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Accueil du site > Tribune Libre > Disjonction ou les coulisses de l’héroïsme

Disjonction ou les coulisses de l’héroïsme

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Ou l'envers du décor... ou le revers de la médaille...

Il nous parvient, presque toujours, des produits finis dont on ne sait pas grand chose de la fabrication ; on peut le découvrir par des enquêtes, ou l'apprendre par des lettres comme celle-ci, sinon on a rarement accès aux coulisses.

Cette « lettre d'une pigiste perdue dans l'enfer syrien » circule sur le net ; peut-être l'avez-vous lue. Elle m'a interpellée, je suis passée par plusieurs états d'esprit en la lisant, elle m'a donnée envie d'insister.

Cette lettre est celle d'une journaliste italienne, publiée sur le site : « Columbia journalist review. »

D'abord c'est une plainte qui place en tête les problèmes d'argent ; ça peut agacer, mais si l'on continue la lecture, on comprend que l'argent, là, est primordial.

Pour un article payé 7O euros, et comme elle le souligne, le même prix que pour un article écrit de Rome, elle décrit :

« … même dans des endroits comme la Syrie où la spéculation délirante fait tripler les prix. Donc, par exemple, dormir dans une basse rebelle, sous les obus de mortier, sur un matelas posé à même le sol, avec cette eau jaune qui m'a donné la typhoïde, coûte 50 euros par nuit ; une voiture coûte 250 euros par jour. »

Nous apprenons un peu plus loin que ce prix dérisoire le papier, n'est pas dû au manque d'argent, mais à une concurrence acharnée et féroce entre « collègues ». Sommes-nous là par ambition, pour obtenir le prix Pulitzer, s'étonne-t-elle !

Il n'y a plus rien de propre en ce bas monde...

Dans cet enfer où notre pigiste est bien seulette, le contact avec le monde ordinaire reste néanmoins, via Internet. Chaque soir elle espère un retour, un remerciement pour son article, un encouragement, un peu d'affection de la part des siens. Que nenni, son rédacteur qui suppose qu'elle fait partie des journaleux kidnappés, lui envoie un mot l'enjoignant d'écrire un tweet sur sa captivité dès qu'elle aura une connexion ! Quant à une de ses amies qui squatte son logement en Italie, elle lui demande la cachette de sa carte Spa, pour qu'elle puisse aller se faire masser gratos.

Est-il devenu si difficile d'être un héros ou bien le revers des cartes fut-il le même naguère ?

Devant tant de désarroi et d'abandon, on peut se demander quelles peuvent bien être ses motivations : nulle part un regard, un mot humain pour vous ragaillardir !

Voilà ce qu'elle dit ;

« Du reporter freelance, les gens gardent l'image romantique d'un journaliste qui a préféré la liberté de traiter les sujets qui lui plaisent à la certitude d'un salaire régulier. Mais nous ne sommes pas libres, bien au contraire. Rester en Syrie, là où personne ne veut rester, est ma seule chance d'avoir du boulot. Je ne parle même pas d' Alep, pour être précise. Je parle de la ligne du front. Parce que les rédacteurs en chef, en Italie, ne veulent que le sang et les « bang-bang » des fusils d'assaut.

J'écris à propos des groupes islamistes et des services sociaux qu'ils mettent à la disposition des populations, les racines de leur pouvoir, - une enquête beaucoup plus complexe à mener que le traditionnel article du front. Je fais tout mon possible pour expliquer, et pas seulement pour émouvoir, et je me vois répondre : « Qu'est-ce-que c'est que ça ? Six mille mots et personne ne meurt ? ».

Les nouvelles technologiques, dit-elle, nous incitent à penser que la vitesse, que l'immédiateté, sont constitutives de l'info. Or ces infos, minutes par minutes ou presque, sont inutiles à la compréhension d'un événement quel qu'il soit.

Le contenu des magazines est standardisé, dit-elle aussi ; et pour cause, la vie en direct sur le front ne peut être suivi par aucun lecteur, or l'analyse, la mise en perspective et la mise en forme ont besoin de temps : même sur place, un reporter n'est pas simplement un œil.

Or les journaux, les magazines ne se réclament d'aucune singularité de publication, « il n'y a aucune raison de payer des reporters ». Les analyses, le recul ce n'est pas pour les journalistes freelance « … qui sont des journalistes de seconde zone, même s'il n'y a que des freelance en Syrie, parce que c'est une guerre sale, une guerre du siècle dernier ; c'est une guerre de tranchées entre les rebelles et les loyalistes qui sont si proches qu'ils se hurlent dessus pendant qu'ils se mitraillent... ».

C'est une crise des médias, car les lecteurs sont toujours là qui voudraient comprendre et pas seulement savoir, et pour ce faire attendent de « la simplicité sans simplification ».

Nous ne pouvons qu'être d'accord avec elle, à moins d'être un boulimique de données oubliées aussitôt ingérées, on espère un tracé évolutif des événements, un retour comparatif pourquoi pas, et une ligne directrice qui guide notre compréhension. L'information première nous est donnée par les journalistes sur place ; mais celle-ci ne suffit pas, pour la rendre audible, il faut qu'elle soit liée aux décisions politiques internationales, qu'elle s'insère dans l'Histoire ! Cela demanderait un travail d'équipe, sur place mais aussi dans le socle fixe des parutions occidentales ! Apparemment il n'en est rien, et cela se sent !! Ce travail est fait, bien sûr, mais pas dans les mêmes journaux et les analyses sont le privilège de quelques-uns qui cherchent à comprendre... Toute l'inanité des images et des mots de ceux qui vivent les faits, se situe là, et du coup, toute la propagande.

 

On a acquis la certitude que les reporters de guerre étaient neutres, juste des témoins ; la neutralité et l'objectivité étant, bien évidemment, l'oeil de notre camp ! Cette femme est pro-rebelles ; elle loge chez eux, mais on l'a vu, pas gratuitement, ce qui ne l'empêche pas de voir. Elle dit :

« Parce que la Syrie n'est plus la Syrie. C'est un asile de fous. Il y a cet italien qui était au chômage et qui a rejoint al-Qaeda, dont la mère sillonne Alep pour le retrouver et lui mettre une bonne raclée ; il y a le touriste japonais qui arpente les lignes de front parce qu'il dit avoir besoin de deux semaines de « sensations fortes » ; le suédois diplômé d'une école de droit qui est venu pour rassembler des preuves de crimes de guerre ; les musiciens américains qui portent la barbe à la Ben Laden, prétendant que ça les aide à se fondre dans le décor alors qu'ils sont blonds et qu'ils mesurent plus d'un mètre quatre-vingt-dix. ( Ils ont apporté des médicaments contre la malaria, même s'il n'y a pas de cas de malaria ici, et veulent les distribuer en jouant du violon). Il y a les membres de diverses agences des Nations-Unies qui, lorsque vous leur dîtes que vous connaissez un enfant souffrant de leishmaniose ( une maladie transmise par piqûre d'insecte) et que vous leur demandez s'ils pourraient aider les parents à le faire soigner en Turquie, vous répondent qu'ils ne peuvent pas parce que c'est un cas particulier et qu'ils ne s'occupent que de « l'enfance » en général. »

Voilà, c'est un petit morceau de guerre, impartial. Elle parle de cette guerre en passant, parce que cette lettre n'est pas un article. Et elle conclut comme ça :

« La vérité, c'est que nous sommes des ratés. Deux ans que ça dure et nos lecteurs se rappellent à peine où se situe Damas, le monde entier qualifie ce qui se passe en Syrie de « pagaille » parce que personne ne comprend rien à la Syrie- hormis le sang, toujours le sang. Et c'est pour cette raison que les Syriens ne nous supportent plus maintenant. Parce que nous montrons au monde entier des photos comme celle de cet enfant de sept ans avec une cigarette et une kalachnikov. Il est clair que cette photo est une mise en scène mais elle a été publiée dans tous les journaux et sur les sites web du monde entier en mars et tout le monde criait : « Ces Syriens, ces arabes, quels barbares ! »

Lorsque je suis arrivée ici la première fois, les Syriens venaient vers moi et me disaient : « Merci de montrer au monde les crimes du gouvernement. » Aujourd'hui un homme est venu vers moi ; il m'a dit : « Honte à vous. »

Si j'avais réellement compris quelque chose à la guerre, je n'aurais pas essayé d'écrire sur les rebelles et les loyalistes, les sunnites et les chiites. Parce que la seule chose qui vaille d'être racontée en temps de guerre, c'est comment vivre sans peur. Tout peut basculer en une fraction de seconde. Si j'avais su cela, alors je n'aurais pas eu si peur d'aimer, d'oser, dans ma vie ; au lieu d'être ici, maintenant, recroquevillée dans l'obscurité et la puanteur, en regrettant désespérément tout ce que je n'ai pas fait, tout ce que je n'ai pas dit. Vous qui demain serez encore en vie, qu'attendez-vous ? Pourquoi hésitez-vous à aimer ? Vous qui avez tout, pourquoi avez-vous si peur ? »

