Cyrano et les enfants de la télé arrivés au pouvoir !

Ils sont nombreux à se bousculer autour du président, dans la médiocrité, l’à-peu-près, les Frédéric Lefebvre, Nadine Morano, Roseline Bachelot et autres ténors de l’UMP ; avec plus ou moins de réussite, que l’on se souvienne des médiocres prestations de Karoutchi, pleurnichant, Pierre Lellouche jouant les matamores devant le petit écran, de l’effarante, ricanante et frivole Rachida Dati et des très « populaires » Laporte et Amara.

La gauche pourrait relever la tête et faire montre de dignité dans le propos et la formulation de ses concepts si elle n’avait à traîner un boulet en la personne de Ségolène Royal. Et quand, à droite, ils ne tombent pas dans la vulgarité et la médiocrité du langage, ils glissent dans la domesticité larvaire et féale comme Bernard Kouchner, Xavier Bertrand ou l’obéissance aveugle (un ordre est un ordre !) comme Hortefeux et Besson.

Elle l’a osé, elle ose tout ! Les excuses faites à Dakar, au lieu d’enfoncer Sarkozy, paradoxalement le renforce. Et pourtant, l’occasion était excellente de démontrer l’inconsistance des propos présidentiels sur l’Afrique. Mais, la mater dolorosa du Poitou, s’est encore ridiculisée, avec ses excuses itératives (elle a réitéré avec Zapatero), sa posture christique au maquillage forcé sous la couronne d’épines. Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, plus qu’une erreur était un manque total de discernement et de diplomatie. Dire que l’homme africain n’est pas encore entré suffisamment dans l’histoire, c’est reconnaître implicitement qu’il est encore dans la préhistoire. Qu’il y a des civilisés et des sauvages, ce qui est aussi réducteur que de dire que les juifs sont fourbes de nature et les Bretons têtus. Les Africains doivent être traités avec la même sévérité et lucidité que les Chinois, les Arabes, que les habitants de la Saintonge, de la Brie ou que les résidents socialistes de l’île de Ré. Inutile de tomber dans la sempiternelle repentance comme Royal, mais il faut aussi dénoncer les amalgames et les phrases vides de sens..

 Et là, Madame Royal avait la possibilité de faire remarquer l’absence de nuance et la fragilité du discours présidentiel. Dire devant une assemblée d’Africains en costume, qu’elle ne voyait pas devant elle des hommes des cavernes vêtus de peaux de bêtes et s’exprimant par cris rauques, mais un parterre d’intellectuels maîtrisant le français, citoyens d’un pays étant capable de produire autre chose que des footballeurs et des délinquants de banlieue. Faire subtilement remarquer qu’elle était dans un pays ayant eu pour président quelqu’un en la personne de Senghor qui a fini ses jours à l’Académie Française et que le président actuel de la France ferait pâle figure à la commission du dictionnaire.

Edmond Rostand, reprenant une de ses fameuses tirades aurait écrit à propos de Ségolène : « Ah non, c’est un peu court (pas si) jeune Dame, on pourrait dire, oh Dieu… bien des choses en somme ! »

Mais le domaine politique est devenu le tirage des faux nez et pas uniquement en Poitou Charente. L’extrême gauche trotskiste, qui malgré sa haine du Parti Communiste et du Front National, a très bien compris la popularité passée de Georges Marchais et de Jean Marie le Pen, se lance à son tour dans le discours simpliste avec Olivier Besancenot. Car le facteur de Neuilly a très bien accepté avec ses camarades que la dialectique prolétarienne avait fait son temps. Il faut parler jeune, parler peuple pour rester audible auprès d’électeurs potentiels gavés de télévision et de langage SMS, avoir les mots à la mode, être branché et pas ringard. Si l’on en croit les sondages, ça marche.

Besancenot utilise le même français abâtardi et bancal que Nicolas Sarkozy et il plait et séduit. Pour se faire entendre, pour se faire élire, il faut passer chez Ruquier, qui soit dit en passant est nettement plus attendu et prévisible que ses deux commentateurs intellectuels obligé de feindre le registre bouffon pour être aujourd’hui audibles. Passer aussi chez Drucker pour atteindre les plus âgés, et là non plus pas besoin de subjonctif et de phrases construites, bien au contraire, cela dessert. Et quand il faut attendre les interventions de Finkielkraut pour entendre défendre la langue, il y a de quoi désespérer tant le personnage est sinistre

 Ségolène Royal reste au niveau du registre naïf, « Ce monument, quand le visite t’on ! », tireuse de vers du nez, inspirée par Dominique Besnehard, elle parodie volontairement Carla (s’adressant ainsi à des téléspectateurs lecteurs de Gala) et fait semblant d’improviser quelqu’un m’a dit, ou plutôt vous a dit, devant des Sénégalais médusés. Borloo, qui aurait plus tendance à abuser du Bergerac que de l’oeuvre de Rostand, aurait peut-être mieux exprimé son désaccord s’il avait été encore conscient de ce qu’il dit et fait. Kouchner, bien qu’habituel paillasson consentant de son maître a osé réfuter la fameuse phrase du bout des lèvres, oubliant que tout le texte était sujet a caution. Futile façon de se démarquer de son président, pour montrer qu’il existe encore un peu face à la montante bovine callipyge de son ministère (il faudrait dire aux yeux de gazelle pour rester courtois).

Et pour féminiser le texte de Rostand, il serait désormais loisible d’ajouter deux lettres au dernier mot du dernier vers de cette citation.

 « Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit

Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :

Mais d’esprit, ô la plus lamentable des êtres,

Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres

Vous n’avez que les trois qui forment le mot  : sotte ! »

Mais, on se rassure comme on peut, le masculin convient parfaitement bien au locataire de l’Elysée.