• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Du Franc CFA à l’E.co : la monnaie coloniale dématérialisée

Du Franc CFA à l’E.co : la monnaie coloniale dématérialisée

Dans le courant 2020, huit pays africains devraient connaître un changement de monnaie. Du Franc CFA, ils passeraient à l’Eco. Le projet a été soudainement présenté avant noël 2019, par Alassane Ouatara, le président ivoirien. Sans doute une bonne affaire pour des entreprises œuvrant dans l’automatisation des opérations financières et des transactions commerciales. Cette annonce faite lors de la venue d’Emmanuel Macron, a surpris, voire inquiété, tant en Afrique qu'en France. 

Le nom de la monnaie post coloniale de plusieurs pays francophones africains insistait sur la dépendance économique avec la préservation du sigle CFA Communauté Financière Africaine qui provenait de CFA Colonie Française d’Afrique (rappel historique)

Le contexte ivoirien est pré-électoral. Ainsi, cette annonce peut attirer des observations sur au moins trois aspects, combinés avec des questions de forme et de fond : symbolique, politique et économique. Vous allez pouvoir vous faire une idée de la situation...

Sur le plan symbolique

Le symbole de la dénomination de la nouvelle monnaie témoigne d'une conception très particulière de l'économie de ces pays où s'exprime toute l'ambiguïté d'une reconnaissance en souffrance.

  • 1. Le nom d’éco peut jouer sur la proximité phonétique d’Euro et également de la tentative de Valéry Giscard d’Estaing de faire adopter le nom d’éco pour la monnaie européenne.
  • 2. La consonance avec une abréviation d'économie n'est pas sans inspirer une forte accointance avec les consortiums agissant en Afrique 
  • 3. La préservation du Co des premiers mots des sigles précédents, avec le « e » de électronique, entrant dans une modernité du traitement des données financières au 21ème siècle. Pour être clair, il faut lire « E.co »

Sur la forme politique

  • 4. Annonce faite en l’absence des autres chefs d’Etats concernés, comme le constatent des politiciens Ivoiriens. On parle aussi d'une arnaque politique.
  • 5. Pas de concertation avec les députés en France
  • 6. Un coup de pouce politique de soutien à Alassane Ouattara dans la perspective des élections de 2020.

Sur les perspectives économiques

  • 7. En Côte d’Ivoire, le contexte est aux élections présidentielles pour 2020 ; cette annonce exclusive apparaît être dans le cadre d’une opportunité, comme un coup de pouce, sans plus d’incidence immédiate, sachant que l’évolution de l’économie des pays d’Afrique de l’Ouest conduit inévitablement à une évolution monétaire.
  • 8. La préservation d’une dépendance économique par le maintien d’une parité avec l’euro, rattaché dans tous les cas à la situation économique de la France. Ce qui apparait être du fond n’est que de la forme, puisque les autres changements ne sont que des verrous posés qui sont retirés (retrait de la gouvernance et dépôt facultatif de la moitié des devises en banque de France, puisqu’aujourd’hui la dématérialisation est le principe => cf. E.co).
  • 9. Démonstration de la main-mise d’un cercle financier sur l’économie africaine, avec une tranquille absence de concertation politique des assemblées en France.

Certes, un changement de monnaie pourrait avoir un effet de relance, de cohésion ou au moins de régulation. En fait, des agitations pourraient bien supplanter ce teasing. L'opposition en Côte d'Ivoire s'agite déjà. Des mesures sont prises pour délimiter le champ d'expression des éventuels candidats à l'élection présidentielle de 2020. Il faudra bien plus que les cadeaux d'Emmanuel Macron de 28 millions d’euros apportés au projet de métro d’Abidjan et cette annonce sémantique improbable, pour détendre les relations entre les chefs des clans politiques. 

 


Moyenne des avis sur cet article :  3.5/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

10 réactions à cet article    


  • Scuba 2 janvier 2020 13:24

    petite remarque sur votre point n°1 : le nom proposé par Giscard pour la monnaie unique était ECU (European Currency unit), et pas eco.

    sinon, quelles sont les réactions dans les autres pays africains concernés ?


    • Jean-Louis Lascoux Jean-Louis Lascoux 3 janvier 2020 09:20

      @Scuba
      C’est tout à fait exact et il me semble bien pourtant que c’est ce que j’avais écrit... Mais le numérique m’a joué un tour. Merci ... 


    • microf 2 janvier 2020 22:03

      L´ECO, Franc CFA bis, il n´ya que l´emballage qui a changé, le reste reste de même.

      Nathalie YAMB dans son mémorable Discours á Sotchi avait raison, la France avance sans bouger.


      • microf 3 janvier 2020 16:22

        @Cadoudal

        Nathalie YAMB a raison, la France avance sans bouger, et vous êtes aussi un très bon exemple, vous avancez sans bouger, partout vous êtes et tous vos commentaires dans ce Forum se ressemblent, vous avancer sans bouger, toujours á dire toujours les choses.

        http://french.presstv.com/Detail/2020/01/01/615086/RCA-le-clash-FranceRussie-possible-

        Pied de nez des Maliens à l’adresse de la force d’occupation :

        Pied de nez des Maliens à l’adresse de la force d’occupation : 1 mois de chantage, de menace, etc. s’est soldé par un méga manif :

        Le torchon brûle toujours vivement entre les populations du Sahel et la France. Après des manifestations tous azimuts des populations de la zone sahélienne pour demander le départ des troupes françaises jugées inefficaces, moins opérantes pour endiguer le terrorisme, l’année 2020 s’annonce décisive dans la contestion.1 millions de personnes dans les rues le 10 janvier 2020 à Bamako, la capitale malienne, c’est la promesse des jeunes de l’ONG Urgence Panafricanistes Mali pour intensifier leur demande au départ de la force Barkhane sur leur sol.

