Comprendre Fichte sur ce que tu appelles toi. Le contenant-contenu-pensée-destinée et le but dans l’être humain
Dans l’ouvrage du philosophe allemand Johann-Gottlieb Fichte « La Destination de l’homme » (1), écrit en 1800 et traduit en 1832, retenons ce passage (pages 78-84) :
« Au seul nom de la liberté, mon cœur s'épanouit. A celui de la nécessité, il se resserre douloureusement. Être là froid, inanimé au milieu des scènes variées de la vie, n'avoir d'autre mission dans le monde que de présenter un miroir impassible à de fugitives ombres... cette existence m'est odieuse, insupportable. Je la déteste, je la maudis. Mieux encore, je prétends m'en affranchir. Je veux vivre par les facultés d'amour et de dévouement qui sont en moi. Je veux me mettre en sympathie avec moi d'abord, puis avec ce qui m'entoure. Je me prendrai donc, ou pour mieux dire, je prendrai mes propres actes pour l'objet le plus constant de cette sympathie. J'agirai toujours pour le mieux. Je me réjouirai lorsque j'aurai fait le bien, je pleurerai sur moi lorsque j'aurai fait le mal. Mais cette douleur elle-même ne sera pas sans charme, car j'y trouverai le gage d'un perfectionnement pour l'avenir. Là est vraiment la vie. La vie, c'est l'amour ; hors de l'amour, c'est le néant, l'anéantissement.
La nécessité, je le sais, tourne en ridicule ce besoin d'aimer que j'éprouve. A l'entendre, je ne sais pas, je n'agis pas. Il n'y a pas de but dans ce monde à mes instincts les plus exquis, et celui que je leur avais donné n'était qu'une grossière illusion. Ce n'est pas moi qui agis, c'est une force étrangère qui agit en moi. Peu m'importe donc la façon dont elle agira. Je n'ai, moi, qu'à me mettre à l'écart, pour ainsi dire, de ma propre existence. Heureux encore, si je ne suis pas condamné à rougir trop souvent au nom de ce qu'il y a de plus noble dans ma nature ! Ce qu'il y a en moi de vraiment saint, de vraiment sacré, est livré à une éternelle profanation.
Il est cependant probable que la raison qui m'avait porté à me croire libre, existant par moi-même avant que j'eusse commencé les recherches dont je recueille en ce moment les fruits amers, se trouvait dans cette sympathie pour moi, que je n'avais jamais cessé de ressentir, lors même que je n'en avais pas la conscience. Il est probable que c'est elle aussi qui m'avait fait admettre, comme une vérité démontrée, un système qui, après tout, n'a pour lui que le manque de preuves du système contraire. C'est encore elle enfin qui, sans aucun doute, m'avait tenu éloigné jusqu'à présent de la téméraire entreprise que je viens d'accomplir.
A cela, il est vrai, l'autre philosophie ne demeure pas sans réponse. Aride et désenchantée, elle n'en est pas moins inépuisable en raisonnements, en explications. Elle se charge de m'expliquer jusqu'à l'éloignement qu'elle-même m'inspire, jusqu'à l'entraînement impérieux qui me pousse vers la liberté. Pour elle ma conscience immédiate n'a pas de secrets. Il n'est pas de faits cachés dans ses replis les plus mystérieux que je n'aille y chercher pour le lui objecter ; que, s'en emparant, elle ne me dise aussitôt : cela est vrai, je le dis comme toi, et, de plus que toi, je dis pourquoi cela est.
Lorsque tu te plains avec amertume de voir tes sentiments d'amour et de sympathie déjoués comme ils viennent de l'être, poursuit froidement l'impassible nécessité, c'est que tu te places au point de vue de ta conscience immédiate. Toi-même tu l'as d'abord confessé, puisque tu as commencé par dire que l'objet le plus constant de ces sentiments, ce devait être toi. Or, ce toi, cette personne que tu appelles toi, qui excite à un si haut degré toute ta sympathie, tu l'as déjà reconnu, ce n'est que la manifestation d'une force étrangère. C'est seulement en effet au moment où cette force étrangère, avant de se produire au dehors, revient sur elle-même à la façon d'un ressort, que tu as conscience de la propre existence, que tu nais à ce monde.
Eh bien ! Pendant ce reploiement de la force sur elle-même, il naît en elle une sorte de désir instinctif d'un développement libre qui ne soit contrarié par aucun obstacle extérieur. Ce désir instinctif se manifeste à ta conscience ; et cette même raison qui a fait que la force elle-même t'est apparue comme ta propre personne, te porte à voir dans le désir instinctif de cette force un sentiment qui t'est personnel. Tu l'appelles amour, sympathie ; tu crois t'aimer toi-même, tu crois t'intéresser à tes actes. Mais sors des étroites limites de la conscience individuelle, porte les yeux sur l'univers entier, ose l'embrasser dans ta pensée, tu ne tarderas pas à voir qu'une vaine illusion t'a séduit. Tu comprendras facilement qu'il n'est pas vrai de dire que tu t'intéresses à toi, à ta propre personne, mais qu'il l'est seulement qu'une des forces de la nature prend, en toi, intérêt à son œuvre et à la conservation de son œuvre. N'en appelle donc plus à de prétendus sentiments d'amour et de sympathie. Tu n'as le droit d'en rien conclure, puisque tu n'as pas celui de les supposer.
Comment pourrais-tu t'aimer, toi qui n'existes pas ? Dans la plante, il y a aussi une sorte d'instinct, une sorte de ressort, si tu l'aimes mieux, qui la pousse à croître, à se développer ; cela ne t'a pas empêché d'admettre que sa croissance et son développement étaient déterminés par des forces extérieures. Or, si la plante était douée de conscience, elle ne manquerait pas de reconnaître, dans la tendance vers un libre développement que manifesterait la force qu'elle recèle, les mêmes sentiments d'amour de soi, d'intérêt pour ses actes, que tu as cru éprouver ; et si tu tentais ensuite de lui persuader que cette tendance intime n'a aucune influence sur ses développements extérieurs, si tu lui disais que ces développements sont déterminés jusque dans leurs moindres détails par des forces étrangères, la plante se refuserait à te croire : elle raisonnerait comme tu viens de raisonner. Cela pourrait peut-être être excusable en elle, pauvre plante ! Mais cela peut-il l'être en toi, le roi de la création ; en loi dont la pensée est faite pour embrasser l'universalité des choses. »
L’auteur a déjà fait sortir un article puisé dans l’ouvrage du philosophe allemand Fichte sur un site (2), il a pour titre :
« Tu crois être toi, sache que tu n’es qu’une des forces de la nature qui prend, en toi, intérêt à son œuvre et à la conservation de son œuvre »
Le constat est net, il est sans appel, le passage du texte du philosophe allemand Fichte (ouvrage de 414 pages) n’a pas été compris par les commentaires que l’auteur a reçus. Soit qu’ils sont hors-sujet, soit qu’ils sont trop métaphysiques, difficiles saisir tant ils sont abstraits.
Aussi, pour corriger, l’auteur donne dans cette analyse donne des cas frappants, concrets, véridiques de vies d’êtres humains. Et, par cette correction ciblée sur ce qu’il en est réellement des vies humaines, de leurs pulsions qui ne sont en vérité qu’une suite de réactions tout à fait humaines, qu’elles vont dans le bon sens ou dans le mauvais sens, restent néanmoins profondément humaines. Et ces réactions peuvent être du ressort de chaque humain selon sa propre constitution dans son existence.
Aussi comment comprendre la philosophie de Fichte, et pas seulement sur un plan philosophique abstrait qui ne répond pas à la réalité vécue. Le seul moyen est d’expliquer « qui est l’être humain ? Qui sommes-nous ? » Et qu’est-ce que l’on entend par « être vivant mais humain », contrairement à l’être vivant animal qui ne vit que sur son instinct animal. Ou un être vivant plante qui ne pense pas mais qui, dans sa croissance, évolue, donne des fruits comestibles ou non, ou des fleurs pour embellir, ou simplement une verdure. Comme partout sur terre où des plantes naissent, jusqu’aux forêts où elles sont dans leur propre écosystème, vivant en communauté à l’instar des humains dans des villes, villages, hameaux…
Et tous ces êtres vivants, dans leur existence, dans leur croissance comme dans leur décroissance voire même leur disparition et leur remplacement participent dans la vie de l’écosystème terrestre. Aussi que veut dire Fichte dans ce qui fait le toi humain. En clair, qu’est-ce que je suis moi-même et qui est ce toi dans moi-même ? Comme l’écrit Fichte dans le passage ci-haut : « Cela pourrait peut-être être excusable en elle, pauvre plante ! Mais cela peut-il l'être en toi, le roi de la création ; en loi dont la pensée est faite pour embrasser l'universalité des choses. »
Pour abréger et entrer directement dans le vif des explications de ce moi et ce toi mystérieux en nous, en quelques mots, donnons une réponse très rationnelle. Une réponse qui non seulement simplifie le problème de l’humain mais lui donne un véritable sens ; surtout elle lui soustrait le sens métaphysique ; l’être humain ne se sent plus métaphysique ; il peut se voir presque en miroir dans ses faits et gestes dans son existence.
Qu’en est-il ? Que signifie cette approche ? Qu’apporte-t-elle ? Tout être humain est comme tout humain, « nous sommes tous un « contenant et un contenu ». Qu’entend-on par contenant ? Un « contenant » exprime , vous êtes gros, maigre, fort, fiable, haut de taille, ou de petite taille, intelligent question caractère, ou idiot, même débile, menteur, envieux, jaloux, non ou peu jaloux, suffisant, volontaire, téméraire, ou prudent, calculateur, spontané, honnête, malhonnête, ou ordinaire avec les tares et qualités. Bref tout ce qui décrit la nature de l’être humain, dans tous les degrés possibles entre ses qualités et ses défauts. Et cela relève du corps comme de l’esprit de tout humain. Le « corps-esprit » est le contenant de l’être, c’est par lui qu’un homme, une femme existe ; en clair ils sont ce qu’ils sont, ils sont comme ils sont.
Il existe une multitude de contenants sur terre, aujourd'hui, la Terre est peuplé de plus de huit milliards de contenants ; et sur les huit milliards d'êtres humains, il faut extraire les bébés et enfants qui n'ont pas développé encore leur contenant.
Maintenant, le contenu ; qu’en est-il ? La réponse est simple ; elle a trait au vécu de chaque existence humaine ; chaque être humain à ce qu’il a apporté lui-même et aux autres. A vous, il faut dire le vécu pour vous-même et aussi à tous ceux qui ont participé à votre vécu, dans une relation mutuelle. Puisque vous prenez d’eux comme ils prennent de vous. Le contenu est cette œuvre humaine en soi qui peut être un contenu riche, ou un contenu morne, un contenu effacé, et tant d’autres contenus qui diffèrent des autres contenus et bien sûr, en liaison intime avec son contenant. En clair, c’est ce contenu que l’être humain, au travers de son contenant – un contenant qui est lui –, qu’il a essaimé durant sa vie et continue d’essaimer s’il est toujours en vie.
Ce contenu représente presque totalement l’être humain ; il est plus que son miroir ; son miroir même réfléchit ce que cet être est réellement par son contenu.
Ce « contenant-contenu », dans son existence en tant qu'être qui compte dans la société-humanité, ne le doit qu'à une autre instance, et celle-ci est centrale dans l’existence de l’être humain. Sans cette instance, il ne peut y avoir de « contenant-contenu ». Qu’en est-elle de cette instance ? Elle se devine aisément, c’est la « pensée » de l’être humain ; c'est par sa « pensée » que le contenant s'est rempli de son contenu ; ils font ainsi ensemble ce chemin de vie : contenant-contenu-pensée. Pour chaque être humain, il est ce « contenant-contenu-pensée » où la pensée est à la fois ordonnatrice et exécutrice. Elle est à la fois indépendante et dépendante de l’être humain ; elle est à la fois aux ordres de l’être humain mais aussi exécutrice d’autres ordres qui ne relèvent pas de l’être humain.
Pour comprendre, donnons deux exemples.
Le premier exemple. Prenons un homme, un jour, dans son entourage, il est remarqué par ses qualités qui relèvent à la fois de son contenant et de son contenu, il apparait très intelligent, volontaire, etc... Et ce sont des décideurs à quelque échelon de la société, qui l’ont remarqué, qu’il monte en grade par ses qualités, et continue de monter en grade, et c'est l’ascension. Ensuite, ça marche très bien pour cet homme, à un autre échelon de la société, il est recommandé à des postes plus hauts. Peu importe ce qu’il est, son « contenant et son contenu » plaît et sa pensée est en symbiose avec ce corps-esprit de cet homme.
Très rapidement après avoir monté en grade, un contexte se pose dans une situation délicate, présentant même des risques d’instabilité, ces décideurs en contact avec d’autres décideurs en haut de la hiérarchie le proposent à des hauts postes de responsabilité, jusqu’à ce qu’un jour il devient même candidat à la présidentielle, alors qu’il n’est pas connu du public, ou très peu. Ce n’est pas un politique comme les autres politiques qui ont marqué la scène politique d’une nation. Après une campagne où beaucoup d'événements ont surgi en votre faveur, il devient président.
Que peut-on penser de cette ascension qui l’a propulsé jusqu’à devenir président ? Est-ce lui qui s’est propulsé ou ce sont des forces extérieures qui l’ont propulsé à ce qu’il est devenu. Relève-t-il de son libre-arbitre ? Ou du libre-arbitre des autres qui ont vu en lui une opportunité à cette fonction, et ce faisant, les sortir de cette situation délicate, qui peut avoir des conséquences négatives sur la nation, et bien sûr sur les intérêts de ceux qui l’ont
propulsé ?
Une question se pose encore : « Son ascension est-elle liée seulement aux intérêts de ceux qui l’ont propulsé dont celui de sortir la nation de l’instabilité ? Force de répondre que son ascension relève de son arbitre et du libre-arbitre des autres, et donc des contenant-contenu-pensée des autres qui se sont cristallisées en lui. Cependant, au-delà de cette symbiose entre les deux parties, y a-t-il d’autres forces extérieures auxquelles le philosophe allemand Fichte fait référence ? Comme il le dit supra : « Or, ce toi, cette personne que tu appelles toi, qui excite à un si haut degré toute ta sympathie, tu l'as déjà reconnu, ce n'est que la manifestation d'une force étrangère. » Et ici le philosophe fait référence à une force étrangère. Au singulier et non au pluriel.
Et là, nous arrivons au deuxième exemple. Prenons le Procès de Taylor Schabusiness : « la tête de la victime retrouvée dans un seau ». (3)
C’est une histoire vraie qui a eu lieu en 2022, à Green Bay, dans le Wisconsin. L’Américaine Taylor Schabusiness savait-elle il y a un an, ou il y a quelques mois qu’elle allait devenir une meurtrière ? Qu'elle allait tuer son amant Shad Thyrion et le démembrer et mettre la tête de sa victime dans un sceau.
Comme on le lit sur le site fr.news.yahoo.com : « Le procès de Taylor Schabusiness a débuté le 24 juillet à Green Bay, dans le Wisconsin. La femme de 25 ans est accusée d'avoir tué et démembré Shad Thyrion, 24 ans, le 23 février 2022. Taylor est accusée de meurtre prémédité, de mutilation de cadavre et d'agression sexuelle. »
Force de dire que cette femme qui a tué est un contenant-contenu-pensée, et le meurtre qu’elle a commis s’est opéré avec sa pensée. Que le meurtre soit prémédité et le cadavre a été mutilé, c’est avant tout sa pensée qui l’a mue ; en clair sa pensée lui a permis d’aller jusqu’au bout ; sa pensée ne l’a pas trahie alors qu’elle aurait pu la conseiller d’éviter le meurtre et encore au moins ne pas le mutiler. Une autre femme dont le contenant-continu-pensée était différent aurait pu agir autrement ; par exemple, ne pas commettre de meurtre et prendre une décision de quitter son amant et oublier cette partie de sa vie. Cela lui aura évité de graves déboires, de la prison pour des années et une vie complètement bouleversée.
Qu’est-ce qui a manqué à cette situation de la femme pour finalement avoir opté pour le meurtre, et en toute conscience ? Le contenant-contenu-pensée était présent dans le vécu de cette femme, mais à l’instance pensée qui lui a permis de commettre son crime, manquait une autre instance qui est cardinale dans l’existence de la jeune femme, et dans toute existence, il faut le souligner.
Quelle est-elle cette instance qui se superpose à l’instance pensée ? Cela va de soi, elle peut se deviner, c’est l’instance sur laquelle l’être humain n’a aucune prise sinon d’attendre que cette instance lui ouvre une visibilité sur son existence. Cette instance entre dans les desseins de Nature qui gouverne le monde, et ce dessein pour cette jeune Américaine, c’est sa destinée dans son existence, ou tout court son « destin ».
Elle devait tuer et démembrer son amant, c’était inscrit dans son destin qu’elle ne connaît pas. Aucun être humain ne connaît ce que sera son destin sur terre. Et dans les desseins de la Nature qui gouverne le monde, le destin n’est qu’une face de la médaille du dessein de la Nature, l’autre face de la médaille, c’est le contexte historique de ces deux êtres qui se sont aimés ou désaimés ; le but du destin qui a mis fin à ce qui se devait se terminer est de clore leur relation qui n’était pas viable, même par un meurtre. Et cela relève de sa rage froide, ou sa folie fugitive, contenue dans son contenant-contenu-pensée-destin pour un but qui devait se réaliser en elle par le meurtre.
Ce même processus du « fonctionnement humain » joue aussi pour l’homme qui, par son ascension, est devenu président de la nation. Cet homme savait-il qu’il allait devenir président ? Il est évident que non. Là aussi, ce qui est arrivé à l’ascension de cet homme, c’est que c’était inscrit dans son destin. Il devait devenir président ; quant au but historique, cet homme remplissait en fait un vide qui existait dans la marche de cette nation dans l’histoire. Son contenant-contenu-pensée a joué, de même ceux des décideurs qui ont vu, en lui, la clé de leur problème ; ceci démontre que tout destin humain n’est pas aléatoire, qu’il relève de la force étrangère comme l’écrit le philosophe allemand Fichte, en somme du dessein de la Nature qui gouverne le monde.
Et les présidents qui ont été en fait des présidents providentiels sont légion : Barack Obama, Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi, Abdelmadjid Tebboune … pour ne citer que ceux-là qui ont été élus dans des situations spéciales. Ils devaient être présidents même si rien ne les annonçait qu’ils allaient présider à leurs nations ; du fait qu’ils étaient inconnus du public et ne l’ont été que 4 ou 5 années avant qu’ils ne deviennent présidents. C’est dire la puissance du destin et du but de l’histoire qui souvent sont mal compris dans leur essence. L’histoire n’obéit pas aux hommes mais cherche, par le biais de la Nature, à protéger les peuples.
Pourquoi on avait dit que la pensée est à la fois ordonnatrice et exécutrice ? Qu’elle est à la fois indépendante et dépendante de l’être humain ; c’est que c’est par elle que s’opère le destin et le but dans lequel est inscrit le destin de chaque être. Et tous les êtres humains sont régis par leur « contenant-contenu-pensée-destin » avec en plus le but du dessein de la Nature qui ne fait rien sans une raison qui rationalise la marche du monde.
Pour comprendre, prenons un exemple précis. Zinedine Zidane a marqué deux buts de la tête qui ont permis à la France de remporter, le 12 juillet 1998, pour la première fois, la Coupe du monde de football. Cette victoire de la France a suscité dans tout le pays un enthousiasme populaire sans précédent depuis la Libération. Que peut-on dire des deux buts de la tête lors de la finale de la coupe du monde en 1998 ? Relève-t-elle du jeu et du flair du footballeur dans la recherche de la meilleure position pour exploiter la faille de la défense du Brésil et marquer ainsi deux buts à la 27ème et la 45ème minute ?
Ne perdons pas de vue que Zinedine Zidane est un être humain comme tout un chacun ; par deux fois il marque un but et toujours avec sa tête, deux buts qui ont fait de lui une légende. Il est aussi un « contenant-contenu-pensée-destin et but de ce destin ». Quand il a marqué les deux buts, c’est bien lui Zidane qui a marqué les buts, et les 80 000 spectateurs du stade de Saint-Denis (France) et les centaines de millions de téléspectateurs de par le monde qui ont suivi le match n’ont vu que Zidane en chair et en os marquer les deux buts.
Cependant, dans la réalité de l’absolu de son être, c’est son corps-esprit qui a fait le travail pour marquer les deux buts. Zidane s’est bien placé non loin du gardien de but de l’équipe brésilienne ; parlant de son flair, c’est en fait sa pensée qui a fait le travail en le faisant, après lui avoir précisé la trajectoire de la balle tirée par son coéquipier Petit, bondir et marquer le premier but. De même pour le deuxième but ; sur corner, la balle tirée par Djorkaeff rattrapée par la tête, Zidane marque un autre but ; mais c’est toujours la pensée de Zidane qui a commandé son corps, guidé ses membres, bondir et par sa tête marquer un but.
Aussi peut-on dire qu’au-delà des buts marqués par Zidane, c’est son contenant-contenu-pensée-destin et but de l’histoire qui a joué pleinement dans ce qui est devenu la légende Zidane. Il est certes français mais d’origine algérienne ; ses deux buts entrent dans la destinée de Zidane mais aussi dans celle de la France qui remporte pour la première fois la Coupe du monde. Une victoire face à une équipe brésilienne de renommée mondiale. Cependant une victoire aussi en lien avec l’Algérie par les origines de celui qui a marqué les buts ; l’Algérie a été colonisée par la France pendant 132 ans.
Par l’histoire, les relations France-Algérie sont spéciales ; même si les dernières émeutes, après la Mort de Nehal Merzouk, ont encore bouleversé la France ; il reste qu’une part de la France est aussi une part de l’Algérie. On n’y peut rien ; ni les Français ni les Algériens ne peuvent couper le cordon ombilical ; une population importante d’Algériens vit en France ; et c’est désormais leur pays, la France. Et les êtres corps-esprits des deux bords ne peuvent aller contre leur contenant-contenu-pensée-destin et but de l’histoire qui les unit, nolens volens.
On comprend dès lors que ce qu’énonce le philosophe allemand Fichte dans « le toi, cette personne que tu appelles toi, qui excite à un si haut degré toute ta sympathie, tu l'as déjà reconnu, ce n'est que la manifestation d'une force étrangère » a tout son sens. L’être humain est certes, mais il n’est pas seulement lui.
Medjdoub Hamed
Chercheur en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospectives
Note :
1. « La Destination de l’homme », livre de Johann-Gottlieb Fichte, traduit en 1832
(pages 78 à 84)
https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k5401005b.r
2. « Tu crois être toi, sache que tu n’es qu’une des forces de la nature qui prend, en toi, intérêt à son œuvre et à la conservation de son œuvre », par Medjdoub Hamed. Le 25 juillet 2023
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/tu-crois-etre-toi-sache-que-tu-n-249547
3. « Procès de Taylor Schabusiness : « la tête de la victime retrouvée dans un seau » », par fr.new.yahoo. Le 25 juillet 2023
https://fr.news.yahoo.com/proc%C3%A8s-taylor-schabusiness-t%C3%AAte-victime-073110963.html
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