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De la naïveté des keynésiens

Pour expliquer la crise économique, les keynésiens invoquent le plus souvent l'austérité et l'hyper financiarisation de l'économie ou l'absence de relance économiques. Si on écoute les Piketty, Krugman ou autre Stiglitz, il suffirait d'appliquer deux ou trois mesures efficaces pour que le capitalisme soit régulé, rendu pérenne et que l'on reparte comme dans les années 1950.

 

Dans son livre star, « Capital au XXIeme siècle » Piketty se hasarde à la démonstration suivante : Les inégalités sociales sont le résultat d'une plus grande richesse produites chaque année par l'intermédiaire du capital dont le rendement est supérieur à la croissance de l'économie. Cette inégalité entre un rendement du capital et une croissance de l'économie inférieure est pour lui à la source de la profonde divergence entre les riches et les pauvres et presque la raison pour laquelle le capitalisme marche sur la tête. Mais attention non seulement Piketty a décelé le problème mais il a, en plus, le remède à ce mal profond. Selon lui il faut imposer un impôt mondial progressif sur le capital. Cela en est pathétique car il faut nous expliquer comment cet impôt sera prélevé alors que plus de 15 % du PIB mondial se trouve dans les paradis fiscaux à l'abri de tout regard indiscret et que les capitalistes ont une armée d'avocats fiscalistes pour soustraire leurs profits, honnêtement ou pas, au fisc. De plus, de cet argent qu'ils voudraient taxer puis redistribuer n’existe que sur papier et bien souvent elle ne représente aucune valeur d’usage.

 

D'autres économistes guère plus lucides avancent des propositions qui consisteraient à revenir aux principes keynésiens de base. Il suffirait donc d’augmenter les dépenses publiques et les salaires pour que la consommation augmente puis par un mécanisme aussi vertueux que fumeux que cela rejaillissent sur la production et donc au final la sacro-sainte croissance. Pour cela ces gens auréolés du label « de gauche » implorent auprès des puissants de faire tourner la planche à billet comme l'on fait les États-Unis ou le Japon. Pourtant quarante années d’endettement souverain démentiel de la part de ces deux pays n’ont pas suffi pour relancer la machine économique. Mais visiblement il en faudra encore plus pour mettre fin à cet enfumage fallacieux.

Comme la sphère financière est parvenue à occuper une place prépondérante au détriment de la sphère productive de l’économie, à écouter ces grands économistes, il faudrait que l’on arrache le capital des mains des banquiers et qu’on le donne aux industriels qui relanceront la production et nous sortira de cette ornière. C'est bien vite oublié que même en fléchant une plus grande portion de la plus-value dans la sphère industrielle, ce capital ne saurait fructifier davantage. En effet, les industriels sont nombreux à admettre qu’il ne manque pas de capital à investir, mais qu’ils manquent plutôt des occasions pour le faire fructifier. Les nouveaux marchés sont inexistants et ceux disponibles sont l’objet d’âpres luttes économiques et militaires comme chacun peut l’observer aux quatre coins de la Terre.

Ainsi, ceux que l'on présente souvent comme les seuls opposants au libéralisme décomplexé feraient converger harmonieusement les intérêts mutuels entre le capital et du travail, que tout exploité comprend bien. En essayant d'atténuer les contradictions du capitalisme grâce à l’accroissement de la dette d'une part et d'une juste redistribution d'autre part, il nous feraient presque oublier que le mode de production se lézarde à vue d’œil. Ce genre d’économistes (souvent atterré) sème la désillusion dans la tête des prolétaires qui, du coup, peuvent encore croire qu’il y a une place pour le capitalisme à visage humain.


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16 réactions à cet article    


  • CN46400 CN46400 3 juin 2016 13:50

    « En effet, les industriels sont nombreux à admettre qu’il ne manque pas de capital à investir, mais qu’ils manquent plutôt des occasions pour le faire fructifier. »


    Hyper juste, c’est toute la différence entre une crise passagère et une crise systémique. Le capital ne sait plus où trouver des sources de profit, ce qui est une façon de lui renvoyer : « on n’a plus besoin de vous » ou plus prosaïquement : « Dégage ! »

    • Aristoto Aristoto 3 juin 2016 14:06

      Prenant le cas de melenchon le premier capitaliste a visage humain de france il soupoudre son projet ’keynesien’ comme on dit de beaucoup d’element concret, ’materialiste’ dirons led specialistes : le bonhomme est obsede par la mer et les technologie innovente que nous pouvons en tirer. Ico l important n’est pas le realisme d une tel ou tel idee mais juste sa presence.

      En 2012 cheminade s est pointe avec pour projet keynesien d industrialiser mars et de revegorer le lac tchad. C edt le plus beau projet politique dont j ai entendu par.

      En clai laisson aux au capitaliste a visagz humain l occasion d echouer.


      • Alren Alren 3 juin 2016 16:45

        @Aristoto

        Je me suis demandé si j’allais répondre à votre galimatias à l’image de votre ignorance crasse des enjeux actuels de l’humanité.

        L’utilisation de la mer pour nourrir l’humanité n’est pas une utopie. Savez-vous que l’érosion des terres cultivées maladroitement, selon des techniques productivistes idiotes ainsi que l’épuisement des sols à qui on retire progressivement des oligo-éléments indispensables (comme le sélénium) fait qu’à mesure que l’humanité croît, la quantité et la qualité sur le long terme de nourriture produite sur les continents diminuent ?

        Savez-vous que tout-à-l’égout joue un rôle négatif dans cet épuisement accéléré des sols en envoyant au final à la mer des oligo-éléments qui ont transité dans notre corps ? (ce qui n’était pas le cas il y a deux siècles.)

        En Normandie, la terre est tellement riche qu’on y cultive du lin, le meilleur du monde (les Chinois viennent en acheter la filasse) une plante très « épuisante » du sol comme toutes celles, telle le coton, qui produisent de la fibre.

        Pourquoi la terre de cette région-là est-elle si riche ? Parce que durant l’ère glaciaire qui a pris fin il y a dix mille ans, cette région, ainsi d’ailleurs qu’une bonne partie du plancher actuel de la Manche, alors émergé, était une toundra balayée par des vents violents qui y ont accumulé des quantités colossales de pollen très riche en oligo-éléments indispensables aux plantes. Mais ce loess s’appauvrit année après année, avec le départ des chargements de filasse qui contiennent ces oligo-éléments : comme les puits de pétrole, pleins eux aussi d’une substance fossile, il n’est pas renouvelé et fatalement les rendements ainsi que la qualité de la fibre ne pourront que diminuer à l’avenir.

        Si c’est l’agriculture terrestre donc, qui a permis la première explosion démographique de l’humanité à la fin du paléolithique, la deuxième explosion actuelle, bien plus puissante, ne causera pas, d’une manière ou d’une autre, la fin de l’humanité (famines, guerres) qu’à la condition que nous parvenions à une véritable viviculture maritime, les océans représentant les 7/11e de la surface du globe.

        Ce sera la mer ou la mort.


      • Aristoto Aristoto 3 juin 2016 18:34

        @Alren

        +1 ! Entierement d’accord avec toi.


      • HClAtom HClAtom 3 juin 2016 20:16

        @Alren
        Moi aussi


      • HClAtom HClAtom 3 juin 2016 20:14

        Merci pour cet article.

        Votre charge me paraît un peu violente. Si on lit bien les Keynésiens que vous nommez, il faut aussi lire ce qu’ils disent sur la dette, et sur l’émergence nécessaire d’une nouvelle économie (écologie). Tout cela forme une théorie cohérente, à mon avis.

        Quant au capitalisme, je viens de donner quelques sous de mes économies à ma fille, pour qu’elle puisse lancer sa petite entreprise individuelle. Je pratique donc le capital risk, mais suis-je un capitaliste (à votre sens du terme) pour autant ? Faire des enfants, ou planter un potager, c’est faire un pari sur l’avenir, c’est donc de la spéculation, au sens capitaliste.

