Décidément, notre pays, terre d’asile (en principe) des droits de l’homme et de la liberté de penser (qui y est associée) connait ces jours des heures sombres.
Entre les Afghans renvoyés en douce dans leur pays en guerre, et le népotisme qui permet de mettre en place un gamin de 23 ans à la tête de la plus grosse structure du monde des affaires européen, en passant par les accusations folles d’un Frédéric Lefebvre, criant au complot contre son chef adoré, nous vivons décidément un étrange quinquennat. lien
Il faut arrêter les délires ;
Lefebvre aurait-il oublié que son patron peut compter depuis longtemps sur le soutien inconditionnel de grands patrons de la presse parlée (Elkabbach et quelques autres) écrite (le Figaro et quelques autres), télévisuelle (TF1 et les chaines publiques puisque c’est lui, Sarkozy qui en nomme les directeurs) ?
Dans le Figaro, Etienne Mougeotte s’est fendu d’un éditorial sous le titre : « la fin de la récré ». lien
Texte qui fleure la menace.
Quand Etienne Mougeotte prend la plume, il n’est pas léger. Le hic, c’est que les commentaires à cet édito, sur le site internet du dit journal n’ont guère été tendres. lien
Quand les réactions négatives viennent du clan même de ceux qui ont élu le Prez, on est en droit de s’interroger.
De plus une mauvaise nouvelle vient de tomber.
La France est 43ème sur le plan mondial en matière de liberté de la presse. lien
Dans ce classement, la France se trouve derrière le Mali, l’Afrique du sud, l’Uruguay, Trinidad et Tobago…
Déjà nous ressemblions de plus en plus à une république « bananière » avec la légitimation de la filiation dans la prise du pouvoir, avec l’affaire Jean S. mais là, le pompon est décroché.
Cette république du spectacle qui met en place des personnalités people, comme Douillet, qui a cédé ses pièces jaunes pour un trône à l’assemblée, sans autre mérite que d’avoir été champion du monde de Judo est un camouflet à la République.
On m’objectera que d’autres l’ont précédé :
Herzog, dont le mérité politique était d’avoir franchi des sommets, entre autres.
Mais là, d’autres sommets sont franchis.
La peu glorieuse interview récente des Ferrari et Pujadas n’a rien arrangé.
L’impertinence, voire l’insolence, n’est-elle pas partie intégrante de la liberté de presse ?
A quand une presse totalement muselée, à l’instar de ces républiques bananières ou on publie inlassablement des messages lénifiants, dignes de la Russie de Poutine, et de ces prédécesseurs, ou de ces pays Africains ou la démocratie n’est rien d’autre qu’une dictature déguisée ?
En Russie, on tire à vue sur les journalistes.
A quand le premier journaliste assassiné en France ?
Ils ont déjà été écartés pour insolence, PPDA s’en souvient encore, lorsqu’il a qualifié le Prez, lors d’un G8, de « petit garçon ».
La 3 a été menacée, pour avoir indélicatement fait attendre le candidat Sarkozy, vexé de plus de n’avoir pas eu de réponse au bonjour qu’il adressait à un technicien.
Et les pressions sont fortes sur les autres.
On attend avec impatience la prochaine rencontre avec le Prez et les journalistes, en espérant que les questions posées ne seront pas filtrées, à défaut de filtrer les journalistes.
Entre flirter, et filtrer, il n’y a qu’une lettre qui est déplacée, mais c’est une lettre essentielle.
La journée mondiale de la liberté de presse a été le 2 mai 2009. lien
A 5 jours près, c’est aussi l’anniversaire de l’élection d’un certain Nicolas S.
Humour cruel.
Anniversaire pour anniversaire, dans 15 jours, Sarkozy sera à la moitié de son mandat.
Que de chemin parcouru entre les belles promesses, la soirée au Fouquet’s, les vacances sur les Yachts, les slogans, la misère profonde du pays, le chômage persistant, les inégalités flagrantes, les banlieues abandonnées à leur sort, les dépenses outrancières du gouvernement, les libertés qui s’étiolent avec le décret edvige rebaptisé, les paysans en colère, les suicides qui s’enchaînent et les paradis fiscaux toujours bien en place, le bouclier fiscal bien en place.
Etonnant parcours.
Car comme disait un vieil ami africain : « on est maitre de ses paroles, on en devient l’esclave une fois qu’elles sont dites ».