Douze preuves pour l’Atlantide que je propose
Le problème des archéologues et des historiens de l'Antiquité gauloise, c'est qu'ils cherchent bien souvent là où il n'y a rien à trouver et qu'ils ne cherchent pas toujours là où ce serait intéressant de le faire. En outre, comme ils négligent l'étude approfondie des textes, il leur arrive de ne même pas comprendre ce qu'ils mettent au jour. C'est le cas de l'Atlantide et de sa capitale que je situe au Crest, en Auvergne, preuves à l'appui. Il est tout de même étonnant que le seul pays auquel personne n'a jamais pensé soit le nôtre.
Comme je l'ai écrit dans un précédent article, les historiens de l'Antiquité et les archéologues mélangent un peu tout. Ils ne font pas vraiment la différence que les Anciens faisaient entre une ville et le territoire de la cité qui faisait vivre la ville. Et comme ils ne font pas cette différence, ils ne comprennent pas la logique de Platon où, tantôt, c'est la ville qu'il décrit, tantôt, c'est le territoire de la cité, tantôt, c'est l'ensemble des provinces. Ces provinces, de toute évidence, c'étaient les territoires marquées par la colonisation phénicienne et que la Grèce expansionniste convoitait.
En bon cartésiens qu'ils sont, ces historiens et archéologues refusent d'entrer dans le jeu d'esprit auquel le philosophe les invite, à savoir une interprétation de l'Histoire par époque, ou période, dans le sens large d'une civilisation ou d'une société qui, à l'instar d'une vie humaine, naît, grandit et disparaît pour laisser la place à une nouvelle génération qui, à son tour, recommencera un cycle à la fois semblable et différent.
Alors qu'en bon pédagogue, Platon prend soin de bien expliquer, en prologue, son "jeu de l'esprit" en l'appliquant à Athènes, à savoir des successions de déluges locaux qui "nettoient" la surface du pays avant qu'une nouvelle "surface" ne la remplace, aucun archéologue, aucun historien, n'a eu l'intuition de faire le lien avec le récit de l'Atlantide où il applique le même jeu de l'esprit.
Première preuve : l'Europe de Platon n'est pas l'Europe d'aujourd'hui.
Platon nomme deux fois l'Europe dans son Timée. La première fois, pour dire que la puissante armée de l'Atlantide envahissait à la fois l'Europe et l'Asie. Dans mon hypothèse d'un conflit qui s'est terminé, provisoirement, en - 509, il pense manifestement aux grandes expéditions préceltiques en Centre-Europe du VIème siècle avant J.C., lesquelles sont allées jusqu'aux frontières de l'Asie en suivant l'axe danubien. Dans l'état des connaissances de l'époque, il est très compréhensible que les Grecs se soient inquiétés de ces expéditions qui se rapprochaient dangereusement d'eux. Mais cela peut tout aussi bien être une évocation étymologique de l'allégorie originelle, pour dire : du couchant au levant.
Certes, on ne va pas manquer de m'objecter que Platon parle d'un conflit d'il y a 9 000 ans. Soyons précis ! Platon dit seulement que ce conflit a commencé, il y a 9 000 ans, ce qui n'est pas en contradiction avec le fait qu'un traité ait suspendu momentanément les hostilités en -509. Et si Platon se risque à avancer cette date si peu plausible, c'est qu'il s'appuie sur un document dont parle également Strabon ; voyez mon deuxième lien cité en référence.
Il dit ensuite que ces rois de l'Atlantide dominaient sur la Lybie jusqu'à l'Egypte, et sur l'Europe jusqu'à la Tyrrhénie. Aucune hésitation ! Il s'agit là des incursions préceltiques en Italie étrusque du Nord. Cette Europe de Platon, il faut la comprendre dans sa conception historique, grecque, d'origine. Il s'agit, au départ, du territoire dont la Grèce était le centre et qui s'est étendu progressivement en direction du couchant jusqu'à la Tyrrhénie et la région niçoise de Vence http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-autre-idee-de-la-colonisation-59914. Et j'ajoute : jusqu'au flou d'une "terra ignota" à laquelle Platon a donné le nom d'Atlantide. Je dis "terra ignota" à l'exception de ses côtes atlantiques qui, probablement, avaient été reconnues par quelques navigateurs audacieux.