        Je veux vous dire par là que le mot « capitalisme » est bien plus complexe que vous ne semblez l’envisager, mais surtout qu’il est propre aux quiproquos (comme les mots « dieu », « liberté », « amour », ...), et que vous devriez donc l’employer en connaissance de cause.

        Au fait, pour récupérer l’impôt qui fuit vers les paradis fiscaux, il suffit de prélever à la source : à chaque transaction bancaire, quelle qu’elle soit, et selon un barème portant sur sa qualité, l’Etat devrait prélever directement ses taxes, et ne laisser aux impétrants de la transaction que l’argent qui reste. Par exemple quand vous déposez un chèque, faites un emprunt, payez au super marché, ...).


        • bicychavez2 (---.---.185.59) 3 juin 2016 22:55

          @HClAtom

          en fait non le capitalisme ce n’est pas avoir trois pieces dans son porte monnaie ni acheter une maison, ni louer un appart ni parier sur une industrie. meme un milliardaire ne peut pas etre un capitaliste. Pour etre capitaliste il faut avoir de l’argent et l’investir dans une entreprise en espérant vendre les marchandises que l’on vends dans l’objectif de se faire du profit. Peu importe si ce que l’on vends detruit la santé des gens, ou meme s’il n’en ont pas besoin, s’il en ont deja il faut qu’ils achetent

          A vous ecouter, les citoyens des pays qui preleve a la source ne sont pas impliqué dans les panama papers ??????

          je vous rappelle que les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, le Luxembourg. pensez vous vraiment que tous ces pays sont vertueux ?????????


        • benyx benyx 3 juin 2016 20:57

          Ne pas oublier que les tentatives de suppression du capitalisme en force ont toujours été un échec. Elles se sont même transformées en capitalisme d’État (ex URSS et RPC). L’économie n’est qu’une composante du système. Ce qui fait défaut au politique c’est son incapacité à mener une gestion multifacteurs (sociaux, éducatif, environnementaux, économique ...). Il faut reconnaître que nous sommes, à l’heure actuelle, incapable de définir un modèle prévisionnel exact, d’où l’abandon au pire des systèmes, le capitalisme. Faire du Keynésianisme ne va pas sauver la planète, c’est limiter la casse en obligeant les États à réguler, voire à interdire les marchés financiers afin de maîtriser les flux monétaires. C’est d’ailleurs pour ça que le couple Reagan-Thatcher clamé haut et fort « le problème c’est l’Etat ». Ils ont bien réussi leur coup, l’Etat n’existe plus en France ou ailleurs, « les politiques » ne sont que des marionnettes pilotés par les marchés.


          • Montagnais .. FRIDA Montagnais 3 juin 2016 22:31

            @benyx


            Evident ! La situation du moment, dans tous ces composants, est totalement nouvelle, différente de celles qui ont fait naitre les analyses de Marx, de Proudhon ou de Sorel

            Game over plutôt ..

            Piketty raconte que des conneries sur le prétendu manque de rendement du capital : la « Finance » internationale et apatride se nourrit d’elle-même, comme elle veut, sans loi aucune, loin des concepts désuets de « taux d’intérêt », de « rendement » ou de « profit »

            J’te vends un fafiot 100 000, tu le revends un million à Mimile, qui le revend 10 millions à Memet ..

            Qu’est-ce-qu’on s’enrichit ! on a décidément plus besoin de proprole, qu’il convient juste d’occuper au spectacle, à la « culture », aux vacances de rêve ..

            Quant au concept de « croissance », c’est le plus con jamais imaginé par les bipèdes .. un gamin de 8 ans comprend

            Les bipèdes produisent rien, aucune richesse .. que des emmerdes, des déchets, des complexifications stupidifications et pollutions à plus-puis. 

