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Français en péril

 Pauvre Victor Hugo  ! 
                  Aurait-il pu imaginer le traitement qu'on lui fait subir au fond de nos cités ?
                    Est-ce le crépuscule de la langue au bac français ?

 Certes, c'est une fiction, mais elle est significative. Ce n'est pas encore le naufrage de l'expression écrite, du moins dans certains milieux, mais la dérive est là, assez généralisée. Il y a du souci à se faire sur l'avenir du fançais, qui survit certes, mais comment ?
 Sans faire dans la généralisation, le catastrophisme ou la nostalgie, n'assiste-t-on pas au début d'une évolution inquiétante. Certes la littérature est encore bien vivante, mais les lecteurs ?...
 Une langue, c'est un héritage, un trésor...qui risque de ne pas survivre à l'uniformité généralisée. Avec la réduction constante des heures consacrées à son enseignement, depuis les années 80 surtout, des critiques s'élèvent : au nom de la spontanéité, de l'ouverture au monde, de la modernité, on a voulu alléger, simplifier, ouvrir, tolérer...
 Le français a vu son enseignement se réduire comme peau de chagrin et s'insérer dans la nébuleuse de la communication. On peut avoir son bac scientifique (avec mention) avec un 5 en français et un 4 en philo...Mais en fac, il faut réparer les dégâts et apprendre au jeune ingénieur à rédiger un rapport correct et compréhensible... 
 Communiquer est devenu la loi et les prophètes, comme dans les écoles de commerce Mais quoi, comment ? Nous voici dans l'ère des communiquants, du performatif, du formalisme, de l'utilitaire.
 Une certaine logique de l'ignorance parfois revendiquée par des bateleurs officiels, une évolution des moeurs axée sur le moindre effort, une capacité d'attention devenue problématique, un consumérisme conquérant ...ont créé le terreau d'un moindre souci de la langue et de l'effort qu'elle demande nécessairement , de la lecture suivie et exigeante. Le ludique et le formalisme ont pris le dessus. Michea a bien noté que l'acte même d'enseigner est devenu problématique.

   Des linguistes montent au créneau :
        «  La perte d’une langue est toujours un malheur  » dit A.Rey
 Claude Hagège, défend la diversité des langues face au poids d'une pensée unique, imposée par les lois du marché : « c’est-à-dire de la pensée qui a pour support l’anglais et qui est une pensée néolibérale, dont nous sommes tous les victimes, à commencer par les pays d’Occident, aussi ceux d’Asie du sud-est, à savoir des pays qui sont entiérement rangés sous la bannière du néolibéralisme. C’est-à-dire du profit à tout crin ; sans aucune considération d’ordre culturel ; sans aucune considération d’ordre humain, social... mais avec seulement un attrait pour le profit immédiat... »
 Il veut bien sûr critiquer la domination du globish, pas de l'anglais, langue belle et difficile, s'insurger contre le tout-anglais, qui tend à devenir la norme, contre l'anglomanie, qui gagne tous les secteurs et qui étonnent nos cousins du Québec...

 La maîtrise d'une langue ne produit pas seulement un plaisir, c'est aussi un moyen de résistance, comme le suggère A. Huxley :
 Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

  Lire ou ne pas lire, that is the question...

Revenir au plaisir du texte...c'est bien là l'essentiel.
 
 (NB : Merci à Robin Guilloux, qui m'a inspiré)

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38 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 8 juillet 2014 11:04

    Bonjour,
    On pouvait croire que Robin Guilloux faisait dans le fiction pure
    Mais non !
    Je viens de tomber sur ces perles rares...


    • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:51

      Ces perles arrivent jusque chez les adultes.

      On les appelle autrement : bêtisier.
      Ils proviennent de touts les télévisions du monde.
      Mais, tant que cela fait rire, pourquoi pas. ?

    • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:53

      « rassemblent » ou « rassemble »

      Faute d’orthographe, bien sûr.
      Qui fait qui ou qui fait quoi ?
      To be or not to be that’s the question. smiley

    • xmen-classe4 xmen-classe4 8 juillet 2014 11:07

      l’état à des obligations envers les jeunes de moins de 16 ans.
      elle sont peut etre en medecine ou en droit et non pas simplement en art.