Bref, si l'on cherche l'origine commune à ces diverses flèches d'invasion, c'est bien dans le pays de Bibracte et de Gergovie qu'on la trouve.
Deuxième preuve : Son frère jumeau, qui était né après lui, eut en partage l'extrémité de l'île voisine des colonnes d'Hercule et de la terre qui s'appelle encore aujourd'hui gadirique, à cause de ce voisinage ; son nom en grec était Eumèle et en langue du pays Gadire.
Cette extrémité de l'Atlantide, c'est, bien évidemment, l'Espagne que les explorateurs grecs connaissaient principalement par son golfe de Cadix, l'antique Gadès fondée par les Phéniciens, Gadir en punique, Didyme en grec ancien, ce qui se traduit par "jumeau". Et comme cette province est voisine de celle d'Atlas, le premier-né, nous retombons, une fois de plus, sur le pays de Bibracte et de Gergovie, province royale. http://racines.traditions.free.fr/tartesso/tartesso.pdf
Troisième preuve : Près de la mer et au milieu de l'île était située une plaine, qui passe pour avoir été la plus belle de toutes les plaines et remarquable par sa fertilité. Près de cette plaine, à cinquante stades plus loin et toujours au milieu de l'île, il y avait une montagne peu élevée. Là demeurait un de ces hommes, premiers nés de la terre...
Dans le flou des connaissances de l'époque ramenées par les navigateurs audacieux précités, il faut bien comprendre que Gergovie ait pu être vue du côté de la mer océan et au centre d'un vaste territoire. Quant à la plaine, je ne comprends pas qu'on puisse hésiter tant la fertilité de la plaine de la Limagne est connue et reconnue. Cinquante stades, cela fait environ neuf kilomètres. Si l'on part de la cuvette de Clermont en descendant vers le sud, la montagne peu élevée est bien l'éperon du Crest qui s'avance, bien visible, dans le prolongement du plateau de la Serre, éperon aux étonnants vestiges fortifiés. Quant au plateau de Corent, il ferme et commande l'accès à la plaine. Le problème, c'est que, malgré les nombreuses traces de villa que les archéologues mettent au jour, ils se refusent toujours à "voir" l'extraordinaire point fort du terrain qu'est le Crest qui, pourtant, devrait leur crever les yeux. http://racf.revues.org/143?lang=en
Quatrième preuve : cette plaine était unie et régulière, mais d'une forme oblongue... . Elle avait la forme d'un tétragone carré et oblong ... qu’elle était oblongue en son ensemble, qu’elle mesurait sur un côté trois mille stades et à son centre, en montant de la mer, deux mille.
Soyons simple ! Un quadrilatère de quatre côtés qui, en plus, est allongé, c'est un rectangle. Il s'agit de la vision très approximative d'un voyageur, celle qui est parvenue jusqu'à Platon. Mais c'est à partir de là que le philosophe va développer l'image idéale, et même utopique, qu'il se fait d'un territoire de cité bien ordonné, mathématiquement bien ordonné. Dommage qu'il n'ait pas joint à son texte un croquis explicatif qui aurait permis de mieux le comprendre. Ce croquis qui nous manquait, je l'ai reconstitué en suivant fidèlement le texte. Parmi tous les chercheurs de la cité disparue, je ne pense pas que personne ait fait mieux.
Cinquième preuve : les districts avaient chacun cent stades, et l'on en comptait en tout soixante mille.
Faisons un petit calcul. Un rectangle de 3000 stades (555km,750) sur 2000 (370 km,500), cela fait une surface totale de 205.905 km²,375. En divisant cette surface par le nombre de districts, soit 60 000, nous obtenons la surface d'un district : 3km², 431, ce qui nous donne, en extrayant la racine carrée, des districts de 1km8525 de côté. Je répète ce que j'ai dit précédemment : comme les archéologues négligent l'étude approfondie des textes, il leur arrive de ne même pas comprendre ce qu'ils mettent au jour. Dans les vastes plaines de la Limagne, déclare l’archéologue Vincent Guichard, la situation est tout autre (que dans le reste de la Gaule) : on observe un réseau incroyablement dense de hameaux plus modestes, éloignés de 2 à 3 km, qui se partagent la mise en valeur des terres. De 1km 85 à 2 km, avouez que la marge d'erreur est très acceptable. En revanche, les cent stades précités sont manifestement une erreur de copiste ou de traduction ; il faut lire dix stades sur dix de côté, ce qui correspond bien à 1km 85.
