EAU et Israël : relations véritables et partenariat durable
Sur fond de visite de Son Altesse Sheikh Tahnoun bin Zayed Al Nahyan, conseiller à la sécurité nationale, en Iran, où il rencontrera le Président Ibrahim Raisi et de hauts responsables du pays, certains médias israéliens spéculent sur le fait que ce rapprochement se fera au détriment des relations entre les EAU et Israël. Certains craignent qu’il ne nuise à la paix et aux progrès construits depuis plus d’un an dans le cadre de l’accord d’Abraham.
La scène rappelle la grande colère officielle de l’Iran lorsque les EAU ont signé l’accord de paix avec Israël. Les Iraniens ont vivement remis en question les objectifs de cet accord et les intentions des deux parties. Néanmoins, et objectivement, la réaction israélienne au dialogue officiel entre les EAU et l’Iran a été plus mûre et plus calme.
Les discussions se sont limitées aux médias et à quelques articles et rapports publiés par des sites et des journaux israéliens. La nouvelle approche stratégique des EAU vis-à-vis de l’Iran ne devrait pas inquiéter Israël, tout comme la signature de l’accord de paix était loin des accusations et des spéculations soulevées. La paix avec Israël ne vise pas l’Iran.
De même, un éventuel rapprochement avec l’Iran ne compromet pas la priorité de la paix avec Israël pour les EAU. Tout ce qui apparaît dans ce contexte sont des scénarios qui ne sont présents que dans l’esprit de leurs propriétaires et ne sont pas basés sur les faits sur lesquels reposent les relations des États.
Il est certain que le rapprochement avec l’Iran n’élimine pas la réalité et les sensibilités sur lesquelles se fondent les relations des deux États. Il va au-delà, pour trouver des points communs et tenter de les exploiter dans l’intérêt des deux parties. Il assure la sécurité et la stabilité régionales dont le processus de développement des EAU a besoin.
Je pense qu’il en va de même pour le régime iranien. De même, la nature de la relation des EAU avec l’Iran est fondamentalement différente de la nature de la relation et des ambitions qui lient les EAU à Israël. La première semble stable depuis longtemps, du moins sur le plan économique.
La coopération avec Israël n’en est qu’à ses débuts. Les ambitions restent élevées, car les aspirations, les capacités et les ressources nourrissent l’optimisme quant à l’avenir de cette coopération.
La nouvelle orientation stratégique des Émirats arabes unis, que ce soit vers la Turquie, l’Iran ou la Syrie, a tout intérêt à refroidir les crises et à réduire les tensions dans l’ensemble de la région. C’est dans l’intérêt de toutes les sociétés, y compris du peuple israélien. Personne ne veut entendre les nouvelles des guerres et des conflits.
Le rêve de chacun est un monde sans balles, où les sociétés cohabitent dans un climat de tolérance et de convivialité. Il ne fait aucun doute que l’établissement de relations avec deux adversaires de camps opposés n’est pas l’affaire des EAU.
Les relations internationales ne sont pas régies par une règle du « avec ou contre, » qui contredit la réalité effective de l’interdépendance et du chevauchement des intérêts stratégiques, ce qui rend cette notion de restriction peu applicable.
Il est plus faisable qu’un équilibre stratégique puisse être trouvé entre des opposés sans que la relation avec l’une ou l’autre partie ne soit affectée par ce qui se passe chez l’autre partie. Israël entretient des relations d’alliance stratégique bien établies avec les États-Unis.
Il a toutefois renforcé et approfondi ses relations conciliantes avec la Chine et la Russie, rivales stratégiques des États-Unis. L’un de ces rivaux, la Chine, est devenu une préoccupation majeure de Washington, compte tenu de son ascension internationale accélérée, et remet en question le poids de la position américaine dans l’ordre mondial existant.
En effet, toute avancée dans les relations des EAU avec l’Iran n’aura pas nécessairement un impact négatif sur l’équilibre des relations avec Israël. Le contraire est également vrai. Tout observateur objectif des relations internationales sait que la signature par les EAU de l’accord de paix avec Israël n’a pas été motivée par l’opposition stratégique de l’Iran.
La preuve en est que les accords communs et les protocoles de coopération signés entre les deux pays concernaient principalement les domaines technique, scientifique, de la recherche, du commerce, des investissements et de l’économie.
Il existe également un désir commun et indéniable de profiter des énormes opportunités offertes par les nouveaux espaces de coopération et de paix pour les entreprises et les investisseurs des deux parties.
D’autre part, les relations et les domaines de coopération entre les EAU et l’Iran sont anciens et bien connus et peuvent ou non évoluer en fonction des possibilités et de l’ampleur qu’offrira le consensus politique à venir entre les deux pays.
Certes, la politique étrangère des EAU ne ressemble à aucune autre. Elle ne joue pas avec des intérêts sans principes, même si elle adopte une approche pragmatique, mais reste fondée sur des valeurs stables où les intérêts ne débordent pas les principes. Il y a toujours un moyen de garantir à la fois les deux.
La stabilité et la sécurité sont essentielles pour créer un environnement qui favorise le rêve des EAU d’être à la pointe de la concurrence mondiale. C’est l’objectif principal qui pousse le dispositif diplomatique émirien à atténuer les crises, à construire des ponts et à combler le fossé avec et entre tous.
Personnellement, j’ai aimé la déclaration d’une source israélienne sur un site web israélien : « Israël n’est pas concerné par cette évolution. Il ne s’en réjouit pas non plus. Mais nous n’avons pas besoin d’assurances de la part des EAU. » Il a exprimé une relative compréhension des motivations stratégiques des EAU à cet égard.
Cela pourrait refléter la confiance croissante entre les deux partenaires de paix, bien que l’accord d’Abraham ait été conclu récemment. C’est le point le plus important que nous pouvons déduire de ce qui se passe autour de nous.
La confiance est le noyau qui aide à construire des attentes fiables sur les perspectives d’avenir prometteuses de la relation qui découlera de cet accord, qui est l’une des bases les plus importantes de la coexistence et de la paix au Moyen-Orient.
La perspicacité des dirigeants israéliens reflète également la différence entre les EAU et les autres parties régionales, dont chacun sait comment elles utilisent et exploitent les relations entre les différentes parties. Tout le monde connaît également les positions et la constance des EAU. Ma conviction est que la relation entre les EAU et Israël est là pour durer.
Elle n’est pas destinée à la propagande ou à la poursuite d’un objectif tactique temporaire. Elle vise à la réalisation d’intérêts communs durables. La politique étrangère est pour les EAU un moyen d’atteindre des objectifs économiques et de développement.
Elle est « un outil pour servir les objectifs nationaux les plus élevés, en particulier les intérêts économiques des EAU, car le but de la politique est de servir l’économie, et le but de l’économie est d’offrir la meilleure vie possible au peuple émirien, » comme le résume le troisième principe des dix principes du Document des 50, une feuille de route pour l’avenir prévisible.
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