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Accueil du site > Tribune Libre > Ensemble, tout était possible !

Ensemble, tout était possible !

N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, l’individualisme au service d’une utopie collective aurait pu éviter le double piège du capitalisme sans état d’âme et du sectarisme collectiviste marxiste-léniniste. Mai-68 est l’exemple-type d’une révolution manquée qui faillit bien changer l’Histoire comme le disait Renaud avant d’être corrompu par les écologistes et les anti-tabac. Il fallait bien s’y mettre, se laisser aller à la nostalgie d’un temps révolu qui fut une période charnière de mon existence. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, je ne les avais même pas en ce temps-là, alors comment parler sérieusement de cette époque ?

Mai-68 fut avant tout pour moi une période de découverte, à la fois de moi-même, mais aussi des autres, une ouverture à la vie et une possibilité de penser autrement qu’en famille, qu’au lycée et qu’au travers des livres. Mon âge aidant, j’ai vécu Mai-68 comme une aubaine, cela aurait été différent si j’avais été plus âgé, car ayant eu déjà une expérience autonome préalable en dehors de l’école et de la famille, on n’aurait pas pu se conceptualiser si j’avais été plus jeune, ne serait-ce que de quelques années, comme c’est le cas de notre président Sarkozy, pourfendeur de ce qu’il n’a pas connu. Mais, en dehors d’une certaine nostalgie et d’un retour sur mon adolescence, qui a priori n’intéresse personne, ce qui m’amène à parler de ce mouvement est qu’il est encore bien présent dans les têtes de ceux qui ont aujourd’hui entre 55 et 70 ans, âge de l’immense majorité des ex-soixante-huitards. De beaux (?) jeunes gens, devenus au mieux des pré-retraités, au pire de vieux bougons et de rêches pies. Toutes les égéries du mouvement sont désormais ménopausées et les membres actifs qui ne sont pas encore sous Viagra vivent avec des problèmes de prostate, de mémoire et d’audition à de rares exceptions pour les plus âgés d’entre eux. Donc, ce sont des individus déjà ou bientôt chenus qui parlent d’un âge d’or, d’un mouvement de jeunesse, la leur, alors qu’ils sont tous entrés dans le mûrissement si ce n’est la décomposition due au vieillissement. Le temps n’a pas suspendu son vol et le paradoxe est bien dans le fait que les partisans de l’imagination au pouvoir ratiocinent sur leur propre passé en se disant et souvent en disant aux plus jeunes : c’était le bon temps !

Car Mai-68 fut avant tout un mouvement de jeunesse, rien de comparable avec d’autres périodes de l’histoire de France pourtant riche en bouleversements culturels politiques et sociaux comme le furent la Régence, la Révolution française ou la Commune de Paris. La jeunesse, on ne la retrouve que militaire autour de Bonaparte, une bande de jeunes gens partis à la conquête de la gloire et de l’Europe avec les soldats de la République avant de devenir de prétentieux maréchaux de boulevard ! Léo Ferré fut le seul « vieux » accepté en 68, juste avant le célébrissime C’est extra qui fut le tube de l’année 69, aussi à cause de ses prises de position anarchistes et parce qu’il nous fit aimer Rimbaud. Jean Genet ne fit hélas qu’une courte apparition et son fameux « je préfère la compagnie des fascistes à celle des bourgeois », traduit un état d’esprit et une constatation : les militants d’Occident et du GUD n’avaient pas peur des coups alors que les bourgeois exprimaient leur violence sans prendre de risque par le truchement des CRS. Genet rejoint Drieu La Rochelle dans son mépris de la bourgeoisie, même si son suicide peut être considéré comme un acte égoïste et bourgeois selon l’analyse gauchiste.

Moustaki n’était pas très vieux, mais il avait déjà l’air de l’être et ses positions politiques faisaient passer sa barbe grise. Gainsbourg avait alors tout juste 40 ans, mais il avait déjà l’esprit de Mai : se comporter comme un porc tout en exhibant sa culture. Ce que ni Finkielkraut (cultivé mais sinistre) ni les chanteurs de rap de banlieue (incultes et se voulant provocateurs) n’ont compris à ce jour. Le but étant de ne pas se comporter comme un pédant constipé dans un carcan bourgeois. Car, j’y reviendrai, Mai-68 rend inséparable culture et provocation.