Sixième preuve : selon Strabon, l'armée de Bituit se serait montée à 200 000.
Je reviens à Platon : chaque chef devait fournir la sixième partie d'un chariot de guerre, afin que le nombre en fût de dix mille ; en outre deux chevaux avec leurs cavaliers, un attelage de deux chevaux sans le char, un combattant en char armé d'un petit bouclier, un cocher pour conduire les chevaux, deux fantassins pesamment armés, deux archers, deux frondeurs, des soldats armés à la légère pour lancer des pierres et des javelots, trois de chaque espèce (cela fait six) et quatre matelots pour une flotte de douze cents vaisseaux : telles étaient les forces militaires de la capitale.
Sans tenir compte du sixième d'un chariot de guerre, et des deux cavaliers, cela fait 14 combattants par district, soit une armée selon Platon de 840 000, ce qui est, évidemment peu plausible. Mais si on admet que la plaine rectangulaire de Platon devait plutôt se rapprocher de 50/20 km, mesures très approximatives de la plaine de la Limagne, cela nous donne une armée de 7 000 combattants, ce qui est plus réaliste, toutefois sans compter les apports extérieurs.
Mais l'important, dans cette affaire, est de comprendre qu'en -121, Bituit a pu mobiliser une armée relativemment conséquente en exécutant un plan de mobilisation qui existait déjà avant l'époque de Platon, et cela, en s'appuyant sur un territoire déjà cadastré. Ainsi s'explique également la présence des nombreux chiens qui accompagnaient l'armée de Bituit, chaque district devait, au moins, en posséder un. Se pose également l'interrogation sur l'organisation sociale de cette société mathématiquement cadastrée, bien loin de l'idée de la Gaule qu'on enseigne dans les écoles.
Septième preuve : Poséidon fit jaillir de la terre deux sources, l’une qui répandait une eau chaude, l’autre une eau froide... Les deux sources, l’une chaude, l’autre froide, ne tarissaient point...(Platon, IVème siècle av. J.C.).
Sidoïne Apollinaire, au Vème siècle après J.C., explique le phénomène, tout en situant le lieu : De la partie saillante de la montagne jaillit un cours d’eau...Quand on coupe du bois de taillis sur le plateau, on le jette en bas. Les tas glissent tout naturellement le long de la paroi et tombent pratiquement dans la bouche des fours. Parties de là, les eaux ressurgissent...
Sidoïne Apollinaire était un grand seigneur arverne ; il fut même préfet de Rome. L'avoir imaginé vivant bourgeoisement dans une villa gallo-romaine, au bord du lac agréable d'Aydat, est absurde. Sidoïne vivait au Crest, l'antique Gergovie ; l'Avitacus qu'il décrit est Gergovie, la ville capitale de l'Atlantide de Platon. En dix siècles de temps, Gergovie n'aurait donc pas fondamentalement changé ; c'est absolument fabuleux. Enfin, il faut comprendre que si Platon possédaient des brides de connaissances sur le site, elles ne pouvaient être qu'imprécises, ce qui l'a amené à imaginer ce qu'il ne comprenait pas bien, à moins qu'il ait voulu tout simplement, en partant de là, imaginer la ville idéale de la cité idéale, mathématiquement idéale.
Huitième preuve : on avait laissé des bassins découverts, d'autres étaient fermés pour les bains chauds qu'on prend en hiver : il y en avait pour les rois, pour les particuliers et pour les femmes ; d'autres étaient réservés aux chevaux et aux bêtes de somme. Et tous étaient ornés d'une manière convenable. L'eau sortait de ces bassins pour se rendre au bois sacré de Neptune... (Platon).
...les eaux ressurgissent, brûlantes, dans le sanctuaire du temple (cella) auquel est accolée la salle des parfums. Les deux pièces sont de superficie équivalente si on fait abstraction de l’hémicycle de la partie basse prévue pour recevoir l’eau, et forment un tout. Le flot bouillonnant jaillit dans l’hémicycle en hoquetant, après s’être entortillé dans les tuyaux de plomb souple qui traversent les murs...(Sidoïne).
Où sont ces tuyaux de plomb ? J'ai proposé aux archéologues de la DRAC d'Auvergne de me rendre sur place pour les localiser. On ne m'a jamais répondu.
Incroyable ! Comme il l'écrit par ailleurs, Sidoïne se baignait complètement nu dans ce qui était encore, au temps de Platon, un bain de type essenien et, aujourd'hui, le choeur d'une église chrétienne. Phénomène véritablement incroyable, en un court instant de l'Histoire, un établissement de bains très ancien est devenu une église et un merveilleux poète bon vivant, un pieux évêque portant mître.
Neuvième preuve : on avait laissé des bassins découverts (Platon)
A cette basilique (basilica) est annexée, du côté de l’Orient — c’est Sidoïne qui parle — une piscine non couverte, ou si tu préfères le mot grec, un baptisterion. Ce baptisterion peut contenir 175 000 litres d’eau. Ceux qui veulent s’y rendre en sortant du bain chaud, dans lequel ils se sont purifiés et lavés, passent par l’une des trois ouvertures voûtées qui s’offrent à eux au milieu du mur. Ces trois passages voutés ne sont pas soutenus par de simples piliers, mais par de véritables colonnes que les architectes les plus savants appellent : colonnes de porphyre.
Dixième preuve : le palais royal de Gergovie.
Platon : quant à l’île où se trouvait le palais des rois, elle avait un diamètre de cinq stades (925 mètres, ce ne peut être que le diamètre de l'éperon du Crest ?)... Au centre même de l’acropole il y avait un temple consacré à Clito et à Poséidon... Ce temple (sanctuaire) de Poséidon lui-même
était long d’un stade, large de trois plèthres... soit 185 mètres sur 100 (ce ne peut être que la muraille de l'oppidum que j'ai représentée en noir)... mais sa forme présentait quelque chose de barbare (Cicéron, aussi, voyait dans ces oppidum quelque chose de barbare).
Évoquant le sanctuaire de Vasso (Vasso galate <-Mercure<- Poséidon), Grégoire de Tours confirme, et l’aspect barbare de cette muraille et la présence de statues. La construction (factum) et les contreforts (firmamentum) étaient d’un ouvrage remarquable. Il y avait une muraille double, l’intérieur était en petit appareil, l’extérieur en grosses pierres carrées et taillées. Cette muraille avait une épaisseur de trente pieds (dix mètres). Du côté intérieur, elle était décorée de statues en marbre et d’étonnantes mosaïques (dont une toujours existante lors de ma dernière visite).
La suite du texte de Platon est ensuite tellement confus qu'on ne peut l'expliquer que s'il s'agit du grand bâtiment faisant office de palais, tel qu'il est représenté dans un chapiteau de Notre-Dame du Port.
... Le plafond était d'ivoire diversifié par l'or, l'argent et l'orichalque, et tout le reste, les murs, les colonnes et le pavé, était recouvert d'orichalque. Il y avait des statues d'or : on voyait le dieu debout sur son char et dirigeant six coursiers ailés, sa taille était telle qu'il touchait le plafond...
Onzième preuve : le sacrifice du taureau.
Platon : les dix rois se rassemblaient tous les cinq et tous les six ans...Dans ces assemblées, ils délibéraient...On lâchait les taureaux... ils allaient à la chasse sans autre arme que des bâtons et des cordes... Après avoir pris un des taureaux, ils l'amenaient à la colonne, le plaçaient sur son sommet, et l'égorgeaient suivant les règles prescrites...Après ces cérémonies, ils puisaient du sang dans le cratère avec des fioles d'or et, en répandant une partie sur le feu...
Je ne vois que le plateau de La Serre qui puisse se prêter à une telle chasse à courre. Il suffisait, pour cela, de barrer les extrémités du plateau ; l'abrupt des falaises dissuadait l'animal qui aurait cherché à s'échapper sur les côtés. Remarquons, enfin, que ces rites sacrificiels se sont maintenus sur le plateau de Corent.
Douzième preuve : tous mes ouvrages et articles qui montrent et démontrent les origines illustres de l'histoire de notre pays depuis les temps les plus reculés.
Les fameuses colonnes de porphyre de l'établissement des bains chauds couverts de Platon. Lors de ma dernière visite, elles étaient encore en place mais, pour combien de temps, je ne sais pas.
Textes cités de Platon, d'après une traduction ancienne. Palais royal : extrait d'une photo de chapiteau http//www.romanes.com. Croquis, photos et autres traductions de l'auteur.
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