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Eric Besson : Phénoménologie de l’animal p...

Animal politique, bien-sûr. Forme assez aboutie de la figure de l’ambitieux, doté d’instinct, capable de trahir et d’aller au plus haut. La France en a connu de sublimes, quelquefois compétents et somme toute qui surent servir leur pays. La formule s’applique-t-elle à Eric Besson, bientôt ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale ?

Après ces quelques mois en tant qu’obscur secrétaire d’Etat à la Prospective et à l’Economie numérique, on peut imaginer sa satisfaction d’être ainsi promu. Mais la formule s’applique-t-elle vraiment le concernant ? Doit-on seulement garder le nom sans l’adjectif ? Non, Eric Besson n’est pas un animal, c’est un être humain, comme vous et moi. Pas tout à fait pourtant…

Une carrière exemplaire :
C’est en 1993 qu’il rejoint le Parti Socialiste. Epoque singulière. C’est la fin des années Mitterrand et le gouvernement Bérégovoy perd les élections législatives, ouvrant cette période de l’avènement de Balladur et ses rêves de grandeur. Celui qui avait échoué au concours d’entrée à l’ENA a-t-il alors décidé d’être un militant exemplaire, entrant par la petite porte dans un parti à la recherche de nouveaux repères et sans vrais leaders ? Sans doute, les choix engageants sont toujours de bonne conscience, en tous cas apparaissent-ils ainsi, même avec les perspectives et ambitions cachées dans le creux des âmes. Et ce fut pour Eric Besson fort judicieux. Après s’être frotté au journalisme comme rédacteur du magazine Challenges puis à la lutte contre l’exclusion au sein de la fondation Vivendi, O.N.G qui fit tant pour les petits épargnants, il devint deux ans plus tard maire de Donzère dans la Drôme, puis député dans la foulée. En 2003, il rejoint le bureau national du Parti Socialiste en qualité de secrétaire national chargé de l’économie et de l’emploi, et pressenti un temps pour remplacer Hollande à la tête du parti. Beau parcours, à l’orée de l’élection présidentielle de 2007 pour celui qui est resté fidèle à Jospin et qui œuvre pour qu’il se représente, malgré la décision de ce dernier de se retirer, déclaration vite regrettée mais jetée comme une gifle à ses électeurs le soir de sa défaite.

La mécanique d’une trahison…
Pour faciliter le propos nous retiendrons ce terme, juste d’un point de vue formel lorsqu’il appela à voter Sarkozy, mais sous-évalué en considérant le trait de caractère. Que s’est-il passé ? Il faut oublier le livre de circonstance Qui connaît Madame Royal ? écrit par l’intéressé, pour s’en tenir aux faits. Eric Besson a jusqu’au bout soutenu une candidature de Lionel Jospin, au-delà même de son renoncement à se présenter aux primaires organisées au sein du parti ; Besson poussait même l’idée d’une candidature autonome car il y avait dans l’air en cas de victoire un poste possible de Premier ministre. Mais ne vivant pas en lévitation au-dessus de la réalité, Jospin rengaina son orgueil et ses tendances à s’émouvoir en public lorsqu’il s’agit de lui et remisa ses ambitions, laissant ses affiliés sans ressource ni avenir. Concernant Eric Besson, ce fut alors un remix de la fable de Perrette, « La Laitière et le Pot au lait », avec pour seul retournement possible le ralliement à la candidature de Ségolène Royal…

Mais c’est, au sein de son équipe de campagne, une fin de non-recevoir. On peut mesurer alors le dépit se transformant en hargne et rancœur, avec ce sentiment d’impuissance d’être peu apprécié à sa juste valeur. Plus d’espoir, il faut alors se créer une fenêtre de tir et donc faire ce choix de saboter la candidature de Royal ! Pratique habituelle dans nos mœurs politiques, mais s’agissant de visées opportunistes, il convient qu’elles aient l’apparence du courage et de l’intelligence.

Sarkozy, mon beau chevalier blanc…
Quand on a écrit « La France est-elle prête à voter en 2007 pour un néo-conservateur américain à passeport français ? » et encore « En supprimant ou en restreignant fortement les principaux dispositifs de régularisation, Nicolas Sarkozy se prive des outils permettant une régularisation au fil de l’eau et évitant ainsi les régularisations de masse. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l’immigration clandestine !… », cela ne paraît pas si évident de se rallier à son panache blanc. Et pour ce faire, il faudra payer cash… Reprenons le déroulement des faits. Tout commence par une crise de nerfs. En février 2007 Eric Besson lance une violente diatribe contre les propositions économiques de la candidate lors d’une réunion du secrétariat national, sans être gêné qu’elles soient fortement inspirées de ses travaux en qualité de secrétaire national chargé de ces questions. Puis il y a ce voyage en Chine de Ségolène Royal… La rupture sera consommée et il faut qu’elle le soit publiquement, manière de laver l’affront d’avoir été maltraité par la candidate. Il écrit donc son pamphlet Qui connaît Madame Royal ?, manière de répondre à la question qu’elle posa « Qui connaît Monsieur Besson ? » Il s’ensuit une période de flottement au cours de laquelle il annonce sa démission du parti et de ses mandats électoraux, son retrait de la vie politique, écho quasi freudien de la déclaration de Lionel Jospin le soir de sa défaite. Est-ce une manœuvre pour donner un peu d’espace avant son ralliement public à Nicolas Sarkozy ? Possible car les deux hommes se connaissent très bien… En 1997, Eric Besson a bataillé fermement contre lui au cours des débats parlementaires pour l’adoption de la loi des 35 heures, puis il fut son principal contradicteur lorsque Sarkozy devint le ministre de l’Intérieur de Chirac, et celui des Finances. Mais certains font remonter à 1995 la connivence entre les deux hommes par l’entremise de Jean-Marie Messier. En tout cas, le change est donné et Eric Besson se retrouve alors dans la peau d’un repreneur de l’équipe de foot de Nantes ! Pour ceux qui le crurent, l’illusion dura peu, le temps d’attendre les résultats du premier tour…

Le soir du 22 avril, il annonce son ralliement, prend la parole quelques jours plus tard lors d’un meeting électoral à Poitiers devant plus de 10.000 sympathisants UMP médusés. Allant plus loin dans la démarche, il se transforme en coach de Sarkozy lorsque celui-ci prépare le débat d’entre-deux-tours avec Ségolène Royal… Du rarement vu dans les annales politiques, digne du retournement d’un espion racontant par le menu les secrets de ses précédents commanditaires. Mais Sarkozy, adepte de la stratégie de l’araignée et de son baiser qui tue, tient bien sa proie et en tire tout le suc, tout en lançant ce signal fort aux autres. Ils suivront bien sûr, mais après l’élection de leur nouveau champion, sans qu’il leur puisse être reproché d’avoir tout fait pour ruiner les chances de leur candidate. Si la trahison était un crime dont se seraient rendus coupables les Kouchner, Jean-Marie Bockel, Martin Hirsch, Fadela Amara, pour Eric Besson, il faudrait ajouter la préméditation.

Une tradition bien française
Il est inutile de se demander ce que l’Histoire gardera du parcours d’Eric Besson. Rien car, finalement, la banalité de l’acte le renvoie à son néant et dès lors son destin ministériel n’a pas d’importance. Sa promotion au ministère le plus controversé de l’ère sarkozyste, sa future intronisation parmi les barons de l’UMP rappellent les trente deniers donnés à Judas et il restera attaché à son faiseur comme le pendu à sa corde. Qu’il déplaise ou qu’il se démonétise, il sera renvoyé au cimetière des gadgets avec lesquels on a fini de jouer. Le cadavre bougera encore, cherchant des appuis qui se déroberont. Puis il sombrera dans le désarroi et l’amertume. En fait la trajectoire d’Eric Besson n’a d’intérêt que pour une étude de cas, illustrant une tradition bien française de l’ère moderne. Si l’on met de côté les quelques ministres d’ouverture tels que Durafour ou Jean-Pierre Soisson, recrutés par Mitterrand mais issus du centre donc par nature versatiles, on ne trouvera pas de responsables politiques de droite trahissant leur parti pour se retrouver à gauche. C’est donc une caractéristique de celle-ci que de générer de tels hommes. Et ils sont nombreux !

Déat, Doriot et tant d’autres…
On peut remonter très loin dans l’histoire du siècle dernier. Clémenceau, le brillant révolutionnaire, socialiste accompli sut se transformer en sanglant ministre de l’Intérieur, envoyant la troupe pour briser des grèves et il n’aurait pas connu la gloire sans la divine surprise de la première guerre mondiale. Tant d’autres l’ont précédé ou le suivront, plus obscurs et oubliés de l’Histoire. Seul Jean Jaurès sort du lot, mais sans la balle qui l’a statufié, aurait-il lui aussi souffert de ce mauvais cancer de la conscience que de trahir ses années de jeunesse ? Tout est affaire de circonstances et dans cette zoologie de la trahison le régime de Vichy fut un vivier. Jacques Doriot, dirigeant communiste et maire de Saint-Denis, pourfendeur des fascistes dès le début des années trente ne supporta pas de voir ses ambitions bafouées et que lui soit préféré Maurice Thorez au sein de la direction du parti. Et il devint l’un des pires collaborateurs, partisan des nazis au point de revêtir l’uniforme de la Wehrmacht sous lequel il mourut en 1945. Que dire d’un Marcel Déat, journaliste, jeune député socialiste en 1926, promis (lui aussi..) à succéder à Léon Blum, socialiste sincère et virulent aux prétentions contrariées qui devint ministre du maréchal Pétain en rêvant d’être le chef d’un parti unique fasciste ? Bien entendu il ne faut pas oublier Pierre Laval, membre du Parti Socialiste avant de verser dans le radicalisme et dont on connaît la triste fin !

L’avenir appartient-il aux traîtres ?
Il ne faut pas gâcher l’histoire du mouvement ouvrier et démocratique, ni même celle de notre pays par le souvenir de ceux qui les ont trahis et ces arbres abattus ne cachent pas la forêt. Mais la matrice est bien là qui les fabrique. Ambitions bafouées, vanités contrariées, opportunisme, orgueil et velléités, ces virus ne demandent qu’à frapper et sont les symptômes de la faiblesse des corps constitués que sont nos partis de gauche. Et cette affaire est d’importance lorsqu’il s’agit des forces de progrès. Le fait qu’il y ait au sein de ces partis des instances ayant donné des responsabilités à de tels hommes montre qu’il convient de réinventer leur fonctionnement. L’on ne parle pas impunément au nom des plus humbles et la trahison de leurs mandataires donne un tour de vis à leur espérance, suscitant le trouble des consciences et cette idée noire qu’en politique, « ils » sont tous pareils. Pourtant la droite est la droite, elle ne sera jamais portée sur le mélange des genres et on ne peut pas lui reprocher d’être l’instrument de la défense des intérêts de la bourgeoisie, selon le vocable du siècle précédent, aujourd’hui de la finance internationale, bref de la mondialisation du capitalisme. Elle ne s’en cache pas, déclinant ce credo selon lequel ce qui est bon pour les possédants l’est aussi pour ceux qui n’ont rien et ses leaders portent haut, souvent avec appétence, ses couleurs. Nicolas Sarkozy en est un et on peut lui reconnaître ce talent d’être le maître de ces temps de décadence idéologique où l’on oublie trop vite que la confrontation de classes est une réalité concrète : familles jetées dans la misère, précarité, dureté de la vie, licenciements, économie de survie, justice et médias sous contrôle et instrumentés. Quant à la gauche, tant qu’elle n’aura pas réinventé ses instruments d’organisation et suscité l’esprit de résistance, elle est vouée à être le spectateur de sa déchéance. Face à ces ingrédients d’un désarroi généralisé et cette pénurie de perspectives, il est naturel que des hommes, tels qu’Eric Besson, Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel et consorts, bien différents de nous autres, suivent l’inflexion de leurs âmes et le chemin de leurs aînés. Ils en auront sans doute le destin.

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31 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 20 janvier 2009 14:02

    C’est vrai qu’il est parfait en Iago. Hirsch et Kouchner n’ont pas été mal non plus. Il me semble que seul Jouyet s’en sort proprement.


    • Fergus fergus 20 janvier 2009 16:06

      Il est pire que les autres transfuges car il a été l’un des plus virulents antisarkozystes avant son reniement. Et sans doute le ferait-il encore tant sa morale semble subordonnée à son ambition. Besson illustre parfaitement la chanson de Dutronc lorsqu’il fredonne : "Je retourne ma veste, toujours du bon côté !"


    • Alpo47 Alpo47 21 janvier 2009 11:57

      Bon, disons le, ce monsieur représente, dans le monde politique, ce qu’il y a de plus veule et médiocre.


    • morice morice 20 janvier 2009 14:39

       à encenser la traîtrise et la récompenser, on sème quoi dans l’esprit des gens ??? que trahir, c’est bien ? Ça promet dans les entreprises !!! 


      • appoline appoline 20 janvier 2009 17:21

        @ Morice,
        Je dirais que le pire, c’est l’exemple donné à notre belle jeunesse.


      • morice morice 20 janvier 2009 14:43

         "Ils en auront sans doute le destin."
        il va mourir mitraillé dans un Falcon ???


        • La Taverne des Poètes 20 janvier 2009 14:47

          Petits remaniements et grands reniements ? Je ne comprends même pas comment on peut s’engager en politique avec des convictions si élastiques.


          • Traroth Traroth 21 janvier 2009 11:22

            Par ambition. Ce type de personne se moque de "servir la France". Il veut que la France le serve.


          • morice morice 21 janvier 2009 11:50

             excellent résumé


          • melanie 20 janvier 2009 15:59

            @ La taverne des Poètes

            Parce que vous ètes un poète justement...

            Hormis certains comme Besancenot qui s’engagent par rage et analyse de ce qui déconne et herisse dans la monarchie élitiste et profondemment autoreproductrice de casres qui fait la France - on se reproduit intellectuellement , culurellement et financièrement de générations en générations en protégeant ses acquis et en grippant toute mobilisation de l’ascensseur social -

            Hormis donc certains issus du terrain et de la réalité, tous sont issus du sérail et se sont cotoyés sur les mêmes bancs en choisissant un aiguillage socialiste ou droitiste en fonction des opportunités présentes et des chances personnelles d’y réussir, de ses petites alliances aussi ...

            Le Monde de la politique devient très vite celui des petites acointances et du manque de conviction autre que de se ranger du côté de celui qui a le plus de chances de réussi le concours du pouvoir ...

            Comment s’étonner encore de ses petites lâchetés, tricheries et "trahisons" ???

            Et au fait, trahison de quoi ???

            Du socialisme convaincu depuis plus de vingt ans des vertus du liberalisme et de l’ouverture forcée des marchés ??? Il n’est qu’à voir DSK qui applique strico-sensu les règles immuables du FMI qui qui si bien réussi à l’Argentine ,dès qu’il s’agit d’aider des pays en difficulté en pleine recession mondiale !!!!!

            Il n’est qu’à observer l’innéfable directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce ,un socialiste pur jus, à savoir , Pascal Lamy exécuter avec quel enthousiasme les directives d’une politique ultralibérale et imposer aux plus pauvres un système qui les oblige à ouvrir au maximum leurs marchés afin de les mettre en concurrence avec les produits subventionés Occidentaux ...

            Comment croire encore à des convictions ???? Socialisme ou libéralisme ??Blanc Bonnet et Bonnet Blanc ...

            Pour les convictions, allez voir du côté des ONG, des associations, du terrain de ceux qui se battent pour les autres ....

            La politique est un jeu peu civilisé ou les règles n’ont jamais changé, les Tallérand, les Mazarins, les magouilles, les traitres ...

            L’ambition, l’orgueuil et le pouvoir sont rarement des qualités sauf pour les artistes .Or la politique n’est pas un art ...


            • Pierre de Vienne Pierre Gangloff 20 janvier 2009 16:21

              Des arguments intéressants, des exemples historiques auxquels je n’avait pas pensé, le personnage n’en n’est que plus méprisable. Une belle photo, jolie cravate jaune, sur le bleu de notre république.


              • phil2nim phil2nim 20 janvier 2009 16:32

                Sur le fond, on peut être colère si on est de gauche. Pour le reste, Besson n’est quand même pas plus Laval que Sarko n’est Pétain...
                La dessus, c’est lui faire bien de l’honneur de batir une phénoménologie en partant de son cas.

                Quant à mettre M Hirsch dans le même sac, je ne m’y retrouve pas...
                Il démontre que l’on peut rester dans ses convictions et faire avancer les choses même dans un contexte hostile... Il est vrai qu’il a de réelles compétences dans le domaine qu’il administre, contrairement aux autres ministres.
                D’accord avec Mélanie pour dire que, dans un pays de droite comme la France, soit on reste de gauche et dans l’opposition, soit on tourne sa veste... Mitterrand est l’exception qui confirme la règle, si on pense que sa politique a été de gauche... ou que le PS aujourd’hui représente les "classes populaires"...


                • appoline appoline 20 janvier 2009 17:28

                  @ Phil,
                  D’après ses copains de l’ENA : il n’y a pas plus arriviste que Hirsch. J’ai du mal à croire que quelqu’un qui n’aime pas la médiocrité, puis descendre de son piedestal pour y plonger les mains et comprendre ceux qui y ont sombré


                • phil2nim phil2nim 20 janvier 2009 23:59

                  des jaloux à l’ENA ?
                  je suis choqué !


                • Bobland59 Bobland59 20 janvier 2009 21:32

                  Voilà un curriculum vitae qui sied bien à ce traite . Il ne va peu être pas dépasser ses prédécesseurs, mais il va essayer .... En tout cas j’ai bien votre historique .


                  • Céline Ertalif Céline Ertalif 20 janvier 2009 21:53

                    Bonjour,

                    Je trouve le personnage d’Eric Besson peu sympathique et peu intéressant par lui-même. En revanche, je trouve tout à fait piquante la signification de l’apparition de ce style de personne, si ce n’est au sommet de l’Etat, au moins à un niveau très élevé.

                    Le talent d’obéissance permet d’aller très haut et très loin, constatons-le. Il faut croire que l’exceptionnelle compétence à obéir, qu’on ne saurait dénier à Monsieur Besson, donne assez naturellement accès à des postes importants de commandement. Quelle idée se fait-on de la démocratie ? A méditer, et il me semble que la réflexion sur ce point mérite d’aller un peu plus loin que le rappel aux valeurs de gauche que nous propose Jean Philippe Demont-Pierot en fin d’article.


                    • Forest Ent Forest Ent 20 janvier 2009 23:06

                      Dans les entreprises, nous avons eu les ingénieurs, puis les managers, puis les vendeurs, puis les financiers.

                      Dans l’administration, il y a eu les technocrates puis les communicants.

                      Dans les deux cas, les histrions sont maintenant au sommet.

                      Mais je ne pense pas que le spectacle sera drôle.


                    • Fergus fergus 21 janvier 2009 09:04

                      Concernant Besson, il ne s’agit pas d’obéissance, mais de servilité.


                    • hans lefebvre hans lefebvre 20 janvier 2009 23:03

                      Bien vu Jean-Philippe, que dire de plus sur ce parcours emblématique qui aura mené ce personnage de la soumission à la trahison, sans passer par la révolte ?


                      • Flibustier 21 janvier 2009 00:08

                        @ l’auteur

                        Vous présentez ce personnage comme une exception, comme l’arbre qui cache la forêt.

                        Il me semble pourtant que Besson symbolise à merveille l’échec de son parti et pour tout dire la nullité idéologique du parti socialiste : si le PS ne s’était pas totalement dissous dans le néolibéralisme, les convictions de ses hérauts ne seraient pas aussi "élastiques". Et en réalité élastiques elles ne le sont pas : le PS et l’UMP se touchent et ne forment qu’un.


                        • chtimi59 21 janvier 2009 01:00

                          Savez-vous comment est surnommé Eric BESSON dans le microcosme politico-médiatique, de droite comme de gauche d’ailleurs, pour une fois l’union ? Hé bien, il est affublé de la douce appellation de : Eric BESS-TON-FROC ! Charmant et tout à fait représentatif de ce qu’il est devenu !


                          • Philippe D Philippe D 21 janvier 2009 09:36

                            Tenter de prendre, de quelque façon que ce soit, la défense d’Eric Besson reviendrait ici à encencer la traitrise.
                            C’est donc en marchant sur des oeufs que je vais m’y essayer.

                            Voir toutes choses sous le prisme d’un éternel conflit droite/gauche semble donc la seule optique envisageable pour beaucoup, maintenant et pour la fin des temps ?
                            Le must absolu de la vie politique ?
                            Je rappelle que la politique se nourrit certes de batailles mais aussi et surtout d’idées, de philosophie et qu’à ce titre l’enchaînement des idées ou l’évolution des réflexions autorise toutes sortes de prise de positions et de questionnements.
                            Combien d’hommes politiques ont largement évolué dans leurs engagements et dans leurs analyses ?
                            Ont-ils été traitres pour autant ?
                            Un Jospin troskyste (comme tant d’autres) puis social démocrate, pas de problème ?
                            Un Rocard dont le parcours et les idées ont souvent fait le grand écart ?
                            Est-ce traîtrise d’avoir des idées qui évoluent, de ne pas voir le monde exactement de la même façon à 50 ans qu’à 20 ans ?
                            Je pensais pourtant que cela paraissait assez logique à tout le monde.

                            Il faut donc absolument rester dans sa famille politique de départ, même lorsque l’on ne s’y reconnait plus.
                            Il faut, si l’on est un homme d’action, s’amputer volontairement de toute possibilité d’influer pratiquement sur le concret en respectant vaille que vaille la ligne de démarcation tracée au sol, que l’on a le droit de frôler mais au grand jamais de franchir ?

                            La traîtrise est gravissime, mais on parle là de guerres, d’ennemis, d’invasions, de destructions...
                            Besson n’est pas pour moi l’exemple de ce traître là, sauf à étendre l’emploi du mot à toutes les situations où l’on se retrouve en contradiction avec des images ou des pensées antérieures, sauf si l’on considère qu’une réflexion doit être toujours définitivement figée et ne pourra jamais évoluer.



                            • Traroth Traroth 21 janvier 2009 11:29

                              Vous affirmez donc que c’est par un (très) brusque changement de convictions profondes que Besson a soudain rallié Sarkozy ? Juste au moment où il était au plus mal avec la candidate de son parti et où une splendide s’ouvrait à lui en face, d’un seul coup, ses opinions politiques ont changé profondément ? smiley

                              Un peu de sérieux, franchement !


                            • Philippe D Philippe D 21 janvier 2009 11:42

                              Pour me souvenir un peu de ce qu’il a dit dans son bouquin, je crois qu’il se considère encore de gauche mais que ce clivage l’emmerde depuis longtemps et qu’une nième querelle avec Ségo a eu raison de sa patience.


                            • Traroth Traroth 21 janvier 2009 13:59

                              Les gens qui affirment que le clivage droite/gauche n’existe pas soit ne comprennent rien à la politique soit, plus vraisembablement, sont des cyniques à la recherche d’une raison pour justifier une politique de droite (puisque le libéralisme serait maintenant "accepté de tous", dixit les ténors du PS).
                              En politique, il y a toujours eu et il y a toujours ceux qui roulent pour les riches et ceux qui roulent pour les pauvres. C’est ça, le clivage droite-gauche.
                              Bon, il est vrai que ceux qui roulent pour les pauvres se font rares, en ces temps d’individualisme et d’égoïsme "décomplexé", mais j’ai du mal à voir l’humanisme, le sens de la justice et même la compassion comme ringards, personnellment. Et vous ?
                              On est quand même encore quelques-uns à voir le cynisme et l’égoïsme comme des défauts, pas des qualités...


                            • Traroth Traroth 21 janvier 2009 11:12

                              Le moteur de ces trahisons a un nom : Corruption.

                              Les riches corrompent ceux qui défendent les intérêts des pauvres afin de se protéger de ceux-ci. C’est aussi simple que ça.


                              • Traroth Traroth 21 janvier 2009 11:20

                                "Pourtant la droite est la droite, elle ne sera jamais portée sur le mélange des genres et on ne peut pas lui reprocher d’être l’instrument de la défense des intérêts de la bourgeoisie, selon le vocable du siècle précédent, aujourd’hui de la finance internationale, bref de la mondialisation du capitalisme. Elle ne s’en cache pas" : Voire. Au niveau des partis, effectivement. Mais au niveau des candidats, c’est plutôt l’inverse. La démagogie fait souvent manier à des candidats de droite des idées de gauche pendant les campagnes électorales : Chirac et la fracture sociale, Sarkozy citant Blum ou Jaurès, ou prétendant interdire les parachutes dorés. Et bien évidemment, ces propositions de gauche de la part de candidats de droite se transforment en autant de promesses non-tenues une fois le candidat élu, en grande partie grâce à elles. Ca n’a rien d’imprévisible, et la crédulité des électeurs, élection après élection, mangeant l’hameçon et la ligne, et prêtant foi à ces promesses pourrait être comique si elle n’était pas si triste. La plupart des gens sont de gauche, en ce qu’ils sont enthousiasmés par les propositions de gauche, même émises par un candidat de droite, mais ils ne savent pas transformer leurs envies en vote intelligent. Il faut reconnaitre que les partis de gauche ne leur facilitent pas la tâche...


                                • brieli67 21 janvier 2009 12:53

                                  La vidéo d’outre-tombe de Bourdieu Pierre

                                  qui stigmatisait Marie-Ségolène

                                  du même bois que le Besson !

                                  Il serait agréable de mettre la main et les yeux sur le texte de Saint-Just..... Montebourg
                                  un éloge primé sur le Président Edgar Faure précisément. 
                                  Vous savez le radical socialiste qui parlait si bien du vent...et de la girouette ! ...


                                • Georges Yang 21 janvier 2009 13:14

                                  Eric Besson n’est finalement pas un traître mais tout simplement un footballeur professionnel.

                                  Comme la plupart des politiques, il considère son activité comme un métier qui doit être rémunérée et il choisit la meilleure équipe pour demander son transfert. Enfin, c’est ce qu’il pense, j’aimerais savoir qui est son entraîneur ?

                                  Il n’est pas le seul, avec les ministre de l’ouverture à accepter les transfert même à la mi-saison comme au Mercato.

                                  Et puis, Bayrou à eu aussi la défection de joueurs comme Cavada et Morin qui pensent avoir bien fait pour accéder à la division supérieure.

                                  Pour Jean-Marie Cavada, c’est raté et vu ce qu’il a fait , il ne peut même plus retourner en division « d’honneur »


                                  • Jean Philippe Demont-Pierot Jean Philippe Demont-Pierot 21 janvier 2009 13:49

                                    Assez bien vu cette allusion au football professionnel ! Je suis certain qu’il y a un peu de cela dans la tête de ces types !


                                  • Rétif 25 janvier 2009 22:21

                                     

                                    A près tout,

                                    Il n’ y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’ avis

                                    N’est-ce pas ?

                                    C’est bien connu !

                                    N’est-ce pas ?

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