Mai-68, et cela peu de commentateurs le disent, est d’abord un mouvement intellectuel de fils de bourgeois blancs, issus, culturellement et non religieusement, du catholicisme et du judaïsme laïc. Les idées, plus que l’idéologie sorties de Mai-68 ont été émises par de jeunes privilégiés cultivés ayant étudié Corneille et Racine au lycée, certains ayant tâté Horace et Tite Live ainsi que Socrate et Platon. Geismar, Sauvageot et Cohn-Bendit, les figures charismatiques du mouvement en sont les exemples criants. Il faut, d’autre part, remarquer que quasiment aucun leader et même participant ne vient du prolétariat ou de l’immigration.

On ne peut comprendre Mai-68 sans se référer à l’origine ethnique et sociale de ses participants. Mai-68 serait impensable en 2008 du fait de la structure actuelle de la société, de sa formation scolaire et de ses intérêts économiques. Car la troisième spécificité de ce mouvement est qu’il a eu lieu lors d’une période de croissance économique (les Trente Glorieuses) sans chômage, avec une immigration de travailleurs célibataires sans regroupement familial dans un pays quasiment mono-culturel. Le brassage culturel et ethnique n’apparaîtra qu’après 1974 avec les initiatives de Giscard sur l’immigration.

Fils de bourgeois, certes crachant dans la gueule à papa, comme dans la chanson éponyme Paris Mai de Claude Nougaro, mais fils de bourgeois tout de même ayant reçu une éducation classique reposant sur des valeurs morales, familiales et religieuses, réfutées, dénigrées et combattues avec virulence, mais initialement intégrées dès la plus tendre enfance. Ceux, issus du catholicisme, portaient pourtant le pape et les curés en dérision, car Mai-68 est une période d’athéisme militant, reprenant à fond le slogan marxiste de l’opium du peuple. Le vieux slogan anarchiste « Ni Dieu ni maître » est revisité en un plus ludique « Un clou, je glisse ! » Et d’ailleurs, si les activistes de l’époque ont attaqué avec virulence le judéo-christianisme, ils ne s’en sont pas pris à l’islam car les Arabes de France étaient considérés alors comme des travailleurs maghrébins exploités et non comme des croyants. Des travailleurs exploités à Flins, à Billancourt et au Mans. Le ridicule ne tuant pas, de jeunes boutonneux post-pubères osaient le commentaire : Je l’ai baisée comme un OS du Mans  ! C’est-à-dire mal, tant ils croyaient que les cadences infernales altéraient le potentiel sexuel des ouvriers psychologiquement manipulés et physiquement exploités. Pauvres vaniteux, soit dit en passant, car ces prolétaires avaient probablement plus d’expérience dans le domaine sexuel que de nombreux étudiants.

Quant aux Palestiniens, ils étaient des combattants affrontant l’impérialisme américain et le sionisme (tout cela sans connotation antisémites même lors des affrontements violents contre les militants du Betar). Et, d’ailleurs, les leaders palestiniens des années 60 et 70 étaient tous laïcs, presque tous marxisants et quelquefois d’origine chrétienne. Les Georges Habache, Ahmed Djibril, Hayef Hawatmeh et, en France, Hamshari, Ezzedinne Kalak ou Ibrahim Souss ne se présentaient pas en croyants, mais en combattants ; sans parler d’Arafat que les plus radicaux en France considéraient alors comme un tiède. L’islam radicalo-politique n’est réellement apparu qu’après 1984 avec l’attentat anti-français de Beyrouth.

Les militants d’extrême gauche, issus du judaïsme avaient des familles peu pratiquantes, mais moralement strictes et, s’ils se référaient plus à Marx, Engels et Freud qu’au Talmud, ils n’en avaient pas moins reçu de leurs parents une base morale.

La culture, même prise en dérision, réinterprétée et même combattue par la contre-culture au nom de la solidarité avec le prolétariat, était omniprésente. On lisait, on analysait, on critiquait souvent sans recul du fait de notre jeune âge, mais, au moins, l’écrit n’avait pas encore été débouté par le visuel.

Le prolétariat était pour les soixante-huitards une manne idéologique, avant d’être un groupe d’êtres humains. Il fallait absolument sauver ses membres de la rapacité du "grand capital", même si la volonté des intéressés était tout autre, attachés qu’ils étaient alors à la CGT et au Parti communiste. Donc, des jeunes gens bourrés de culture, ayant mal et trop vite lu Marx, Freud, Marcuse et Carlos Castaneda, utopistes et généreux voulant le bien des autres contre leur gré s’il le fallait. Mais aussi iconoclastes, bons vivants, un peu misogynes ou du moins non féministes (se souvenir de la corvée de patates dévolue aux filles lors de l’occupation de la Sorbonne) et pas du tout écolos. Car Mai-68 ne fut ni écologique ni féministe et, s’il ne fut pas homophobe, il ne fut pas non plus du côté des minorités sexuelles en dehors du groupusculaire FHAR qui se piquait de marxisme (Front homosexuel d’action révolutionnaire, pour ceux qui auraient oublié). S’il ne fut pas raciste, il ne fut pas antiraciste, mais anticolonialiste, le mouvement considérait surtout l’immigré comme une victime du patronat du fait de son appartenance au monde ouvrier avant d’appartenir à une race ou une ethnie. Du fait du « tout est politique », on scandait les noms d’Ho Chi Min et de Guevara et même Lin Piao, le thuriféraire de Mao avant sa disgrâce révisionniste, on se référait à Bandung et au panarabisme nassérien et à Franz Fanon. Enfin, en dehors du bref épisode du Biafra, où l’on voit Kouchner pointer le nez, il n’y eut aucune connotation humanitaire. On était loin de l’Afrique du Paris-Dakar et de l’Arche de Zoé, pas de MSF, pas de Balavoine ni même de Restos du cœur. C’était le temps des chemins de Katmandou et des pétards, pas celui du tiers-mondisme. D’ailleurs, si la proposition humanitaire avait été émise en 68, elle aurait probablement été rejetée car considérée comme alliée objective sinon complice de l’impérialisme en empêchant le tiers-monde de se révolter en échange de quelques miettes.

Ce qui reste de cet état d’esprit est l’arrogance, l’irrévérence et le mélange des genres qui fait que ceux qui ont encore « l’esprit 68 » peuvent roter leur bière en écoutant les Gymnopédies d’Eric Satie, tout en expliquant La Princesse de Clèves à une odalisque pulpeuse en bas résille, leur autre main libre de chope sur ses vertèbres lombaires.

Générosité et individualisme n’étaient pas contradictoires. Le désir de jouir sans entrave concernait et soi-même et les autres, quitte à les libérer contre leur gré de l’aliénation de la famille et de la mentalité bourgeoise, dite «  petit-bourgeois ». C’est dire l’irréalisme et le manque d’analyse psychologique de cette ambition. L’engagement politique, anti-impérialiste était omniprésent, d’ailleurs, tout était politique, même la sexualité, quelle prétention, mais quelle joie de vivre. 69 était proche, ce fut d’ailleurs l’année de la libération des mœurs débarrassée du politique. Car, à part les enragés, presque plus personne dès la fin 1969, ne croyait pouvoir changer la société gaulliste qui nous maintenait dans le XIXe siècle. La société, elle, s’est décomposée d’elle-même sans l’intervention des soixante-huitards, mais avec l’aide de Giscard d’Estaing lors du référendum perdu sur la régionalisation et le retrait volontaire du grand Charles.

Après, l’honnêteté indiscutable du général a été balayée par les arrivistes de droite qui ont saccagé Paris au nom de la spéculation immobilière et qui en ont dépavé les rues par peur des émeutes comme l’aurait fait le baron Haussmann en creusant de larges artères où pouvaient charger les chevaux. L’après-de Gaulle fut la chienlit, non du fait des gauchistes, mais des arrivistes et des affairistes de tout poil, cette tradition de prédation fut reprise par la clique des mitterrandistes bien des années plus tard.

Mais revenons à 68 où le lien entre culture, histoire, politique et sens critique est essentiel à la compréhension du mouvement. S’il n’est que deux leçons à retenir c’est bien ce lien, la seconde étant le jaillissement de l’irrespect, de l’irrévérence et de la provocation comme mode de création et d’expression.

Le film qui résume la parabole de Mai-68 est probablement Themroc de Faraldo. Film sans paroles intelligibles sans dialogues, s’exprimant par onomatopées et borborygmes, il nous montre un Michel Piccoli aux cheveux rouges ayant détruit un pavillon de banlieue à coup de masse pour le transformer en caverne d’homme préhistorique d’où il sort la nuit pour traquer le CRS et le cuire à la broche. Romain Bouteille astique amoureusement et lascivement sa voiture américaine avant de prendre conscience de la vanité du geste et de la détruire au marteau, tandis que Coluche est membre d’une brigade qui repeint la face extérieure d’une grille alors qu’une autre brigade est en charge du côté interne (allégorie du travail à la chaîne). Ce film de 1973, reprend tous les thèmes de 68, bien plus subtilement, malgré l’absence de dialogues que le facile Cocktail Molotov de Diane Kurys de 1980. Car, ce qui définit aussi Mai-68, c’est la violence relative des affrontements avec quasiment aucun mort alors que la même police n’avait pas été tendre à Charonne quelques années plus tôt, avec le même Papon. Le préfet Grimaud a probablement évité un bain de sang en ne faisant pas tirer sur des manifestants qui étaient, je le répète, des fils de bourgeois et non des ouvriers communistes ou des Magrébins.

Mai-68, c’est aussi, un désir d’émancipation, une utopie collective ayant débouché sur un échec politique, mais aussi sur un grand bouleversement des mœurs, des modes de communication et de relations sociales entre individus. Alors, mon bilan personnel est mitigé, échec politique car impréparation et trop grande spontanéité (bien mieux structuré, Mai-68 aurait pu débarrasser la France du carcan gaulliste, mais la faute en revient surtout à Mendès-France qui n’a pas su contourner les atermoiements du PCF et la frilosité calculée de Mitterrand), mais aussi période de libre parole où l’on croyait à l’irréalisable, fièvre acnéique d’une génération, mais au moins désir de changer les choses.

Sarkozy et Royal ne sont pas des produits de 68, loin de là, ils n’en ont pas la moindre once de subtilité. Sarkozy est trop inculte et trop égocentrique pour cela, il aime jouir sans penser aux autres. Ségolène Royal en est encore à la morale laïque du temps de de Gaulle avec une mentalité de lectrice de la collection Harlequin. Non, définitivement le retour aux idéologies de Mai-68 est impossible. D’abord du fait de la crise économique, mais aussi de la mondialisation, du retour à l’ordre moral américain et de la poussée de fanatisme religieux de tous bords.

On a rêvé, c’était bien, on en avait les moyens intellectuels et financiers, mais ni l’histoire ni les rêves ne se répètent, sinon on parle de cauchemars.


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18 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 9 avril 2008 11:22

    Vous semblez avoir une vision réductrice de Mai 68

    Elle correspond dabord à un problème de pouvoir d’achat et d’accès pour une majorité de français à la société de consommation (rien à voir avec les fils de bourgeois qui manifesté pour soutenir la révolution criminel chinoise)

    D’ailleurs sur ce point,les ex-gauchistes reconnaissent leurs erreurs de parcours politiques

    Vous voyez nous n’avons pas la même lecture de mai 68

     


    • faxtronic faxtronic 9 avril 2008 14:33

      d’accord avec Lerma. Mai 68 etait une revolte de nantis.


    • Georges Yang 9 avril 2008 16:22

       

      @ Lerma
      Vous ne partagez pas mon analyse, c’est votre droit. Ce qui me surprend, c’est votre ton conciliant et raisonnable, vous nous aviez habitué à plus outrancier. Votre analyse rejoint de façon surprenante celle des jeunes communistes et des trotskistes de l’époque déjà aussi sinistre que Jospin. Ces deux groupes déchiraient nos tracts ou nous usions et abusions de : on s’en branle, crève salope, le peuple aura ta peau. Quand nous qualifiions nos profs de tremble du goitre et de pauvre impuissante, ils nous disaient que ce n’était pas assez politique. Moi, j’avais déjà le désespoir de Kleist (pas celui de Werther), l’obscénité en plus.
      Devenez pondéré et on vous écoutera !

    • Yohan Yohan 9 avril 2008 16:27

      @ G Yang

      Je me faisais aussi la même reflexion. Plus écrit , plus modéré et moins "mécanique". Le lerma de printemps est-il arrivé ?


    • 5A3N5D 9 avril 2008 11:55

      @ L’auteur,

      "Car la troisième spécificité de ce mouvement est qu’il a eu lieu lors d’une période de croissance économique (les trente glorieuses) sans chômage"

      Je n’ai pas lu la suite : la révolte étudiante est venue du simple fait que toute une catégorie d’étudiants (les "lettres") se retrouvaient au chômage après le bac ou la fac (voir la réforme Christian Fouchet.)

      Votre analyse est donc totalement fausse, d’autant plus que dès janvier 1968, des grèves dures se déroulaient dans les usines : le monde ouvrier était aussi concerné (voir la grève de l’usine Saviem à Caen et les incidents du 28 janvier.) Il ne s’agissait nullement d’un "mouvement intellectuel", désolé pour vous. 

      Du coup votre "analyse bobo-gaucho" de mai 68 ne tient plus la route et se perd dans le flot ininterrompu des analyses tronquées et idées reçues. Quant aux "trente glorieuses", je suis sans doute un original qui, en raison de mon âge, ai dû passer au travers sans jamais les voir ! Où voyez-vous cet "âge d’or" quand on sait que les accords de Grenelle ont débouché sur une augmentation de 35% du SMIC et d’une autre, assez substantielle, sur les tous les salaires ? Le monde capitaliste a tremblé en 68. Aujourd’hui, il montre fièrement la dépouille de "la bête" et son héritage au badaud peuple incapable de réagir, trompé par les partis politiques. Et vous ajoutez une couche à toutes les pseudo-analyses qui se stratifient depuis 40 ans.

       


      • Georges Yang 9 avril 2008 13:37

         

        J’ai toujours apprécié les commentaires du genre je n’ai pas lu la suite, ce qui discrédite immédiatement son auteur.
        Je nie pas les revendications ouvrières, les grèves et les accords de Grenelle arrivés plus de 3 semaines après le début des barricades à St Michel. D’ailleurs, pour augmenter d’un coup le SMIG, il fallait en avoir les moyens. La France en « faillite « de Fillon ne le pourrait pas. En 68, le mouvement social a suivi, il a été pris de cours part la révolte “spontanée” (?) de la jeunesse. Le mouvement du 22 mars est tout de même loin des cadences infernales et de revendications salariales. Disons que la mayonnaise a prise et que les ouvriers et partis politiques ont suivi.
        Il était possible de renverser de Gaulle, personne n’en a eu le courage.

      • 5A3N5D 9 avril 2008 14:26

        D’ailleurs, pour augmenter d’un coup le SMIG, il fallait en avoir les moyens.

        Je ne vous le fais pas dire. Pourtant, ce n’est pas venu "tout seul".

        La France en « faillite « de Fillon ne le pourrait pas.

        Ça, c’est justement ce que les rédacteurs d’articles comme le vôtre s’ingénient à nous faire croire. Le pensez-vous vraiment vous-même ?

        En 68, le mouvement social a suivi, il a été pris de cours part la révolte “spontanée” ( ?) de la jeunesse. Le mouvement du 22 mars est tout de même loin des cadences infernales et de revendications salariales."

        Puisque vous l’écrivez. Toutefois, vous feriez bien de revoir les émissions radio et télé de l’époque sur le site de l’INA : les étudiants n’avaient pas, il est vrai de problème avec les cadences infernales, mais la perspective du chômage à la fin de leurs études en raison de la suppression des débouchés pour les "littéraires". De plus, la contestation relative à la mise en place de la réforme Fouchet a commencé dès le mois d’octobre 67 et non en mars 68. Il y avait déjà des manifestations, notamment chez les étudiants conscients qu’on les avait purement et simplement trompés. Mais, après tout, chacun est libre de réécrire l’histoire pour qu’elle colle au plus juste avec ses idées.

        Il était possible de renverser de Gaulle, personne n’en a eu le courage.

        Ce n’était pas le but, mais il fut atteint quand même.

        Bref, votre billet est très consensuel et n’apporte aucun nouvel éclairage sur ces événements.


      • MagicBuster 9 avril 2008 13:33

        Très bon article, et accessoirement TRES BON TITRE. ++


        • Roland Verhille Roland Verhille 9 avril 2008 14:14

          Il manque dans cette analyse bien venue ce qui me semble expliquer ces évènements : le statut des jeunes subordonnés en tout à leurs parents jusqu’à l’âge de 21 ans, et le statut des femmes, jeunes ou non. Il mériterait d’être rappelé dans tous ses détails, aujourd’hui on en serait choqué.

          Il manque aussi l’infiltration et la manipulation de ces jeunes se dressant pour changer leur statut par des politiciens ou futurs politiiciens seulement avides de pouvoir. Eux ont réussi, les jeunes aussi pour ce qui est de leur statut, mais ils en supportent un coût effroyable. Mais chutt, il ne faut le leur expliquer. 

           


          • geko 9 avril 2008 16:14

            @Zen

            Je ne pense pas que l’auteur à souhaité montrer une quelconque maîtrise du sujet au sens historique du terme. Il a simplement décrit les évènements qui l’ont marqué pendant cette période et parle de bilan personnel !

            Je partage néanmoins son sentiment dans le titre et la conclusion !


          • Georges Yang 9 avril 2008 16:34

             

            J’ai aimé mai 68, pas trop ses conséquences comme le féminisme qui n’a pas libéré les femmes mais dévirilisé la société. Je n’ai pas aimé non plus la dérive écologiste qui a remplacé l’amour de la nature, celle des dieux germaniques d’avant le Christianisme par un salmigondis de bêtises et de positions khmer vert.
            Il ne reste pas grand-chose de mai 68 en 2008. Le poujadisme de Robert, pas celui de Pierre et les élucubrations d’un Seguela.
            Quant a la fac, la perte de l’élitisme n’est pas pour moi un succès.

          • jaja jaja 9 avril 2008 19:22

            "Non, définitivement le retour aux idéologies de Mai-68 est impossible. D’abord du fait de la crise économique, mais aussi de la mondialisation, du retour à l’ordre moral américain et de la poussée de fanatisme religieux de tous bords."

            La conclusion de cet article me semble ambigue. Les idéologies sont faites, en effet, pour faire leur temps et sont mises à rude épreuve avec le temps... Cependant si l’auteur pense que toute révolte est devenue impossible au vu de la "mondialisation" (lire l’hégémonie de l’impérialisme américain sur la planète) et les réactions "fanatiques" que cet état de fait provoque, je pense qu’il se trompe...

            Les jeunes ont mille raisons de plus que les gens de ma génération de se révolter. Jamais on n’avait osé aller aussi loin dans les "réformes", c’est-à dire dans la régression sociale généralisée...

            Chômage, RMI, misère extrême, smicardisation générale et à l’opposé une opulence insultante et une peopolisation sans bornes d’élites économiques et politiques de plus en plus vomies par le peuple...

            Seules manquent "l’idéologie" et l’organisation révolutionnaire nécessaires pour renverser cette société inique. C’est beaucoup certes, mais souvenons-nous que la Révolution de 1789 a vaincu sans parti dominant et sans idéologie unique...

            Les années à venir promettent d’être pleines de surprises au fur et à mesure que l’on pressurera davantage les gens du peuple et des banlieues... J’en suis intimement persuadé.


            • Georges Yang 9 avril 2008 21:56

              En 68, on pouvait admirer, vénérer ou haïr de Gaulle selon ses propres critères, le Grand Charles ne laissait pas indifferent et avait du repondant . En 2008 on ne peut que mépriser Sarkozy, au moindre en avoir pitié, au plus raisonnable, en rigoler. Idem pour Royal, alors comment envisager la révolution dans ces conditions ?

              Mais l’imagination est là, pour parvenir au pouvoir, voyons ! A chaque génération, sa chance.


            • Graveline 9 avril 2008 20:07

              Les années à venir promettent d’être pleines de surprises... J’en suis persuadé.

              Bien dit, Jaja.

              Il y en a qui l’écrivent autrement :

              "Le Grand Soir peut encore se lever de bon matin."

              "Soyons réalistes, misons tout sur l’utopie !"

              (Extraits de "Slogans pour les prochaines révolutions" de Denis Langlois (Seuil)

              Pour Georges Yang et les problèmes de prostate :

              "La révolution fait bander mieux que le Viagra"

              Et pour tous :

              "Abolissons l’ennui !"

               


              • Georges Yang 9 avril 2008 20:15

                J’aimerais un sursaut, mais je doute ! Quant a la prostate, ce n’est pas encore mon probleme, mais helas ca va venir. Je ne voudrais pas devenir un revolutionnaire ronchon. Chacun son tour et bon courage.


              • Georges Yang 9 avril 2008 20:58

                Le Grand Soir peut encore se lever de bon matin."On dirait une parodie de Sarkozy !


                • Sandro Ferretti SANDRO 10 avril 2008 13:48

                  @ G. Yang

                  Bien vu et bien écrit, comme d’habitude.

                  Un seul reproche : vous allez desespérer Billancourt.

                  Pas celui de l’usine, y’en a plus, celui du Point du Jour, de TF1 , etc....

                  Et sous les pavés, y’ a plus la plage, seulement Paris-Plage (c’est tout dire, et c’est assez dire la bouffonnerie de tout cela).


                  • Georges Yang 10 avril 2008 18:25

                    Oui, sous les pavés, il n’y a plus la plage, mais Paris Plage ! L’imagination est planifiée et les parisiens s’entassent (avec les touristes) comme de veaux de mers au lieu de sortir les pavés et de faire des barricades. Le romantisme se perd en considérations Bidochon avec panier repas sur les berges de la Seine.

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