Comment dire NON merci à l’Europe-pour-la-guerre ?
Il faut toujours dire ce que l'on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit. (Charles Péguy)

De l’agité Sarkozy [1] au sage Michel Serres [2], on ne compte plus les zozos qui, ces dernières années, nous ont seriné que l’Europe nous a offert sept décennies de paix comme si le drame yougoslave n’avait jamais existé. Non seulement il a existé mais en validant le processus d’indépendance du Kosovo, il a créé le précédent juridique qui légitime l’action de Poutine à l’origine de la fureur de l’Occident en général, celle des Etats-Unis en particulier. Toujours est-il que l’Europe-pour-la-paix a été la propagande officielle qu’on nous a seriné depuis sa conception.
On comprendra dès lors qu’il soit difficile à certains d’accommoder sur le fait que, telle Janus ou le Dr Jekyll, l’Europe, a, depuis peu, changé de visage, et pas qu’un peu. Il est à présent incarné par celui de van der Leyen, la présidente mi-Folamour mi-Picsou d’une Europe-pour-la guerre dont les citoyens n’ont jamais été avertis par les médias de son changement de destination. Il faut dire que nos médias sont quasiment tous « aux ordres », le Canard comme les autres — seul à ma connaissance Rivarol fait exception, mais pour combien de temps encore ? Car « le système » veut sa peau !
Ainsi, un peu comme la femme obèse qui comprend enfin qu’elle a un problème de surcharge pondérale lorsqu’elle ne peut plus s’asseoir dans un fauteuil de cinéma, nos concitoyens se bercent d’illusions et probablement ne prendront-ils conscience des mensonges dont on les abreuve que lorsque ceux-ci s’imprimeront sur leur peau, grâce à la lumière proprement aveuglante d’un flash atomique. Ils feront sens alors de toute une série de compromission avec l’Hégémon US et notamment l’abandon en rase campagne des accords de Minsk 1 & 2 dont l’Allemagne et la France étaient garantes. Ils comprendront en même temps que la série interminable des sanctions prises contre la Russie était déjà suicidaire pour l’Europe puisque l’effet premier a été d’amener un effondrement économique et une inflation hors de contrôle.
Mais certains refuseront toujours de croire que nos dirigeants puissent prendre des décisions tellement contraires aux intérêts des peuples qu’ils doivent servir. Ils ont bien trop peur de s’affronter à l’idée que le pouvoir puisse être au service d’autres intérêts que celui du peuple.
Pourtant le romain Cicéron nous a averti il y a plus de deux mille ans :
« Une nation peut survivre à ses fous, et même à ses ambitieux. Mais elle ne peut survivre à la trahison de l'intérieur. Un ennemi aux portes est moins redoutable, car il est connu et il porte sa bannière ouvertement. Mais le traitre se déplace librement, parmi ceux qui sont à l'intérieur des murailles, ses murmures pervers bruissent à travers les ruelles et on les entend dans les allées même du pouvoir. Un traitre ne ressemble pas à un traitre ; il parle avec une voie familière à ses victimes, et il porte leurs visages et leurs arguments ; il en appelle à la bassesse qui se trouve ancrée dans le cœur des hommes. Il pourrit l'âme d'une nation, travaillant en secret, inconnu dans la nuit, sapant les piliers de la ville. Il contamine le corps politique qui ne peut résister. Un assassin est moins à craindre, le traitre c'est la peste. »
Afin de mettre les points sur les i, indiquons simplement que l’état profond étasunien qui est à la manœuvre en Ukraine est un peu comme la réserve fédérale américaine : celle-ci n’est pas une réserve (c’est une planche à billets), elle n’est pas fédérale (car il s’agit d’une structure privée) et elle n’est pas américaine (puisqu’il s’agit depuis son origine d’un cartel de banque international). Cette fraude dure depuis le 23 décembre 1913. Nous l’avons tous gobée depuis des décennies, les étasuniens les premiers. Je vous invite à aller vérifier par vous-même car cela vous permettra de soupçonner le niveau de mensonges dont est capable l’élite financière mondiale qui préside à la destinée du monde et dont Hollande a pu déclarer solennellement mais avec une lucidité calculée et, donc, très fugace — de l’ordre de celle du Francium qui a 22 minutes de demi-vie de sorte qu’au sortir de sa réunion de campagne, notre candidat « normal » avait déjà oublié — qu’elle était son ennemi.
Un exemple très récent démontre à l’envi la facilité avec laquelle les mangeurs de vent gobent la soupe médiatique. Lorsque tout récemment la centrale nucléaire de Zaporijia contrôlée par les russes a été l’objet d’attaques susceptibles d’amener un accident nucléaire grave façon Tchernobyl ou Fukushima, les médias ont été incapables d’écrire noir sur blanc qu’avec leurs attaques sur la centrale nos bons amis ukrainiens se déclaraient prêts à empoisonner mortellement toute l’Europe avec des radioéléments plutôt que de laisser les russes disposer de cette énergie pour l’alimentation de la Crimée. Les médias se contentaient d’affirmer que les deux parties s’accusaient mutuellement. Non pas qu’ils pensaient qu’on pouvait croire l’idiotie selon laquelle les russes s’attaqueraient eux-mêmes — tant il est évident qu’il ne faut pas déjà avoir le contrôle de la centrale pour chercher à l’acquérir de sorte que les agresseurs pouvaient seulement être les ukrainiens — mais ils savaient déjà très bien que la plupart des consommateurs — et si peu citoyens — européens ne prendrait pas la peine de traiter logiquement cette information qui pouvait donc passer comme une lettre à la poste et, de fait, c’est bien ce qui est arrivé.
Les médias forment la Matrice. Ils nous procurent le doux sentiment d’une réalité ordonnée dans laquelle les ennemis désignés sont les méchants et nos gouvernants sont les gentils. Avec des séries Netflix, des plateaux télé, Big Pharma au coin de la rue, tout est en place pour que nous disposions d’« une ligne de vie idéale, juste assez inclinée pour que la carcasse humaine glisse du berceau jusqu'à la tombe ». [3] C’est vers elle que nous guident les joueurs de pipeau de la mondialisation. Comme les rats ou les enfants de la fable, nous les Européens courons à notre perte. Mais un peu de dépopulation ça ne peut pas faire de mal quand c’est pour le bien de la planète, n’est-ce pas ?
Une fois ce constat fait, accepté et acté, que pourrait-on entreprendre afin que ce que l’on peut présumer être la volonté populaire de ne pas aller à la guerre nucléaire puisse prévaloir sur la traîtrise de dirigeants psychopathes ? Faut-il envisager une nouvelle Révolution avec l’espoir que les françaises et les français se ressaisissent de l’esprit de la Constitution de 1793 qui, dans son dernier article, le 35, stipulait que :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » ?
Ce serait oublier que la Révolution était déjà mue par les forces actuellement au pouvoir. Il n’est que de voir avec quelle violence les Gilets Jaunes ont été traités.
Bref, je n’ai pas de réponse à la grave question qui se pose à ceux qui ont des yeux pour voir, notamment dans le miroir. Personnellement, je ne crois pas à l’action violente parce que, en toute honnêteté, je n’en suis pas capable. L’action non violente façon Gandhi me paraît plus propice mais elle nécessite d’avoir consensuellement répondu à la question posée par les initiateurs du mouvement Occupy Wall Street : quelle est votre principale demande ? (What is your on demand ?)
Avec ou sans meneur, les Gilets Jaunes n’ont jamais su y répondre. Il est vrai qu’ils ont, par la suite, convergé sur le RIC révocatoire mais sans doute trop tardivement, quand le mouvement était déjà sur le déclin. Si tant est qu’il y ait effectivement réussi, un tel objectif ne peut plus nous mettre d’accord à présent car comment espérer arrêter l’apocalypse nucléaire que les néocons nous préparent en s’engageant dans une lutte pour le RIC ? Ce serait comme aller à la cueillette aux champignons avec son petit panier en espérant manger un civet de sanglier le soir. La pensée magique c’est fini, il est temps d’être réaliste, de faire la liste de nos options et d’en choisir une suffisamment évidente et convaincante pour qu’on puisse espérer que l’opinion publique s’en saisisse au point de réduire au silence le battage médiatique pour la guerre. Mais comment amener nos concitoyens à comprendre qu’au fond, ils ne veulent ni la guerre économique ni la guerre atomique avec la Russie sans passer immédiatement pour des égoïstes traîtres à une cause ukrainienne qui semble exiger tous les sacrifices ?
Il me semble que la première chose à faire serait de trouver LE slogan qui frappera les esprits. Puis la succession d’affirmations à laquelle chacun consentira et qui le mènera à la conclusion proclamée par le slogan. Pour donner seulement une petite idée de ce à quoi je pense, en s’inspirant à nouveau de Cicéron (ou Fénelon ?) ça pourrait être quelque chose comme :
- J’aime ma famille plus que moi-même
- J’aime ma patrie plus que ma famille
- J’aime l’humanité plus que ma patrie,
- C’est pourquoi je veux des négociations de paix, pas des bombes nucléaires
- Pour mes enfants, pour les générations futures
- L’Ukraine doit être neutre.
Vous avez d’autres idées, de meilleures idées ?
C’est le moment de les partager !
Bref, pour conclure, je dirais que je reste convaincu que le seul plan de paix que j’ai vu passer, le plan Musk, est un must.
[1] « nous venons de connaître soixante-dix ans de paix. À ce seul titre, l'Union européenne devrait être saluée et soutenue de façon vibrante. »
[2] « depuis sa fondation, l’Union européenne a traversé soixante-dix ans de paix, ce qui n’était pas arrivé... depuis la guerre de Troie ! »
[3] In Henri Dax, Le cœur et les tripes du jeune mandarin
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