• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Course au moins disant salarial

Course au moins disant salarial

 Mauvais diagnostic, erreur politique ou dérive libérale ?_____________

« Les gens se demandent où je vais, où je les mène. C’est légitime. » (F.Hollande)

_________Profitons donc de cet espace de légitimité...
La politique étant l'art du possible, le passif étant si lourd, on pouvait s'attendre à ce que les dernières élections ne nous fassent pas entrer comme par enchantement dans des lendemains qui chantent.
 Mais, cédant au chant(age) des pigeons, le rétropédalage actuel, décrété provisoire, laisse perplexe.

___Une seul leitmotiv prévaut maintenant, revenant comme une incantation sans clarté : la compétitivité
La nouvelle religion impose "un transfert de fiscalité des entreprises vers les contribuables et la puissance publique, longtemps demandé par le patronat, auquel se résout la gauche." Comme si toutes les entreprises était logées à la même enseigne, comme si depuis vingt ans, la France ne diminuait pas les charges des entreprises, dans le cadre d'une concurrence européenne qui, par défaut de solidarité et de concertation attendues, pousse au dumping sous toutes ses formes.
__En Europe, chacun importe l'austérité de l'autre.
 Le Bureau international du travail insiste sur le fait que les "réformes" allemandes ne peuvent pas être généralisées à toute l'Europe. Il explique que l'Allemagne est même en grande partie responsable de la crise actuelle dans la zone euro ! « Comme les coûts unitaires de main-d’oeuvre en Allemagne ont baissé par rapport à ceux des concurrents durant la décennie écoulée, il en est résulté des pressions sur la croissance dans ces économies, avec des conséquences néfastes pour la viabilité des finances publiques. Et, surtout, les pays en crise ne pouvaient pas recourir aux exportations pour pallier l’insuffisance de la demande intérieure car leur secteur manufacturier ne pouvait pas bénéficier de la hausse de la demande globale en Allemagne ».
____Il ne faut pas être grand clerc pour estimer que "cette spirale de baisse des salaires ne peut guère que prolonger et aggraver la crise européenne en nourrissant la dépression qui entraîne déjà la zone euro vers le fond."
 Comme le remarque un lecteur de Alternatives Economiques, " ...Il est faux et archi-faux de dire que les marges des entreprises se sont effondrées. Il y a éventuellement un problème dans le secteur manufacturier (encore que la ventilation des données de branche dans la comptabilité nationale soit sujette à caution. Si l’on regarde en terme de VA l’industrie ne représenterait que 12 % alors qu’en terme d’emploi - où la ventilation sectorielle est plus fiable - on est à 20 % et encore sans tenir compte de l’intérim). Mais les mesures prises par le gouvernement n’est pas centrée sur ce secteur manufacturier. Elle créera un gigantesque effet d’aubaine pour toutes les entreprises de services qui n’en avaient pas besoin et sera tellement diluée pour les entreprises industrielles qui en auraient eu éventuellement besoin qu’elle n’aura aucun effet" (Fred 31)
______Et si, plutôt que de se focaliser sur le coût du travail, on s'intéressait à celui du capital, comme le reconnaissent aussi certains socialistes ?
« En l'espace de douze ans, la part des revenus distribués par les sociétés non financières a pratiquement doublé par rapport à leur excédent brut d'exploitation (EBE), et presque doublé par rapport à leur valeur ajoutée brute (VAB), déjouant donc la coupure avant/après la crise, au point d'absorber plus des 4/5 de leur EBE ... Crise ou pas crise, la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires du capital affaiblit leur capacité à faire face à tous les aspects de la compétitivité  ». 
  En 2010, les entreprises ont dépensé plus d'argent en dividendes qu'en investissement productif. Les dividendes se sont élevés à 210 milliards d'euros. Mais il n’a été consacré que 182 milliards d'euros aux investissements. La marge de financement est large.
__Le problème est donc plus complexe que ce que nous disent les économistes appointés par nos chaînes nationales et les journalistes perroquets.

______________La "baisse des charges" ( le vocabulaire n'est pas neutre : les charges sont une partie du salaire) ne serait-il pas que le sous-produit de la pensée libérale ? 
A l'heure où des économistes modérés de pays anglo-saxons sonnent le tocsin, ne serait-il pas tant de revenir à un peu de raison ?
Beaucoup s'interrogent : le socialisme ne serait-il plus qu'une doctrine morte ?


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

15 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 9 novembre 2012 09:55

    « Coût du travail » au lieu de « salaires » ; « charges » au lieu de « cotisations » : trente années de convergence politique entre la droite et la gauche de gouvernement ont banalisé ces expressions, la vision du monde qu’elles véhiculent, les conséquences sociales qu’elles induisent. Cette métamorphose du langage n’est pas anodine. Aussi sûrement qu’un coût appelle une réduction, la charge, qui « pèse » (sur le travail), « écrase » (les chefs d’entreprise) et « étouffe » (la création), suggère l’allégement ou, mieux encore, l’exonération.................

    voir :
    http://2ccr.unblog.fr/2012/11/09/vous-avez-dit-baisser-les-charges/


    • 1871-paris 1871-paris 9 novembre 2012 15:32

      et oui robert et tu constatera qu en depassant le cercle politique qu’autour de toi une grand majorite de la populasse adhere a ces acte linguiste de contrition !

      des fois je me sens entourer de blaireaux atteint de syndrome de l esclave qui ne peut vivre sans ses maitres !

    • easy easy 9 novembre 2012 11:43

      J’ai deux sortes de besoins :

      Des besoins matériels : de l’eau, des carottes, des fraises, des grives. Pour y accéder, il m’en coûte. Je ne dois pas dépenser plus d’énergie pour manger un lapin qu’il ne m’en apporte. Ët pour utiliser ces solutions je dois les tuer.

      Des besoins immatériels : de la communication avec les ruisseaux, les carottes, les lapins, les montagnes, les chiens, les chats, les êtres humains. Pour y accéder il y a aussi un coût mais je ne dois pas tuer, au contraire. Ce souci de ne pas tuer ce avec quoi j’ai besoin de communiquer me pousse même à me tuer pour elles.


      La somme de ces deux soucis me conduit à être mixte : tueur-tué ou sacrifiant-sacrifié. Je suis essentiellement ambivalent.


      En raison de cette ambivalence, surgit un phénomène qui n’existe que chez l’Homme : l’intercession, l’intermédiation, le commerce : un type me dit « Te casse pas la tête à planter des carottes, je me charge de te les fournir si tu me fournis des grenouilles »
       

      L’autre ressort alors comme solution mixte : il m’offre carottes et communication. Il résout à la fois mes besoins matériels et mes besoins immatériels. L’autre me devient solution universelle. L’autre me devient important.

      Mais l’autre, qui est donc important et universel, je peux toujours y accéder par un autre encore. Chacun peut être l’intermédiaire entre moi et mes besoins. Je découvre le jeu de la méta intermédiation où, en jouant bien, je peux résoudre tous mes besoins en ne faisant qu’intermédier, en ne pratiquant que la médiation. Je découvre qu’il est possible, en ne développant que mon art médiatique, à résoudre tous mes besoins matériels. Donc à me faire livrer des carottes déjà épluchées, des coqs déjà en croûte. Me voilà à manger des choses tuées que je n’ai pas tuées. Me voilà avec une conscience légère.

      Ce jeu médiatique qui soulage la conscience se développe et il vient à chacun l’idée qu’il est possible de sacrifier même des Hommes dans ce jeu : « Je te livre des Hommes que j’ai capturés et tu me livres des carottes cuites. Tu n’as pas conscience d’avoir sacrifié des Hommes puisque c’est moi qui te les ai livrés et moi, je n’ai pas conscience de les avoir sacrifiés puisque c’est toi qui va les exploiter. Idem pour les carottes cuites que tu me livres. Tout ça s’inscrivant dans le médiatique jeu du commerce où la source est lointaine, cachée »

      On se retrouve avec un jeu planétaire où chacun a une position d’intermédiaire physique et moral entre les uns et les autres. Dans ce jeu, comme dans tout jeu, il y a les doués qui parviennent à jouir de méta communications avec les autres et de méta expoitations des carottes, des oies, des pigeons et des Hommes. Mais doués et maladroits, tout le monde participe à ce jeu qui offre le meilleur exutoire pour obtenir ce qu’on veut sans se sentir responsable de sacrifier quoi ou qui que ce soit.