Cette lettre m'a parue quelque chose d'inédit ; elle témoigne de l'humain dans l'enfer mais parce que cet enfer a été choisi, elle reste liée au monde ordinaire, comme à une bouée ; un désir pourtant désespéré que la vie ait un sens, comme un réveil des valeurs de nos sociétés qui traitent de sujets et qui oublient l'humain. Tous les jours, on le sait que l'humain est oublié, au travail, dans les transports, qu'il n'y a qu'un consommateur ou bien un travailleur ; nous sommes des chiffres, des courbes, des rapports, des sondages, des avis, et, des pigistes et des reporters pour en faire le rapport.

Et si cette lettre m'a tellement touchée sans m'émouvoir, c'est sans doute que la prise de conscience de cette femme faisant métier de montrer, l'amène dans mon champ  : je n'ai jamais regardé un journal télévisé ; j'en ai vu des bouts, ça et là, mais cela m'était insupportable ; je ne suis ni photogénique ni photophile même si j'aime les photos de rues et certains portraits.

Comme dit une amie photographe d'art : ce ne sont plus des photographies mais des images. Et l'image fige et la quête de l'horrible trahit à coup sûr le regard de l'auteur du cliché.

Un cliché.

Par ailleurs, le traitement qui semble être fait de ces pions sous les feux d'un scoop rentable m'a fait penser à ce que dit Michéa de la libre pensée qui tolère tout dans la plus parfaite indifférence et évoque cette expression aussi laide que ce qu'elle dit : à chacun sa merde !

La nécessaire efficacité pour la non moins nécessaire rentabilité ne laisse rien à l'écoute.

Cette femme, entre devoir et nécessité de gagner sa vie et de suivre sa voie de danger, même sous l'injonction de motivations futiles ou à tout le moins pragmatiques, réalise soudain que nous ne sommes héros que reconnus.

Son désarroi, sa peur, son plongeon dans un réel inimaginable chez nous, elle les relate avec non seulement beaucoup d'intelligence mais une pudeur, une absence de ce concept très mode de victimisation, ce qui est tout à son honneur.

Nul n'est tenu de dire l'indicible et l'idée me vient que le blocage de toute sensibilité est la seule plausibilité du succès de telles missions. Nous sommes donc envahis d'images figées par des regards qui se sont dépourvus de toute humanité. Et pour combler cette béance, une sirupeuse compassion de mots convenus...

J'espère en tout cas vous avoir donné envie de lire cette lettre qui a encore bien d'autres choses à vous dire, si vous ne l'avez déjà fait, et d'en laisser, vous qui êtes peut-être au fait des actualités télévisées, d'autres éclairages.

http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20130731.OBS1691/lettre-d-une-pigiste-perdue-dans-l-enfer-syrien.html

Un autre lien sur la guerre et sa folie ; ce n'est pas la même guerre, et pourtant...

http://www.franceculture.fr/emission-l-esprit-public-thematique-violences-de-la-grande-guerre-avec-jean-yves-le-naour-2013-08-25


Moyenne des avis sur cet article :  4.2/5   (15 votes)




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32 réactions à cet article    


  • jako jako 26 août 2013 10:47

    Très beau document Alinea hé oui en bout de chaine il y a des humains et ils (elles) doivent se sentir bien seuls.


    • Gabriel Gabriel 26 août 2013 10:54

      Bonjour Alinea,

      Le monde est un grand bordel désorganisé alors imaginez une guerre ou la vérité change de côté suivant l’information du jour. Ingérable dans ce monde médiatique où l’émotion prime sur la réflexion, où l’instantané et les photos chocs sont pris pour acquis sans enquête sérieuse. La désinformation est le bras armé d’un pouvoir mondialiste qui se met en place dans l’indifférence générale, sous les yeux absents de consommateurs accros à leurs jouets technologiques qui leurs atrophient l’âme et l’esprit. Cette journaliste est une courageuse utopiste et vous, une courageuse rédactrice.


      • Fergus Fergus 26 août 2013 11:39

        Bonjour, Gabriel.

        Vous écrivez « La désinformation est le bras armé d’un pouvoir mondialiste ». Certes, mais cette « désinformation » est devenue un outil entre toutes les mains ; Désormais, dans ce type de conflit aux contours nébuleux, tout le monde manipule tout le monde, et c’est bien cela qui, ajouté aux fantasmes et aux rumeurs, rend vaine toute compréhension des évènements.


      • Gabriel Gabriel 26 août 2013 11:52

        Bonjour Fergus, je dis ici que la désinformation est organisée et qu’elle sert un pouvoir mondialiste. Je ne parle pas des belligérants au coeur des conflits qui, pour la plupart d’entre eux, ne savent même pas pourquoi et contre qui ils se battent...


      • gaijin gaijin 26 août 2013 11:23

        « Il n’y a plus rien de propre en ce bas monde... »
        «  personne ne comprend rien à la Syrie- hormis le sang, toujours le sang » 

        et c’est tout ce qui importe pour les merdias : la guerre est une version moderne des jeux du cirque rien de plus qu’un grand réality show . pour faire de l’audience, vendre des espaces de publicité, pour gagner de l’argent qui servira a produire d’autres réality show et ainsi de suite
        recyclage perpétuel de la même merde pour une civilisation de coprophages ......

        la guerre en syrie ? qui se bat contre qui ? pourquoi ?
        les combattants le savent t’ ils eux mêmes ?
        probablement pas
        prétexte a un bras de fer entre une russie qui teste ses forces face a un géant américain vieillissant , avec l’iran quelque part en perspective et la recherche du contrôle du pétrole au moyen orient ?
        autre chose ?
        je ne sais pas et de toute façon ça change quoi ?
        il n’ y a pas de bon camp, pas de héros, pas de vainqueurs dans une guerre .....
        uniquement des victimes
        il en faudra encore combien pour que nous apprenions  ?


        • alinea Alinea 26 août 2013 11:34

          La mémoire est de plus en plus courte gaijin mais aussi, quand une situation est tendue, elle amène toujours la violence ; mais cela prend un tour nouveau, le monde de fous qu’elle décrit fait beaucoup plus peur que la guerre elle-même, enfin me fait beaucoup plus peur ! C’est comme une dégénérescence contre laquelle nous ne pourrions rien !
          @ Gabriel : je ne suis pas sûre qu’elle soit utopiste, elle a l’air d’avoir la tête sur les épaules mais... elle reste humaine ! humaine, voilà bien une qualité qui se perd !!
          @Jako, oui j’ai trouvé aussi, c’est pourquoi je me suis lancée à en parler alors que je pensais que tout le monde l’avait lue ! Ce qui n’aurait pas été grave mais l’intérêt de cet article, c’est cette lettre !!!


        • Gabriel Gabriel 26 août 2013 11:57

          Alinéa, justement aujourd’hui l’utopiste est pratiquement le seul qui a la tête sur les épaules. Quant à l’humanisme, cette valeur sacrée et pourtant sans cesse bafouée, je suis d’accord avec vous, elle devrait être à la base et influer toutes nos décisions.


        • alinea Alinea 26 août 2013 12:07

          Oui, vous avez raison sur l’utopie ; d’ailleurs à ce propos j’ai lu sur Mediapart un bel entretien avec Edgar Morin !


        • gaijin gaijin 26 août 2013 12:38

          « mais cela prend un tour nouveau »
          non rien de neuf sous le soleil
          mais ce qui change c’est que notre verni de civilisation craque de partout et emporte les derniers morceaux de nos illusions .
          c’est la rançon de l’information et de la connaissance : la fin des illusions
          ( mais ça déjà on le sait depuis qu’ ève a croqué la pomme ........)


        • alinea Alinea 26 août 2013 12:57

          Il me semble gaijin que le passage à l’acte, de ses folies, de ses perversions, dans un monde sans garde-fous, cela est nouveau ; pas d’aujourd’hui mais d’un jeune hier ! tu dis que le vernis craque, je penserais plutôt qu’il ne reste que le vernis, qui craque certes, mais dévoile le vide abyssal de nos sociétés !!


        • gaijin gaijin 26 août 2013 15:04

          « le vernis, qui craque certes, mais dévoile le vide abyssal de nos sociétés !! »
          c’est bien ce que je voulais dire
          pour le reste rien de nouveau la liste serait presque infinie des « passages » a l’acte
          guerres ailleurs ou ici
          afghanistan
          irak 2
          congo ( la guerre oubliée )
          irak 1
          afghanistan
          liban
          vietnam
          indochine
          algérie
          seconde guerre mondiale avec son cortège d’ horreurs d’hiroshima a oradour en passant par dresde et stalingrad
          première guerre mondiale et la découverte de la mort industrialisée
          au 19 ème siècle on colonise et on civilise le monde pendant que les usa achèvent le génocide des amérindiens
          les états européens font la guerre a la chine pour se partager le cadavre de la dernière civilisation « non civilisée »
          ............
          de tous temps on massacre, on étripe on s’essuie les baillonettes et les vainqueurs écrivent l’histoire de brillants héros que l’on fait apprendre a nos chères têtes blondes.
          on jette un voile aussi épais que possible sur les pays dévastés, les femmes violées ( droit inaliénable du vainqueur ), les bébés arrachés au ventre de leurs mêres ........éventrées vivantes .........les pères avec les couilles coupées enfoncées dans la bouche ( que si possible on a d’abord obligé a assister au massacre de leur famille ) .........
          c’est le visage véritable de la guerre depuis toujours pour servir les intérêts et les absurdités d’une minorité de crétins, élite autoproclamée ........

          mais ce n’est pas péché que de tuer un hérétique affirme l’église au temps glorieux de la saint barthélémie
          un excuse comme une autre ........comme toutes les autres .....


        • alinea Alinea 26 août 2013 15:51

          On s’est mal compris gaijin ; dans mon commentaire ci-dessus je dis que la folie dont elle parle : ce japonais, ces américains,etc me semble ( voyeurisme, immoralité, bêtise.. tout cela à la fois ?) me semble nouvelle !
          Sinon, bien d’accord avec toi, en doutes-tu ? smiley


        • gaijin gaijin 26 août 2013 17:31

          non je n’en doute pas
          mais on a souvent l’impression que les choses pires alors qu’elles sont justes pareilles
          le voyeurisme ? il y avait les foires aux monstres ,les jeux du cirque ........
          un signe de décadence c’est certain mais pas si nouveau


        • Fergus Fergus 26 août 2013 11:45

          Bonjour, Alinea.

          Un excellent article à ne pas mettre sous les yeux de ceux qui reprennent le boulot et ont déjà le moral dans les chaussettes.

          Cette femme est-elle une « ratée » comme elle l’écrit elle-même ? Non, elle est une femme courageuse et lucide dont le témoignage suffit à faire d’elle une source de réflexion. A défaut de pouvoir éclairer notre compréhension d’un tel conflit, elle met en question le rôle des médias dans un tel contexte, et ce n’est pas rien.


          • foufouille foufouille 26 août 2013 12:01

            depuis l’irak, ceux qui veulent savoir le peuvent. les autruches bisounours peuvent regarder TF1


            • Corinne Colas Corinne Colas 26 août 2013 14:06
              Belle plume que ce billet sur la Syrie, Alinea !

              Je dirai « ouf » !

              j’avoue avoir eu une grande fatigue ce week-end rien qu’en lisant les titres des articles traitant de la guerre là-bas notamment le dernier sujet dit d’actualité : est-ce que c’est Assad qui a gazé ou pas ? ... avec toutes ses variantes bien sûr. 

              Pendant ce temps, on m’avait déjà confirmé dans mon « oreillette » que l’enquête de la Croix Rouge démontrait qu’il n’y avait eu aucun gaz. Si moi, pimpim avait l’info de source absolument sûre, comment ne pas s’étonner de cette avalanche d’articles professionnels qui faisaient « comme si » on ne savait pas réellement pour les plus impartiaux, les autres servant la soupe aux thèses officielles ! Je subodore qu’à force de répéter n’importe quoi, les journalistes finissent pas se persuader que ce qu’ils écrivent, c’est la réalité objective.

              L’important étant d’exploiter « l’info », la vérité qui forcément ressort à un moment donné, sera toujours tronquée ou présentée comme pas tout à fait certaine dans l’unique but de vendre, de vendre... Il faut faire des lignes en effet. 

              Et c’est dommage que les supports médias appelés alternatifs se laissent eux-mêmes envahir par les « questionnements » conformistes sur tel ou tel sujet dit d’actualité. Nous sommes pris par la main afin de les relayer... ensuite lorsque nous en discutons, nous les rendons réels !

              Le rat de bibliothèque hier, devenu geek aujourd’hui, appelle ça désormais la matrice. Il n’a pas tort.



              • alinea Alinea 26 août 2013 15:55

                Eh bien moi, Corinne, j’avoue ne plus écouter ce qu’on appelle encore « nouvelles », je ne sais pas pourquoi ! Et comme l’idée que je me fais de cette guerre, la terreur qu’elle m’inspire au niveau mondial et l’horreur de la vie des gens là-bas, je la dois à certains analystes à qui je fais confiance ; je me garderais bien d’y mettre mon grain de sel !!
                Et je suis d’accord avec ton analyse ! c’est bien pourquoi je ne lis plus... la boucle est bouclée !


              • Corinne Colas Corinne Colas 26 août 2013 18:55

                ... j’ai oublié de mettre les guillemets pour impartiaux, là où en réalité chacun joue un rôle. Je voulais bien dire que ceux-ci ne sont pas plus honnêtes puisque ils ont la possibilité de dire halte aux fausses polémiques. Au lieu de ça, tandis que certains assènent une « vérité », eux font semblant de la rechercher... malgré le rapport de la Croix-Rouge que les uns et les autres ont tous sur le bureau en fait. 


                Oui, la boucle est bouclée ! Et une guerre chasse l’autre dans les médias selon les besoins du moment. Tout ceci est anxiogène à souhait... mais l’on ne s’attardera jamais sur les soldats français qui meurent en Afghanistan par ex, l’art de nous faire oublier que nous sommes en guerre et que nous sommes les agresseurs (pauvres gamins idéalistes qui se sont engagés pour défendre leur pays et qui se retrouvent à soutenir d’autres intérêts).

                Le pire, concernant le boulot de reporter de guerre, c’est qu’il n’est pas sans risque à une époque où les guerres s’intensifient pour s’accaparer les dernières ressources (la démocratie a bon dos). Cependant la bobine d’Y. Betancourt, c’est un concept plus vendeur que celle des journalistes français emprisonnés en ce moment... surtout quand ils sont les otages de rebelles que nous finançons. En bref, on les paye deux fois ! 

                Nous sommes entrés dans la troisième guerre mondiale (version moderne) mais elle ne se fait pas chez nous.

                Allez un petit pour la route :
                Les attentats du 11 septembre 2001 avaient fait 2 996 victimes, dont 343 sapeurs-pompiers, et 59 policiers, venus secourir les victimes enfermées dans les tours du World Trade Center. Laguerre contre le terrorisme lancée par George W. Bush Jr a elle, entraîné la mort d’au moins 227 000 personnes, ou plus de 300 000 selon d’autres estimations, dont 116 657 civils (51%), de 76 à 108 000 islamistes, insurgés ou talibans (34-36%), 25 297 soldats des forces loyalistes en Irak et en Afghanistan (11%), et 8 975 soldats américains, britanniques et autres nations de la coalition (3,9%).

                et depuis... ils continuent à exploser les compteurs ! Alors tant mieux si de temps en temps, une journaliste arrive à exprimer sa lassitude et son dégoût. C’est bien de découvrir que la guerre est sale. On aimerait qu’ils soient plus nombreux à le crier car les populations elles, n’en ont jamais douté et sont écœurées depuis le début.


                Sur ce, bonne soirée quand même ! smiley




              • Karol Karol 26 août 2013 14:36

                Merci de nous rappeler l’histoire de cette journaliste italienne qui essaie de faire son travail avec honnêteté ; mais ce n’est pas ce que lui demande ses commanditaires.
                Je suis en train de relire et de réécouter Paul Virilio.« Aujourd’hui l’image l’emporte sur le langage et sur l’écrit. L’écran domine l’écrit. » L’image c’est la fascination « nos sociétés ne sont plus des sociétés d’opinions, mais des sociétés d’émotions » dit-il dans un interview à ARTE A réécouter :
                Paul Virilio ARTE


                • alinea Alinea 26 août 2013 15:57

                  Merci Karol, j’écouterai ce lien ce soir. au calme !


                • cevennevive cevennevive 26 août 2013 15:06

                  Bonjour Alinea,


                  La lettre de cette journaliste est troublante et touchante en même temps. Elle nous conduit dans les méandres un peu trop personnels d’une personne perdue dans un pays en guerre, solitaire dans sa profession et non reconnue par ses pairs.

                  « Le poids des mots, le choc des photos » était la devise d’un célèbre journal. Mais les mots et les photos sont souvent des traîtres à la vérité.

                  Les mots composant des phrases reflètent toujours un peu l’humeur de celui qui les écrit. Les photos sont des instantanés d’une vérité ne durant que le temps du flash.

                  Tout cela est bien trompeur, n’est-ce pas ?

                  Il y eut des lettres importantes, impressionnantes même et criantes de vérités de la Mère Myriam au début du conflit en Syrie. Eh bien d’aucuns ont nié les faits et les sentiments qui semblaient pourtant bien réels, occultant les détails, mettant les observations sur le compte d’une hypothétique bienveillance pour le régime de Bachar Al Assad, ou un quelconque intérêt de la Soeur pour l’avenir de sa communauté.

                  Je pense avec sympathie à cette journaliste, solitaire, abandonnée dans un conflit qu’elle a cru pouvoir et devoir décrire impartialement à ses lecteurs, et j’ai bien peur que sa lettre ne lui apporte qu’un peu de cette même sympathie, ne durant que le temps de la lecture de ses mots...

                  Mais, à mon avis, Alinea, elle est tout de même moins à plaindre que les Syriens plongés dans cette galère que nous, occidentaux, nous gobergeons à vouloir faire cesser avec des interventions armées en nous frappant la poitrine de fierté !

                  Cordialement.

                  • alinea Alinea 26 août 2013 16:03

                    Bonjour Cevennevive,
                    Oui, c’est pour cela que je dis que cette lettre m’a touchée sans m’émouvoir ; je pense que son côté personnel est une soupape pour elle, ne pas se perdre, ne pas plonger...
                    Ce qui m’a intéressée c’est la désillusion d’une journaliste va-t-en-guerre, au sens propre, l’envers du décor ! Sinon, j’ai même du mal à me figurer la souffrance et/ou la folie des gens là-bas ! Et je ressens une sorte de honte de l’utilisation qui en est faite... mais comme dit gaijin, cela n’est pas nouveau ; pourtant, on ne s’habitue pas !


                  • gaijin gaijin 27 août 2013 09:27

                    « on ne s’habitue pas »
                    et c’est tant mieux le risque étant précisément de s’habituer, c’est a dire de s’ insembiliser
                    c’est ainsi que peu a peu on se déshumanise
                    « 100 000 morts ? gazés ? ah ça me fait penser a un truc justement le gaz va encore augmenter cette année ....... »
                    il se peut que le vrai danger de l’ information telle qu’elle est faite soit là, nous habituer a notre dose d’ horreur ou d’absurdité jusqu’à ce que l’on soit indifférents a tout


                  • L'enfoiré L’enfoiré 26 août 2013 16:48

                    Bonjour Alinea,

                     Et oui, pourquoi les journalistes vont au devant du danger dans une guerre qui n’est pas la leur.
                     Qu’est-ce qui les poussent à informer au péril de leur vie.
                     Justement, ce matin, dans l’article que je viens de publier, il y avait une journaliste, une certaine Guilaine, qui essayait de donner son avis en réponse à la question d’une copine qui l’invectivait, des mots durs : Horreur. Et tu aimes cela ? Tu aimes communiquer du sensationnel, de l’émotion en tube dentifrice, de la m...quoi. Ça n’a plus rien à voir avec de l’information. Toutes les presses du monde se rassasient de ces flonflons du bal ou de la terreur avec les mêmes sources dans le collimateur. Pas une ne se mouille à raconter sa propre histoire qui mène à la déconfiture que la presse connait actuellement. Toujours en déficit dans les caisses des journaux. Il doit y avoir une raison. Ce n’est pas ou plus de la presse d’opinion. Elle est servie sur un plat chaud ou brûlant, sans permettre au lecteur de s’assurer de leurs sources. Au moins, quand je n’écoute pas la presse, je ne serai pas influencée par elle. Parce que tu ne dis pas tout, Guilaine, tu aimerais bien qu’on en bave devant ton information avec ta signature au bas du parchemin. Pardon de ton « papier » comme on dit dans le jargon de métier. Est-ce seulement, pour identifier l’auteur du lavage de cerveau ? J’en doute. Pour te faire un nom, oui, un nom qui te donnera la preuve de ta bonne conscience. Tu nous vends de la propagande, Guilaine, de la salade avec du ketchup au lieu de mayonnaise et cela sans t’en rendre compte, puisque tu ne remontes pas aux sources des problèmes planétaires. Tu te prends pour Christiane Amanpur ? Surtout, n’oublie pas de prendre tes jeux vidéos en partant... « 

                    Je ne sais si vous souvenez du film »58 minutes pour vivre". A bord, un journaliste qui dans l’avion, essayait de laisser une trace de lui après le crash de l’avion dans lequel il se trouvait. Tentative du journaliste qui a été réduite à néant par l’héroïne du film. Malotru, ce journaliste ? 
                    Recherche le prix Pulitzer ?
                    Cette séquence m’a posé problème.
                    Comme vous dites, nous sommes à l’ère de l’image. Le texte ne suffit plus. On ne lit plus.

                    • L'enfoiré L’enfoiré 26 août 2013 17:14

                      Les tops dix des métiers les plus dangereux. Il n’arrive qu’en 6ème position.

                      Le BLS (Bureau des Statistiques des Professions) vient d’établir ce rapport.
                      1.Policier au Mexique
                      2.Chauffeur en Afrique
                      3.Bucheron
                      4.Pêcheur
                      5.Démineur
                      6.Journaliste en Syrie


                      • L'enfoiré L’enfoiré 26 août 2013 17:38

                        Et les inspecteurs de l’ONU devenus la cible des snipers mais le régime syrien et l’opposition se sont mutuellement accusés d’être à l’origine de ces tirs.


                        Cela doit être des Martiens....

                      • alinea Alinea 26 août 2013 18:45

                        Salut L’enfoiré ; une grippe m’est tombée dessus, à demain j’espère.. ou ce soir après un somme


                      • jack mandon jack mandon 27 août 2013 07:40

                        Petite soeur,

                        Témoignage visuel depuis l’enfer, petite voix écrite jolie,
                        deux âmes délicates féminines perdues dans ce salmigondis
                        de guerres, de révolutions, de violence, de haine, de mensonges.
                        Aujourd’hui, société de consommation de misères insoutenables.
                        Mais la petite voix écrite jolie, a imprimé dans son corps le mot fin.
                        Une grippe s’est installée pour signifier que la vie continue.


                        • télé ton destin télé ton destin 27 août 2013 10:01

                          Bonjour Alinea,

                          très bon article, juste et clairvoyant.

                          Les coulisses de la guerre ou la guerre en coulisses,
                          parfois on ne sait plus (ou on ne veut pas savoir).
                          Un excellent film qui traite du sujet (en autre) : Wag the Dog.

                          Dégrippez-vous ! Bonne journée.


                          • alinea Alinea 1er septembre 2013 13:14

                            En gros, plus personne ne veut savoir rien parce que plus personne n’a le temps de s’arrêter, toujours sollicité par ailleurs. Moi, ça m’intéresserait votre commentaire, s’il est sauvegardé !
                            Personnellement, comme je l’ai dit, je ne suis pas de la culture de l’image, je n’ai idée du métier de reporter que par ceux qui fleurissaient quand j’étais jeune ; et je ne parle pas de London , ou Hemingway, aussi ai-je l’impression qu’aujourd’hui ce métier-là n’est plus possible, un peu comme tout le reste il est vrai, où tout semble semble avili par la concurrence, le fric, le désir de gloire !!!


                          • alinea Alinea 1er septembre 2013 15:13

                            Merci Selena de m’avoir ouvert toutes ces portes ; d’abord Curtis ! dont j’ai lu un bouquin ( sur les Indiens mais n’en sait plus le titre, c’est si vieux !)
                            Ortiz me dit quelque chose aussi.. les autres non !
                            N’y a-t-il pas moyen que ces gens-là s’organisent en association ou SCOP, car j’ai idée que le monde intermédiaire entre eux et nous, est un monde pourri ! pourri ou non viable ! les agences ou les éditeurs ne doivent plus brasser que des produits !
                            L’éthique du bon reporter comme l’écrit Ortiz, ne doit plus être suivie par beaucoup de monde !
                            Mais c’est vrai qu’on ne le sait pas.. le public n’a pas accès aux coulisses...


                          • alinea Alinea 1er septembre 2013 16:47

                            J’ai lu l’Alchimiste et, à ma grande honte n’en ai plus aucun souvenir... c’est un peu le problème avec les livres de bibliothèque ou ceux qu’on vous prête : on ne peut y retourner !
                            Je pense bien qu’il n’y a(vait ?) aucun désir de gloire dans cette recherche et dans ce mode de vie ; c’est à se demander si cette sincérité, totalement démodée dans les motivations actuellement, ne sonne pas le glas de la profession !!
                            Bonne soirée Selena et merci encore

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