      • xmen-classe4 xmen-classe4 8 juillet 2014 11:13

        l’art dégénéré est de faire perdre son temps au élève et lécteur sans que cela ne fasse idiot ?


        • Montdragon Montdragon 8 juillet 2014 11:25

          Et lortografe daigénérai ?
          faudras pansé a rambourçé laicol si tu écri comm sa.


        • Jimmy 8 juillet 2014 12:30

          Maintenant j’arrive à écrire sans faire trop de fautes mais cela m’a pris énormément de temps. L’orthographe est un art difficile qui ne se maitrise jamais complètement. Il n’y a qu’à voir les dictées de Pivot dont très peu se tirent sans dommages. Alors les vieux qui se moquent de la façon d’écrire des jeunes c’est seulement qu’ils ont oublié. Les jeunes ne sont peut-être pas forts en écriture mais dans certains domaines (ceux qui comptent vraiment) on ne peut pas rivaliser.


        • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:39

          Jimmy,

           Chez nous, il y a la dictée du Balfroid, une fois par an.
           Que deviennent les jeunes élèves qui sont les gagnants ?
           Des linguistes francophones ?
           D’après moi, je ne leur conseille pas trop cette voie.

        • asterix asterix 8 juillet 2014 20:42

          Pas d’accord du tout avec toi, Jimmy !
          Désolé mais l’écriture est le seul moyen - hors la parole mais celle-ci est souvent coupée par la contradiction - de faire valoir sa pensée.
          Tout le monde ne peut pas s’improviser conférencier. En revanche, le connard ne te laissera pas en placer une. Pourquoi ? Parce qu’il s’écoute parler, te voit avec indigence et estime que tu n’es rien à côté de lui. Complément direct, l’agressivité n’est jamais loin. Rares sont les conversations où il n’y a pas un prédominant, souvent pas le plus malin d’ailleurs.
          Zen a parfaitement raison : sans structuration écrite, il est impossible de faire valoir une position nuancée. Ecoute autour de toi et dis-moi combien d’argumentaires oraux dépassent le chiffre 2, c’est rarissime. Pose ex abrupto une question aussi bête que celle-là : tiens, pourquoi le train est-il arrivé en retard ?
          L’écrit permet d’aller plus loin : corriger sa pensée en fonction des éléments qu te viennent à l’esprit, l’imager posément pour mieux se faire comprendre, te forcer toi-même à prendre en compte un élément que tu avais ou que tu aurais négligé. Bref, il permet d’apporter des additifs ou des restrictions. Mais il n’est pas sans danger, citation latine à l’appui : verba volant, scripta manent.

          Restons modestes : en vérité, l’expression écrite est un peu facho car elle ne permet pas la contradiction. T’encaisses mon discours, un point c’est tout car je ne te laisse pas l’occasion de répondre mais de réfléchir à ce que MOI je te dis. Et si j’écris bien - plus vraiment maintenant car je viens de passer dix heures à le faire mais je devais bien ça à Zen - j’essayerai toujours de précéder la contradiction.
          Bref, si je m’y mets, tu n’auras plus rien à dire parce que de toute façon, je n’ai pas capacité à t’entendre, c’est aussi simple que cela.
          Il n’y a donc que l’écrit en retour... J’ajouterai également que c’est le meilleur moyen d’éviter le conflictuel ou de faire taire l’imbécile. En somme, t’es toujours gagnant.
          Désolé, je suis fatigué. j’aurais dû prendre plus de dix minutes à développer tout ça.
          Bonjour à Zen, vas-tu voir passer le Tour de France demain ? 


        • asterix asterix 8 juillet 2014 20:48

          J’oubliais, cher Jimmy : bravo de t’être appliqué à écrire sans fautes, surtout dans un monde devenu celui de la loi du moindre effort.
          Salut ! 


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 juillet 2014 20:55

          La mort du débat ...Mais le débat a t-il vraiment existé quelque part en ce monde ?
          J’en doute .


        • Jimmy 8 juillet 2014 23:24

          @astérix
          je réagissais simplement au post stupidement ironique de mondragon mais pas à l’article, du coup je suis d’accord avec ce que tu dis
          je sais que la maîtrise de la langue est essentielle, j’ai bien peur que vous ne confondiez les jeunes avec les racailles, nos jeunes parlent très bien la langue, quant à l’écrit il font certes des fautes mais savent s’exprimer clairement et puis les messages sms, mes pauvres amis, si vous saviez tout ce qu’ils sont capables de faire passer comme idées en quelques lettres, vous seriez jaloux
          pour bien s’exprimer il faut savoir faire court, si tu as besoin de 50 lignes pour dire quelque chose et bien toi aussi tu souffres d’un défaut de langage


        • ZEN ZEN 8 juillet 2014 11:18

          Art dégénéré, avez-vous dit ?


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 juillet 2014 11:25

            Oh Zen ,pas encore à l’échauffement ?!
            Suis déjà sur le haut de Cassel pour le ravitaillement .
            La Trois Monts a été transvasée dans le bidon .


            • ZEN ZEN 8 juillet 2014 11:33

              La pub aboie, la caravane passe..
              Plus du tout adepte du vélo-business
              Je préfère une Rochefort à la maison...en écoutant notre Cédric Vasseur régional


              • jef88 jef88 8 juillet 2014 12:04

                Victor Hugo ? l’art d’être grand père ....
                Il y a 60 ans il me cassait déjà les pieds !


                • ZEN ZEN 8 juillet 2014 12:19

                  L’oeuvre de Hugo est immense
                  Chacun peut encore y trouver son plaisir. Mais ce n’était pas précisément l’objet du papier


                  • jef88 jef88 8 juillet 2014 12:25

                    Je sais bien ....
                    mais j’ai eu une incoercible envie d’amener mon grain de sel .....


                  • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:20

                    « L’oeuvre de Hugo est immense »

                    Evidemment, il n’est pas le seul.
                    Balzac écrivait avec un prix pour chaque phrase.
                    Il était payé au nombre de lignes, si je me souviens bien.
                    La démesure de description que tous lecteurs un peu averti se doit de sauter en lecture en diagonale. 

                  • asterix asterix 8 juillet 2014 20:56

                    Y’a pas eu plus chiant pour son éditeur que Balzac. Il revenait tous les jours en ses bureaux pour apporter des corrections, encore et toujours des corrections...
                    Moi c’est Zola que j’apprécie le plus. Zola et Montesquieu pour son sens de la démocratie.


                  • ZEN ZEN 8 juillet 2014 12:32

                    Certains commentaires ne manquent pas de sel...


                    • troletbuse troletbuse 8 juillet 2014 12:39

                      Normal ; ils sont cavaliers


                    • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:22

                      Dans ce cas précis, n’est-ce pas du poivre ?

                      La méchanceté est tout un art qui a toujours existé.
                      Tout le monde ne peut pas écrire la tirade du nez, de Cyrano.

                    • asterix asterix 8 juillet 2014 21:00

                      Ouais, d’ailleurs plus c’est méchant, plus le lecteur apprécie et ce n’est pas d’hier que cela date.


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 juillet 2014 21:10

                      Pour la méchanceté et le style (et quel style !!!) ,rien ne vaut le duc de Saint Simon.


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 juillet 2014 12:37

                      Une maison où il y des livres et à minima un instrument de musique sera pour moi toujours plus vivante qu’une avec des écrans dans chaque pièces .
                      D’ailleurs c’est ce que j’observe en premier invité quelque part .


                      • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:47

                        Salut Aita,

                         Je peux dire que je le voudrais sincèrement.
                         Ce n’est pas ce que je constate de visu chez les jeunes.
                         Heureusement, même sur les écrans, il y a encore du texte à lire et de la musique à écouter.

                      • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:16

                        salut Zen,

                         Dernièrement, sur un autre billet, le pseudo « soi-même » faisait le panérgyrique de la langue française.
                         Pour l’exprimer, il utilisait une phrase avec un mot qui arrivait phonétiquement et une faute d’orthographe.
                         Sa réponse a été « ,l’essentiel ce n’est pas un langage d’enfoiré, donc ta compris ! » avec sous-entendu « fermes-là ».
                         Alors Victor va se retourner une deuxième fois dans sa tombe ou va-t-il réécrire « Les misérables » ?
                         A ton avis ?
                          

                        • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:36

                          C’est le langage qui suit l’homme et pas l’inverse.

                          Le franglish existe aussi. 
                          Enfin, je veux dire l’interprétation des mots se fait en fonction de l’environnement.
                          Cela s’appelle parfois belgicismes.
                          Si tu en veux, je peux t’en servir sur un plat réchauffé. smiley 

                        • Neymare Neymare 8 juillet 2014 15:25

                          « Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation »
                          C’est ce qui est fait depuis longtemps aux USA, ou dans les pays musulmans, et qui commence a arriver en France


                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:30

                            Aujourd’hui, ce n’est pas la quantité des études et de l’éducation qui importent mais ce qu’on en fait qualitativement.

                            Ce qu’on extrapole de cette éducation est bien plus important que la valeur intrinsèque.

                          • Neymare Neymare 8 juillet 2014 16:48

                            « Aujourd’hui, ce n’est pas la quantité des études et de l’éducation qui importent mais ce qu’on en fait qualitativement. »
                            Tout a fait, néanmoins, si vous n’etes pas éduqué correctement, vous ne pourrez de toute façon pas vous sortir de la pensée qu’on vous impose ne serait ce que via les médias


                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 19:09

                            Exact Neymare.

                            C’est très différent de l’autre côté de l’Atlantique.
                            Vous n’avez pas de diplômes et c’est le « mur du son ». 
                            Là-bas, les autodidactes trouvent des débouchés à leur mesure.
                            Comme je le disais, pas besoin d’avoir un bagage sur le dos sans avoir les bonnes bretelles pour le soutenir.
                            Que demande un manager qui engage ?
                            Que son affaire progresse et que ses bénéfices fructifient à la suite de ses investissements.
                            Les diplômes sont parfois une peau d’âne.
                            Un gars qui a tout étudié par coeur et qui n’aura aucune occasion de pratiquer sont savoir dans la pratique parce que l’emploi était en inadéquation avec l’enseignant a reçu.
                            De cela j’en parlerai dimanche sur mon blog.

                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 19:14

                            Regardez les réussites dans les médias français.

                            Voyez-vous de grands cultivés avec des diplômes longs comme le bras ?
                            Je vous l’accorde ce ne serait plus la même chose aujourd’hui.
                            J’oubliais des exemples : Bouvard, Drucker...
                            Des vieux de la vieille qui font toujours le bonheur d’une majorité.
                            Parfois, ils raccrochent. Se sentent mal, déséquilibrés et puis sont rappelés par le public au grand dam de leur patron respectif. 

                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 juillet 2014 15:43

                            Pour ce qui est de la lecture, j’en ai fait l’éloge il y a longtemps.


                            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 9 juillet 2014 08:17

                              Perles de l’ OCDE dans leurs conseils pour l’école 1996 :

                              « Si on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants.
                              Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais pas à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. »

                              « L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants, mais doit être assurée par des PRESTATAIRES DE SERVICE.
                              Les enseignants qui subsisteront s’occuperont de la population non rentable ».

                              Inutile de dire que grâce aux Lois Fioraso, c’est l’anglais langue européenne, qui est désormais la 1ere langue en enseignement supérieur...


                              • ZEN ZEN 9 juillet 2014 08:30

                                Rappel pertinent, Fifi


                                • tf1Groupie 13 juillet 2014 14:48

                                  ce qui est bien avec Internet c’est qu’il y en a qui découvrent que tous leurs concitoyens ne sont pas des concentrés de culture comme eux.

                                  « J’aime le Peuple, c’est dommage qu’il contienne autant de cons »

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