            Ils bouffent leur substrat, il le boufferont jusqu’au bout. le spectacle est grandiose. Dot final

          • bicychavez2 (---.---.185.59) 3 juin 2016 23:03

            @benyx

            je suis d’accord avec vous par rapport au capitalisme d’etat. mais la ou je suis en profond desaccord c’est que le keynesiasme est un moindre mal.

            Cette possibilité est exclu car elle amoindrirait le taux de profit, a court terme et comme c’est le court terme qui gouverne, cest stricement impossible. Et ca c’est le plus important a comprendre. Meme si je le reconnait cela pourrait etre du bon sens. au plaisir de vous lire


          • Aristoto Aristoto 4 juin 2016 00:05

            @benyx

            Le seul echec de l urss est de n etre pas parvenue a reduire en cendre le neo fascisme etat uniens et ses million et millions de victimes repandus dans temps et l espace.


          • CN46400 CN46400 4 juin 2016 09:09

            @Montagnais


             « La situation du moment, dans tous ces composants, est totalement nouvelle, différente de celles qui ont fait naitre les analyses de Marx, de Proudhon ou de Sorel »

            Ah bon !, il n’y a plus une « immense majorité de prolétaires (KM) » qui doivent travailler pour vivre, ni une « infime minorité (KM) » de bourgeois qui vivent, plutôt bien, du travail des précédents...... 


          • CN46400 CN46400 4 juin 2016 09:35

            @benyx


            C’est d’ailleurs pour ça que le couple Reagan-Thatcher clamé haut et fort « le problème c’est l’Etat »

             Il y a état et état. Tatcher et Reagan, suivis par Schoeder et maintenant Hollande ne veulent par supprimer l’état qui régit le capitalisme et ses rapports avec le travail des prolos. Il veulent simplement étendre, par la privatisation des responsabilités non régaliennes, les zones de profits possibles (Telecom, chemin de fer, électricité, enseignement, santé...etc) pour le capital. Tout simplement parce que celui-ci ne parvient plus à trouver ailleurs des profits assez juteux.

              Il suffit de faire le compte des scandales dans les télécom (ententes illicites, zone blanches...et) pour comprendre que ce capitalisme là n’apporte plus rien à la société occidentale.... il faut donc le « dégager » pour introduire de la rationalité raisonnée dans le développement de la société. En clair du « keynésanisme moderne » pour ceux qui sont allergiques au « socialisme ». 


          • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 3 juin 2016 23:15

            A l’auteur,

            Je souscris entièrement à ce que vous écrivez ici.
            Pour ma part, voici ce que m’a apporté une lecture minutieuse du livre de Thomas Piketty :

            • bycichavez2 (---.---.185.59) 4 juin 2016 14:50

              @Michel J. Cuny

              article tres interessant


            • CN46400 CN46400 4 juin 2016 09:03

               Le capitalisme est le régime où une « immense majorité (KM) » de prolétaires doivent travailler pour vivre, pendant qu’une « infime minorité (KM) » vit des profits dégagés par le travail des précédents.


                Cependant les revenus des prolos doivent être suffisants pour que ceux-ci aient envie de revenir, indéfiniment, au « chagrin ».

                Pour prospérer, le capitalisme a besoin d’un état suffisamment sérieux pour faire respecter les « lois de l’entreprise (concurrence...) aux patrons et celles du travail (travaille et tais-toi...) aux prolos. C’est parce qu’il peine imposer cet état en Afrique que le capitalisme, contrairement à la Chine, y reste à l’état embryonnaire.

                Pour compenser la baisse tendancielle du taux de profit, l’entreprise capitaliste doit étendre constamment ses marchés (Pub, mondialisation...) et ses sources de profits (produits nouveaux..). Si elle renonce elle disparaît tôt ou tard. 

                Et le patron doit alors prendre une place dans le prolétariat, et apprendre, à son tour, à vendre correctement sa force de travail. En attendant, ce sont ces gens qui proteste contre les »prises en otages" des grèves ou contre les blocages des ronds points.....Ils ont les mains dans le prolétariat et la tête encore dans le patronat.

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