      Croire qu’il est possible que chacun de nous veuille vraiment que les autres ne soient pas exploités c’est du déni.
      Que chacun lutte pour exploiter le plus possible les autres sans être lui-même trop exploité, c’est de bonne guerre. Il est logique que chacun proteste pour obtenir un meilleur salaire qui lui permettra de mieux profiter des autres (en obtenant plus de satisfactions tout en ayant moins le sentiment de tuer). Mais personne n’est réellement innocent de ce cannibalisme urbanisé.

      La course au moins disant salarial est logique de ce Jeu devenu quasiment universel




      Ceux qui tiennent réellement à ne jamais profiter d’autrui ne participent en aucune manière au commerce. Ils tuent eux-mêmes les carottes et les lièvres, ils assument ces meutres et assouvissent leurs besoins de communication de la manière la plus directe sans procéder d’un jeu triangulaire. Ils ne procèdent que d’un jeu relationnel à deux où il n’y a que Moi et Toi, où il n’y a pas de Lui. Je te juge et tu me juges mais nous ne jugeons pas Lui et Lui ne nous juge pas. 


      Un Parisien est forcément partie prenante dans le Jeu du cannibalisme blistérisé. De toutes ses relations, il y en a quelques unes qui sont de ce type direct, dyadiste, sans Lui : elles se situent dans le couple et avant l’arrivée des enfants.
      Chacun connaît donc une période pendant laquelle il vit avec une autre personne une relation dyadiste au sein de laquelle il n’y a aucun déni « Je m’offre à Toi, tu t’offres à Moi, nous n’avons aucun besoin de Tiers dans notre relation qui est immédiate et où tous nos sens sont immédiatement excités ».
      Il en sera différemment lors du divorce où surgira un Tiers nommé Justice qui offrira à chacun de cannibaliser l’autre de manière indirecte, médiate.

      La relation amoureuse est intéressante à vivre pour savoir ce qu’est la non exploitation d’autrui (C’est peut-être pour ça que le romantisme a tardé à surgir et n’est advenu qu’à la suite des grandes remises en question autour de 1800).
      Mais des Parisiens amoureux de 2012 achètent tout de même leur viande sous blister et s’offrent des colliers en or que quelqu’un, quelque part, s’est échiné à trouver en sacrifiant sa santé et celle d’autrui. 


      Nous ne sommes vraiment innocents que dans la relation amoureuse.



      • ZEN ZEN 9 novembre 2012 11:57


        La course au moins disant salarial est logique de ce Jeu devenu quasiment universel

        Logique (dans un système donné), mais modifiable


        • easy easy 9 novembre 2012 12:33

          Oui, on peut sortir de ce système et vivre alors une autre logique.

          Mais je n’en vois pas beaucoup qui disent
          « OK, je vais sortir de ce système médiatiste en revenant au plus près de la situation de l’amoureux (relations dyades et immédiates uniquement, exit la notion de Justice, exit la notion de masse, d’intermédiaire donc de chaîne comemrciale à plus de deux maillons. Je vais tuer moi-même les poulets et les carottes sans accepter la moindre formule où quelqu’un le ferait à ma place ». 

          A part un milliard d’Hommes qui sont relativement proches de cette manière de faire mais qu’on n’entend donc jamais (en toute logique de ce hors-jeu), les autres, ceux qu’on entend le plus, ici par exemple, sont bel et bien parfaitement ancrés dans la logique du triangle, de la médiatisation, où l’on peut se servir d’un Tiers pour assouvir ses besoins et désirs :
          Les innombrables « Il faut les pendre » ou « Pendez-les » où apparaissent trois pôles, en attestent.
           