        Bassoro Sylla est membre de l’ONG Urgence Panafricaniste du Mali dont la figure de proue est l’activiste Franco-Béninois Kemi Seba. Il fait l’état de la mobilisation de la population malienne pour demander le départ des troupes françaises et la mise à mort du FCFA. Ils étaient au nombre de cinq à avoir effectué le déplacement pour suivre la conférence publique de leur mentor Kemi Seba à Ouagadougou. Pour Bassoro Sylla et ses camarades, la lutte n’a pas changé de forme. Bien au contraire, elle est en train d’atteindre son point culminant. Et le message est toujours clair pour ces mordus de souverainisme de l’Afrique : le départ de la France sur le territoire malien et par ricochet dans toute la région sahélienne. « Le Mali n’existe pas. Nous n’avons que Bamako et Sikasso », s’insurge-t-il. À l’écouter, le conflit malien qui a déclenché en 2013 a fait près de 3000 morts. Mais, rien ne semble arrêter la boucherie en dépit des différentes opérations notamment françaises à travers la force Barkhane. « Au Mali des femmes, des enfants sont égorgés », explique l’activiste.

        Pour mettre la pression à l’autorité face à ses responsabilités, des marches de soutien aux Forces Armées Maliennes (FAMA) sont organisées. « Insuffisantes », juge le coordonnateur d’Urgence Panafricaniste Mali, Bassoro Sylla. Pour lui, la France qui avait été appelée pour sauver le Mali des griffes du terrorisme doit tirer toutes les conséquences de son échec et rendre le tablier. Plus de temps à perdre avec les dirigeants locaux, mais attaquer le cœur du problème qui est la France. « Nous, on a compris que nos dirigeants sont les branches et la France est la racine. Donc, il faut arracher l’arbre » s’exclame-t-il.

        Pour ce faire et selon ses dires, Bamako, la capitale malienne devrait être encore en ébullition le 10 janvier 2020. Pour la jeunesse d’urgence panafricaniste Mali, la date du 10 sera sans appel dans le mouvement de contestation contre les forces françaises et par-delà la demande de suppression de la monnaie FCFA. « Le 10 quand nous allons sortir, nous n’allons pas rentrer ». « Nous allons accompagner l’ambassadeur français pour qu’il parte ».

        Position d’ailleurs défendue par Kemi Seba qui promet l’explosion du néocolonialisme français en Afrique en 2020. Convaincu que le véritable problème sécuritaire critique de leur pays est dû aux opérations françaises, le coordonnateur d’urgence panafricaniste du Mali Bassoro Sylla pense que la France joue un double jeu entre les mouvements terroristes et son rôle de pompier. En témoigne la prise en otage de Kidal par l’armée française où ni l’armée malienne encore moins l’autorité ne peut accéder. Les dés sont donc jetés avant la rencontre des chefs d’État du G5 Sahel à Pau en France avec le président Emmanuel Macron.


      • foufouille foufouille 3 janvier 2020 16:39

        @microf

        Femmes

        En 2018, le Mali comptait 18,4 millions d’habitants, dont 51,3 % de femmes1. Avec 5,9 enfants par femme1, le pays possède l’un des taux de fécondité les plus élevés au monde.

        En 2001, le taux brut de scolarisation de l’enseignement secondaire s’élevait à 4 % pour les filles et 14 % pour les garçons40.

        Le taux d’utilisation des méthodes contraceptives est bas40. La majorité des femmes au Mali a subi une mutilation génitale40. De nombreux décès sont liés à la grossesse40. Santé

        L’espérance de vie à la naissance est de 53,06 ans en moyenne, 51,43 ans pour les hommes et 54,73 ans pour les femmes (estimation de 20121).


      • microf 3 janvier 2020 22:37

        @foufouille

        Merci de ce rappel sur le taux de fécondité au Mali.
        Mais soyez content que les maliennes aient ce taux de fégondité très éléve, sinon qui balayerait vos routes, ramasserait vos poubelles, laverait vos toilettes, garderait vos parents abandonnés, ferait tous ces métiers que vous ne voulez plus faire ?
        Ou bien par manquent de bras á cause de la supression d´enfants dans le ventre de leurs mère dans votre pays, cette situation poserait des problèmes s´il n´y avait pas ces maliens venus chez vous pour travailler ?


      • microf 4 janvier 2020 12:52

        @Cadoudal

        C´est vraiment bizarre comme vous écrivez que l´anomalie génétique des maliennes les empêchent de pondre ( je voudrais ici vous rappeler qu´une femme ne pond pas un enfant, une femme donne naissance á un enfant, ce sont les oiseaux qui pondent des oeufs qui donnent des poussins ) des militaires.

        Cependant les francaises qui n´ont pas ces anomalies génétiques, donnent naissance á des militaires incapables de se défendre, vous devez certainement être au courant du nombre de militaires francais á la génétique normale que les maliens á la génétique anormale tuent par jour comme des mouches, de quoi se demander alors pourquoi avoir une génétique normale.


      • foufouille foufouille 4 janvier 2020 18:17

        @microf
        pauvre tache puante, ce n’est pas avec le petit nombre qui vont à l’école qu’ils vont pouvoir venir travailler en france sous le smic.


      • foufouille foufouille 4 janvier 2020 19:32

        @microf
        vu le petit nombre de militaires de ce pays, faudrait la fermer.


      • Jean-Louis Lascoux Jean-Louis Lascoux 3 janvier 2020 09:31

        Pour l’ECOWAS, c’est juste la phrase en dessous « La consonance avec une abréviation d’économie n’est pas sans inspirer une forte accointance avec les consortiums agissant en Afrique »... (quant à du con, c’est sans doute votre charme)

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité