Coucou, les revoilou ! Plaît-il ? Les racines chrétiennes !
On réentend volontiers aujourd'hui en France les partisans d'une modification de la Constitution. Oh, certes pas dans le sens d'une inscription du droit à une allocation universelle contre la pauvreté qui donnerait tout son sens à la devise de la république ! Que non ! « peanuts » que ces rêves d'une autre époque, celle des utopistes qui rêvaient encore les moyens de peindre l'avenir en rose, celui de la vie et non pas le rouge délavé du PS.
Après Hollande qui veut inscrire dans le marbre la catégorisation des Français en ouvrant pour certains d'entre eux la perspective de la déchéance de nationalité, voilà-t-y pas qu'à droite d'aucuns voudraient ajouter un nouveau clou au cercueil du « vivre ensemble » en insistant explicitement dans le texte sur les racines chrétiennes de la France.
Ce n'est pas qu'à cette réalité soit opposable une autre allégation : c'est une évidence qui s'inscrit dans nos paysages, dans nos cimetières et dans notre patrimoine artistique et littéraire et gastronomique pour ne même pas évoquer notre inconscient collectif imprégné du tintement des cloches rythmant les heures, des fêtes religieuses assurant les longs week-ends, des églises, autour desquelles se sont bâtis nos villages.
Je pourrais écrire des dizaines de pages sur le sujet mais ce condensé succinct ( pléonasme volontaire ) suffira.
L'évidence de l'empreinte chrétienne saute tellement à la figure que l'on peut se demander qui pourrait même être persuadé sinon du contraire du moins de la vanité de cette assertion ; cette empreinte fut même administrative à l'époque où seule l'église tenait les registres de la population, aujourd'hui elle reste culturelle.
Tout comme les vestiges de la Rome antique témoigne du paganisme dans la capitale du catholicisme...
Historiquement la France - comme tous les pays sauf exceptions - s'est construite sur des sédimentations successives, ethniques, païennes puis religieuses.
Faire dater son avènement de la conversion de Clovis, car c'est à cela qu'aboutirait cette révision du texte, c'est oublier en premier lieu que ce qui fonde la nation française, c'est une langue commune.
Notre langue n'est pas issue du dialecte germanique des Francs, le bas-francique mais tire son origine du latin, langue qui fut d'abord un instrument de domination administrative donc politique de la Rome non chrétienne avant d'être récupérée par les premiers missionnaires dans leur entreprise de dissémination de la parole du Christ.
On sait évidemment et les intéressés en premier lieu que cette extravagance constitutionnelle - contrairement à celle initiée par Hollande - a fort peu de chances d'aboutir, aussi bien peut-on s'interroger sur les arrière-pensées de ceux qui agitent ce grelot.
Font-ils diversion tandis que d'autres, comme par exemple Raffarin pour nommer le plus connu, infiniment mieux inspirés ou humant mieux le vent, proposent de travailler à un pacte national contre le chômage ?
On peut évidemment ironiser sur de telles démarches et se demander si, comme en mathématique où moins par moins donne plus, des gens qui ont mené successivement des politiques négatives pourraient subitement trouver la martingale infaillible avec le produit de leurs incompétences.
Mais enfin il n'est pas non plus infamant de partager des illusions.
Ces vaines ratiocinations sur le sexe des anges et en l'occurrence, il serait plus juste de dire que la Constitution française s'inspire des Lumières - ce serait historiquement exact et philosophiquement neutre - témoignent d'une classe politique incapable de poser de vrais problèmes par absence de solutions et qui choisit la fuite en avant dans le dérisoire.
Pour faire semblant de contrer des revendications obscurantistes ou suspectées de l'être émanant d'activistes d'une autre religion perçue comme menaçante pour nos libertés ?
Se gargariser en fait de mots pour que rien ne change dans la bureaucratique incapacité à peser réellement et à penser la France de demain ?
Plutôt que de remettre de l'ordre dans les zones de non-droit, on les entretient dans leur illégalité et l'on entend de la part de représentants de la République ces affirmations monstrueuses où la police serait interdite d'entrée dans certains quartiers sans même qu'ils se rendent compte à quel point ils instruisent ce disant le procès de leur propre pusillanimité.
Et pour faire pièce à un obscurantisme contemporain qui ne gagne en vigueur que sur le terrain de nos abandons, on voudrait mettre dans notre constitution des traces explicites d'un obscurantisme plus ancien.
Quel esprit d'à-propos !
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