        • leypanou 9 novembre 2012 12:00

          @auteur :

          « Beaucoup s’interrogent : le socialisme ne serait-il plus qu’une doctrine morte ? » : il faut préciser le socialisme tel que le pensent et le pratiquent la majorité du PS et le gouvernement. Dans ce cas, le point d’interrogation est de trop.

          P Moscovici avait raison quand il avait répondu à N Kosciuzko-Morizet que le gouvernement est en train de faire ce que la droite n’a pas osé/voulu faire : il n’y a plus à droite que lui au sein du gouvernement sur les questions économiques. Quel crédit peut on avoir quand on dit avant les élections qu’augmenter la TVA c’est le mal absolu, etc, etc, et qui, sous prétexte de demande de choc de compétivité demandé par le rapport Gallois, s’empresse de faire exactement le contraire ?


          • rosemar rosemar 9 novembre 2012 12:14

            Bonjour ZEN 


            tout cela est bien inquiétant, en effet : on a l’impression encore et toujours que l’Allemagne doit servir de modèle....or l’Allemagne connaît aussi des problèmes:taux de natalité en baisse, précarité extrême ....

            • ZEN ZEN 9 novembre 2012 12:20

              Bonjour rosemar

              Je ne suis pas, comme Ariane, un mélenchonien de stricte obédience, mais l’analyse qu’il fait dans ce billet me paraît assez éclairant sur l’Allemagne, notamment.


            • rosemar rosemar 9 novembre 2012 12:43

              MERCI pour ce lien....intéressant ...j’invite tout le monde à le lire....


            • ZEN ZEN 9 novembre 2012 12:15

              Comme aurait dit une antédiluvienne choniqueuse :
              Attendez-vous à ce que... une fracture se produise bientôt au sein du PS
              Elle est déjà là en pointillé


              • alberto alberto 9 novembre 2012 14:16

                Bonjour ZEN,

                Ça serait marrant sans les lendemains amères qui s’annoncent, en tout cas pour certains...

                Après une campagne électorale appelant à la défense du petit peuple, des besogneux et autres gagne-petits, voilà t’y pas que notre Hollande retourne sa veste, retire son masque de gentil, pour saisir le fouet que lui tend Gallois !

                J’en suis à me demander si tout ça n’était pas déjà (un peu) convenu avant les élections ?

                Merci pour ton article et les liens associés.


                • Le péripate Le péripate 9 novembre 2012 14:16

                  Même le mot entreprise est un sous-produit nauséabond de l’idéologie turbo-libérale. Il laisse entendre qu’il y en a qui se sortent les doigts du fondement et même pas sur de ramasser la mise alors que d’autres se laisseraient vivre. Tout le monde sait bien que le capitaliste crée les besoins par la publicité et peut vous forcer à acheter même ce dont vous ne voulez pas ! Qu’il n’y a aucun risque à monter sa boite (autre dérive sémantique neo-turbo-libérale) et c’est bien parce que c’est trop facile qu’on laisse ça au privé (prononcez en laissant trainer le é.... privéééééé smiley )

                  Toujours rafraichissant vos billets, un courant d’air sibérien, et utiles.

                  Ne dîtes plus « entreprise ». Je ne sais pas moi... dites « caserne », « firme », enfin ce ne sont pas les mots qui manquent.


                  • walden walden 10 novembre 2012 08:52

                    en tous cas, si je suis bien votre billet, le problème du capitalisme, ce n’est pas de produire, c’est d’écouler sa production (d’où l’envahissante publicité, d’où les risques à monter sa boîte).
                    difficile d’écouler la production quand les salaires sont déprimés.


                  • 1871-paris 1871-paris 9 novembre 2012 15:37

                    le moins disant salarial est une realite depuis que nous avons accepete de nous mettre sur la meme ligne de depart « economique » que des pays tricheur comme la chine !


                    • walden walden 10 novembre 2012 08:49

                      parler de « coût du travail », c’est comme parler de coût du conducteur pour une voiture, ça n’a absolument aucun sens. la seule question pertinente, c’est le coût de la voiture pour le conducteur, le coût d’un mode de production pour le producteur. l’économie, la production de biens et de service, est une invention, un outil humain pas une révélation sacrée auquel il faut soumettre l’inventeur

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès