero Commander 520, voilà qui est très encourageant... dans les années 60 ; déjà, le pays était sillonné de bimoteurs, certains ayant quelques déboires parfois...

Le pays dispose en effet de pistes d'aviation, qui ont une drôle d'histoire. Sept pistes exactement : Kabalebo, Coeroeni, Kayser, Oelemari, Sipaliwini, Tafelberg, Vincent Fayks (autre nom d'un pilote polonais mort lors des opérations d'installations des pistes, dans le même avion que Kappel). Par avion, on avait rêvé de tout faire, au Surinam. Cela s'appelait l'Opération Sauterelle (Operation Grasshopper). Des pistes pour faire atterrir et décoller des avions chargés de ramener ce qu'on pouvait trouver là-bas dans le sol : de la bauxite (dans les années 50 le Surinam était le premier exportateur de bauxite, avec comme implantation américaine Alcoa) mais aussi de l'or, comme ici à  Rosebel dans le disctrict de Brokopondo, au nord-est du pays, au bord de la rivière Saramacca. Le site minier Aurora dispose ainsi de sa propre piste de 600 ft de long.

Ces opérations furent l'enjeu d'une joute militaro-politique avec le pays voisin, les relations entre le Surinam et la Guyana devenant alors exécrables en 1968. Pour résoudre le problème, le le premier ministre du Surinam Pengel choisi d'armer 200 mercenaires sous la bannière de la Defensie Politie (ou DEFPOL) placés sous l'autorité du major Lapré, un néerlando-javanais veteran des Royal Netherlands East Indies Army... pas vraiment une bonne idée ; malgré sa vision des choses : son premier travail consista à amener un bulldozer sur place pour construire une piste d'atterrissage pour Twin Otters ! L'idée ne sombrerait pas dans l'oubli comme on va le voir. De l'autre côté, on amena des policiers guyanais par hydravion, des Grumman G-21 Goose des Guyana Airways, dirigé par Roland da Silva, sous le nom d'opération Kingfisher. Ce dernier réussissant l'exploit de se poser sur la piste du camp adverse, pourtant bloqué par des fûts remplis de béton, lors de l'Operation Climax. Le "camp Tigri" fut ainsi conquis, par un exploit aéronautique et les capacités incroyables d'un appareil, le Twin Otter. L'appareil devint emblématique dans le secteur. Ainsi à Langa Tabiki.

Et aujourd'hui, au Vincent Fayks Airport, par exemple, on trouve encore trois entreprises d'aviation.  Gumair (et son Cessna Grand Caravan PZ-TBT, son Britten Islander PZ-TBL, son Twin-Otter PZ-TBW et son petit Cessna 2006B PZ-TBG). La société possède 3 Twin Otters, 3 Cessna Grand Caravans, 1 Islander et trois petits 3 Cessna 206. Mais aussi Caricom Airways (Caribbean Commuter Airways) et Blue Wings Airlines. Enfin, deux exactement. Ou même plus qu'une seule... Caricom ayant la particularité d'être enregistrée à Ste-Lucie et de n'utiliser qu'un seul appareil, PZ-TYL, encore un Britten-Norman BN-2B-20 Islander (le PZ étant l'indicatif du Surinam).. chez Gumair, les Twin Otters s'alignent au bord des pistes en herbe... Blue Wings ayant été interdit de vol avec ses petits Antonov après des incidents et un crash dévastateur, c'est au tour de Caricom de l'être via son pays d'attachement. Reste Gumair, donc...

Et parfois, d'autres petits avions s'y posent, ou plutôt se posent sur celles non répertoriées ; dans le pays voisin. Ainsi en 2005, près de la piste de Mazaruni, en Guyana, on retrouve un petit Cessna 206 à six places, immatriculé YV-0880P. Il est donc vénézuélien. En fait, l'avion a un faux-numéro apposé comme auto-collant. Celui-ci, une fois enlevé, révèle un autre numéro, toujours vénézuélien : l'YV-2657P. L'avion a été abandonné, des bidons vides d'essence autour de lui, alors que tous ses réglages indiquaient qu'il était moteur à fond, et à côté les deux bidons d'essence vides proviennent de l'aéroport de Ciudad Bolivar au Venezuela, la radio de bord étant elle aussi réglée sur la fréquence du lieu.  La batterie de l'appareil est également complètement à plat. Mais ce qui intrigue le plus les enquêteurs, c'est l'un des côtés du fuselage de l'avion. A part les deux sièges de pilotes, l'avion a été vidé de son contenu, et sur le côté droit un panneau manquant révèle un trou béant. Comme une porte de largage rapide : le type même de largage qu'effectuent les avions des trafiquants au large d'Haïti, par exemple, ceux dont je vous avais trouvé un exemple illustré dans l'épisode consacré à l'île maudite.  Pour les enquêteurs, l'avion retrouvé faisait penser à celui déjà découvert le 3 juin 1993 en train de larguer des ballots de cocaïne à Loo Lands, à à peine 45 miles de la rivière Demerara. Un ingénieur dépêché pour relancer l'avion fait remarquer que la piste sur laquelle il a atterri n'est pas loin de Kapau, qui a en fait été le quartier général des travaux de la route du Haut Mazaruni, et que la piste longue de près de 600m faisait partie du complexe d'origine.   L'enquête découvre aussi quelle est la provenance réelle du Cessna. C'est la Floride : la dernière fois que le Cessna U206 G est apparu, c'était au nom de CAVICO Aircraft Sales Incorporated, de Fort Lauderdale, en Floride, un brocker. L'appareil datant de 1978 était alors le N3477Y. Le Cessna fait-il partie d'un trafic plus intense ? D'autres appareils se posent dans le pays pourtant (parfois pas très bien non plus, remarquez)....

On en a la réponse à peine un an après, le 10 décembre 2007 : lors d'un vol de routine de l'armée de la Guyana Defence Force (GDF), un pilote remarque une longue saignée en forêt, près d'une rivière, la New River, justement, près d'Orealla dans le district de Corentyne. Le pilote a le temps de voir au bout de la piste un avion en fort mauvaise posture, avec autour des personnes habillées de noir ou de vêtements sombres qui sortaient de la jungle environnante. L'avion à des marquages vénézuéliens, semble avoir raté son décollage et avoir glissé en fond de piste, sur la droite. Le temps d'envoyer une patrouille et l'on découvre une carcasse totalement incendiée. C'est un bimoteur de taille plus impressionnante cette fois : c'est un Let 410 d'origine tchèque, le genre d'appareil qui peut emporter jusqu'à 1,7 tonne de fret d'un coup : on change de catégorie là, à la place du Cessna !

Mais les soldats envoyés sur place ne sont pas au bout de leur surprise : à l'autre bout de la piste trône un... bulldozer, dont il manque le starter, manifestement enlevé pour ne pas pouvoir le déplacer. Les trafiquants ont pensé à effacer toutes leurs traces... pas tout à fait. La piste, mesurée, fait 1 kilomètre de longueur, plus longue que le nouveau terrain officiel d'Ogle. Derriière la piste, deux longues saignées dans la brousse mènent au fleuve : le bulldozer est venu par bateau, monté sur une barge. C'est toute une organisation qui se cache derrière cela. En mai de la même année l'armée avait déjà découvert une piste pas loin, qu'elle avait fait sauter à l'explosif.  A côté il restait encore des fûts pouvant contenir 500 gallons d'essence (1800 litres !) ou de kérosène. Le Let 410 "Turbolet", avion à aile à faible corde et robuste train est très approprié et à commencé à supplanter un peu partout le Twin Otter, ainsi en Guyane ou Air Guyane en utlise un, vu ici au à l'atterrissage à Saül. Et peu après se parquant, avec une pilote. Avion de brousse, on retrouve le même robuste type d'appareil STOL.... aussi bien au Congo qu'en Dominique, dans les Caraïbes (ici à Canefield). L'enquête démontrera que deux Colombien et un Venezuelien étaient en relation avec l'opération, et que le bulldozer appartenait à un businessman de la région de Corentyne, impliqué jadis dans le trafic de drogue. Les personnes interrogées confirmant toutes que le trafic des bords de la rivière Orealla durait depuis au moins une année, avec des rotations régulières, entendues à chaque fois.

En 2003 déjà, les USA avaient pourtant déjà alerté sur la situation de relais de la Guyana : "le Département d'Etat américain a conclu que le Guyana est une cible privilégiée pour le blanchiment d'argent et le trafic de drogue cela est dû à des lois faibles, une corruption dans l' application de la loi et l'impasse politique persistante. Dans son rapport de stratégie pour le contrôle international des stupéfiants (INCSR) pour 2003, le département d'État décrit la Guyana "comme point de transbordement pour la cocaïne sud-américaine destinée à l'Amérique du Nord et en Europe. Les preuves sont insuffisantes, cependant, que la cocaïne entrant aux Etats-Unis de la Guyana est dans une quantité suffisante pour avoir un effet significatif sur les États -Unis. Les conditions économiques, politiques et sociales en Guyana en font une cible de choix, cependant, pour les trafiquants de stupéfiants pour qu'ils y étendent leurs activités illicites ... " Le rapport note également que « ... le manque de coopération politique a empêché la mise en œuvre des réformes nécessaires à la Force de police du Guyana(GPF)" Et dans une section importante du rapport, "les allégations de corruption sont très répandus, et d'atteindre des niveaux élevés du gouvernement, mais continuer à aller l'objet d'enquêtes. La prestation de serment par le GPF d'un baron de la drogue réputée et plusieurs de ses cohortes constables spéciaux soulève de sérieuses questions quant à l'intégrité de la force."  Le rapport de 2011 du même International Narcotics Control Strategy Report (INCSR) constatait rien d'autre qu'une aggravation de la situation... la corruption ayant encore augmentée. La drogue circule bien en Guyana et au Surinam, et parfois même prend le bateau pour l'Europe au lieu de prendre le chemin des USA, via l'arc des Caraïbes. Du Surinam, direction le plus souvent la Hollande. Cette fois via le bateau et un container censé contenir des pièces de forage pétrolier. L'une des pièces de machinerie, ouverte, révélera 145 paquets de cocaïne d'une valeur de 8,25 millions de livres, à la place des engrenages, interceptés dans le port de Tillbury en Angleterre, sur la Tamise. 

Et depuis, le circuit de la drogue s'est accentué. Des barrons locaux sont apparus, tel celui-ci, pris sur le vif le 6 janvier dernier, au Surinam. Des armes, de grosses voitures et des millions de dollars en petites coupures : la panoplie complète... selon les autorités, il y en avait pour 115 kilos de cocaïne de saisie... Le 4 avril dernier, c'étaient trois guyanais qui étaient arrêtés aux Barbades, sur cinq trafiquants arrêtés. Cachés dans des palettes de bois, il y avait 42,8 kilos de cocaïne. D'une valeur de 1,3 million de dollars. C'est bien tout le secteur qui est concerné, et le relais entre avions et bateaux existe bel et bien. Et puis il y a cette incroyable nouvelle tombée il y a un bientôt an maintenant, le 19 juillet 2010 et confirmée par son investiture le 12 août à la tête du Surinam : le retour d'un homme condamné par la Hollande pour trafic de cocaïne comme président élu du pays : Desiré Delano ("Desi") Bouterse, dont je vous ai conté une partie de l'histoire dans l'épisode XXXV, avec la saga des petits Antonovs de Blue Wing. Si avec ce choix le pays n'est pas classer directement dans les narcos-états... un site néerlandais qui s'amuse à comparer les salaires présidentiels à déjà évalué le sien : 153 530 dollars pour 12 794 par mois (le revenu moyen là-bas est de 291 dollars par mois.  Officiellement, sans compter ses "extras". Le 28 février dernier, il visitait la région de la rivière Corentyne... pour rencontrer son homologue le président Barrhat Jagdeo, le " président de la. République coopérative du Guyana". Qui confirmait aussitôt qu'il ne ferait rien pour appuyer les demandes hollandaises de le livrer à la justice... On ne sait pas s'ils ont évoqué ensemble les bulldozers égarés en pleine jungle...
 
Entre complices, pourrait-on dire plutôt : le 5 août 2009, Barrhat Jagdeo se voyait accuser d'utiliser des "hommes en noir" ayant exécuté au moins 200 opposants et de protéger un trafiquant notoire, Roger Khan, surnommé "Shortman" et son équipe de "Mash Day" de 2002, détenu depuis par les Etats-Unis. Selon le "Caribbean Guyana Institute for Democracy" (CGID) c'était pourtant le cas, malgré les dénégations de Jagdeo. "Il y a une chose sûre, au moins, c'est que non seulement le président Jagdeo avait connaissance des atrocités de Khan et de ses activités criminelles en Guyane, mais que son gouvernement par la voie de l'ancien ministre de l'Intérieur Gajraj Ronald et d'autres responsables connus, aurait fourni des renseignements et des informations à Khan et également aidé et encouragé son entreprise criminelle."  Lors de son arrestation, Khan avait été embarqué avec trois anciens policiers du Surinam. Sean Belfield, Paul Rodrigues et Lloyd Roberts, qu'il avait corrompus. Lors de son arrestation, Khan avait un ordinateur avec dedans une carte de Guyana avec les adresses et les numéros de téléphones de diverses compagnies guyanaises, nous apprend KaieteurNews. Adroit, lors des grandes inondations de 2005, Kahn avait joué les Robin des Bois en se transformant en association humanitaire et en distribuant des vivres. Lors d'un raid pour le surprendre, la police guyanaise s'était fait voler 33 kalachnikovs, tombées dans son escarcelle de bandit de grand chemin. Lors du procés de Khan, lui avait été reproché le meurtre de Donald Allison, un entraîneur de Boxe d'Agricola, et de Devendra Persaud, qui lui-même avait été rendu responsable de celui d'un pilote de la base aérienne d'Ogle. On nage en plein univers de mafieux trafiquants, s'occupant de gérer leur flotte d'avions et de pilotes, et de remettre dans le droit chemin ou d'éliminer les récalcitrants... le 17 mars 2009, Khan, pourtant toujours soutenu en déclarations par le Président Jagdeo plaidait coupable de trois méfaits : trafic de drogue, obstruction à la justice et tentative de meutre : soit quinze ans et non quarante comme l'espérait la presse du pays. En octobre 2009 tombait la décision finale du juge US : 30 ans au total pour les charges séparées, soit 15 années sûres à l'ombre, la justice US acceptant de cumuler les charges. Un peu plus tard, le 26 juin 2010, Jagdeo avait été salué par... Hugo Chavez. Leur projet commun : une route, reliant les deux pays... une nouvelle route de la drogue ? 
 
Chavez, mais pas seulement. Car derrière la cohorte des avions de tragiquants (et derrière Chavez serait-on tenté de dire), qui retrouve-t-on, sinon les mêmes... Ainsi le 14 juillet 2010, à Paramaïbo, pouvait-on photographier un appareil bien connu : l'Airtech CN-235-200 de Prescott Support, immatriculé N5025. L'avion du support technique de Prescott Aviation de Myrtle Beach. Un firme décrite en Finlande comme ayant fait des voyages dits de "rendition" au nord de l'Europe. Son appareil le plus connu étant le célèbre L-100-30 Hercules (L-382G) N3755P vu un peu partout dans le monde (ici vu à sa base de Myrtle ; en Caroline du Sud). En août 2008, on retrouvait la firme.... au Kenya, toujours labelisée CIA, en train de débarquer des hommes en armes, descendus de ses trois appareils : le fameux CN235, le L-382, et un Beechraft BE-200 tous atterris au Wilson Airport and Jomo Kenyatta International Airport. Une bien étrange mission semblait-il : les avions étaient arrivés de nuit. Le 18 décembre, le fameux CN-235-200 était à Djibouti. Auparavant, l'appareil avait connu la valse des étiquettes habituelles, passant du EC-030 au EC-FAE, puis au LV-VHM et EC-HAU (chez Binter Mediterráneo) avant de devenir N235TF... que venait il faire-là, mystère. Et quand ce n'est pas la CIA, qui vient visiter le pays c'est l'armée, qui vient proposer une aide humanitaire payée par... les Mormons. Un mélio mélo armée américaine et évangélistes, où se côtoient le "Navy’s Project Handclasp program", et la "Jesus Christ of Latter Day Saints", plus des filtres à eau offerts par les Rotariens : drôle de télescopage. Etrange apparition !

Mais il en reste d'autres d'apparitions, notamment celle de cet homme... Michael Francis Brassington, pris avec 43 lbs d'heroine à bord de son Learjet (le N351WB) sur l' Orlando Executive Airport en juillet 2000. Un guyanais assez spécial, disons. L'appareil était la propriété de Wallace J. Hilliard.

(*) avion à décollage et atterrissage court. Les avions à aile étroite mais allongée en sont les champions, comme l'avait montré en France l'incroyable Hurel-Dubois de 46 m d'envergure qui a longtemps sillonné le territoire pour l'IGN (j'ai eu la chance de le voir passer au dessus de ma tête dans mon enfance, avec un bruit très doux caractéristique !). Il était surnommé le "coupe papier volant" !


Moyenne des avis sur cet article :  2.69/5   (26 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    



    • Guido M 5 avril 2011 16:46

      Cher Morice, vous méritez le Prix Nobel de la Paix. Vos articles ont changé la face du monde.

      Bien à vous,

      G.M.



        • lamasse 7 avril 2011 00:19

          Morice vous êtes bien éclairé et vos connaissances aéronautiques de la fraude sont incontestables, il y a qq articles vous laissiez entrevoir le rôle joué par les libanais je dirais Hezbollah dans la fraude, vous avez misé juste ; qq précisions ; le Hezbollah est bien présent en Amérique du Sud : Brésil, Vénézuela, Argentine, Mexique etc. Il suit c’est évident la diaspora libanaise installée dans ce continent. Hugo Chavez est son plus fidèle sponsor et parrain. Et donc la politique du Hezbollah vise principalement à rattacher les flux sud-américains aux flux africains notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest. Les libanais maintiennent leur emprise dans des zones de fraude comme la Guinée Bissau, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée Equato et Sao tome, je vous en dirai bientôt plus pour vous aider un peu dans votre encyclopédie des circuits. A bientôt.


          • morice morice 7 avril 2011 08:38

             je vous en dirai bientôt plus pour vous aider un peu dans votre encyclopédie des circuits. A bientôt.


            on attend avec impatience... moi, je vous parlerai bientôt de... Chavez.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès