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Accueil du site > Tribune Libre > Finance Watch : David contre Goliath ?

Finance Watch : David contre Goliath ?

Finance Watch
Un oeil sur la finance, mais pas seulement. 

Making finance serve society


_______________C'est encore un nain. Mais qui a le mérite d'exister. Il fallait l'inventer.
 Une ONG qui ne ressemble à aucune autre, pratiquant un anti lobbyisme à soutenir sans réserve, engagée dans une lutte nécessaire mais gigantesque, au coeur de l'Europe, contre les ravages des forces financières dévoyées qui minent les économies réelles.

 ____Elle ne changera pas le monde et ne fera pas de miracles toute seule mais pourrait bien contribuer à faire avancer de manière significative le problème crucial de la régulation bancaire, toujours promise, jamais réalisée, de la fin de la  fraude, parfois insoupçonnée, qui contrôle une partie de l'économie, de certaines pratiques perverses à vaste échelle, avec le projet d'informer de manière précise et circonstanciée et d'influencer la politique de Bruxelles, les instances de pouvoir, les politiques souvent passifs, parfois complices.
 "En juin 2010, 22 députés lancent un appel à la société civile pour qu’elle crée une organisation non gouvernementale capable de développer une contre-expertise sur les activités menées sur les marchés financiers par les principaux opérateurs (banques, compagnies d’assurance, hedge funds, etc.).
L’appel des députés européens prend le nom de Finance Watch. Son objectif : mettre fin à l’asymétrie entre la puissance de l’industrie financière et l’absence de lobbying des ONG dans le domaine de la finance qui constituent un problème démocratique."
La tâche n'est pas mince. On connaît la difficulté de contrôler les lobbies financiers, propre à en décourager plus d'un. Récemment créée, l'association Roosevelt 2012 se propose aussi de sensibiliser une opinion ignorante et passive et des décideurs acquis aux dogmes néolibéraux, tout juste prêts à changer les apparences ou des détails marginaux.
__ C'est encourageant, FW a déjà engrangé certains acquis, avec pour objectif de servir l'économie réelle mise en péril par l'économie casino et son court-termisme autodestructeur.
Il lui faut encore beaucoup d'appuis pour agir de manière plus significative, même si c'est déjà un succès prometteur. L'économie réelle reste encore oubliée et ne retrouvera un dynamisme que lorsque seront nettoyées les Ecuries d'Augias.
 
-
 " La situation où l'économie devient subordonnée à la fonction financière doit être rejetée car destructrice des structures économiques et sociales. » Une profession de foi résumée par un slogan : «  Making finance serve society  » (« Faire que la finance soit au service de la société ») et une conviction : Finance Watch n'est pas là pour combattre la finance, mais ses dérives. Dans ce combat, elle peut s'appuyer sur ses adhérents. Du lourd : cinquante-quatre membres de douze nationalités différentes (un an plus tard, ils sont soixante-dix), des ONG (Transparency International, le CCFD, le Secours catholique, Attac, Oxfam…), des syndicats, des associations, des personnalités spécialistes des questions financières, qui représentent ensemble près de cent millions d'Européens..".
__Selon Pascal Canfin, il est des mesures d'urgence à prendre pour commencer à juguler la finance. Le lobbying bruxellois est intense. Les loups sont dans la bergerie. 
"...En matière financière, les moyens dont disposent les banques pour exercer ce lobbying sont totalement illimités. Ils ont un accès extrêmement privilégié aux décideurs, parce qu’un certain nombre d’entre eux étaient d’anciens banquiers ou des avocats qui ont travaillé pour des banques. Il existe donc cette consanguinité d’une partie de l’élite politique avec l’élite financière. Cette facilité d’accès de l’ensemble de l’industrie financière au personnel politique, pour défendre ses intérêts, est trop forte..."
 Le capitalisme financier toxique, la finance prédatrice continuent, contournant ou détournant les règles, quand elles existent Jean de Maillard avait bien noté que "La fraude est un rouage essentiel de ce type d'économie".
 _La régulation financière, décisive, est encore un vaste chantier. L'affaire du « Liborgate », qui ébranle la City le montre avec éclat, comme les problèmes soulevés par les pratiques de Barclays.
Les manipulations bancaires restent encore d'actualité et la question des paradis fiscaux, des niches fiscales, si importante pour une vraie réforme, reste en suspens, malgré les prétentions ou les dénis des politiques.
_________David finira-t-il par décapiter Goliath ?
Il y va de l'avenir de notre économie et de notre avenir.

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9 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 10 juillet 2012 10:24

    Bonjour

    Les artistes interprètent la Bible au gré de leur imagination...
    Quand le tempête fait rage, et que le bateau sombre, on ne peut que se raccrocher à la première planche qui se présente, à la lueur d’un fanal lointain.
    Si on entre dans le détail de l’action en cours menée par FW, informée et cohérente, mais non « révolutionnaire », on se dit qu’il y a là une amorce intéressante, qui peut devenir un levier.
    Il est sûr que ce n’est pas grand chose si cela n’atteint pas une dimension internationale


    • Gemini Gemini 10 juillet 2012 10:29

      Au delà des remarques sur la forme et la comparaison avec la mythologie religieuse, il reste que ce genre d’association est salutaire, et ne pourra produire de résultats qu’avec l’appui du plus grand nombre.

      À nous, peuples européens de la soutenir comme il se doit si les problèmes qu’elles abordent nous semblent importants, ce qui, je crois, est le cas.


      • Gasty Gasty 10 juillet 2012 10:31

        Je pense qu’il faudrait inventer une divinité répressive.

        Ou alors un diplome de majorité morale d’age adulte.


        • Gasty Gasty 10 juillet 2012 10:46

          Mais Nietzsche ne serait pas d’accord, il ne voit dans cette moralité que le résultat d’un abêtissement progressif de l’humanité. En adoptant des valeurs de « troupeau », renonçant à ce que l’existence peut avoir d’exaltante.

          Pour Nietzsche : les valeurs dominantes – celles qui fondent le conformisme – témoignent de l’influence du christianisme et de la mentalité « démocratique ». Cette dernière impose l’idée qu’un égal traitement est dû à tous les hommes, tandis que du christianisme provient le principe d’un amour universel, dans lequel Nietzsche dénonce l’envers d’une impuissance à se venger des affronts subis. À ces (fausses) valeurs, synonymes pour lui de « décadence » européenne, il oppose les valeurs des hommes « forts », de courage et de rivalité, orientées vers le dépassement de soi-même. La moralité ordinaire, avec son obéissance à un « devoir » anonyme et abstrait, ne signifie rien d’autre que l’asservissement à un idéalisme qui oublie les exigences du corps, de la joie et de la « volonté de puissance », c’est-à-dire l’appel de la vie elle-même. Elle annule les singularités et impose à chacun, quelle que puisse être son ambition initiale, une attitude faite de bassesse et d’hypocrisie.


        • Gasty Gasty 10 juillet 2012 10:49

          Finalement j’aime bien les écuries D’augias. C’est exactement ça !


        • Annie 10 juillet 2012 18:36

          Bonsoir Zen,
          La création de cette association est la bienvenue. J’aimerai quand même ajouter que ce type d’initiatives est important, mais échoue parfois lorsqu’il est difficile d’appréhender le sujet à un niveau international. Je penche de plus en plus pour des initiatives locales (nationales) parce que je vois les conséquences du scandale libor en GB. Les Britanniques sont capables de comprendre en quoi la manipulation des taux d’intérêt a pu les affecter, mais cela n’est pas forcément vrai des ressortissants d’autres pays.
          Une organisation comme UKuncut par exemple a obtenu le droit de faire appel contre la décision du ministère compétent d’accorder à Goldman Sachs une remise d’impôts. http://ukuncutlegalaction.org.uk/why-goldman-sachs/
          La réforme du secteur financier doit être réalisée à l’échelle mondiale, mais elle ne se fera pas si les conséquences de sa dérégulation demeurent trop abstraites ou lointaines pour le Français, l’Anglais ou l’Italien moyen parce qu’il est difficile d’établir une corrélation entre cette dérégulation et la crise financière actuelle.


          • ZEN ZEN 10 juillet 2012 18:58

            Bonsoir Annie

            Connaissant un peu Pascal Canfin, l’un des responsables de FW, aujourd’hui ministre, je crois que l’équipe est sérieuse et ne fait pas dans le boy-scoutisme ou l’amateurisme. Ils sont maintenant mieux connus et écoutés à Bruxelles.
            Le problème, comme tu le soulignes, est celui de l’audience et de l’impact international pour amener les décideurs à infléchir la logique financière globale et neutraliser les paradis fiscaux, et l’état d’ignorance dans lequel est maintenu le grand public. On ne peut compter sur la bonne volonté des grands : les Goldman Sachs-boys sont à la Maison Blanche et Cameron suit la logique de la City. Comme les garde-fous publics se sont affaissés, et que la presse ne fait pas son travail, c’est d’autant plus difficile...
            Bonne soirée.


            • ZEN ZEN 11 juillet 2012 09:35

              Il y a quelque chose de pourri au coeur de la City
              Une fois encore, certains banquiers s’en tireront bien...


              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 juillet 2012 07:01

                Merci pour cet article très intéressant sur une initiative qu’on ne peut, a priori, que soutenir mais à l’égard de laquelle j’ai les plus grands doutes, exactement comme edelweiss.

                Car comme le dit l’auteur, la démarche est non révolutionnaire.

                Or, vis-à-vis des banques, ou on est révolutionnaire pour faire ce qu’il y a à faire (priver les banques du pouvoir de création monétaire) ou on fait du réformisme qui, au final aide à perpétuer les fondamentaux d’un système inique.

                Je ne serais pas étonné que Finance Watch apparraisse un jour comme ayant été financée par Rockefeller.

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